Castelnau-Pégayrols, village médiéval
LES TÉMOINS DU PASSE
CASTELNAU – PEGAYROLS,
VILLAGE MÉDIÉVAL
LOCALISATION
Castelnau-Pégayrols est une commune française située dans le département de l’Aveyron, en région Occitanie ; elle se situe à 18,8 km de Millau.
Le territoire, « le Rouergue », est l’ancien nom de l‘Aveyron.
SOMMAIRE
Depuis de nombreuses années, ma compagne et moi avons pris l’habitude de parcourir notre belle France au gré de nos escapades, et le riche patrimoine architectural de ses régions. Cette fois-ci, nous avons découvert une véritable « pépite », un joyau dans son écrin féodal venu des âges lointains de notre Histoire.
D’ailleurs, la région est parsemée de très nombreux « dolmens », ce qui atteste de son passé plus que millénaire.
Castelnau-Pégayrols, qui compte aujourd’hui une centaine d’âmes, affiche fièrement les merveilles de son passé.
Le bourg comprend plusieurs vestiges protégés au titre des monuments historiques : l’église Saint-Michel (classée en 1920), le prieuré Saint-Michel (classé en 1990), l’église Notre-Dame (classée en 1930), le château (inscrit en 1975), et le réseau hydraulique médiéval (inscrit en 1997).
Castelnau est juché sur un contrefort du Lévézou. Il barre la vallée de la Muse et surplombe la contrée aux alentours. La situation du château (castrum) nous permet de mieux comprendre son importance militaire d’autrefois.
En sept siècles, du XIème au XVIIème (date qui marque la fin des Guerres de Religion dans le Rouergue), la place forte ne sera prise par les armes qu’une seule fois.
Les seigneurs de Castelnau, illustres personnages, marqueront de leurs empreintes à la fois l’histoire de leur pays et celle de la France.
HISTOIRE
Le château-fort (ou château neuf, ou « castel – nau ») et la cité furent fondés par la famille de Lévezou (de nos jours l’une des plus anciennes de France) dès le début du XIème siècle.
En 1070, Aicfred de Lévézou (Seigneur de Lévezou, Vidame de Béziers) fit don de son église de Saint-Michel de Castelnau à l’abbaye de Saint-Victor de Marseille pour y établir un monastère.
Lire : l’abbaye Saint Victor
En 1096, avec l’appui des abbés millavois (relatif à la commune de Millau) de Marseille, Arnaud de Lévézou devint évêque de Béziers et en 1121, archevêque de Narbonne.
Des Lévézou participèrent aux 2ème, 3ème et 7ème croisades en Terre Sainte.
Lire : la deuxième croisade, la troisième croisade et la septième croisade.
En 1289, Bernard de Lévézou et Hugues d’Arpajon se querellèrent pour la possession de Castelnau.
Le 3 mai 1289, à l’issue d’un duel judiciaire, Lévézou dut céder la place à Arpajon.
La Maison d’Arpajon devint progressivement la plus puissante famille du Rouergue. Mais Castelnau n’était pas sa résidence principale.
De 1289 à 1758, sous la domination de la Maison d’Arpajon, Castelnau connut des périodes mouvementées de paix et de troubles (dues aux affres de la guerre de cent ans, causées par l’occupation anglaise suite au traité de Brétigny de 1360).
Lire : la Guerre de Cent Ans
Après la Guerre de Cent Ans, Castelnau, à l’instar de tout le Rouergue, vécut une période de relative prospérité et se fortifia en construisant des remparts.
De 1556 à 1632, ces murailles resserviront durant les Guerres de Religion. Les Arpajon de Castelnau deviendront chefs de guerre du parti protestant, dont Millau sera l’une des plus puissantes places fortes.
Sous la domination des Arpajon et jusqu’à la fin de l’ancien régime, Castelnau sera un petit village où, jusqu’en 1734, vivront des moines réguliers, le curé et les prêtres chargés de la paroisse, ainsi que plusieurs petits seigneurs locaux qui résideront dans le bourg.
En 1759, à Versailles, Louis XV fonde le marquisat de Pégayrolles (dont Castelnau devient le chef-lieu), et l’attribue à Étienne Hypolite de Pégayrolles, président au parlement de Toulouse. Contrairement aux Arpajon, le président de Pégayrolles résidera dans son château à Castelnau.
Haut magistrat et homme de lettre, Monsieur de Pégayrolles se distinguera par son esprit d’indépendance à l’égard du pouvoir royal. Il rejoindra le camp de la contre-révolution, et fondera à Millau un club royaliste.
En mai 1791, il en sera délogé par la force. Il mourra dans les prisons de la « Terreur » en Octobre 1794.
En avril 1834, une ordonnance royale de Louis Philippe crée la commune de Castelnau ; celle que l’on peut voir aujourd’hui.
CASTELNAU-PEGAYROLS
Juché sur son rocher, le village médiéval de Castelnau-Pégayrols surplombe la somptueuse région de la vallée de la Muse. Un large panorama s’étend sous nos yeux, des Cévennes à la Montagne Noire.
UN VILLAGE CHARGE D’HISTOIRE…
L’ancien village de grès rose est blotti autour de son château. Les deux églises et le prieuré sont les témoins de la splendeur de l’art roman. Les rues et les vieilles maisons à encorbellement qui s’entrechoquent, rappellent la vie quotidienne des temps lointains féodaux.
Castelnau-Pégayrols, dont le château et le bourg sont érigés par les Seigneurs de Lévézou au XIème siècle, affiche un concept basé sur trois critères essentiels :
LA SÉCURITÉ
Sa position élevée le préserve de toute attaque surprise. En effet, jusqu’au XVIIIème siècle, l’accès au château se fait par le bas, et permet de repérer tout individu s’approchant du village.
L’EAU
L’eau est distribuée par simple gravité depuis des sources se trouvant sur la Lévézou. A partir du XIIème siècle, le système d’acheminement du précieux liquide sera amélioré par un ingénieux procédé.
LE CLIMAT
Le versant dominant de la vallée de la Muse, exposé plein-sud, favorise la culture de la vigne, la production de châtaignes, de pommes, de noix, ainsi que l’élevage.
Tous ces facteurs fondamentaux laissent à penser qu’au XIème siècle, plus d’un millier d’habitants vivaient à Castelnau-Pégarolles.
LE CHÂTEAU
Au XVIIIème siècle, le château devient la propriété du Marquis de Pégayrolles. Le bourg prend alors le nom de Castelnau-Pégayrolles.
L’entrée est réalisée par le Marquis de Pégayrolles pour faciliter l’accès au château et permettre la circulation des véhicules (carrosses et autre véhicules hippomobiles…). Depuis cette période, l’accès du village s’effectue par le haut, et non plus par le bas.
Les habitants construisent leurs maisons de part et d’autre de ce chemin, et l’on observe l’apparition des faubourgs.
L’ÉGLISE NOTRE DAME
Cette ancienne église paroissiale est devenue chapelle lorsque l’église Saint-Michel, qui dépendait du prieuré Saint-Michel, est devenue paroissiale. Dédiée à la Vierge et destinée à la population, elle est aujourd’hui désaffectée. Elle se trouve à côté du cimetière.
Le style épuré de l’ensemble est un exemple de la sobriété et de la simplicité du début de l’Art roman.
Sa nef unique est très dépouillée et allongée. Elle affiche comme uniques sculptures des chapiteaux à peine tracés vers le fond et de plus en plus marqués lorsqu’on se rapproche du chœur. Ses quatre piliers qui forment le transept soutiennent une coupole octogonale. Celle-ci renforce la voûte, qui soutient le poids du clocher. Le chœur de style pur roman est décoré de peintures du XVIIème siècle.
LA PLACE ET L’ÉGLISE SAINT MICHEL
LA PLACE
C’est un espace qui est situé au pied de l’église. Aménagé au XVIIIème siècle sur l’ancien cimetière monacal, il transforme le croisement des deux voies principales de la cité en véritable place centrale. La célèbre foire à la châtaigne s’y déroule chaque année en automne.
La rue qui arrive à la fontaine, où est posée une meule à noix qui provient du moulin à huile, était la principale rue commerçante. Au pied de chaque maison se trouvaient des échoppes, des auberges et des ateliers d’artisans.
Face à l’entrée de l’Église, on découvre encore sous le balcon un des murs les plus anciens du village. A droite de la même entrée, abritée par les contreforts de l’église, se trouve une reconstitution miniaturisée de Castelnau. Cette œuvre est le travail d’un artiste local.
L’ÉGLISE
De 1070 (date du début de sa construction) jusqu’au XVème siècle, l’église est réservée aux Bénédictin de Saint Victor de Marseille.
Lire : l’abbaye Saint Victor
Son architecture romane s’affiche par une apparence puissante et austère, et une grande régularité dans ses proportions. Dès notre entrée, on est plongé dans l’ambiance monacale du Moyen Âge.
Par sa hauteur, son austérité architecturale, sa clarté et son acoustique unique, l’édifice est le parfait exemple de la rigueur et de la puissance du christianisme d’avant les croisades.
Les piliers massifs décorés de chapiteaux carolingiens, ainsi que les arcs plein cintre sont du XIème siècle. Au XIIème siècle, pour soutenir la voûte, on a rajouté des colonnes doubles ; ce qui donne au décor une rare élégance. On peut apercevoir dans les collatéraux les prémices de croisées d’ogive, annonçant l’arrivée de l’architecture gothique.
La tribune, de style gothique flamboyant, est attenante au Prieuré et à la loge du Prieur. On distingue aussi un vitrail du XIXème siècle représentant l’archange Saint Michel.
LA CRYPTE
Elle représente l’église primitive de l’époque carolingienne (IXème ou Xème siècle), érigée sur cet emplacement.
Récupéré par les moines en 1070, les bâtisseurs l’utilisent comme fondation pour élever le chœur de l’église actuelle. Tous les murs sont doublés afin de supporter le poids gigantesque de l’édifice au-dessus.
On peut s’en rendre compte lorsqu’on pénètre dans la crypte (cavité située à l’entrée).
– Le doublage en blocs de grès date donc du XIème siècle.
– Une petite fenêtre rectangulaire, réalisée en « arête de poisson », date de plus de 1200 ans.
LA SOURCE SACRÉE
Sur la gauche, dans la crypte, coule une source. La légende considère cet endroit comme un lieu de culte et de vénération de l’eau. Son origine se perd dans la nuit des temps.
On donnait à cet eau un pouvoir sacré, car elle possédait des aptitudes « miraculeuses » : elle était supposée guérir les troubles et les affections liées à la vision.
LE PRIEURÉ
Vers la fin du XIème siècle, le pape Grégoire VII veut affirmer son pouvoir et celui de l’Église face aux seigneurs de la guerre.
En soumission au Saint Père, Aicfred de Lévézou, Seigneur de Castelnau, donne l’église de Saint Michel (c’est-à-dire la crypte sous l’édifice actuel) à l’Abbaye Saint Victor de Marseille.
En 1070, le prieuré est fondé par les moines bénédictins de cette abbaye. Ce qui explique que le prieuré a été bâti près de l’église Saint Michel, sur la droite. On note qu’il a été aussi construit près du système hydraulique conçu par les religieux. Les règles de vie des moines exigeaient l’hygiène, et donc une arrivée d’eau dans leurs bâtiments.
La partie basse représente la construction primitive du XIème siècle. Elle comporte des ouvertures étroites et une entrée à voûte en berceau. Cette pièce unique servait à la fois de dortoir, de réfectoire, et de salle d’études.
La construction de la partie supérieure est plus tardive (de quelques décennies). A noter la présence d’une fenêtre géminée (véritable modèle de l’art roman du XIIème siècle).
Le bâtiment perpendiculaire abrite la cellule du prieur. Il est représentatif de l’évolution des habitations jusqu’à la Renaissance.
LE SYSTÈME HYDRAULIQUE
Un étonnant ensemble hydraulique du Moyen âge alimentait Castelnau en eau et faisait fonctionner trois moulins.
L’ÉTANG MÉDIÉVAL
Le village de Castelnau, adossé au Monts du Lévézou, est bâti sur un promontoire rocheux surplombant la vallée de la Muse. Le mont culmine à 1000 mètres d’altitude, ce qui donne au bourg une quantité d’eau suffisante à ses besoins.
Dès le XIIème siècle, les moines projettent de récupérer ces eaux par un quadrillage de rigoles, pour les réunir en deux arrivées principales. C’est ce grand réservoir à découvert que l’on nomme « l’étang médiéval ». Ce bassin demeure encore aujourd’hui très bien conservé. Un déversoir indique le départ de l’aqueduc qui faisait cheminer l’eau jusqu’à la citerne du château. Ce second réservoir permettait au Seigneur de ne pas manquer d’eau en cas d’un long siège.
L’aqueduc traverse le faubourg, et l’eau circule, visible sur une vingtaine de mètres.
De nombreux branchements de dérivation se raccordaient :
– à une fontaine pour les besoins quotidiens de la population. A droite sur la place, on peut voir une fontaine décorée d’une tête de griffon, un personnage mythique qui représentait l’eau et qui a donné le nom à la place, « Place du Griffoul ».
– à une déviation pour l’irrigation des cultures.
– et plus tard à l’alimentation en eau pour trois moulins en cascade.
LES MOULINS
Le pavage qui traverse la « Place du Griffoul » et la rue, indique le cheminement souterrain de l’aqueduc.
Cette conduite, tubulaire, en grès rouge, raccorde la citerne (qui, une fois remplie, fournit la pression nécessaire) et le premier moulin situé à l’angle de la rue.
Toujours en souterrain, l’eau chemine sous les deux maisons qui se trouvent juste après le premier moulin, et dessert le second en contrebas.
L’eau rejoint et alimente ensuite le troisième moulin, situé encore plus bas. Il fallait avoir le plus grand dénivelé possible pour accroître la puissance de l’eau.
Jusqu’au XIXème siècle, ce procédé alimentait un quatrième moulin ; c’était un ensemble ingénieux pour l’époque. C’est un système unique de par sa conception qui remonte au Moyen Âge, et qui a permis à des moulins à eau de fonctionner sur un rocher.
Tous les éléments du système hydraulique de Castelnau ont traversé le temps et sont encore présents aujourd’hui (de l’étang jusqu’aux moulins).
Le premier moulin sera utilisé jusqu’en 1956.
DES MOULINS AU PRINCIPE DE FONCTIONNEMENT SIMPLE
L’eau passe sous le moulin et entraîne une roue horizontale, raccordée à un arbre de transmission vertical. Cet axe rejoint la chambre des meules au niveau supérieur. Le mécanisme est totalement invisible de l’extérieur.
UNE CURIOSITÉ DE LA RÉGION
Recherché et cueilli pour son aspect décoratif, ce chardon (de son vrai nom : Carline à feuilles d’acanthe) est appelé Cardabelle dans la région. Cette plante, une fois séchée, est clouée aux portes des maisons en décoration. Dans son milieu naturel, elle est utilisée comme baromètre (curieusement la plante voit son capitule se refermer à l’approche du mauvais temps), ou encore comme porte bonheur. La cardabelle étant une espèce en voie de disparition, elle est désormais protégée. Si vous la rencontrez aux détours d’un chemin sur les causses du Larzac ou de Lozère, ne la cueillez donc pas. Jadis on mangeait son cœur comestible, et ses feuilles épineuses étaient utilisées pour carder la laine des ovins. De plus sa racine était un remède contre de multiples affections et maladies.
Sources :
Mes photos
Photos publique Facebook
Association communale « La Terrasse des Grands Causses » L’oustalou – 12620 Castelnau-Pégayrolles
https://fr.wikipedia.org/wiki/Castelnau-P%C3%A9gayrols
https://www.castelnaupegayrols.fr/decouvrir-la-commune/histoire/
https://monumentum.fr/castelnau-pegayrols-v-12062-carte.html
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