La bataille de Castillon

LA GUERRE DE CENT ANS

De 1337 à 1453

Blason du royaume d’Angleterre

Blason du royaume de France

LES VALOIS DIRECTS

Armes des Valois

LA BATAILLE DE CASTILLON

Le 17 juillet 1453

Bataille de Castillon 1453

 

Blason de la ville de Castillon-la-Bataille

LOCALISATION

Castillon-la-Bataille est une commune du Sud-Ouest de la France, située dans le département de la Gironde, en région Nouvelle-Aquitaine.

SOMMAIRE

La bataille de Castillon a lieu le 17 juillet 1453. Elle oppose les armées d’Henri VI d’Angleterre à celles de Charles VII de France.

Blason de l’Aquitaine et de la Guyenne

En 1453, la Guerre de Cent Ans (commencée en 1337) dure depuis plus d’un siècle. Certes, il n’y a pas eu cent seize ans de combats, de sièges et de chevauchées. Les nombreuses trêves, les longs hivers interrompant les opérations militaires, réduisent ce temps. Mais pendant tout le siècle, la population a vécu dans la peur des bandes armées, dans l’insécurité, dans la crainte d’une reprise de la guerre, et dans le marasme économique.

En cette année 1453, pour les Français qui sont en passe de reconquérir entièrement les territoires perdus, la bataille de Castillon sonne comme une victoire décisive. Elle est l’avant-dernière bataille de la Guerre de Cent Ans. Elle marque aussi la première utilisation massive de l’artillerie de campagne (créée par les frères Gaspard et Jean Bureau) dans une bataille.

Lire : La naissance de l’artillerie

L’importance de cette arme, aussi nouvelle qu’onéreuse, va conduire le roi de France Charles V et ses successeurs à créer, sur le site du château du Louvre, un puissant arsenal ainsi que plusieurs magasins à poudre et à boulets.

C’est pourtant essentiellement à Louis XI et aux ducs de Bourgogne qu’on doit attribuer la création de l’Arme de l’Artillerie.

Couleuvrine

Au départ, les accidents sont nombreux. Cela est dû en partie à la mauvaise connaissance de ce nouveau produit, à l’amateurisme, et à l’improvisation.

Louis XI décide de la création d’une ferme du salpêtre, indispensable à la fabrication de la poudre noire. Il fait couler, à l’instigation des frères Bureau, douze pièces de 45 livres « les 12 pairs de France ».

En décembre 1444, Gaspard, le cadet des frères Bureau, est fait Maître de l’artillerie.

Ce 17 juillet 1453, la Guerre de Cent Ans prend fin. La reddition de Bordeaux, le 19 octobre suivant, ne sera qu’une simple formalité. Désormais, le roi Charles VII peut être appelé : « le Victorieux ».

CONTEXTE

À la suite de la reconquête de la Normandie, qui s’achève en 1450, peu après la bataille de Formigny, les Français dirigent leurs efforts vers la seule région encore aux mains des Anglais, la Guyenne.

La bataille de Formigny

La reconquête de la Normandie a révélé toute l’ambition et la volonté retrouvée de Charles VII. Certes Calais est toujours occupée par les Anglais, cependant l’ennemi a subi de sérieux échecs. Pour en terminer définitivement avec cette guerre qui dure depuis trop longtemps, les Français doivent reprendre le contrôle de la Guyenne

Après la conquête de Bordeaux par les Français le 29 juin 1451, le roi d’Angleterre Henri VI envoie une armée pour reprendre la ville. Ce sont les Bordelais (frustrés d’avoir perdu leurs avantages accordés par les Anglais) qui ont demandé qu’on leur vienne en aide, et qu’on les libère de l’occupation française.

L’armée anglaise est commandée par John Talbot. Il ne lui faudra pas plus d’un an pour reprendre la ville, à la grande satisfaction des habitants. Il faut dire que la prospérité de la cité dépend en grande partie du commerce avec l’Angleterre.

Talbot est nommé lieutenant général de Guyenne.

En 1453, la province se rebelle contre Charles VII. Le roi de France envoie à son tour une armée pour reconquérir la Guyenne.

JOHN TALBOT, 1er COMTE DE SHREWSBURY

John Talbot naît vers 1387 à Blakmere (Shropshire). Il meurt le 17 juillet 1453, à Castillon-la-Bataille. Il fut baron, 1er comte de Shrewsbury et de Waterford, et baron Furnival de jure uxoris (titre de noblesse utilisé par un homme dont l’épouse détient la charge ou le titre). Il fut l’un des chefs anglais lors de la Guerre de Cent Ans.

Armes de John Talbot – 1er comte de Shrewsbury

En mars 1428, il s’empare de Laval, qui sera repris l’année suivante. Au lendemain du siège d’Orléans, il commande la garnison anglaise de Beaugency. Le 18 juin 1429, après la bataille de Jargeau, il devient commandant en chef des troupes anglaises. Il combat à Patay, où il est vaincu et capturé, puis échangé au bout de quatre ans contre Jean Poton de Xaintrailles.

John Talbot

En 1436, aux alentours de Rouen, il bat La Hire et Xantrailles. En 1439, sa victoire sur Richemont lui ouvre les portes d’Harfleur qu’il prendra un an plus tard.

CASTILLON, UNE VICTOIRE AISÉE !

Bataille de Castillon 1453

Dès le printemps 1451, Charles VII, après en avoir terminé en Normandie, entreprend la reconquête en Guyenne. En quelques semaines, il se rend maître de l’Entre-Deux-Mers (région naturelle du grand Sud-Ouest) et menace Bordeaux. Les Anglais ne s’y attendaient pas ; ils sont pris de vitesse…

Henri VI roi d’Angleterre

A Londres, l’anarchie règne autour du pieux et faible roi Henry VI, et la « Guerre des Deux Roses » fait des ravages.

LA GUERRE DES DEUX ROSES

La Guerre des Deux Roses fut une guerre civile menée pour le contrôle du trône d’Angleterre. Elle eut lieu du milieu à la fin du XVème siècle, entre les partisans de deux branches cadettes rivales de la maison royale des Plantagenêt : les Lancaster (rose rouge) et les York (rose blanche).

Les affrontements décimeront les lignées masculines des deux dynasties. L’issue de ce conflit conduira la famille Tudor à monter sur le trône d’Angleterre.

La noblesse s’entredéchire ; William de la Pole (duc de Suffolk), Edmond Beaufort 1er (duc de Somerset), et Humphrey de Lancastre (duc de Gloucester) se livrent à une véritable guerre d’influence. Et la Guyenne leur semble bien éloignée de leurs préoccupations. Les Bordelais ne sont pas dupes. Ils comprennent très vite qu’ils sont livrés à leur sort, et qu’ils doivent se tirer d’affaire par leurs propres moyens. C’est pourquoi ils préfèreront négocier leur reddition.

Le 30 juin, puis le 7 août 1451, Bordeaux, puis Bayonne se rendent à Charles VII. Une telle décision s’explique du fait que dans tout le Sud-Ouest, on espère éviter les dévastations d’une campagne militaire. L’objectif avoué : sauver l’économie de la région, qui repose essentiellement sur l’exportation du vin.

En prévision des prochaines vendanges, les Bordelais, qui veulent écouler leur production de vin, rappellent les Anglais à leur secours. En même temps, la population bordelaise s’insurge contre l’impôt que Charles VII veut instaurer pour payer l’entretien de son armée.

En août 1452, une délégation se rend dans la capitale du royaume d’Angleterre pour défendre la cause de la Guyenne. Cette fois-ci, Henry VI entend, et prend au sérieux la cause bordelaise. Il confie le commandement de l’armée anglaise à Jean Talbot, comte de Shrewsbury. A 80 ans passés, celui qui a été défait par Jeanne d’Arc lors du siège d’Orléans a gardé toute sa pugnacité, et reprend du service.

Le 17 octobre 1452, la flotte anglaise appareille pour apporter son aide aux « malheureux bordelais opprimés ». Et le 23, Talbot entre dans Bordeaux sans rencontrer de véritable résistance. Bientôt, à la mi-novembre, toute la région de l’Entre-Deux-Mers est occupée.

Pour Charles VII, tout est à refaire. Il est contraint d’attendre le printemps pour tenter de nouveau de « bouter les Anglais hors de France ».

En mars 1453, Talbot devance tout le monde et prend l’initiative. Il veut profiter de son avantage pour reconquérir la Guyenne. Du côté français, c’est la surprise totale…

FORCES EN PRÉSENCE

Bataille de Castillon 1453

POUR LES FRANÇAIS

L’armée française de Charles VII est forte d’environ 10 000 hommes et 300 canons. Elle est commandée par André de Montfort-Laval (dit André de Lohéac), et Jean Bureau pour l’artillerie.

PERTES

Chez les Français, la bataille fait une centaine de tués et de blessés.

ANDRE DE MONTFORT-LAVAL, DIT ANDRE DE LOHEAC

André de Montfort-Laval (dit André de Lohéac, seigneur de Lohéac et de Montjean, puis baron de Retz) naît en 1408 au château de Montsûrs, et meurt le 29 décembre 1486 à Laval. Il sera amiral, puis maréchal de France.

Blason d’André de Montfort-Laval

Au cours de la Guerre de Cent Ans, il fait ses premières armes contre les Anglais dès l’âge de quinze ans. Il est armé chevalier sur le champ de bataille de la Brossinière (le 26 septembre 1423), près de Bourgon, en Mayenne. C’est le comte d’Aumale qui l’adoube avec l’épée du connétable Bertrand du Guesclin.

Bataille de la Brossinière

En 1428, il combat les Anglais qui se sont emparés de Laval. Il est alors âgé de dix-sept ans. Réfugié dans le château de Laval, il résistera pendant six jours, et sera capturé par Jean Talbot. Il sera libéré contre rançon vers la mi-juin 1428.

En 1428, André de Lohéac est nommé lieutenant d’Arthur de Richemont (connétable de France, et gouverneur du Maine pour le roi).

André de Montfort-Laval

Il se bat aux côtés de Jeanne d’Arc d’Orléans à Reims (Campagne de la Loire), et accompagne le roi Charles VII dans ses expéditions de 1440 à 1448. Il participe à la libération de la Normandie (à la bataille de Formigny le 15 avril 1450), de la Guyenne (à la bataille de Castillon le 17 juillet 1453), ainsi qu’à la reddition de Bordeaux, le 19 octobre suivant. Entretemps, il est fait gouverneur de Paris et maréchal de France.

Compagnon d’armes de Jeanne d’Arc, André de Montfort-Laval la rejoint le 8 juin 1429 à Selles-en-Berry (Selles-sur-Cher). Après la levée du siège d’Orléans, Jeanne d’Arc et Jean II, duc d’Alençon, à la tête de l’armée royale, entreprennent la libération du Val de Loire (Campagne de la Loire). André de Lohéac se bat à Jargeau, Beaugency, et surtout à Patay, où il combat à l’avant-garde de l’ost royal.

JEAN BUREAU, SEIGNEUR DE MONTGLAT

Jean Bureau naît à Semoine (département de l’Aube) vers 1390. Il meurt à Paris le 5 juillet 1463.

Blason de Jean Bureau

Il fut seigneur de Montglat (ou Montglas), de La Houssaye-en-Brie (1450), de Fontenay-en-France, de Thieux, de Noisy-le-Sec, de Marle et de la Malmaison.

En 1438, il se distingue au siège de Meaux. Pour le récompenser, Charles VII le nomme, par lettre royale du 29 septembre 1439, Grand maître de l’artillerie de France.

Jean Bureau

Jean Bureau combat activement aux sièges de Pontoise (1441) et de Harfleur (1449). Il est présent lors de la prise de Bayeux, et participe à la capitulation de Caen. Il se distingue encore en Guyenne devant Bergerac, et après avoir contribué à la reddition des châteaux de Montguyon et de Blaye, assiège Libourne et s’empare.

Bureau, en utilisant massivement l’artillerie (une première en Occident), permettra la victoire contre les Anglais à la bataille de Castillon, mettant ainsi un terme à la Guerre de Cent Ans.

POUR LES ANGLAIS

L’armée anglaise d’Henry VI est forte d’environ 12 000 hommes. Elle est commandée par Jean Talbot, 1er comte de Shrewsbury.

PERTES

Les Anglais perdent 30 chevaliers et 4 000 hommes, dont 500 à 600 morts (2 000 et plus, selon la Chronique du temps de Charles VII conservée à la Bibliothèque Sainte-Geneviève de Paris), les autres étant blessés ou faits prisonniers pendant la bataille. Parmi les morts se trouvent Talbot et deux de ses fils.

LES PRÉPARATIFS CÔTE FRANÇAIS

Remis de leur surprise, les Français ont eu tout le temps de s’organiser durant l’hiver. Le roi Charles est maintenant à la tête d’une puissante armée, et surtout d’une puissante artillerie. Dès le mois de juillet, les Français sont prêts et assiègent la cité de Castillon, près de Libourne.

L’armée française est commandée par les maréchaux de France André de Lohéac et Philippe de Culant, l’amiral Jean de Bueil, et d’autres seigneurs. Un corps d’armée descend la vallée de la Dordogne et arrive le 13 juillet devant le château de Castillon, tenu par les Anglais. Les Français s’apprêtent à l’assiéger, mais ils veulent d’abord attirer les Anglais dans un guet-apens.

L’ost royal comprend 1 800 « lances » (soit 7 200 combattants de cavalerie), 800 francs-archers, l’artillerie des frères Bureau, et des auxiliaires de cavalerie envoyés par le duc de Bretagne (Pierre II de Bretagne).

Lire : Charles VII et les réformes de l’armée

L’artillerie est placée sous les ordres de Jean Bureau (trésorier général de France) et de son frère Gaspard (grand-maître de l’artillerie). Pour y disposer ses canons, Jean Bureau choisit un terrain au nord de la Dordogne.

Le camp est établi derrière un ancien lit tortueux de la Lidoire (petit ruisseau et affluent de la Dordogne). Le lit est utilisé comme fossé ; sur sa rive nord, on a aménagé un parapet avec un rempart ininterrompu de troncs d’arbres. Ces fortifications font 600 mètres de long. L’enceinte est gardée au nord par les 1 000 hommes de la cavalerie bretonne. Ces hommes sont dissimulés sur la colline d’Horable, et sont sous les commandements des sires Jean de Montauban et Gilles de la Hunaudaye.

La plaine de Colle, qui se situe entre le camp retranché et la Dordogne, présente un terrain plat idéal pour les tirs de l’artillerie des frères Bureau.

Jean Bureau, justement, dispose d’au moins 300 canons, servis par 700 servants.

Cette puissante artillerie mobile est montée sur des chariots, avec des bouches à feu tirant des boulets de fonte de différents calibres. Elle constitue une véritable batterie de campagne, une innovation militaire de première importance. (A cette époque, l’artillerie était généralement utilisée pour les sièges).

Jean Bureau place ses canons en direction de la plaine, au sud, et organise ses positions de tir.

Plan de la bataille de Castillon

LES PRÉPARATIFS CÔTE ANGLAIS

Jean Talbot sait que ses forces sont plus faibles que celles de son adversaire. Il doit adapter sa stratégie en conséquence. D’autant que les Français pénètrent en Guyenne sur trois corps d’armée. Il se doit d’attaquer en premier, pour détruire séparément les trois colonnes avant leur jonction.

Il a fort à faire avec les réactions houleuses des vignerons, qui redoutent de longs et sanglants combats sur leurs terres risquant de se poursuivre jusqu’aux vendanges. Bien qu’il soit prudent et chevronné, Talbot, informé de l’arrivée des Français à Castillon, décide de passer à l’offensive.

Le 16 juillet au matin, il quitte Bordeaux avec une armée de 800 à 1 000 combattants à cheval, et 4 000 à 5 000 hommes de piétaille. Il a aussi avec lui les renforts de 3 000 à 4 000 Gascons, et avance à marche forcée sur Castillon.

À l’aube du 17 juillet, son avant-garde surprend et affronte un détachement de francs-archers français qui sont en avant-poste dans l’abbaye de Saint-Laurent, au nord de Castillon. Les Français sont dispersés et s’enfuient vers le camp retranché.

Des habitants signalent aux Anglais des mouvements de cavalerie sortant du camp à l’Est. Talbot pense alors que son adversaire prépare sa fuite. Pour lui, ça ne fait aucun doute : c’est le bon moment d’attaquer, sans grand risque.

UNE FEINTE POUR BATTRE L’ENNEMI !

Bataille de Castillon 1453

L’ATTAQUE ANGLAISE

Talbot s’avance dans la plaine de la Colle, au sud des forces françaises. Les dimensions et les fortifications du camp retranché ennemi ne lui permettent pas d’apprécier à sa juste valeur son organisation. Les Français s’abritent derrière les palissades et attendent. Talbot, contrairement aux Français, n’a presque pas d’artillerie. Celle-ci n’est pas encore arrivée. Il doit donc se contraindre, s’il veut attaquer tout de suite, à le faire avec sa piétaille.

Aussitôt arrivé devant le centre du camp français, et plutôt que d’attendre que ses forces soient au complet, il ordonne l’assaut. L’attaque est repoussée par les Français. Talbot lance de nouveaux assauts qui sont chaque fois refoulés au corps à corps.

Les morts et les blessés s’accumulent, et la situation semble figée. C’est alors que les Français décident d’employer la ruse : ils détachent les brides de leurs chevaux, qui s’enfuient en désordre dans un épais nuage de poussière. Talbot, qui observe la scène, croit que les Français reculent en désordre. Convaincu de sa victoire, il ordonne une attaque générale sur le camp retranché, où il pense qu’il ne reste que quelques retardataires. Grosse erreur…

L’ARTILLERIE DE BUREAU ENTRE EN ACTION…

Entre-temps, Jean Bureau a pu organiser ses positions en fonction de celles de l’ennemi. Il fait tirer presque à bout portant par toutes les bouches de ses canons. La canonnade fait des ravages sur les lignes anglaises. L’ennemi est décontenancé, et commence à paniquer.

Talbot fait mettre pied à terre aux cavaliers, mais reste en selle en raison de son grand âge. Un boulet de couleuvrine lui brise une jambe et tue son cheval. Il est sans arme ni armure, et ne porte aucun signe de distinction de sa qualité. Non reconnu lors de l’attaque des Français, il sera tué par un archer.

LA CHARGE DES CAVALIERS BRETONS

Malgré leur situation devenue insupportable, les Anglais attaquent toujours, et sont systématiquement repoussés. De leur position arrière sur la colline d’Horable, les cavaliers bretons entendent la canonnade et sont prêts à intervenir au bon moment. L’ordre leur est donné d’avancer, et deux détachements se lancent à l’assaut des Anglais. Ceux-ci sont rapidement pris en tenaille. Le choc est foudroyant ; c’est un véritable carnage dans les rangs anglais.

Voyant que la situation leur est devenue favorable, les défenseurs français du camp retranché abaissent immédiatement les portes, et se ruent à pied et à cheval sur un ennemi désemparé. Les survivants de l’armée anglaise sont débordés de toutes parts et refluent en désordre.

Certains rescapés fuient vers la Dordogne, qu’ils traversent au gué du Pas de Rauzan. Ils sont pourchassés sur l’autre rive par les cavaliers bretons, et beaucoup sont massacrés ou faits prisonniers. Nombreux sont ceux qui se réfugieront dans le château de Castillon ; ils seront faits prisonniers deux jours plus tard. La victoire française est totale.

Castillon se rendra le 20 juillet.

CHARLES VII, LE VICTORIEUX !

Charles VII

A présent, celui que l’on nommait par dérision « le petit roi de Bourges » est bel et bien devenu Charles le « Victorieux ».

Le roi Henry VI d’Angleterre n’a plus de troupes de campagne en Guyenne. Les autres places-fortes anglaises tombent rapidement, si bien qu’il ne reste plus que Bordeaux.

Dès l’annonce de la victoire française, il se remet en route et se dirige sur Bordeaux, dont le siège est mis en place dès le mois d’août. Il faut faire vite ; la région, complètement dévastée, par les conflits et les chevauchées, n’a plus de ressources suffisantes pour ravitailler une armée en campagne. En plus, une épidémie de peste commence à faire des ravages dans le camp français.

Pour les Bordelais, pris à la gorge, la situation est pire. Lassés par tous ces conflits, ils capitulent le 19 octobre, sans résistance.

LE COMPORTEMENT ÉQUIVOQUE DES POPULATIONS DU SUD-OUEST…

En Guyenne, la situation est très différente de ce qu’elle l’a été en Normandie avant la victoire de Charles VII. Si dans cette région, les populations ressentaient durement le joug et l’occupation anglaise, ce n’est pas le cas en Guyenne.

Les habitants du Sud-Ouest ne perçoivent pas la présence anglaise de la même façon. Revendiquant d’être maîtres chez eux, ils bénéficiaient largement des relations séculaires, instaurées au fil du temps avec les Anglais.

Ainsi, le commerce du vin avec l’Outre-Manche assure la prospérité de la région. Durant l’hiver 1444-1445, 136 navires chargés de 13 000 tonneaux de vin seront débarqués en Angleterre.

De même, les populations du Sud-Ouest redoutent que l’arrivée inopportune des Français ne mette un terme à leurs privilèges, fiscaux, juridiques et coutumiers. Ils ne sont certainement pas disposés à se rallier au « petit roi de Bourges » sans avoir des garanties. 

Blason de l’Aquitaine et de la Guyenne

UN PRIX LOURD A PAYER POUR LES BORDELAIS…

Les remparts de Bordeaux au XIIIème siècle.

Les Bordelais devront payer cent mille écus et abandonner tous leurs privilèges. Quant aux Anglais, ils seront surpris par la grande mansuétude de Charles VII, En effet, celui-ci leur permettra de sortir de la ville avec leurs armes, et de rejoindre leurs navires sains et saufs. En plus, ils recevront un écu offert par le roi de France pour leurs menues dépenses ! La Guerre de Cent Ans est bel et bien finie !

Avec la bataille décisive de Castillon, la Guyenne redevient française et le restera. Les Anglais sont boutés définitivement hors de France. Ils ne conserveront plus en France que la place forte de Calais.

Survenant quelques semaines après la prise de Constantinople par les Turcs, la bataille de Castillon passe presque inaperçue aux yeux des contemporains.

Sources :

Photos publiques Facebook

Mes photos

Les rois de France des Éditions Atlas (Valois directs).

https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_Cent_Ans

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Castillon

 

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3 réponses

  1. paura852451 dit :

    Bonjour Jean-Marie,

    Je tenais à vous féliciter pour cet article très intéressant sur la bataille de Castillon. Vous avez su captiver mon attention en racontant cette bataille historique avec passion et en partageant des anecdotes fascinantes. Votre article m’a donné envie d’en apprendre davantage sur cette période de l’histoire de France et sur les conflits qui ont façonné notre pays. Merci pour cet excellent travail et j’espère avoir l’occasion d’échanger avec vous sur ce sujet passionnant.

    Bien à vous,

    Un lecteur admirateur.

    • Jean Marie Borghino dit :

      Merci pour vos éloges qui me touchent beaucoup. Des soucis de santé me ralentissent dans mon travail, et il m’est difficile de répondre aux messages qui me sont envoyés.
      Merci pour votre intérêt et de m’avoir lu…
      Cordialement
      JMB

  1. 6 novembre 2022

    […] Clermont la victoire de Formigny. Puis il se retourne vers la Guyenne. Tout s’achève avec la bataille de Castillon, le 17 juillet […]

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