Les Témoins du Passé – Les Thermes de Caracalla
LES TÉMOINS DU PASSÉ
ANTIQUITÉ
LES THERMES DE CARACALLA
ÉDIFICE : thermes.
STYLE : romain.
LIEU : ville de Rome.
DATE DE CONSTRUCTION : entre 212 et 216 ap J.-C.
CAPACITÉ : 1600 baigneurs.
CONTENANCE EN EAU : 64 citernes de 80 000 litres chacune.
DIMENSIONS : 337 m x 328 m (11 hectares, comprenant le bâtiment central, l’esplanade et l’enceinte).
ROME
SITUATION
Rome, en italien « Roma », est la capitale de l’Italie depuis 1871. Située au centre-ouest de la péninsule Italienne, près de la mer Tyrrhénienne, elle est également la capitale de la région du Latium, et fut celle de l’Empire romain durant 357 ans.
Marcus Aurelius Antoninus BASSIANUS, surnommé Caracalla. Fils de Septime Sévère (146-211), empereur romain né le 4 avril 188 à Lugdunum (en Gaule lyonnaise) et mort assassiné le 8 avril 217 près de Carrhae (dans la province romaine de Syrie). Il régnera de 211 jusqu’à sa mort sous le nom de Marcus Aurelius Severus Antoninus Augustus. En 212, il est l’auteur de l’édit de Caracalla, qui étend le droit de cité à tous les hommes libres de l’Empire romain (Constitution Antonine). Associé au trône avec son frère Geta (189-211), il assassinera ce dernier. Célèbre pour sa folie sanguinaire, Caracalla serait, selon l’historien Dion Cassius, responsable de… 20 000 meurtres sous son règne ! Le règne de Caracalla fut une période de cruauté inégalée au cours de l’Empire Romain. On dénote sur les bustes un homme déterminé, capable d’une grande férocité et d’une certaine jouissance pour faire le mal autour de lui. Il n’a pas hésité à tuer son propre frère pour affermir son trône. Eu égard à tous ses défauts, Caracalla s’est avéré être un administrateur talentueux. Il accablera les provinces d’impôts, et devra faire une réforme monétaire face à la première grande crise financière et économique de l’empire. Il affermira la frontière septentrionale et battra les Parthes en 216. Il fera construire de grands thermes éponymes à Rome.
LOCALISATION
Les Thermes de Caracalla se situent dans le prolongement de la colline de l’Aventin, entre la Via Nova (parallèle à l’ancienne route de la Via Appia) et la Via Adreatina.
GÉNÉRALITÉ
Les thermes romains étaient des établissements qui avaient pour fonction principale de permettre aux peuples de se laver. En ce temps-là, les habitations étaient dépourvues de salle d’eau particulières… Les romains pouvaient profiter des bains publics pour venir faire leurs ablutions dans de correctes conditions d’hygiène.
UN AIR DE « CLUB MED » !
Deux Empereurs, Héliogabale (218-222) et Sévère Alexandre (222-235), vont transformer la vaste enceinte à portiques et donner à cet ensemble thermal, sportif et culturel, une superficie de 11 hectares.
Les vestiges des Thermes de Caracalla, tels qui nous sont parvenus à nos jours, font partie des mieux conservés de l’Empire Romain. Les ruines qui s’affichent sous nos yeux nous permettent de bien déterminer les différentes zones de l’ensemble thermal.
On remarque tout d’abord un jardin clos, cerné d’une enceinte carrée. Cette dernière contenait les 64 citernes de 80 000 litres chacune qui étaient approvisionnées par un aqueduc. De ce jardin, on pouvait accéder aux boutiques et aux restaurants, ainsi qu’au stade et aux thermes eux-mêmes. Dans ce décor inégalable, on pouvait accueillir jusqu’à 1600 baigneurs. Aujourd’hui, ces ruines somptueuses, accueillent des représentations d’opéra.
LES ORIGINES
Le mythe romain des bains remonte très loin dans le temps ; peut-être aux IIème et IIIème siècles de notre ère. Il est attesté que les populations rurales se rendaient en ville, les jours de marché, pour se laver. C’est ainsi que des locations de bains privés appelés « balnae » virent le jour. Le concept se développe rapidement. En 33 av J.-C, on comptera à Rome jusqu’à 170 « balnae » qui proposaient aux clients des bains chauds, de vapeur ou de sudation. Ces thermes étaient accessibles à tous, y compris aux esclaves, aux étrangers et aux enfants. Ces sortes de bains publics étaient aussi un lieu de rencontre, un lieu où il était nécessaire de s’afficher, surtout si l’on était connu. Les Romains s’y retrouvaient vers le début de l’après-midi, juste avant le grand repas, « la cena ». L’entrée des lieux était généralement gratuite.
Les premiers thermes de Rome virent le jour à la demande de Marcus Vipsanius Aggripa (63 av J.-C.-12 av J.-C.), vers 19 av J.-C. Sous l’Empire, Rome en comptait au moins une centaine, dont les plus connus étaient ceux de Dioclétien (244-311), les plus grands ceux de Constantin (272-337), et bien sûr ceux de Caracalla.
HISTORIQUE
L’édification des Thermes a débuté sous Caracalla, en 212 ap J.-C. (en témoignent les estampilles sur les briques de construction), et non sous le règne de son père, Septime Sévère (193-211). Ce dernier avait commandé les bains de son vivant, mais le projet fut achevé en 216 ap J.-C., par son fils Caracalla. Plus tard, deux autres empereurs agrandiront la construction : Héliogabale (218-222), qui ajoutera des portiques, et Sévère Alexandre (222-235), qui les complètera. Le monument est reconnu comme étant la construction la plus colossale de toute l’époque impériale.
Les bains fonctionneront jusqu’en 537 de notre ère, date du siège de Rome par les Goths et leur roi Vitigès. Ce dernier décidera de faire murer les aqueducs qui alimentaient la cité impériale, pour la priver d’eau et l’assoiffer.
Au cours des époques, le site fut l’objet de nombreux aménagements. Certains écrits attestent qu’au Vème siècle, les bains de Caracalla sont encore en activité. D’aucuns ont prétendu, comme Polemus Sylvius, qu’ils faisaient partie des sept Merveilles de Rome.
Il semblerait qu’au cours du Moyen Âge, même si les bains ne sont plus en activité, le monument n’ait pas été abandonné. Le site servira de nécropole aux VIème et VIIème siècles, puis dès le XIIème de carrière de pierre, fournissant ainsi la matière première qui allait servir à la construction et la décoration des églises et des palais de la capitale.
Au XVème siècle, le site se transforme en une zone maraîchère.
Vers la moitié du XVIème siècle, par la volonté des papes Jules II (1443-1513) et Paul III Farnèse (1468-1549), les premières « fouilles » débutent ; elles causeront de nombreux dégâts. Entre 1545 et 1547, une grande quantité de statues, d’objets précieux, de bronze ont été déterrés des ruines pour aller embellir les collections privées.
Jusqu’au XIXème siècle, le site tombe dans l’abandon. Il faudra attendre 1824 pour qu’aient enfin lieu des fouilles archéologiques méthodiques. Les travaux vont se poursuivre durant tout le XIXème siècle, et jusqu’au début du XXème siècle. Ils ne reprendront qu’en 1980, date à laquelle les bains retrouveront leur plan originel.
En 2001, les Thermes de Caracalla reprennent vie, en accueillant désormais sur son site une foule d’événements culturels et musicaux.
LES THERMES DE CARACALLA
DESCRIPTION
LA NATATIO
Un portique (portico en italien) est une galerie couverte dont les voûtes ou les plafonds sont supportés par des colonnes, des piliers ou des arcades (soutenues par deux rangées de colonnes, ou encore par un mur et une rangée de colonnes).
Aux Thermes de Caracalla :
La natatio est représentée par une vaste piscine découverte. Les dimensions de la salle sont spectaculaires : 50 mètres de long sur 22 mètres de large, et plus de 20 mètres de hauteur. On y entre par un escalier agencé sur le côté. Le bassin possède un volume presque aussi grand que celui d’une piscine olympique. Il est peu profond et inapte aux plongeons. Il était vraisemblablement approvisionné en permanence en eau par le côté nord, au lieu d’être rempli puis vidé, comme pour les bassins d’eau chaude.
LE FRIGIDARIUM
C’était la première salle de bains des thermes. Elle précédait le tépidarium et le caldarium, qui étaient successivement les bains tièdes et les bains chauds.
Aux Thermes de Caracalla :
C’est la salle centrale (cella media) des grands thermes de l’Empire. Il communique avec la natatio, le tepidarium et le caldarium. Par ses dimensions imposantes, il est différent d’un frigidarium traditionnel par ses 58 mètres de long sur 24 mètres de large, et comprend quatre bassins d’eau froide utilisés comme des piscines. Il est surmonté de trois grandes voûtes d’arêtes, soutenues par huit colossales colonnes de granit appuyées aux murs. Sa décoration est magnifique : le sol est pavé de marbres précieux, les murs sont recouverts de parements en mosaïque de pâte de verre multicolore. Des statues viennent enfin orner les nombreuses niches. Cette salle est si imposante qu’on la nomme aussi basilique (basilica).
LE TEPIDARIUM
Aux Thermes de Caracalla :
La pièce est plus petite et se situe entre le caldarium et le frigidarium.
LE CALDARIUM
L’hypocauste était le nom donné au système de chauffage par le sol utilisé à l’époque romaine et gallo-romaine, surtout dans les thermes romains. Dans la pièce, un labrum était disposé pour permettre au baigneur de se rafraîchir. Il est placé après le frigidarium (où se trouvaient les bains froids) et le tepidarium (avec des bains tièdes), et servait d’intermédiaire entre les salles principales. Labrum : large bassin plat rempli d’eau, qui se trouvait dans les bains à l’extrémité circulaire de la pièce thermale (caldarium). Le labrum était isolé, et disposait d’assez d’espace autour pour le confort des baigneurs qui l’utilisaient. Ceux-ci s’aspergeaient d’eau et utilisaient un strigile (racloir pour la peau), pour ôter de leur corps la transpiration provoquée par la haute température de la pièce.
Aux Thermes de Caracalla :
C’est, comme son nom l’indique, la pièce chaude de l’établissement. Elle se trouve à l’extrémité sud-ouest de l’axe central des bains, afin de profiter d’un ensoleillement optimum. Constitué de sept bassins, le caldarium est immense, et doté d’une architecture originale. Son plan est circulaire, et surmonté d’une coupole de presque 36 mètres de diamètre possédant des dimensions légèrement inférieures à celles du Panthéon. Ses murs sont composés d’arcs comportant des grandes baies vitrées. Ces ouvertures allègent le poids de la construction tout en laissant entrer la chaleur. Sur les côtés de la salle, d’autres accès donnent sur d’autres pièces chaudes : les sudationes et les laconica. Ce sont des étuves à chaleur sèche ou humide, tels les hammams et les saunas actuels.
L’APODYTERIUM
Cette salle (vestiaire) comprenait de nombreuses niches au sein de ses murs, où l’on déposait ses effets personnels. Cette pièce était gardée par des esclaves (servus) du fait des vols relativement fréquents.
Aux Thermes de Caracalla :
L’apodyterium de Caracalla en possède deux ; l’un était probablement réservé aux hommes, et l’autre aux femmes. Il fait partie d’un groupe de salles similaires qui se situent d’une manière symétrique disposés de part et d’autre de l’édifice central : l’entrée ou vestibulum, puis l’apodyterium et les palestra et les pièces tout autour. Depuis le vestiaire on peut donc aller directement à la palestra faire de l’exercice, ou rejoindre la natatio ou le frigidarium par le vestibule.
LES PALESTRES
Aux Thermes de Caracalla :
Elles sont au nombre de deux, situées à chaque extrémité du bâtiment central : l’une à l’ouest et l’autre à l’est. On y vient pour y pratiquer des exercices physiques. C’est une immense salle rectangulaire possédant une exèdre semi-circulaire, et décorée de pavements de mosaïques colorées. Il y avait un étage, vraisemblablement en terrasse, agrémenté de magnifiques mosaïques à motifs mythologiques marins.
Palestre orientale
Palestre occidentale
LES MOSAÏQUES
QUELQUES VESTIGES RETROUVES DANS LES FOUILLES
Parmi les nombreuses statues découvertes dans les thermes de Caracalla, on peut citer :
– Le Taureau Farnèse.
– Le célèbre Hercule colossal au repos, en appui sur sa massue.
– Les deux vasques en granit gris, qui se trouvent aujourd’hui sur la piazza Farnèse, devant le Palais Farnèse (ambassade de France). Elles se situaient à l’origine dans le frigidarium des thermes.
QUELQUES PHOTOS
Bravo pour votre article très complet, et disposé avec une pédagogie remarquable.
Je me suis intéressé aux Thermes de Caracalla suite à la découverte d’un sonnet qu’un poète de la fin du XIXème, Léon-Rodolphe AMIEL, lui a consacré. Vous en trouverez le texte sur le lien suivant (Revue Hebdomadaire du 22 Août 1908)
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5803413v/f105.item.r=Amiel
Hélas, les deux ou trois premiers mots du quatrième vers sont manquants, et je ne parviens pas à les reconstituer.
Ses deux recueils de poèmes parus chez Lemerre en 1907 et 1909 sont hélas introuvables !
Sinon, il aurait été magnifique de l’ajouter à votre documentation, pour le côté artistique.
Cordialement
Thierry CHEVRIER
Bonjour monsieur,
Merci pour votre message élogieux. je me donne beaucoup de travail de recherche pour écrire mes articles et vos félicitations sont pour moi une véritable satisfaction.
J’écris aussi sur différentes périodes de l’histoire, je vous donne le lien pour accéder à mon site si toutefois vous êtes intéressé. http://jeanmarieborghino.fr/
Merci encore de m’avoir lu.
Merci beaucoup pour vos explications détaillées.
Elles nous aident bien à nous projeter pendant la visite.