Jeanne d’Arc, brûlée vive sur le bûcher
LA GUERRE DE CENT ANS
De 1337 à 1453
LES VALOIS DIRECTS
JEANNE D’ARC, BRÛLÉE VIVE SUR LE BÛCHER
30 mai 1431
Lire :
– Jeanne d’Arc, du procès au bûcher
– Jeanne d’Arc face à ses juges
– Jeanne d’Arc, sorcière et maudite
– L’abjuration de Jeanne d’Arc
SOMMAIRE
Au terme d’un procès interminable et arbitraire, présidé de main de maître par l’archevêque de Beauvais Pierre Cauchon, Jeanne d’Arc est reconnue hérétique, relapse, et condamnée à mort.
Le 30 mai 1431, sur la place du Vieux Marché à Rouen, Jeanne, « la Pucelle », celle qui a tout donné pour la France et son roi Charles VII, monte sur le bûcher. Elle périt dans les flammes sans un cri, devant une population rouennaise terrifiée, partagée entre l’émoi et l’horreur. Le supplice de la petite Lorraine va se retourner contre ses bourreaux, désormais détestés par tout un peuple….
Jeanne « la Pucelle » ne sera canonisée que cinq siècles après sa mort dramatique.
JEANNE, LA CAPTIVE DE GUERRE !
Insultée et brutalisée par ses geôliers, Jeanne conserve ses habits d’homme et ses chausses « bien serrées et liées ». Elle craint néanmoins « que la nuit les gardiens ne lui (fassent) quelque violence ». Les conditions de détention de Jeanne d’Arc soulignent toute l’ambiguïté de sa situation. De toute évidence, elle est traitée comme une prisonnière de guerre, enferrée et gardée par des soldats. Pourtant, elle va comparaître pour hérésie ; ce qui n’est pas la même chose, et qui aurait dû lui valoir un régime carcéral plus clément.
L’ABJURATION DE JEANNE
Le 24 mai 1431, contre toute attente, Jeanne d’Arc consent à abjurer ses fautes, lui permettant ainsi (temporairement) d’échapper à la mort. Ce renoncement de dernière minute lui vaut malgré tout une sentence de « prison perpétuelle ». On ne sait pas trop comment et pourquoi, mais quelques jours plus tard, Jeanne reprend ses vêtements d’homme. C’était une des causes principales de sa condamnation. En effectuant un tel acte, elle retombe dans ses erreurs. Sous la pression des Anglais, qui ne souhaitent que sa mort, et de l’évêque de Beauvais Cauchon, le verdict est sans appel. Jeanne est déclarée hérétique et relapse, et condamnée au bûcher.
– L’abjuration de Jeanne d’Arc
L’HABIT D’HOMME DE « LA PUCELLE », UN MYSTÈRE
Plusieurs témoins racontent ce qui est arrivé après l’abjuration de Jeanne le 24 mai 1431, au cimetière Saint-Ouen. Ils expliquent ce qui l’aurait poussée à reprendre ses vêtements masculins, causes de son supplice et de ses péchés. D’après Martin Ladvenu, moine dominicain, une fois reconduite dans sa cellule : « quelqu’un s’approcha d’elle, secrètement, de nuit. J’ai entendu de la bouche de Jeanne qu’un milord anglais entra dans la prison et tenta de la prendre par force ». Pour l’huissier Jean Massieu, c’est une tout autre version : « alors que le jeudi de Pentecôte, la Pucelle a repris l’habit de femme, le dimanche suivant, à son réveil, elle n’a pas trouvé cette tenue. Les geôliers anglais la lui auraient subtilisée et lui auraient laissé à la place un sac contenant des vêtements d’homme ». Au cours de son dernier interrogatoire, Jeanne a expliqué ses tourments endurés dans sa cellule, disant que mieux valait mourir « que plus longuement soutenir la peine de prison ». Était-ce un stratagème de l’évêque Cauchon ? Il savait que Jeanne subissait de terribles sévices en la faisant écrouer à la merci de ses gardiens. Avait-il prévu de l’obliger à endosser l’habit d’homme qui l’emmènerait droit au bûcher ?
L’EMPLACEMENT DU BÛCHER AUJOURD’HUI
CONDAMNÉE A PÉRIR PAR LE FEU
Cette fois, c’en est bien fini pour la petite Jeanne. Il est bien loin le temps de Vaucouleurs ! toutes ses espérances vont se dissiper avec le feu purificateur… Il n’y a plus d’espoir.
La veille, le 29 mai, elle a été reconnue idolâtre, schismatique, apostate, menteuse, devineresse, hérétique, et relapse. La sentence est terrible : c’est à l’unanimité que le tribunal l’a condamnée à périr sur le bûcher.
Jusqu’au dernier moment, Jeanne a espéré une grâce royale, ou celle du Saint Père à Rome. Elle a même imaginé une insurrection populaire, venant à son secours pour la délivrer de ses chaînes. Ou peut-être une improbable aide extérieure providentielle qui lui aurait permis de s’enfuir.
Mais Jeanne est seule. Elle ne peut compter sur personne. Elle est abandonnée de tous, y compris du roi Charles VII, ce monarque ingrat qui lui doit tout ; celui qu’on appelait « le petit roi de Bourges », et qui ne tentera rien pour la sauver.
Les derniers jours de sa vie, elle les a passés dans un cachot humide, soumise aux sarcasmes et aux violences de ses geôliers, pourtant chargés de sa « protection ».
UNE MISE EN SCÈNE FUNESTE…
Ce mercredi 30 mai 1431, jour de l’exécution, Jeanne est face à son destin. Tôt le matin, la foule se rassemble, nombreuse, sur le place du Vieux-Marché de Rouen. Chacun espère être le mieux placé pour ne rien manquer du spectacle. Il faut dire que ce n’est pas coutumier de brûler une femme ; d’autant que la suppliciée n’est autre que Jeanne d’Arc, « la Pucelle » d’Orléans.
Jeanne apparaît vers les neuf heures du matin. Debout sur la charrette qui la transporte vers la mort, elle est vêtue de la longue chemise des condamnés.
Elle semble à bout de force ; ses traits sont tirés, mais elle affiche néanmoins un doux sourire perceptible sur la commissure de ses lèvres. Elle contemple cette masse hétéroclite de badauds avec un regard noble et apaisé. Ces gens de toute condition sont venus la voir mourir et profiter de ses derniers moments.
Le bûcher a été dressé au milieu de la place. On peut y apercevoir facilement le bourreau, tout vêtu de rouge, portant une cagoule ; prompt à exécuter sa triste besogne…
La foule est maintenue à bonne distance par des hommes en arme. Il faut prévenir tout incident qui pourrait entacher le bon fonctionnement de cet événement morbide. L’affluence silencieuse n’a d’yeux que pour le sinistre cortège qui s’avance.
Idéalement placés sur une estrade, afin de ne rien manquer du spectacle, ont pris place aux premières loges les membres du tribunal et les Anglais.
Pierre Cauchon, l’évêque de Beauvais qui a présidé le procès, se lève, et lit impassible la sentence d’un ton calme.
Jeanne gravit les marches du bûcher. On lui accorde le droit de se confesser et de recevoir la communion. Puis, dans un silence de cathédrale, le bourreau la ligote : d’abord les épaules, puis la ceinture, les cuisses, et les genoux.
Alors Jeanne regarde la foule, puis le ciel ; il semble qu’elle se soit détachée de ce monde. Pour elle, la délivrance est proche.
Le bourreau met le feu aux fagots. Presque aussitôt, les flammes enveloppent le corps de la jeune fille, et soudain sa silhouette s’évanouit derrière d’épaisses volutes de fumée. Elle pousse un dernier cri : « Jésus ! », puis plus rien ; le silence…
Pierre Cauchon et ses invités n’attendent pas la fin de cette scène dramatique, ils sont déjà partis. Par contre les Anglais, eux, sont ravis ; ils tiennent leur revanche sur cette frêle jeune femme qui leur a fait vivre tant de cauchemars.
La foule est partagée entre le dégoût, l’indifférence et la repentance. Celle qui avait donné un espoir à tout un peuple vient de disparaître dans les flammes du bûcher, à tout jamais.
Mais le feu ne peut détruire une légende. Par son injustice et son atrocité, le calvaire de Jeanne va se retourner contre ses bourreaux.
La France se libère progressivement de la présence des Anglais. Jeanne a amorcé une dynamique qui ne s’arrêtera plus jusqu’à la victoire finale. Dans le même temps, le mépris du peuple pour les évêques, les théologiens, et les Anglais, ira croissant.
UNE LONGUE RÉHABILITATION
La nouvelle de la mort de Jeanne « la Pucelle » se répand à la vitesse de l’éclair. La ville de Tours décrète un deuil public.
A Orléans, dès 1435, on débat sur le mystère de sa vie.
Après la victoire, le roi de France Charles VII ordonne de faire une enquête. Il entreprend la réhabilitation de la petite Lorraine, celle qui l’a si bien servi, et qui a donné sa vie pour son pays et son roi. Il s’agit d’annuler la condamnation de Jeanne d’Arc en démontrant les fautes et les erreurs des juges.
Le 7 juillet 1456, la réhabilitation de Jeanne est accordée par le pape Calixte III. L’archevêque de Reims, Jean Juvénal des Ursins, proclame officiellement la décision du
Saint Père, et l’avis est placardé dans toutes les grandes villes de France. Le procès de Rouen est jugé « entaché de calomnie, d’iniquité, de contradiction ».
Quant à l’évêque de Beauvais, Pierre Cauchon, il meurt subitement en 1442 pendant qu’on lui faisait la barbe. Le sort de la Pucelle et sa mort lui sont largement imputés.
Il faudra attendre 1909 pour que Jeanne d’Arc soit béatifiée. Le 9 mai 1920, elle est canonisée par le pape Benoît XV.
La même année, le Parlement français, en quête de symboles patriotiques à l’issue de la Première Guerre Mondiale, décrète en son honneur une fête nationale. Elle sera célébrée le deuxième dimanche du mois de mai.
Sources :
Mes photos
Photos publiques Facebook
Les rois de France des Éditions Atlas (Valois directs).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_Cent_Ans
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeanne_d%27Arc
https://www.patrimoines-rouen-normandie.fr/IMG/pdf/09–cimetiere_st_ouen_et_eglise_sainte-dan.pdf
http://www.nd-bermont.fr/content/1431