Jacques Cœur, grand argentier du roi Charles VII

LA GUERRE DE CENT ANS

De 1337 à 1453

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JACQUES CŒUR,

GRAND ARGENTIER DU ROI CHARLES VII

(1440)

Jacques Cœur

 

Blason de Jacques Cœur

SOMMAIRE

Fils d’un marchand de fourrure, Jacques Cœur se dirige très jeune vers le commerce et les affaires. Très doué, il s’oriente rapidement vers le commerce international, et met sur pied un vaste réseau marchand. Il sera propriétaire d’une douzaine de navires parcourant la méditerranée. Cette puissance maritime va lui ouvrir une brillante ascension sociale.

Arriviste, ambitieux, négociateur redoutable, Jacques Cœur s’impose à la cour du roi Charles VII. Cette position privilégiée va lui permettre de devenir l’incontournable argentier du roi de France. Mais cet homme riche devenu puissant, qui mène une vie fastueuse et dépense sans compter, va finir par dépasser les limites de l’acceptable. Enivré par sa réussite, il restera convaincu jusqu’à la fin que le pouvoir de l’argent, souvent employé de manière malhonnête, pourra le maintenir au-dessus des lois.

Charles VII

Pour avoir confondu les recettes du royaume et les siennes, Jacques Cœur, comme Nicolas Fouquet deux siècles plus tard avec le roi Soleil, affrontera son roi Charles VII, jaloux de son succès et de sa colossale fortune.

NAISSANCE

Jacques Cœur naît à Bourges entre 1395 et 1400. Il meurt le 25 novembre 1456 sur l’île de Chios (une île grecque de la Mer Égée, à l’époque république de Gênes). C’était un marchand français, négociant, banquier et armateur. Il fut le premier à établir des relations commerciales avec les pays du Levant.

Il est le fils de Pierre Cœur, pelletier de profession (commerce des fourrures). L’abondance de la cour du duc Jean Ier de Berry lui permet d’accroitre sa production de pelleteries. Bourges est alors une ville importante dans laquelle le commerce est prospère.

Le duc de Berry

Vers 1403, son père épouse Marie Lambert, veuve d’un boucher, Jean Bacquelier. Cette union donnera naissance à un second fils, Nicolas Cœur.

Très jeune, Jacques Cœur gère l’un des douze bureaux de change de la ville. Il est considéré comme un homme des plus habiles et des plus compétents de son temps.

En 1418 ou 1420, il se marie avec Macée de Léodepart (fille de Lambert de Léodepart, un ancien valet de chambre du duc Jean Ier de Berry, et petite fille du maître des monnaies de la ville).

SA JEUNESSE

Jacques Cœur n’a que 15 ans lorsque se déroule la catastrophique défaite de l’armée française à la bataille d’Azincourt.

L’aristocratie française est décimée, sa chevalerie anéantie, et une partie du nord de la France passe sous domination anglaise. Trois ans plus tard, le dauphin le futur Charles VII, menacé, s’enfuit de Paris, chassé par le duc de Bourgogne Jean sans Peur.

Jean Ier de Bourgogne dit Jean sans Peur

Il se réfugie dans le Berry, dans son château de Mehun-sur-Yèvre, et devient « le petit roi de Bourges » (titre donné par dérision). La présence du dauphin et de la cour va encourager la ville de Bourges sur le plan des échanges et du commerce ; la cité berrichonne prend alors son essor.

Lire: le château de Charles VII

LE CHÂTEAU DE CHARLES VII A MEHUN-SUR-YÈVRE

SA VIE

Jacques Cœur est très tôt initié par son père à la vie pratique des affaires. Il voit le destin frapper à sa porte lorsqu’en 1418, le dauphin Charles décide de s’établir avec sa cour dans la

Jacques Cœur

capitale du Berry.

Il va rapidement être introduit dans les milieux financiers et devenir, grâce à son entrain et à sa grande intelligence, un interlocuteur de premier choix.

Dès 1429, Jacques Cœur est nommé fermier des monnaies. Profitant de cette position privilégiée, il va émettre trois cents marcs d’argent au-dessous du titre, et

Jacques Cœur

empocher la différence. Il sera condamné pour cette escroquerie. Mais le roi, qui a compris tout l’intérêt qu’il peut tirer de ce génie des affaires, le gracie et lui donne toute sa confiance.

Dès lors, Jacques Cœur met sur pied, à grande échelle, un vaste réseau commercial avec le Levant (l’Orient). Il s’y rendra en personne en 1433.

En 1435, il est nommé maître de la monnaie de la ville de Bourges et, en 1439, grand argentier du roi. Cet homme providentiel devient le principal pourvoyeur de fonds dont Charles VII a besoin pour guerroyer.

Buste présumé de Jacques Cœur

Il se lance bientôt dans de nombreuses entreprises commerciales et industrielles, et amasse une fortune considérable. Il aide financièrement son souverain, et lui permet d’entreprendre la reconquête de ses territoires occupés par les Anglais.

En 1441, Jacques Cœur est anobli. Il est mandaté par le roi Charles (qui en a fait son commissaire royal) pour collecter les impôts dans le Languedoc (gabelle, taille, aides…)  et pour mettre en place en 1443 le Parlement de Toulouse. Il s’investit dans des entreprises commerciales et industrielles, et insuffle un élan important dans l’exploitation des mines du Beaujolais et du Lyonnais. Autant d’affaires fructueuses qui vont lui rapporter d’énormes bénéfices.

Vue d’artiste de Jacques Cœur (musée du Berry, XIXe siècle)

Il amasse rapidement une fortune digne d’un nabab et affiche un train de vie royal. Il fait construire des demeures luxueuses dans les principales grandes villes du royaume.

Le roi le traite comme un prince et le comble de ses faveurs, tout en fermant les yeux sur ses actes de malversations et ses abus. Charles VII a conscience que ce génie des affaires est un homme dévoué, qui œuvre aux intérêts de son pays et de son roi.

Charles VII, roi de France.

Le roi sait que cet homme riche comme crésus a mis toute sa fortune à la disposition de la couronne pour accélérer la conquête de la Normandie sur l’ennemi anglais.

Jacques Cœur affiche un faste inouï, et ses fêtes sont réputées et somptueuses. La belle Agnès Sorel (1422-1450), la favorite du roi, n’hésite pas à lui commander des étoffes de qualité et des draps fins.

 

 

 

 

LA CHUTE

Mais la réussite éclatante de ce bourgeois fait des envieux et va l’amener à la disgrâce. A la cour, les Grands du royaume, et même le roi, lui sont redevables de sommes colossales, que Jacques Cœur note méthodiquement dans ses registres.

La noblesse, qui cherche à le perdre, l’accuse de tirer profit sur ceux que la guerre a ruinés, en rachetant leurs fiefs pour une misère.

Les ecclésiastiques, eux, le suspectent de vendre des armes à l’Égypte, alors que les bourgeois disent qu’il a « empoigné toute la marchandise de ce royaume ».

Entre autres, des rumeurs courent qu’il serait l’amant d’Agnès Sorel, la maîtresse en titre du roi.

UN ROI INGRAT !

En juillet 1451, le roi Charles VII, comme il avait fait pour Jeanne d’Arc en 1431, prouve une fois de plus son ingratitude en le faisant arrêter pour des motifs fallacieux. Il invoque

Jacques Cœur

notamment comme raison l’empoisonnement d’Agnès Sorel, morte l’année précédente. Mais cette dernière accusation ne sera pas prouvée, et il en sera acquitté. Une commission mise en place pour statuer sur son cas décidera de le torturer.

Le 29 mai 1453, Jacques Cœur est reconnu coupable de concussion, de profits illicites de lèse-majesté puis condamné, marquant ainsi l’apogée de la disgrâce de celui

Charles VII

qui était alors considéré comme l’homme le plus riche du pays. Torturé, il n’avouera rien et sera emprisonné au château de Poitiers.

Jacques Cœur est condamné à la saisie de tous ses biens, au paiement d’une amende de 400 000 écus, et au bannissement du royaume une fois la caution payée. Charles VII ira jusqu’à s’approprier ses biens, prendre ses lits, et se saisir de ses belles étoffes, qu’il redistribuera à ses maîtresses !

En 1454, il réussit à s’évader et trouve refuge auprès du pape Nicolas V (1397-1455), qui le prend sous sa protection.

Après l’avènement du pape Calixte III, qui monte sur trône pontifical quelques mois plus tard, il lui est confié une flotte pour combattre les Turcs.

Il meurt de maladie sur l’île de Chios en 1456, sans jamais être retourné dans le royaume de France.

LE PALAIS DE JACQUES CŒUR A BOURGES

JACQUES CŒUR, UN ESCROC ?

Le personnage est complexe. Que cachait ce puissant génie des finances ? Etait-il un intrigant impitoyable sans vergogne, ou bien un avant-gardiste, bien précoce sur son époque ?  Certainement les deux. Voilà un individu qui n’hésitera pas à faire fortune de manière illicite. Il spécule, encaisse des pots-de-vin, tire profit de tous les événements de son temps (en profitant de la guerre par exemple) pour s’approprier les biens d’autrui, exerce le métier de trafiquant d’armes, et recrute de force des rameurs sur ses galères. 

En contrepartie, cet homme sans foi ni loi est sans aucun doute habile, et possède une intelligence au-dessus de la moyenne. Son sens inné du commerce va rétablir la confiance dans la monnaie, et lui donner un élan nouveau dont vont bénéficier bon nombre de villes françaises dont Lyon, Bourges, Marseille ou Montpellier. 

L’aide financière qu’il apportera au roi Charles pour combattre les Anglais va s’avérer cruciale. D’autre part, Jacques Cœur est un défenseur des Arts et des Lettres. Ce mécène fera construire de somptueuses résidences et palais, notamment celui de Bourges ; un magnifique hôtel qui porte son nom.

Convaincu de son innocence, Louis XI fera réviser son procès, et restituera à ses héritiers une partie des biens dont leur père avait été spolié.   


 

Sources :

Mes photos

Photos publiques Facebook

Les rois de France des Éditions Atlas (Valois directs).

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_C%C5%93ur

https://culturezvous.com/histoire-palais-jacques-coeur-bourges/

 

 

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1 réponse

  1. 24 octobre 2022

    […] jouvence. Ce baume restera inconnu jusqu’à sa mort, au grand désespoir de ses rivales. C’est Jacques Cœur, le grand argentier depuis 1439, membre du Conseil du roi depuis 1442, qui le lui a fourni. Ce […]

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