Le dauphin Charles, le « petit roi de Bourges »
LA GUERRE DE CENT ANS
De 1337 à 1453
LES VALOIS DIRECTS
LE DAUPHIN CHARLES,
« PETIT ROI DE BOURGES »
NAISSANCE ET FAMILLE
Charles VII, dit « le Victorieux » ou « le Bien Servi », naît à l’hôtel Saint-Pol à Paris le 22 février 1403. Il meurt à la résidence royale du château de Mehun-sur-Yèvre, le 22 juillet 1461. Il est roi de France de 1422 à 1461, et le cinquième roi de la branche des Valois de la dynastie capétienne.
Il est le fils de Charles VI « le Fol » et d‘Isabeau de Bavière. Charles VII est indissociable de l’épopée de Jeanne d’Arc. Il réussira, au cours d’un long règne de près de quarante ans, à sortir victorieux de la Guerre de Cent Ans et à bouter les Anglais hors de France.
JEUNESSE
Charles est le onzième et avant-dernier enfant de Charles VI et d’Isabeau de Bavière, et le troisième à porter le prénom de Charles. Il reçoit le titre de comte de Ponthieu dès sa première année. Cadet de la fratrie, il est précédé par deux frères aînés (tous deux morts jeunes), les princes Louis de Guyenne (1397-1415) et Jean de Touraine (1398-1417). Il ne peut donc pas prétendre à la succession au trône de France.
Le 18 décembre 1413, Charles de Ponthieu, le futur Charles VII de France, est fiancé à Marie d’Anjou, fille de Louis II d’Anjou et de Yolande d’Aragon. Il n’a que dix ans.
Il naît dans un pays ravagé par la Guerre de Cent Ans et miné par la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons (1407-1435). D’ailleurs en 1418, il échappera à la capture lors de la prise du pouvoir par les Bourguignons à Paris.
PARIS AUX MAINS DES BOURGUIGNONS !
Pour se venger, il fait alliance avec Bernard d’Armagnac (le chef du parti des Armagnacs). La France, déjà en guerre contre l’Angleterre, bascule dans la guerre civile. Ce second conflit connaîtra son apogée le 29 mai 1418, quand les Bourguignons prendront Paris et y feront régner leur dictature. En 1415, le parti armagnac est décapité lors de la bataille d’Azincourt, et Charles d’Orléans est captif en Angleterre. Mais Bernard VII d’Armagnac, nommé connétable du royaume et chef de la régence du Dauphin, est au sommet de sa puissance. Il est le maître de Paris depuis qu’il a écrasé « la révolte cabochienne » en 1413. Il y fait régner une grande terreur en faisant exécuter tous les partisans avérés ou supposés de ses adversaires. La répression est telle que les Parisiens en viennent à souhaiter le retour des Bourguignons. Dans la nuit du 28 au 29 mai 1418, un dénommé Perrinet Leclerc (fils d’un capitaine de la milice que l’on dit avoir été malmené par un soldat armagnac) ouvre avec ses clés la porte de Buci. Il laisse entrer dans la ville le sire Jean de Villiers de l’Isle-Adam (capitaine bourguignon), et près de 800 cavaliers. Ces derniers s’attaquent aux Armagnacs aux cris de « Paix ! Vive Bourgogne ! ». Bernard d’Armagnac est capturé, et, en deux jours, plus de 500 personnes sont massacrées par la populace. Charles VI, sorti de son lit, se voit obligé de défiler à cheval dans les rues de Paris, pour faire croire qu’il soutient ces crimes. Mais le Dauphin Charles (le futur Charles VII) lui, échappe aux Bourguignons. Le prévôt des marchands Tanneguy Duchâtel, avec l’aide d’Ambroise de Loré (tous deux partisans des Armagnacs), et après avoir enveloppé le dauphin dans une robe de chambre, l’emmène à la Bastille Saint Antoine, puis à Melun. Enragée, la fureur parisienne redouble de violence, et, le 12 juin, 4000 prisonniers armagnacs sont de nouveau exécutés, dont Bernard d’Armagnac en personne. Réfugié à Bourges, le dauphin se proclamera lui-même régent du royaume de France. Ce qui lui vaudra le surnom de « petit roi de Bourges ».
Lire : la guerre fratricide entre Armagnacs et Bourguignons
Réfugié à Bourges, le dauphin Charles se proclame lui-même régent du royaume de France. Son père, étant atteint de folie et incapable de gouverner, est resté dans une capitale tombée au pouvoir de Jean sans Peur, le duc de Bourgogne.
Paris est en pleine guerre civile entre les Armagnacs, partisans du duc d’Orléans (frère cadet du roi de France), et les Bourguignons, alliés aux Anglais. Le roi Charles VI n’est plus qu’une marionnette dans les mains de Jean sans Peur (le fils de Philippe le Hardi), le terrible duc de Bourgogne.
Pris entre deux feux, le dauphin Charles de Ponthieu (le futur Charles VII) cherche à faire valoir sa légitimité à ses sujets qui sont, et pour cause, déstabilisés. Le 31 décembre 1418, il s’octroie le titre de régent du royaume et se réfugie à Bourges, capitale de son duché de Berry, pour y organiser la résistance contre les Bourguignons et les Anglais. Il est jeune, il n’a que quinze ans ; pour lui, le travail à accomplir est immense.
Mes photos du château de Charles VII
Lire : le château de Charles VII.
UN « PETIT ROI DE BOURGES » !
Depuis la prise de Paris par les Bourguignons, le dauphin Charles de Ponthieu, exilé dans son royaume de Bourges, rumine sa revanche et compte les jours.
Pendant ce temps, Jean sans Peur, le duc de Bourgogne, est le maître du pays. Charles sait que son ennemi bourguignon a pactisé avec la reine Isabeau de Bavière, et surtout avec les Anglais. Des Anglais qui, au demeurant, poursuivent méthodiquement la conquête du Nord du royaume de France.
Le dauphin Charles sait qu’il n’est pas prêt de recouvrir sa légitimité. En effet, les tractations entre Henri V d’Angleterre, Isabeau, et les Bourguignons, ont abouti en 1420 à la signature du traité de Troyes. Celui-ci prive le dauphin de ses droits au trône, et promet à Henri V la couronne de France à la mort de Charles VI.
D’autant que son père, Charles « le Fol » (trompé par le duc de Bourgogne au cours de ses accès de folie) lui a retiré la lieutenance du royaume pour l’octroyer à la reine son épouse, Isabeau de Bavière.
UN SORT PEU ENVIABLE !
Néanmoins, en dépit d’un avenir peu radieux, le dauphin Charles de Ponthieu, du haut de ses quinze ans, ne baisse pas les bras. A Bourges, dans son exil doré, ses fidèles reconstituent une nouvelle administration, avec un conseil, une chancellerie, et un parlement. Finalement, sa situation n’est pas aussi désespérée que l’on veut bien le croire…
Le dauphin a conscience que son autorité est intacte en Auvergne et en Anjou, dans le Berry, le Poitou, dans l’Orléanais, le Languedoc et le Dauphiné. En outre, ses partisans tiennent des villes puissamment fortifiées au centre de régions détenues par les Bourguignons. Comme par exemple Compiègne, Soissons, mais aussi Meaux et Melun.
Cependant, il n’est pas encore temps de reprendre les armes pour une reconquête. Les alliés Anglais et Bourguignons disposent de forces largement supérieures. Ce n’est donc pas le moment de mener une offensive qui le conduirait fatalement à un échec et à une défaite définitive.
Charles de Ponthieu doit réfléchir à la meilleure solution pour soumettre son ennemi, le duc de Bourgogne, Jean sans Peur. Ici, dans son exil de Bourges, il est banni, certes, mais il a le droit pour lui ! n’est-il pas le dauphin, le seul héritier du roi Charles VI ? Son fils unique doté, depuis 1417, de la lieutenance générale du royaume ? Et enfin, n’est-il pas le seul qui ait autorité pour « entendre en l’absence du roi, les affaires du royaume » ?
Le dauphin Charles a une certitude : le duc de Bourgogne peut revendiquer le pouvoir de fait, mais il ne peut y prétendre de droit. Même en tenant compte du fait qu’il contrôle son père, le malheureux Charles VI, ce dernier ne peut déshériter son fils.
DAUPHIN ET RÉGENT DU ROYAUME DE FRANCE…
Jean sans Peur a connaissance de tout cela. Il sait qu’il ne peut agir à sa guise avec le dauphin Charles, comme il pourrait le faire avec un seigneur ordinaire. D’ailleurs le roi, dans ses rares moments de lucidité, refuse toujours de renier son fils, et de renier sa paternité. Pourtant, ce sera chose faite deux ans plus tard, le 21 mai 1420, avec la signature du traité de Troyes.
LE TRAITE DE TROYES
Les négociations entre Henri V, Isabeau de Bavière, et les Bourguignons, aboutissent au désastreux traité de Troyes. Cet accord prive le dauphin de ses droits au trône, et garantit, à la mort de Charles VI, la couronne de France à Henri V le Plantagenêt. Le traité marque l’apogée de la supériorité anglaise au cours de la guerre de Cent Ans. Il fait suite à la conquête de la Normandie et à plusieurs victoires anglaises, notamment celle d’Azincourt (le 25 octobre 1415). La ratification de ce traité a été permise par l’alliance des Anglais et des Bourguignons. Cet accord ouvre une nouvelle phase de la guerre civile française, entre les partisans de la double monarchie franco-anglaise (les Bourguignons) et ceux du dauphin Charles (les Armagnacs). Elle perdurera jusqu’en 1435, avec la signature du traité d’Arras.
Jean sans Peur doit donc gagner du temps et ourdir contre son cousin avec prudence. Dans un premier temps, le 13 novembre 1418, il obtient de Charles VI la destitution du dauphin de la lieutenance générale du royaume. Il a réussi à convaincre le roi de l’inexpérience de son héritier. Celui-ci, a-t-il précisé, est manipulé par des groupes de légistes peu recommandables, qui lui ont fait rédiger des missives ordonnant à ses sujets de ne point obéir aux décisions de son père « pendant sa détention et sa maladie ». Les conseillers contre attaquent, et convainquent le dauphin de s’attribuer le titre de régent.
A partir du 31 décembre 1418, le jeune Charles signe toutes ses lettres paraphées avec la formule « Charles, fils du roi de France, régent du royaume, dauphin de Viennois, duc de Berry et de Touraine, comte de Poitou ».
Désormais le plus difficile est à venir : il doit persuader les Français qu’il n’est plus le petit jeune homme manipulé par une caste de seigneurs ambitieux. Il veut se présenter à eux comme leur véritable souverain, capable de reformer l’unité du royaume.
Pendant ce temps, Henry V d’Angleterre est aux portes de Paris et compte bien, lui aussi, revendiquer sa légitimité à la couronne de France.
HENRY V ET LA CONQUÊTE DE LA NORMANDIE !
Le 29 juin 1417, les Anglais détruisent la flotte française à la Hougue, et prennent le contrôle de la Manche. En septembre ils s’emparent de Caen, puis le 29 juillet 1418, assiègent Rouen. Délaissés à leur triste sort, les Rouennais sont affamés et meurent de froid. La grande ville résiste héroïquement pendant six longs mois, mais se voit contrainte de se rendre à celui qui se dit dorénavant « roi de France et d’Angleterre ». La cité capitule le 19 janvier 1419. Les atermoiements et l’ignorance des deux cousins, le Valois et le Bourguignon, ouvrent toutes grandes les portes du royaume de France au roi d’Angleterre, et à la double monarchie.
Sources :
Mes photos
Photos publiques Facebook
Les rois de France des Éditions Atlas (Valois directs).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_Cent_Ans
https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_VII_(roi_de_France)
33 réponses
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