Les guerres de Vendée – Jean-Nicolas Stofflet
LES GUERRES DE VENDÉE
JEAN-NICOLAS STOFFLET
(1753-1796)
Dit « Mistouflet »
INTRODUCTION
NAISSANCE
Jean-Nicolas Stofflet est un général des armées vendéennes, né le 3 février 1753 à Bathelémont lès Bauzemont (Meurthe et Moselle). Il meurt fusillé à Angers le 25 février 1796 ; il avait 43 ans.
FAMILLE
Il est le fils d’un meunier, Marin Thomas Stofflet (1727- ?), et de Barbe Mezier (1721-1784).
JEUNESSE
– Jean-Nicolas Stofflet a 17 ans lorsqu’il s’engage dans l’armée. Il est incorporé au Régiment Lorraine-Infanterie-Royale, à Lunéville ; il en sortira avec le grade de caporal instructeur.
– En 1786, Jean-Nicolas quitte la vie militaire. Il entre au service du comte de Colbert-Maulévrier, qui le recrute comme garde-chasse (garde des bois et commis facteur) de ses forêts de Maulévrier, en Anjou.
– En 1789, lorsqu’éclate la Révolution, Jean-Nicolas Stofflet a 37 ans, et se trouve en total désaveu avec les nouvelles idées portées par tous les bouleversements de cette époque mouvementée. Son passé militaire, ses idéaux et sa loyauté envers le roi et sa religion, le propulsent naturellement au sommet de l’insurrection qui se profile.
L’HOMME
Stofflet qui, avec Cathelineau, a levé l’étendard de l’insurrection vendéenne, est tout l’opposé de Lescure. Il est craint et mal aimé de ses hommes. Malgré ses qualités indéniables de chef militaire, Jean-Nicolas Stofflet ne pourra s’imposer comme le véritable leader de l’armée catholique et royale. Il est à la fois bon militaire et intelligent, mais il peut aussi être sévère, imperturbable, et ambitieux. Après la mort des grands chefs vendéens, il essaiera de s’imposer comme le nouveau généralissime. Mais sa suprématie sera malmenée par des divisions intestines, et aggravée par son absence de qualités humaines ; autant d’obstacles qui ne lui permettront pas d’atteindre l’objectif tant espéré…
PRINCIPAUX CHEFS HISTORIQUES VENDÉENS :
- Jacques Cathelineau (1759-1793).
- Maurice Gigost d’Elbée (né en 1752- fusillé le 9 janvier1794).
- Charles de Bonchamps (1760-1793).
- François Athanase Charette de La Contrie (né en 1763- fusillé le 29 mars 1796).
- Henri du Vergier, comte de La Rochejaquelein (1772-1794).
- Louis-Marie de Salgues, marquis de Lescure (1766-1793).
- Jean-Nicolas Stofflet (né en 1753- fusillé le 25 février 1796).
- Antoine-Philippe de la Trémoille, prince de Talmont (né en 1765-guillotiné le 27 janvier1794).
- Gaspard Augustin René Bernard de Marigny (1754-1794).
PRINCIPAUX COMMANDANTS RÉPUBLICAINS :
- Jean Baptiste Camille de Canclaux (1740-1817).
- Jean-Michel Beysser (né en 1753- guillotiné le 13 avril 1794).
- Jean François Berruyer (1741-1804).
- Armand-Louis Gontaut, duc de Biron (né en 1747-guillotiné le 31 décembre 1793).
- Alexis François Chalbos (1736-1803).
- Jean-Baptiste Kléber (1753-1800).
- François Séverin Marceau-Desgraviers (1769-1796).
- François Nicolas Benoit Haxo (1749-1794).
- François-Joseph Westermann (né en 1751- guillotiné le 5 avril 1794).
- Antoine-Joseph Santerre (1752-1809).
- Louis Marie Turreau de Lignières, dit Turreau de Garambouville (1756-1816).
- Louis Lazare Hoche (1768-1797).
FAITS D’ARMES ET PARTICIPATION
AUX BATAILLES
L’INSURRECTION
Le feu aux poudres : le 24 février 1793, la Convention décrète la levée en masse de 300 000 hommes.
1793
Dès le 13 mars, Stofflet s’impose à la tête des paysans de Maulévrier et des paroisses avoisinantes. Il se rallie à Cathelineau et s’empare avec lui de Cholet. Il est grand, robuste, brutal et sait se faire obéir de ses soldats ; tous l’admirent pour sa grande bravoure. Il se révèle comme un vrai chef de guerre. Sans éducation mais intelligent, il est surnommé par ses hommes « Sifflet » ou « Mistouflet » et il inspire confiance. En juillet 1793, le généralissime d’Elbée le nommera major général de la Grande armée.
MARS
– Le 15 : prise de Cholet (1ère bataille de Chollet) :
Victoire des « Blancs » de Jean-Nicolas Stofflet, qui ont fait alliance avec Jacques Cathelineau. Ils s’emparent aussi de Jallais, Chemillé, Challans, et de La Roche-sur-Yon.
MAI
– Le 5 : prise de Thouars.
Victoire des « Blancs » commandés par Jacques Cathelineau, Jean-Nicolas Stofflet, Charles de Bonchamps, Henri de La Rochejaquelein, et Louis de Lescure. La ville était défendue par l’armée des « Bleus » de Pierre Quétineau (né en 1756-guillotiné le 17 mars 1794). Les villes de Bressuire et de Parthenay sont investies par les Vendéens.
– Le 13 : bataille de la Châtaigneraie.
Victoire des forces vendéennes placées sous les ordres de Maurice Gigost d’Elbée, de Louis de Lescure, de Jacques Cathelineau, d’Henri de La Rochejaquelein, et de Jean-Nicolas Stofflet, face à l’armée républicaine commandée par le général Alexis François Chalbos.
– Le 16 : 1ère bataille de Fontenay le Comte.
Victoire républicaine du général révolutionnaire Alexis François Chalbos, face à l’armée insurgée des « Blancs » commandée par Jacques Cathelineau, La Rochejaquelein, Lescure, d’Elbée, Jean-Nicolas Stofflet, et Gaspard de Marigny.
– le 25 : 2ème bataille de Fontenay le Comte. La rébellion, partie des Mauges, se répand dans le sud de l’actuelle Vendée. La ville de Fontenay le Comte, commune d’importance dans la région, est prise par les « Blancs ».
Victoire des Vendéens, commandés par Lescure, Jacques Cathelineau, La Rochejaquelein, Jean-Nicolas Stofflet et Gaspard de Marigny, face aux forces républicaines placées sous les ordres des généraux républicains Alexis François Chalbos et Jean-Baptiste Nouvion (1753-1825).
JUIN
– Le 7 : bataille de Doué.
Début juin, les forces Vendéennes lancent une offensive sur Saumur. Sur leur itinéraire ils s’emparent de Doué-la-Fontaine et Montreuil- Bellay.
Victoire des forces vendéennes, placées sous les ordres des généraux Jacques Cathelineau, La Rochejaquelein, Lescure, Jean-Nicolas Stofflet, Jacques-Nicolas de Fleuriot de La Freulière (1738-1824), Jean-Baptiste-Louis-Étienne de Dommaigné (1749-1793) et Gaspard de Marigny, face aux troupes républicaines (les Bleus), placées sous les ordres de François Leigonyer (1740-1807).
– Le 9 : bataille de Saumur. La ville est prise d’assaut par les forces vendéennes de l’Armée catholique et royale.
Victoire des forces vendéennes, les « Blancs », commandées par Jacques Cathelineau, La Rochejaquelein, Lescure, Jean-Nicolas Stofflet, Jacques-Nicolas de Fleuriot de La Freulière (1738-1824), Jean-Baptiste-Louis-Étienne de Dommaigné (1749-1793) et Gaspard de Marigny, face aux troupes républicaines placées sous les ordres des généraux républicains « Bleus » de Jacques-François de Menou, baron de Boussay (1750-1810), Charles François Duhoux d’Hauterive (1736-1799), Antoine-Joseph Santerre (1752-1809), Louis-Alexandre Berthier (1753-1815), et Guy Coustard de Saint-Lo (1752-1825).
– Le 12 : Jacques Cathelineau est élu premier généralissime des insurgés vendéens.
– Le 29 : bataille de Nantes.
Défaite des « Blancs » de l’Armée catholique et royale à Nantes. Jacques Cathelineau est gravement blessé ; il mourra des suites de ses blessures le 14 juillet 1793. Cet échec des « Blancs » marque un tournant crucial dans l’Histoire du soulèvement vendéen.
Cité par Louis Marie Turreau de Lignières, dit Turreau de Garambouville (1756-1816).
Victoire des forces républicaines placées sous les ordres de René-Gaston Baco de la Chapelle (1751-1800, maire de Nantes au moment de l’assaut vendéen), de Jean Baptiste Camille de Canclaux et de Jean-Michel Beysser, face à l’Armée catholique et royale commandée par Jacques Cathelineau, Charette de La Contrie, Charles de Bonchamps, d’Elbée, Jean-Nicolas Stofflet, François Jean Hervé Lyrot (1732-1793) et Antoine-Philippe de la Trémoille, prince de Talmont.
JUILLET
– Le 14 : mort de Jacques Cathelineau.
– Le 3 : bataille de Moulin-aux-Chèvres.
Victoire des forces républicaines placées sous les ordres de François-Joseph Westermann, face aux troupes vendéennes commandées par La Rochejaquelein, Lescure et Jean-Nicolas Stofflet.
– Le 5 : bataille de Châtillon.
Victoire des forces vendéennes, les « Blancs », commandées par La Rochejaquelein, Lescure, Jean-Nicolas Stofflet, Gaspard de Marigny, et Bonchamps, face à l’armée républicaine placée sous les ordres de François-Joseph Westermann.
– Le 19 : l’armée nomme d’Elbée généralissime ; on attendait Charles de Bonchamps et c’est d’Elbée qui est élu. Aussitôt, celui-ci quadrille la Vendée en quatre divisions. Chacune a son territoire et son chef.
DIVISION | GÉNÉRAUX | ADJOINTS |
L’Anjou | Charles de Bonchamps | Charles-Marie d’Autichamp |
Le Poitou | Louis-Marie Lescure | La Rochejaquelein |
Le Centre | Charles de Royrand | Chevalier de Cumont |
La Basse Vendée | Guy Joseph de Donissan | Charrette de La Contrie |
SEPTEMBRE
– Le 5 : bataille de Chantonnay.
Victoire de l’Armée catholique royale placée sous les ordres de Maurice Gigost d’Elbée, Charles Augustin de Royrand (1731-1793), Charles Marie Auguste Joseph de Beaumont, comte d’Autichamp (1770-1859), Jean-Nicolas Stofflet, et Jacques-Nicolas de Fleuriot de La Freulière (1738-1824), face aux forces républicaines commandées par les généraux René François Lecomte (1764-1793) et François Séverin Marceau-Desgraviers.
Après la victoire de Chantonnay, d’Elbée est reconduit comme généralissime. Il n’obtient pas toutes les faveurs de ses condisciples mais reste cependant le chef de l’armée. Il procède à un nouveau remaniement de ses forces.
DIVISION | GÉNÉRAUX |
L’Anjou et le Poitou | Maurice Gigost d’Elbée |
Pays de Retz et Marais | François Athanase Charrette de La Contrie |
De la Loire à Saumur | Charles de Bonchamps |
Les Mauges | Henri du Vergier de La Rochejaquelein |
Le Nord Deux-Sèvres | Louis-Marie de Salgues Lescure |
Le bocage vendéen | Charles de Royrand |
La cavalerie | Antoine Philippe de la Trémoile,Talmont |
Major général | Jean-Nicolas Stofflet |
OCTOBRE
– Le 9 : 2ème bataille de Moulin-aux-Chèvres.
Victoire de l’armée républicaine placée sous les ordres des généraux Alexis François Chalbos, François-Joseph Westermann, François Chambon (né en 1744- mort au cours de la bataille), et François Muller (1764-1808), face aux forces vendéennes commandées par La Rochejaquelein, Lescure, et Jean-Nicolas Stofflet.
– Le 11 : 2ème bataille de Châtillon.
Bataille indécise entre les forces républicaines commandées par les généraux Alexis François Chalbos, François-Joseph Westermann, François Muller (1764-1808) et René François Lecomte (né en 1764- blessé au cours de la bataille. Il mourra des suites de ses blessures le 15 à Bressuire), face aux troupes vendéennes placées sous les ordres de La Rochejaquelein, Lescure, Jean-Nicolas Stofflet, et Bonchamps.
– Le 17 : 2ème Bataille de Cholet.
Déroute des « Blancs » de l’Armée catholique et royale commandée par les généraux d’Elbée, Charles de Bonchamps, La Rochejaquelein, Jean-Nicolas Stofflet, Royrand (1731-1793), Bernard de Marigny, François Jean Hervé Lyrot (1732-1793) et Piron de La Varenne (1755-1794), face à l’Armée républicaine placée sous les ordres des généraux Jean Léchelle (1760-1793), Jean-Baptiste Kléber, Marceau-Desgraviers, Michel de Beaupuy (1755-1796), Nicolas Haxo, Louis Antoine Vimeux (1737-1814), Marc Scherb (1747-1838), Antoine Bard (1759-1837), Alexis Chalbos, François Muller (1764-1808), et François-Joseph Westermann.
Les chefs vendéens Maurice Gigost d’Elbée et Charles de Bonchamps sont grièvement blessés lors de la bataille.
– Les « Blancs » reculent sur Beaupréau.
– Le 18 : entre 60 000 à 100 000 Vendéens passent la Loire. Mort de Bonchamps.
– Le 20 : début de la « Virée de Galerne ». Henri de La Rochejaquelein est nommé général en chef en remplacement de Maurice Gigost d’Elbée, blessé le 17 lors de la bataille de Cholet.
– Le 21 : les « Blancs » s’emparent de Château-Gontier.
– Le 22 : bataille de Laval.
Victoire des forces vendéennes commandées par La Rochejaquelein et Jean-Nicolas Stofflet, face aux troupes républicaines menées par le général François-Joseph Alexandre Letourneur (1769-1842).
– Le 23 : les « Blancs » s’emparent de Laval. Les Chouans rejoignent les Vendéens.
– Le 27 : bataille d’Entrammes.
Victoire de l’Armée vendéenne et chouanne, les « Blancs », commandée par les chefs Henri de La Rochejaquelein, Jean-Nicolas Stofflet, Antoine-Philippe de la Trémoille, prince de Talmont, Bernard de Marigny, Charles de Royrand (1731-1793), et Jean Chouan (1757-1794), face à l’armée républicaine des « Bleus », placée sous les ordres des généraux républicains Jean Léchelle (1760-1793), Jean-Baptiste Kléber, Michel de Beaupuy (1755-1796), François-Joseph Westermann, Alexis Chalbos, François Muller (1764-1808), Louis Thévenet dit Danican (1764-1848), et Louis Blosse (né en 1753-1793, mort au cours de la bataille).
NOVEMBRE
– Le 2 : bataille d’Ernée.
Victoire des forces vendéennes et chouannes placées sous les ordres d’Henri de La Rochejaquelein et de Jean-Nicolas Stofflet, face aux troupes républicaines dirigées par l’adjudant général Simon-Pierre Brière.
– Le 3 : bataille de Fougères.
Victoire de l’armée vendéenne et chouanne placée sous les ordres des chefs La Rochejaquelein, Antoine-Philippe de la Trémoille, prince de Talmont et Jean-Nicolas Stofflet, face aux forces républicaines dirigées par l’adjudant général Simon-Pierre Brière.
– Les 13 et 14 : siège de Granville.
Échec des forces royalistes, les « Blancs », commandées par Henri de La Rochejaquelein, Jean-Nicolas Stofflet, face aux troupes républicaines placées sous les ordres d’André Pacifique Peyre (1743-1796), et François Vachot (1767-1796).
– Le 16 ont lieu les premières noyades de Nantes.
– Du 20 au 22 : bataille de Dol.
Victoire de l’Armée vendéenne, sous les ordres des généraux Henri de La Rochejaquelein, Jean-Nicolas Stofflet, Antoine-Philippe de la Trémoille, prince de Talmont, et Henri Forestier (1775-1806), face à l’armée républicaine commandée par les généraux Jean-Antoine Rossignol (1759-1802), Marceau-Desgravier, François-Joseph Westermann, Jean-Baptiste Kléber, François Muller (1764-1808) et Boüin de Marigny (1766-1793).
– Le 28 : Louis Marie Turreau remplace Jean Léchelle (1760-1793).
DÉCEMBRE
– Le 3 : bataille d’Angers.
Défaite des forces royalistes commandées par les chefs Henri de La Rochejaquelein et Jean-Nicolas Stofflet, face à l’armée républicaine placée sous les ordres des généraux Louis Thévenet, dit Danican (1764-1848), Jean-Pierre Boucret (1764-1820), Michel de Beaupuy (1755-1796), et Boüin de Marigny (né en 1766, mort lors du siège de la ville, frappé par un boulet de canon).
– Le 5 : mort de Charles de Royrand (1731-1793).
– Du 12 au 13 : bataille du Mans.
Victoire décisive de l’armée républicaine commandée par Marceau-Desgravier, Jean-Baptiste Kléber, François-Joseph Westermann, François Muller (1764-1808), Jacques Louis François de Tilly (1749-1822), Henri-Pierre Delaage (1766-1840), François Carpantier (1751-1813), face aux forces vendéennes et chouannes placées sous les ordres des chefs Henri de La Rochejaquelein, Jean-Nicolas Stofflet, Antoine-Philippe de la Trémoille, Henri Forestier (1775-1806), Bernard de Marigny, François Jean Hervé Lyrot (1732-1793), Charles de Beaumont, d’Autichamp (1770-1859).
– Le 23 : massacres de Savenay. C’est la fin de la « Virée de Galerne ».
Les rescapés de l’Armée royale catholique sont exterminés à Savenay par la « fureur meurtrière » des « Bleus » républicains. Seuls 4 à 5000 survivants réussissent à traverser la Loire, avec à leur tête Henri de La Rochejaquelein et Jean-Nicolas Stofflet. La « virée de Galerne » est terminée.
Pertes vendéennes à Savenay :
– Entre 3000 et 7000 morts au combat ou exécutés sommairement. On dénombrera avant la bataille entre 4000 et 6000 non-combattants (blessés, femmes, enfants…)
– 662 prisonniers seront fusillés, 1679 femmes et enfants prisonniers seront exécutés lors des fusillades et noyades de Nantes.
Pertes républicaines à Savenay:
– On dénombrera 30 morts et 200 blesses.
« Il n’y a plus de Vendée, citoyens républicains. Elle est morte sous notre sabre libre, avec ses femmes et ses enfants. Je viens de l’enterrer dans les marais et les bois de Savenay. Suivant les ordres que vous m’aviez donnés, j’ai écrasé les enfants sous les sabots des chevaux, massacré les femmes qui, au moins pour celles-là, n’enfanteront plus de brigands. Je n’ai pas un prisonnier à me reprocher. J’ai tout exterminé. (…) Mes hussards ont tous à la queue de leurs chevaux des lambeaux d’étendards brigands. Les routes sont semées de cadavres. Il y en a tant que, sur plusieurs endroits, ils font pyramides. On fusille sans cesse à Savenay, car à chaque instant il arrive des brigands qui prétendent se rendre prisonniers. Kléber et Marceau ne sont pas là. Nous ne faisons pas de prisonniers, il faudrait leur donner le pain de la liberté et la pitié n’est pas révolutionnaire. »
LE CLIN D’ŒIL !
Étrange comportement de la part de ces hommes robustes et endurcis à la fatigue. Ils redoutent le prêtre et le sorcier, observent une religiosité bienveillante lors des messes et contemplent avec attention la grande pierre mystérieuse qui se dresse dans les bruyères. Dans un même élan, tous ces braves se rassemblent au son du tocsin. Ils quittent leurs champs, remplissent leurs musettes de pain pour trois ou quatre jours, pas plus, et prennent la route pour aller au combat. Ils portent leurs chapelets autour du cou, arborent un crucifix sur la poitrine ou l’image d’un saint vénéré. Certains cousent sur leurs vêtements un Sacré-Cœur en laine rouge. D’autres décorent leurs chapeaux de cocardes blanches, vertes ou rouges, de papiers de couleurs variées, ou de plumes et de rubans.
1794
JANVIER
– Le 1er : Charette de La Contrie est chassé de Machecoul.
– Le 8 : Guy Joseph de Donnissan, marquis de Citran (né en 1737), est fusillé à Angers.
– Le 17 : avec l’accord de la Convention, Louis Marie Turreau de Lignières, dit Turreau de Garambouville, lance ses « colonnes infernales » sur la Vendée.
– Le 27 : Antoine-Philippe de la Trémoille, prince de Talmont, est guillotiné à Laval.
-Le 28 : Henri du Vergier, comte de La Rochejaquelein, est tué dans un affrontement mineur à Nuaillé (Maine-et-Loire).
FÉVRIER
– Le 1er : Jean-Nicolas Stofflet occupe pour quelques heures Cholet.
– Le 8 février : 3ème bataille de Cholet.
Victoire des forces républicaines des généraux Jean-Baptiste Moulin (1754-1794) tué au cours de la bataille, Jean Alexandre Caffin (1751-1828), Étienne Jean-François Cordellier-Delanoüe (1767-1845) et Joseph Crouzat (1735-1825), face aux troupes vendéennes de Jean-Nicolas Stofflet. Après avoir assailli la ville, les « Blancs » sont obligés de se replier avec la venue des renforts « Bleus » de Cordellier-Delanoüe (1767-1845).
MARS
– Début de la Chouannerie.
– Du 23 au 25 : Bataille de Mortagne.
Victoire des forces vendéennes placées sous les ordres de Jean-Nicolas Stofflet, de Charles Sapinaud de La Rairie (1760-1829), et de Gaspard Augustin René Bernard de Marigny (1754-1794), qui s’emparent de la ville.
– Le 28 mars : bataille des Ouleries.
Victoire des forces vendéennes commandées par Jean-Nicolas Stofflet et Gaspard Augustin René Bernard de Marigny, face aux républicains du général Joseph Crouzat (1735-1825).
AVRIL
– Le 22 : pacte de Jallais.
Charette de La Contrie, Jean-Nicolas Stofflet, Charles Sapinaud de La Rairie et Bernard de Marigny ne pouvant choisir un généralissime, ils conviennent de se prêter mutuellement assistance. Cet accord sera fatal à Marigny. Il sera destitué pour être arrivé trop tard à la bataille de Chaudron-en-Mauges ; vexé il regagne le Haut-Poitou. Le 29, il sera condamné à mort par un conseil de guerre vendéen, et sera fusillé le 10 juillet à Combrand (Deux-Sèvres), par les hommes de Jean-Nicolas Stofflet.
– Le 24 : bataille de Chaudron-en-Mauges.
Bataille indécise entre les forces vendéennes commandées par François-Athanase Charette de La Contrie, Jean-Nicolas Stofflet et Charles Sapinaud de La Rairie (1760-1829), face aux troupes républicaines de l’adjudant-général Dusirat.
MAI
– Le 13 : fin des « colonnes infernales ». Louis Marie Turreau de Lignières est destitué. Louis Antoine Vimeux (1737-1814) lui succède.
JUIN
– Le 6 : 3ème bataille de Challans.
Victoire de l’armée républicaine placée sous les ordres de Jean Baptiste Boussard (1758-1795), face aux forces vendéennes commandées par François-Athanase Charette de La Contrie, Jean-Nicolas Stofflet, Charles Sapinaud de La Rairie (1760-1829) et Louis Joseph Guérin (1766-1795).
– Le 28 : un projet de constitution civile et militaire des régions insurgées, inspiré par l’abbé Bernier, est soumis par Jean-Nicolas Stofflet à des délégués vendéens, qui l’adoptent.
JUILLET
– Le 10 : Bernard de Marigny est fusillé par les hommes de Jean-Nicolas Stofflet.
– Le 18 : mort de Jean Chouan (1757-1794).
OCTOBRE
Le 7 : Jean-Nicolas Stofflet crée 6 millions de monnaie remboursable à la paix ; il est désavoué par François-Athanase Charette de La Contrie.
NOVEMBRE
– Le 1er : Louis Lazare Hoche est nommé commandant en chef des armées de l’Ouest.
DÉCEMBRE
– Le 2 : la Convention décrète l’amnistie.
– Le 6 : rupture officielle de François-Athanase Charette de La Contrie et de Jean-Nicolas Stofflet.
1795
FÉVRIER
– Le 17 (29 pluviôse an III) : signature du Traité de la Jaunaye entre Charrette et Hoche.
MARS
– Le 4 : Jean-Nicolas Stofflet accuse Charrette de trahison envers la Vendée.
– Le 22 : bataille de Saint-Florent-le-Vieil.
Défaite des forces royalistes commandées par Jean-Nicolas Stofflet. L’armée des « Blancs », forte d’environ 3000 hommes, est repoussée lors de l’attaque de la ville, défendue par des Républicains fortement retranchés.
AVRIL
– Le 20 : signature du Traité de la Mabilais et de la Prévalaye. Cet accord de paix est signé dans le manoir de La Mabilais, à Rennes (route de Saint-Brieuc), entre les Chouans et la République.
MAI
– Le 2 : signature du Traité de Saint-Florent-le-Vieil entre Jean-Nicolas Stofflet et la République. Le pacte prévoit la restitution des biens des rebelles saisis, la dispense de service militaire, et la liberté de culte.
JUIN
– Le 8 : mort du jeune Louis XVII au Temple.
– Le 23 : débarquement des Immigrés à Quiberon ; ils sont rejoints par 5000 Chouans.
1796
JANVIER
– Le 26 : sur ordre du comte d’Artois, futur Charles X, Jean-Nicolas Stofflet reprend les armes.
FÉVRIER
– Le 23 : Jean-Nicolas Stofflet est capturé dans une métairie près de la Poitevinière (Maine-et-Loire).
Les « Bleus », qui ont été prévenus de la présence d’insurgés à la Saugrenière, y dépêchent un contingent de 200 fantassins et plusieurs dizaines de cavaliers. Le bâtiment est aussitôt assiégé. Juste avant l’aube, les Républicains donnent l’assaut et se rendent maîtres des lieux. Stofflet est capturé, ligoté, dépouillé, et c’est pieds nus qu’il doit marcher jusqu’à Chemillé ; puis il est emmené à Angers. Stofflet comparaît devant un conseil de guerre : pris les armes à la main, il est condamné à mort.
La sentence est exécutée à Angers le 25 février à 10 heures : Jean-Nicolas Stofflet est fusillé ; il est âgé de 43 ans et 22 jours.
Il refuse qu’on lui pose un bandeau sur les yeux et dit : « Sachez qu’un général vendéen n’a pas peur des balles ! » Puis il crie : « Vive la religion ! Vive le Roi ! » avant de tomber sous les balles. On lui tranchera la tête au sabre, puis elle sera exhibée tel un trophée dans toute la ville.
Charles de Beaumont d’Autichamp (1770-1889) et Henri Forestier (1775-1806) lui succèdent.
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