Agnès Sorel, la dame de beauté

LA GUERRE DE CENT ANS

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AGNÈS SOREL, LA DAME DE BEAUTÉ

Agnès Sorel

NAISSANCE & FAMILLE

Agnès Sorel naît vers 1422 (aux dires des historiens, soit à Coudun, près de Compiègne en Picardie, soit à Fromenteau, paroisse d’Yseures, en Touraine), et elle meurt le 9 février 1450 au Mesnil-sous-Jumièges.

Charles VII

 Elle est la fille de Jean Sorel, ou Soreau (châtelain et seigneur de Coudun, près de Compiègne, en Picardie) et de Catherine de Maignelay.

Agnès Sorel, la Dame de Beauté.

Cette dernière est la fille de Jean Tristan de Maignelay (châtelain et seigneur de Verneuil-en-Bourbonnais) et de Marie de Jouy.

Agnès Sorel sera une demoiselle d’honneur d’Isabelle Ière de Lorraine (l’épouse de René d’Anjou).

En 1443, elle devient la favorite du roi de France Charles VII. De cette union adultérine naîtront trois filles, qui seront légitimées comme princesses de France et mariées à des grands seigneurs de la cour.

 

– Marie de Valois (1444-1473)

– Charlotte de Valois (1446-1477)

– Jeanne de France (1448-1467)

Agnès Sorel meurt avant l’âge de vingt-huit ans, après avoir donné naissance à une quatrième fille qui ne survivra pas.

LOCALISATION

Le Mesnil-sous-Jumièges est une commune française située dans le département de la Seine-Maritime, en région Normandie.

Blason de la Normandie

Blason du département de la Seine-Maritime

 

LES SECRETS DE LA DAME DE BEAUTÉ

En 1443, Agnès Sorel est dans sa vingt-et-unième année. Elle est belle, elle est aimée du roi de France Charles VII. Celui-ci la couvre de cadeaux, et en lui offrant le domaine de Beauté sur Marne, elle acquiert le titre qui la consacre à double sens « madame de Beauté ». Dès ce moment, la Dame de Beauté, au teint de rose et de lait, éblouit dans un éclat irrésistible tout l’entourage du roi Charles. Agnès est devenue la vraie reine de France

Morte à 38 ans d´Agnès Sorel ´la Dame de beauté´, favorite de Charles VII

Comblée de présents, la première favorite de l’Histoire est une souveraine aux mystères bien cachés. Pour cette jeune beauté, 1443 est vraiment une excellente année !

LES ATOUTS DE LA DAME DE BEAUTÉ…

Issue de la petite noblesse, Agnès Sorel reçoit en Picardie une éducation convenable, qui sied comme il se doit aux jeunes demoiselles de l’aristocratie. Il est fort probable qu’elle ait vécu au château de Maignelay-Montigny.

Le château de Beauté-sur-Marne

Il était d’usage pour être conforme aux bonnes manières, et pour parfaire leur formation, d’envoyer les jeunes filles dans la haute aristocratie. Agnès est donc éduquée pour occuper à la cour d’Isabelle (la duchesse de Lorraine, reine de Sicile, et femme du roi René, le beau-frère de Charles VII), la charge très convoitée de demoiselle de compagnie.

Isabelle Ire de Lorraine

C’est de Naples qu’Agnès Sorel ramène ses précieuses et très mystérieuses recettes de beauté. L’Italie donne aux femmes un charme capiteux, éblouissant, parfumé et

René d’Anjou (1409-1480),

délicat. La nature a été généreuse avec cette jeune fille pourvue d’une beauté sans égal. Agnès sait comment jouer des atouts de sa féminité.

En 1444, Charles VII, qui est de vingt ans son aîné, l’introduit au service de la maison angevine pour la rapprocher de lui. Officiellement, elle est demoiselle d’honneur de la reine Marie d’Anjou.

Elle va bouleverser la morne cour de la reine Marie, et la transformer en un lieu de gaité, de couleurs et de joie. Son art de vivre et ses extravagances rejettent la reine dans l’ombre.

Charles VII, qui a quarante-trois ans, est fou de cette blonde jouvencelle :  de sa peau blanche comme du lait, de ses décolletés, de ses formes intelligemment accentuées, et de ses clins d’œil d’un bleu d’azur. Agnès, qui s’est accaparé le cœur du Valois, lance des modes vestimentaires. Par exemple, ses hennins pointus (coiffure féminine du Moyen Âge, bonnet conique très haut et rigide) qui lui donnent l’apparence d’une merveilleuse fée.

Agnès va plus loin et ose le sein presque nu et la robe transparente. Toutes les dames du royaume guettent ses frasques et veulent l’imiter. Mais toutes ces innovations audacieuses ne sont pas du goût des religieux. Ceux-ci affichent des moues de réprobation, tant ces impudeurs et impudences les scandalisent.

Agnès Sorel

Agnès multiplie les astuces pour mettre en valeur son apparence. Pour rehausser son front légèrement bombé, elle s’épile les sourcils et la naissance des cheveux. Tous ces artifices sont faciles à exécuter, et toutes les femmes de la cour en font de même pour lui ressembler. Mais que cache donc cette éblouissante fée, pour que sa peau soit si limpide et si rose ?

Dans son entourage, on aimerait bien découvrir son secret… mais la belle, la « Dame de Beauté », n’est pas disposée à le partager.

UN ONGUENT MIRACLE !

La beauté d’Agnès Sorel a traversé les siècles comme semble en témoigner « La vierge à l’enfant » de Jean Fouquet

Agnès garde scrupuleusement secrète la composition de sa potion de jouvence. Ce baume restera inconnu jusqu’à sa mort, au grand désespoir de ses rivales. C’est Jacques Cœur, le grand argentier depuis 1439, membre du Conseil du roi depuis 1442, qui le lui a fourni. Ce dernier, qui commerce avec l’Orient, est aussi un marchand de merveilles. Agnès est sa plus fidèle et richissime cliente ; il lui en a assuré la primeur.

Jacques Cœur

Lire : Jacques Cœur, grand argentier du roi Charles VII.  

UNE POTION AUX INGRÉDIENTS SIMPLES…

La Vierge allaitante en manteau d’hermine représentée sous les traits d’Agnès Sorel29, Musée royal des Beaux-Arts d’Anvers.

La composition de cet onguent est simple : dans un litre de crème fraîche, Agnès fait macérer des pétales de roses et de nénuphars, et des fleurs de fèves. Cette préparation doit cuire longuement et lentement au bain-marie. Après réduction, il ne reste qu’une pommade précieuse et grasse, dont elle s’enduit la peau chaque soir avant de se mettre au lit. Elle utilise aussi, en alternance pour la nuit, un masque de miel dont elle se recouvre le visage et le cou.

Au matin, dès le lever, son teint clair apparaît encore plus parfait. Elle prétend que pour garder sa chevelure couleur or, elle la coiffe chaque jour d’une centaine de coups de brosse. Mais tout le monde ignore qu’elle la trempe dans des préparations de camomille et d’huile d’amande douce…

DES TISSUS PRÉCIEUX ET DES PARFUMS D’ORIENT !

Agnès Sorel

Lorsque Jacques Cœur, de retour de ses voyages d’Orient, arrive chez Agnès, c’est un déploiement de festivités et de joie. Le riche argentier du roi, accompagné de ses serviteurs, étale ses

Jacques Cœur

produits venus des Mille et une Nuits. Fourrures de martre, soies brodées et satins flamboyants s’entassent de toutes parts dans les coins et les recoins du palais de la jouvencelle.

Une dame de compagnie débarrasse rapidement, la « damoiselle à atourner » (parer, en parlant de la parure des femmes) et enlève de la vue tous les pots de fards,

Buste présumé de Jacques Cœur

les brosses et les fioles de parfums. La place est faite pour que Jacques Cœur propose et étale ses derniers achats.

Agnès se précipite pour ouvrir les écrins : elle se passionne pour les pierres précieuses. Elle est d’ailleurs la première à s’afficher avec un diamant taillé. La belle aime autant les saphirs, les émeraudes, les rubis…

Puis c’est au tour des parfums. Et particulièrement ceux aux senteurs de roses, comme les dames de la cour…La rose est devenue son emblème, celui de sa beauté. Jacques Cœur, en bon commerçant averti, lui rapporte des concentrés de bouquets dans des flacons de cristal.

Les effluves de roses rouges sont épicés de musc ou de cannelle, rehaussés de bois de santal ou de jasmin. Toutes ces préparations sont bien sûr des plus jalousement gardées et tenues secrètes.

Et bien entendu, le parfum d’Agnès Sorel est lui aussi un secret ; c’est même une affaire d’État.

A LA COUR DE CHARLES VII

Charles VII, roi de France.

Une fois introduite à la cour de Charles VII, Agnès passe au rang de première dame officieuse du royaume de France. Il lui faudra peu de temps pour gagner le statut de favorite officielle. Ce qui est une nouveauté : les rois de France avaient jusqu’alors des maîtresses, mais elles devaient rester en retrait. Charles VII en a d’ailleurs eu d’autres, mais elles n’ont pas eu l’importance d’Agnès Sorel.

Vers la fin de l’année 1444, au cours du séjour de Charles VII à Nancy lors de fêtes royales (dans la capitale du Duché de Lorraine), le roi joute pour sa belle lors d’un tournoi. A cette occasion, Il se montre avec Agnès Sorel, sa maîtresse officielle, qui fait sensation en apparaissant le dernier jour revêtue « d’une armure d’argent incrustée de gemmes ».

Agnès Sorel sait manipuler le roi. Elle jouit de son influence et lui impose ses amis. Elle sollicite la faveur des conseillers de la Couronne (tels Pierre de Brézé, Étienne Chevalier, Guillaume d’Estouteville, Guillaume Cousinot, Prigent VII de Coëtivy ou Jacques Cœur), qui voient en elle le moyen de s’assurer les indulgences royales.

C’est grâce à ces manœuvres que le roi, en l’espace de quelques mois, lui octroie les fiefs de Beauté (d’où le surnom bien connu de « Dame de Beauté »), Vernon, Issoudun, Roquesezière, et lui offre le domaine de Loches. Elle y fait aménager le château qui surplombe la ville.

Le dauphin Louis (le futur Louis XI) ne supporte pas la relation adultérine de son père avec cette soubrette. Il estime que sa mère est bafouée, et a de plus en plus de mal à l’accepter. Un jour,

Louis XI

il laisse éclater sa colère et poursuit, l’épée à la main, la Agnès courtisane dans les pièces du château royal. Pour le fuir, elle vient s’abriter dans le lit du roi. Charles VII, irrité par tant d’irrespect, chasse son fils de la cour et l’envoie gouverner le Dauphiné.

Agnès Sorel dispose de plusieurs demeures où elle vit avec ses suivantes : à Razilly, près de Chinon, dans sa résidence de Loches (le logis Royal de Loches), à Beaulieu, la ville voisine de Loches, à Dames, près de Mehun-sur-Yèvre. Croyante, Agnès fait régulièrement des pèlerinages et accorde des offrandes à l’Église, avec une faveur particulière aux chanoines de Loches.

 

SA MORT

Aussitôt installée par Charles VII au Manoir de la Vigne au Mesnil-sous-Jumièges, près de Rouen, elle est soudainement prise d’un « flux de ventre » (selon Jean Chartier, chroniqueur officiel de la cour), et meurt en quelques heures le 9 février 1450.

Sa mort est si rapide qu’elle devient suspecte. On soupçonne un empoisonnement et on accuse Jacques Cœur, désigné comme exécuteur testamentaire, de l’avoir fait assassiner. Mais il sera innocenté lors de son procès, peu après la mort d’Agnès. Les soupçons se porteront alors sur le dauphin, le futur Louis XI.

SÉPULTURE

Affligé, le roi commande deux magnifiques tombeaux de marbre. L’un se trouve à Jumièges, en Seine-Maritime, et contient son cœur ; l’autre est à Loches, dans le chœur de l’église Saint-Ours de Loches (à l’époque collégiale Notre-Dame de Loches).

La collégiale Saint Ours de Loches.

Son corps y repose avec la légende : « Cy gist noble dame Agnès de Seurelle, en son vivant dame de Beaulté, de Roquecisière, d’Issoudun et de Vernon-sur-Seine, piteuse envers toutes gens et qui largement donnait de ses biens aux églises et aux pauvres ; laquelle trépassa l’an de grâce MCCCCXLIX. Priez Dieu pour le repos de l’âme d’elle. Amen ».

SON GISANT

UNE AUTRE RECETTE MIRACLE DE LA DAME DE BEAUTÉ…

Cette recette miracle est une crème contre les rides, si tant est qu’à son jeune âge, la jouvencelle ait pu en avoir. La lotion est à appliquer chaque matin, et dans la plus totale intimité, juste avant le maquillage.

La préparation consiste à broyer dans un mortier de la bave d’escargot, des pétales d’œillets rouges, un peu de cervelle de sanglier, de la fiente de chèvre, et plusieurs vers de terre vivants. On mélange ensuite cette mixture avec un petit verre de sang de loup.

Chaque jour, Agnès Sorel s’applique cette pâte sur le visage pour le protéger et le préparer au maquillage.

Elle utilise ce baume avec art et intelligence, en égayant surtout de toutes les teintes de rouge pour mettre en lumière sa bouche, qui est au demeurant petite mais finement dessinée.  



 

Sources :

Photos publiques Facebook

Mes photos

Les rois de France des Éditions Atlas (Valois directs).

https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_Cent_Ans

https://fr.wikipedia.org/wiki/Agn%C3%A8s_Sorel

 

 

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1 réponse

  1. bruisdmode dit :

    Bonjour,

    Je tenais à vous dire que j’ai beaucoup apprécié votre article sur Agnès Sorel. Votre plume fluide et agréable à lire m’a transporté dans cette époque fascinante de l’Histoire de France.

    Je suis particulièrement intéressé par l’anecdote que vous avez partagée sur la création du décolleté en V par Agnès Sorel. Cela donne une nouvelle perspective sur son influence dans la mode de l’époque.

    Merci pour ce moment de lecture instructif et divertissant. J’espère avoir l’opportunité d’échanger avec vous sur ce sujet passionnant.

    Bien à vous,

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