Le siège de Pontoise

LA GUERRE DE CENT ANS

De 1337 à 1453

Blason du royaume d’Angleterre

Blason du royaume de France

LES VALOIS DIRECTS

Armes des Valois

LE SIÈGE DE PONTOISE

 Du 6 juin au 19 septembre 1441

Le siège de Pontoise

 

Armes de Pontoise

LOCALISATION

Pontoise est une commune française située dans le département du Val-d’Oise, en région Île-de-France. Elle se trouve sur la rive droite de l’Oise, à environ vingt-cinq kilomètres au nord-ouest de Paris.

SOMMAIRE

Le siège de Pontoise se déroule du 6 juin au 19 septembre 1441. Les forces françaises, commandées par le roi Charles VII, assiègent et s’emparent du dernier retranchement anglais en Île-de-France. En cette fin d’année 1441, la quasi-totalité de l’Île-de-France est libérée. Pontoise demeure alors le seul et dernier bastion anglais à proximité de Paris.

Le 19 septembre 1441, après trois mois de siège, le roi Charles VII s’empare de la garnison dirigée par Lord Clifford. Les Français, avec à leur tête les meilleurs capitaines et soutenus par une puissante artillerie, viennent à bout de la place fortifiée de Pontoise.

Cette victoire française est lourde de conséquences pour l’armée anglaise qui doit se replier sur Rouen, éliminant ainsi les menaces qui pesaient jusqu’ici sur la capitale.

THOMAS CLIFFORD

Thomas Clifford naît le 25 mars 1414. Il meurt le 22 mai 1455 à la Première bataille de Saint Alban, à 35 km au nord de Londres (lors de la Guerre des Deux Roses).

Thomas Clifford, 8e baron de Clifford

Thomas Clifford (8ème baron de Clifford, également 8ème seigneur de Skipton) était le fils aîné de John (7ème baron de Clifford) et d’Elizabeth Percy (fille de Henry « Hotspur » Percy et d’Elizabeth Mortimer).

En 1435, il fait campagne avec le duc de Bedford en France. Vers 1439, il commande les forces anglaises qui défendent Pontoise contre Charles VII de France.

Entre 1450 et 1451, il est envoyé comme ambassadeur auprès du roi Jacques II d’Écosse.

Clifford trouve la mort en combattant du côté lancastrien lors de la première bataille de St Albans, le 22 mai 1455 ; la première bataille de la Guerre des Deux Roses.

Il est enterré à l’abbaye de St Alban. Son fils aîné, John, 9e baron de Clifford, lui succède.

LA GUERRE DES DEUX ROSES

La Guerre des Deux Roses fut une guerre civile menée pour le contrôle du trône d’Angleterre. Elle eut lieu du milieu à la fin du XVème siècle, entre les partisans de deux branches cadettes rivales de la maison royale des Plantagenêt : les Lancaster (rose rouge) et les York (rose blanche).

Les affrontements décimeront les lignées masculines des deux dynasties. L’issue de ce conflit conduira la famille Tudor à monter sur le trône d’Angleterre.

 

CONTEXTE

LA RECONQUÊTE DE L’ÎLE-DE-FRANCE

C’est en septembre 1439, avec la prise de Meaux, que l’armée de Charles VII entame la reconquête de l’Île-de-France. Auparavant, en 1438, les Français s’étaient emparés de Saint-Germain-

Arthur de Richemont

en-Laye. Au mois de mai 1441, Charles VII repart guerroyer à la tête de son armée, assisté par le connétable Arthur de Richemont. Le 8 mai, la ville et le château de Creil sont assiégés. Les canons français ouvrent des brèches dans les remparts, et la garnison anglaise capitule le 25 mai.

La ville de Pontoise, elle, reprise par les Anglais en 1437, se dresse toujours face à la puissante armée du Valois.

Pontoise est une place fortifiée stratégique : hormis le fait qu’elle soit très proche de la capitale, elle contrôle le cours de la Seine.

Pour cette campagne de 1441, le roi Charles VII a rassemblé une forte troupe d’environ 5 000 hommes qu’il conduit lui-même, avec, à ses côtés, le connétable Arthur de Richemont. Cette force armée est dotée d’un important train d’artillerie lourde dirigé par Jean Bureau.

JEAN BUREAU

Jean Bureau naît à Semoine (département de l’Aube) vers 1390. Il meurt à Paris le 5 juillet 1463.

Blason de Jean Bureau

Il fut seigneur de Montglat (ou Montglas), de La Houssaye-en-Brie (1450), de Fontenay-en-France, de Thieux et Noisy-le-Sec, de Marle et de la Malmaison.

En 1438, il se distingue au siège de Meaux. Pour le récompenser, Charles VII le nomme, par lettre royale du 29 septembre 1439, Grand maître de l’artillerie de France.

Jean Bureau

Jean Bureau combat activement aux sièges de Pontoise (en 1441) et de Harfleur (en 1449). Il est présent lors de la prise de Bayeux, et participe à la capitulation de Caen. Il se distingue encore en Guyenne devant Bergerac, et après avoir contribué à la reddition des châteaux de Montguyon et de Blaye, assiège et s’empare de Libourne.

Bureau, en utilisant massivement l’artillerie (une première en Occident), permettra la victoire contre les Anglais à la bataille de Castillon, mettant ainsi un terme à la Guerre de Cent Ans.

FORCES EN PRÉSENCE

POUR LES FRANÇAIS

L’ost royal de France est fort de 5000 hommes. Il est commandé par le roi Charles VII lui-même et par le Connétable Arthur de Richemont.

Lire :

Le dauphin Charles, le petit roi de Bourges.

Le sacre de Charles VII.

ARTHUR III DE BRETAGNE

Arthur III de Bretagne dit le « Connétable de Richemont » ou « le Justicier », naît le 24 août 1393 au château de Suscinio, près de Vannes. Il meurt le 26 décembre 1458 à Nantes. C’est un seigneur breton, fils de Jean IV, duc de Bretagne, et de sa troisième épouse Jeanne de Navarre.

Blason du connétable de Richemont avant qu’il ne devienne duc de Bretagne.

Richemont participe en 1415 à la bataille d’Azincourt, où il est blessé et fait prisonnier. Il restera en captivité en Angleterre pendant cinq ans.

Le connétable Arthur de Richemont

Arthur III de Bretagne, dit le connétable Richemont

Le 7 mars 1425, Richemont est nommé connétable de France par Charles VII. En septembre 1428, Richemont est disgracié en raison de ses échecs militaires et politiques, puisque l’alliance avec le duc de Bretagne (son frère, Jean V de Bretagne) s’est révélée inefficace. En effet, ce dernier, confronté à l’offensive anglaise, exécute un nouveau revirement d’alliance. En juillet 1427, il négocie avec le duc de Bedford, et le 8 septembre de la même année, reconnaît le traité de Troyes.

Le 13 avril 1436, il reprend Paris contrôlée par Anglais, et sera l’un des compagnons d’armes de Jeanne d’Arc.

En 1457, il devient duc de Bretagne.

POUR LES ANGLAIS

La garnison anglaise est forte d’environ 1000 à 1200 hommes, et d’une armée de soutien dirigée par John Clinton d’environ 3600 hommes.

Les forces anglaises sont dirigées par lord John de Clinton, Richard d’York et John Talbot.

JOHN DE CLINTON

John de Clinton, 5ème baron Clinton, est un pair anglais, fils aîné de William de Clinton, 4ème lord Clinton, et d’Alice de Botreaux.

Blason de John de Clinton

En 1431, il succède à son père.

Il échange alors avec Humphrey Stafford (6ème comte de Stafford) le château de Maxstoke contre les villages de Whiston et de Woodford, dans le Northamptonshire.

Commandant de la garnison de Pontoise en France en 1441, il est capturé par les Français lors du siège et de la prise de la ville et du château. Il restera en captivité pendant plus de six ans, jusqu’à ce qu’il paie sa rançon de 6 000 marks.

En 1459, John sera impliqué au cours de la Guerre des Deux Roses pour ses sympathies « yorkistes » (maison des York, rose blanche). Il récupérera tous ses titres en 1461.

Il meurt en 1464.

RICHARD PLANTAGENÊT (OU RICHARD D’YORK)

Richard Plantagenêt (ou Richard d’York) naît le 21 septembre 1411 et meurt le 30 décembre 1460, à Sandal Magna, dans le Yorkshire. C’est un membre de la famille royale anglaise, qui sera  très tôt héritier de vastes territoires.

Armes de Richard d’York

Richard d’York est comte de Rutland, de March, d’Ulster et de Cambridge, puis 3ème duc d’York, et détient plusieurs postes pour le compte de la Couronne en Irlande et en France.

Richard d’York

En 1429, il épouse Cécile Neville (la Fille de Ralph Neville et de Jeanne Beaufort). Cécile Neville est la petite-fille de Jean de Gand, lui-même fils d’Édouard III.

Jeanne Beaufort et six de ses filles, dont Cécile Neville.

Elle fut la mère des rois Édouard IV et Richard III.

Richard d’York gouvernera l’Angleterre à plusieurs reprises en tant que Lord Protecteur pendant la folie du roi Henri VI.

Ses désaccords avec la reine Marguerite d’Anjou et ses partisans lancastriens, ainsi que sa revendication au trône, entraînent le déclenchement de la Guerre des Deux Roses. Il essaie de s’emparer du trône, mais il est contraint d’abandonner, bien qu’un pacte le fasse héritier d’Henri VI. Quelques semaines après cet accord, il meurt au champ d’honneur en combattant les partisans lancastriens de la reine.

JOHN TALBOT, 1er COMTE DE SHREWSBURY

John Talbot naît vers 1387 à Blakmere (Shropshire). Il meurt le 17 juillet 1453, à Castillon-la-Bataille. Il fut baron, 1er comte de Shrewsbury et de Waterford, et baron Furnival de jure uxoris (titre de noblesse utilisé par un homme dont l’épouse détient la charge ou le titre). Il fut l’un des chefs anglais lors de la Guerre de Cent Ans.

Armes de John Talbot – 1er comte de Shrewsbury

En mars 1428, il s’empare de Laval, qui sera repris l’année suivante. Au lendemain du siège d’Orléans, il commande la garnison anglaise de Beaugency. Le 18 juin 1429, après la bataille de Jargeau, il devient commandant en chef des troupes anglaises. Il combat à Patay, où il est vaincu et capturé, puis échangé au bout de quatre ans contre Jean Poton de Xaintrailles.

John Talbot

En 1436, aux alentours de Rouen, il bat La Hire et Xantrailles. En 1439, sa victoire sur Richemont lui ouvre les portes d’Harfleur qu’il prendra un an plus tard.

LE SIÈGE

Charles VII est bien décidé à en finir avec Pontoise. Accompagné du dauphin Louis, le futur Louis XI, il se met en route vers ce dernier point d’appui anglais qui s’obstine et lui fait de la résistance. Il emmène avec lui ses meilleurs capitaines. Pontoise est assiégée dès le 6 juin. Le roi Charles établit son quartier général à l’abbaye de Maubuisson, tandis que le dauphin Louis s’installe avec sa troupe sur l’autre rive de l’Oise, à l’abbaye de Saint-Martin. Aussitôt, l’artillerie de Jean Bureau commence à bombarder la ville.

La prise de Pontoise

La garnison française à Louviers dresse une fortification sur la Seine pour empêcher l’approvisionnement de Pontoise depuis Rouen. A partir de la mi-mai, le commandant anglais John Talbot parvient, malgré l’obstacle, à envoyer du ravitaillement et des canons à Pontoise.

Du 16 juin au 5 septembre, Talbot réussira, avec une armée de secours, à briser le siège à cinq reprises. Il envoie des troupes et des provisions par la porte amont de la ville et ravitaille les assiégés, les deux mille hommes de la garnison anglaise commandée par lord Clifford.  Charles ordonne au connétable de Richemont de ne pas précipiter l’attaque contre les troupes de Talbot.

En juillet, le duc d’York (lieutenant général en France du roi Henri VI d’Angleterre) accoste à Harfleur à la tête d’une armée de secours forte de 900 hommes d’armes et 2 700 archers. Il a pour mission de desserrer l’étau de Pontoise et délivrer sa garnison.

Plutôt que de donner l’assaut du camp fortifié du dauphin Louis, il préfère traverser l’Oise et se porter contre le camp de Charles VII. Bien que surpris, le roi se replie sur Poissy. Talbot est conscient que le sort de la bataille lui devient favorable. Il suggère alors de pousser l’avantage et de capturer le roi de France grâce à une manœuvre enveloppante. Le roi Charles n’aura alors aucune possibilité de s’enfuir, tant par Mantes que par Conflans-Sainte-Honorine. Mais il est déjà trop tard !

Car pendant ce temps, le duc d’York se livre à des escarmouches avec les Français qui interrompent le siège. York traverse et retraverse l’Oise à plusieurs reprises, et s’applique à désorganiser le ravitaillement de l’armée de siège depuis Paris. Il se retrouve lui-même à court d’approvisionnement pour son armée, et doit se retirer en Normandie à la mi-août.

De son côté, Charles VII observe les tergiversations des Anglais et attend patiemment son heure… Il a fait le choix de laisser l’ennemi s’épuiser lentement en vaines excursions à travers un pays ravagé.

La serpentine désigne un canon léger monté sur un affût à roues.

Il est bien fini le temps des grandes chevauchées héroïques, des grandes batailles et des terribles défaites face à ces mêmes Anglais. Chaque fois qu’il est tenté d’engager une bataille rangée en règle, Charles VII refuse le combat direct. C’est de cette manière qu’il quitte Poissy peu avant l’arrivée des troupes de Talbot, dont le plan d’encerclement a été découvert. Mais il n’abandonne pas pour autant, et fait construire devant Pontoise une puissante fortification.

Le 16 août, après le décrochage des forces du duc d’York, Charles reprend le siège et les bombardements.

Le 15 septembre, le « routier »Robert de Floques, avec ses « écorcheurs », s’empare d’Evreux.

Le 16 septembre, une force dirigée par les sires de Lohéac et de Bueil passe à l’attaque à travers une brèche dans les remparts, et capture l’église de Notre-Dame. Dans l’action, 24 des 30 défenseurs anglais sont tués.

Charles décide alors que le moment est opportun pour porter le coup de grâce aux assiégés de la garnison anglaise de Pontoise.

Le 19 septembre, l’ost royal lance un assaut général en force. La place est soumise à un bombardement violent de l’artillerie française de Jean Bureau. Les fortifications anglaises sont sérieusement malmenées sous les coups des bombardes, des couleuvrines et des serpentines.

Les assiégés de Pontoise opposent une farouche résistance aux Français. Sans relâche, le roi Charles encourage ses hommes et n’hésite pas à se porter lui-même en première ligne. Après de furieux combats, l’ennemi anglais finit par abandonner la lutte et se rend.

BILAN & PERTES

L’assaut aboutit à la destruction complète de la garnison anglaise, avec 400 à 500 tués et des centaines de prisonniers (y compris le commandant de la garnison Lord Clinton), face à des pertes françaises minimes. Le journal du Bourgeois de Paris en rapporte « dix ou onze ».

Le Journal d’un bourgeois de Paris est une œuvre anonyme écrite par un Parisien entre 1405 et 1449.

CONSÉQUENCES

Au soir de sa victoire, Charles VII est soulagé. Ce succès est une délivrance pour la capitale et pour la région alentour. Boutés hors d’Île-de-France, les Anglais refluent sur Rouen. Les paysans peuvent désormais réensemencer leurs champs et pourvoir au ravitaillement de Paris.

Selon les lois de la guerre, la prise de Pontoise par assaut plutôt que par capitulation soumet la population à la volonté du roi Charles, et de fait, conduit à la saisie de tous les biens de la cité. Lord John Clinton et la plupart de ses officiers sont libérés contre une rançon. Ceux qui n’ont pas pu payer leur liberté sont noyés en public. Le dernier bastion anglais en Île-de-France est tombé.

L’ARTILLERIE, UN ALLIE DE POIDS DÉCISIF !

Bombarde primitive

Dorénavant, l’artillerie occupe une place prépondérante au sein des armées belligérantes de la Guerre de Cent Ans.

Abbaye du Mont-Saint-Michel. Bombarde abandonnée par l’armée de Thomas de Scales, le 17 juin 1434.

Quelle que soit leur taille, elles sont intégrées très tôt dans les dispositifs militaires lors des sièges et des assauts de châteaux puissamment fortifiés. Leur utilisation devient indispensable au fur et à mesure qu’elles se perfectionnent.

8 mai 1429 – Jeanne d’Arc délivre Orléans

Leur capacité destructrice et l’intensité des pilonnages des bastions assiégés, font de cette arme en constante progression un puissant allié.

Le 17 octobre 1428, lors du siège d’Orléans, les Anglais envoyèrent sur les remparts de la cité cent vingt-quatre pierres de bombarde et de canon, certaines pesant cent seize livres.

En juillet-août 1432, au siège de Lagny-sur-Marne, les défenseurs de la ville, fidèles au roi de France, reçurent quatre cent douze boulets de pierre en une seul

e journée de bombardement. Mais la puissance de l’artillerie n’est pas seulement due au nombre de projectiles lancés sur l’ennemi. Ces engins de guerre meurtriers se perfectionnent et gagnent en précision, tout en étant de plus en plus faciles à manœuvrer et fiables pour leurs servants.

Les vigiles de Charles VII chassent les assiégeant Anglais durant le siège de Lagny.

Au cours du siège de Pontoise, pendant l’été 1441, l’artillerie française est si précise qu’un seul tir de canon a permis de tuer seize Anglais à l’entrée de la tour principale !

Lire : La naissance de l’artillerie

Sources :

Photos publiques Facebook

Mes photos

Les rois de France des Éditions Atlas (Valois directs).

https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_Cent_Ans

https://fr.wikipedia.org/wiki/Si%C3%A8ge_de_Pontoise

 

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1 réponse

  1. 5 novembre 2022

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