La bataille de Gettysburg
LA GUERRE DE SÉCESSION
(1861-1865)
LA BATAILLE DE GETTYSBURG
Du 1er au 3 juillet 1863
SOMMAIRE
la défaite des Confédérés. Les pertes humaines sont considérables, les plus lourdes de la guerre. Le nouveau commandant des troupes fédérales s’appelle George Meade, un officier hargneux et suffisant. Ses hommes lui ont donné comme surnom « la tortue aux gros yeux ». Ses généraux ne sont pas certains de savoir où il cherche à se rendre. Quant à Lee, il ignore tout des mouvements de l’armée fédérale. Le corps de cavalerie de JEB Stuart s’est trop éloigné des forces sudistes, et n’est plus en mesure de tenir informé son Etat-Major. La bataille se termine par la victoire de l’armée du Potomac du major-général de l’Union George Meade, qui bat celle du général confédéré Robert E. Lee. L’Union stoppe définitivement l’invasion du Nord par Lee.
LA CAMPAGNE DE GETTYSBURG
La campagne de Gettysburg représente une série de batailles qui se sont déroulées du 3 juin au 24 juillet 1863, sur le théâtre oriental de la Guerre Civile américaine. Ces affrontements sanglants ont eu pour cadre les Etats du Nord du Maryland et de la Pennsylvanie).
Lire : La Campagne de Gettysburg
CONTEXTE
Au cours du premier semestre de 1863, Robert E. Lee et « Stonewall » Jackson mènent une des campagnes les plus extraordinaire de l’Histoire. Livrant bataille à chaque fois en infériorité numérique, ils écrasent d’immenses armées nordistes à Fredericksburg et à Chancellorsville. Ces succès leur vaudront l’amour inconditionnel du peuple sudiste.
Mais au mois de mai, la bonne fortune du Sud tourne. Jackson meurt des suites de ses blessures le 10 mai 1863, après avoir été touché à la bataille de Chancellorsville.
A 1500 kilomètres à l’Ouest, le siège de la forteresse confédérée de Vicksburg dure depuis si longtemps que son général en chef Ulysse Grant s’est mis à boire par déception.
Lire : Le siège de Vicksburg
Au début du mois de juin, les Confédérés, à l’abri dans leurs retranchements à Vicksburg, résistent toujours. Afin de détourner les forces de l’Union de la cité fortifiée, Lee mène à nouveau ses forces vers le Nord, et surveille le moment propice pour attaquer. Ce moment arrivera le matin du 1er juillet 1863. Pendant trois jours, 150 000 hommes vont se battre dans les contrées paisibles de Pennsylvanie, à Gettysburg.
Au soir du troisième jour, les armées des deux camps auront livré la bataille la plus importante de toute la guerre.
Au départ, l’objectif de Lee avait été d’avancer jusqu’à Harrisburg, nœud ferroviaire sur la Susquehannah, de manière à couper les communications entre le Nord et l’Ouest. Mais à la fin du mois de juin, il apprend que Stuart et Hill n’ont pas réussi à retenir l’ennemi, qui a traversé le Potomac et les suit de près. Lee décide alors de concentrer son armée pour livrer bataille. Malheureusement, Stuart est parti faire un raid sur les arrières de l’armée fédérale. Lee se trouve donc privé de ses yeux (sa cavalerie) au moment où il a le plus grand besoin de connaître les mouvements de l’ennemi. Les deux armées belligérantes marchent l’une vers l’autre, sans savoir que les événements vont précipiter le cours de l’Histoire… Extrait de « Il y a toujours un reporter ». (« La guerre de Sécession », de Victor Austin, paru aux éditions René Julliard.)
« De Gettysburg, près des contreforts Est des Green Ridge, il y a de bonnes routes vers la Susquehannah et le Potomac. A l’ouest de la ville, à une distance de près d’un demi mille, se dresse une crête assez élevée, orientée nord-sud et sur laquelle se trouve le séminaire luthérien. Cette crête est boisée sur toute sa longueur. Le séminaire est situé à mi-chemin entre deux routes (à environ à trois cents mètres de chacune d’elles) dont l’une mène à Hagerstown, au sud-ouest, et l’autre conduit vers Chambersburg, au nord-ouest. Au nord de la ville, le terrain est relativement plat et peu boisé. Au sud, surplombant Gettysburg, se dresse une arête haute et abrupte qui se termine à l’ouest par la crête du cimetière. Extrait de « Il y a toujours un reporter ». (« La guerre de Sécession », de Victor Austin, paru aux éditions René Julliard.)
Keystone State « L’État clef-de-voûte » 2ème État. Capitale : Hamsburg Date d’entrée dans l’Union : le 12 décembre 1787. L’un des treize États fondateurs des États-Unis. La Pennsylvanie est un État des États-Unis bordé au nord-ouest par le lac Érié, au nord par l’État de New York, à l’est par le New Jersey, au sud par le Delaware, le Maryland et la Virginie-Occidentale, et à l’ouest par l’Ohio. En 2019, sa population s’élevait à 12 801 989 habitants. Avant sa colonisation, la contrée était habitée par les Lenapes (aussi connus sous le nom de Delawares), les Susquehannock, les Iroquois, les Ériés, les Chaouanons, et d’autres tribus amérindiennes. Entre 1638 et 1655, la région subit la forte influence suédoise issue de la colonisation de la Nouvelle-Suède, sur les berges du fleuve Delaware. A l’époque, la Pennsylvanie comprenait les comtés du futur État du Delaware. L’histoire coloniale des territoires de la Pennsylvanie est étroitement liée à celle des berges du fleuve Delaware ; de ce fait, elle a donné son nom à l’État du Delaware. Le reste de la région intérieure ne sera colonisé qu’au XVIIIème siècle. En 1607, avec la création de la Compagnie virginienne de Londres et l’établissement des premiers colons à Jamestown, ces territoires sont considérés comme faisant partie intégrante de la colonie anglaise. Et ce, en dépit de l’ignorance manifeste de la géographie, et de l’hydrographie de la côte Est américaine. En 1609, avec le voyage d’Henry Hudson pour le compte de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, les Provinces Unies revendiquent le bassin hydrographique du fleuve Delaware. En 1625, la nouvelle Compagnie néerlandaise des Indes occidentales voit l’installation de quelques colons sur les rives du cours d’eau. En 1625, Pierre Minuit (gouverneur de la colonie) rassemble les trois communautés éparpillées sur le territoire de la Nouvelle-Néerlande (Delaware, Fort Orange et Connecticut). Il fonde ainsi sur l’île de Manhattan la Nouvelle-Amsterdam, sur les terres nouvellement achetées aux Amérindiens. En 1631, une entreprise néerlandaise tente une seconde colonisation de la rive sud du Delaware. L’entreprise de Swaanendael sera de courte durée. Entre 1638 et 1655, le territoire passera officieusement aux mains des Suédois. Jusqu’à l’immigration massive de Britanniques, de quakers et d’Irlandais-Écossais (Scotch-Irish), le delta du Delaware restera résolument luthérien et marqué d’une forte influence suédoise. En 1664, après la conquête de la Nouvelle-Amsterdam par les Anglais, la ville est renommée New York. En 1682, les territoires annexes passent sous souveraineté anglaise et font partie de la Province de New York. En 1683, les premiers Allemands débarquent en Pennsylvanie. Après la guerre de Trente Ans (1618-1648) dans l’empire germanique, 125 000 luthériens allemands s’établissent en Pennsylvanie. Dans les années 1770, la Pennsylvanie, par son opposition au « Stamp Act » (quatrième loi sur le droit de timbre votée par le Parlement britannique), devient l’un des principaux centres de la révolution américaine. Philadelphie fera office de capitale des États-Unis jusqu’à l’achèvement de Washington, en 1799. Les deux Congrès continentaux siégeront dans cette ville, où seront adoptées la Déclaration d’indépendance et la déclaration des droits. En 1799, la capitale de l’État est déplacée de Philadelphie à Lancaster, puis à Harrisburg en 1812. LA PENNSYLVANIE DANS LA GUERRE CIVILE… L’État de Pennsylvanie a pris une part importante pendant la guerre civile, en fournissant à l’Union une importante quantité d’hommes et d’équipement. L’État a recruté plus de 360 000 hommes pour l’armée du Nord, et a produit une grande quantité de batteries d’artillerie, d’armes légères, de munitions, et de ravitaillement. Il a en outre construit des blindages pour les cuirassés de la marine fédérale, qui était alors en plein essor. A elle seule, la « Phoenixville Iron Company » a produit plus d’un millier de canons, alors que l’Arsenal de Frankford a été un dépôt d’approvisionnement crucial pour l’Union. C’est en Pennsylvanie que va se dérouler la plus sanglante bataille de la guerre, Gettysburg, qui sera considérée comme l’un des tournants majeurs de la guerre civile. En 1863, l’État connaîtra de nombreux autres affrontements moins importants au cours de la Campagne de Gettysburg. Le 30 juillet 1864, une grande partie de la ville de Chambersburg sera incendiée par un raid de cavalerie confédérée. La ville industrielle de York sera la plus grande ville du Nord à avoir été occupée par les États confédérés pendant la guerre. Plusieurs hauts militaires importants de l’Union étaient originaires de Pennsylvanie. Parmi ceux-ci on compte les généraux George Meade (commandant victorieux à la bataille de Gettysburg), Winfield Scott Hancock et John F. Reynolds, l’amiral David Porter, et le quartier-maître général Montgomery Cunningham Meigs. Au cours de la guerre, plusieurs dirigeants politiques venaient aussi de Pennsylvanie, au nombre desquels le Secrétaire à la Guerre Simon Cameron, et le républicain radical abolitionniste et représentant de la Pennsylvanie Thaddeus Stevens. Un petit nombre de Pennsylvaniens choisirent de rejoindre le camp des Confédérés durant la guerre civile. Parmi eux, les généraux John Clifford Pemberton (commandant de la garnison de Vicksburg), et Josiah Gorgas. A partir de 1873, la crise économique frappe les États-Unis, et les vagabonds sont de plus en plus nombreux. Ils sont persécutés par les groupes de vigiles armés recrutés par les plus riches. Pour réprimer les grèves, la Garde nationale, dirigée par le général J.K. Siegfried, est particulièrement violente. La répression fera plus d’une centaine de morts dans l’État. En 1897, 400 mineurs, majoritairement d’origine slave, défilent en direction des mines Pardee pour protester contre les bas salaires (un dollar par jour environ) et l’obligation qui leur est faite de tout acheter dans les magasins de la compagnie. Le shérif et des miliciens payés par le patronat ouvrent le feu sur les manifestants en les poursuivant. Ils tuent 19 mineurs et en blessent 39 autres (nombreux le seront d’une balle dans le dos). Les 87 miliciens inculpés seront tous acquittés par la justice au cours d’un procès particulièrement xénophobe.
LES DEUX CAMPS FOURBISSENT LEURS ARMES
Après ses éclatantes victoires à Fredericksburg (le 13 décembre 1862) et à Chancellorsville (le 6 mai 1863), Lee décide de porter la guerre dans le Nord pour la deuxième fois (le 17 septembre 1862, la première invasion s’était achevée par la bataille indécise d’Antietam, dans le Maryland).
En envahissant à nouveau les riches terres de Pennsylvanie et du Maryland, Lee espère démoraliser l’Union et pousser ses dirigeants à accepter la paix. Avec son armée de Virginie du Nord victorieuse, il entreprend de menacer Harrisburg, Philadelphie, et même la capitale, Washington.
Entretemps, le Président Lincoln a remplacé le général Joseph Hooker, battu à Chancellorsville, par George Meade (celui que ses hommes appellent « la tortue aux gros yeux »).
Vers la fin du mois de mai 1863, l’armée de Virginie du Nord commence sa marche vers la Pennsylvanie. Les troupes nordistes, envoyées en éclaireur pour connaître les plans de campagne de Lee, interceptent JEB Stuart et sa cavalerie à Brandy Station, en Virginie.
21000 cavaliers s’affrontent pendant douze heures le long de la rivière Rappahannock. C’est l’engagement de cavalerie le plus important de l’Histoire américaine ; cependant, cette bataille est indécise et débouche sur une impasse. Mais les forces de l’Union savent désormais que l’armée confédérée est en marche.
Pour la première fois de la guerre civile, la cavalerie de l’Union s’affirme comme l’égale des cavaliers confédérés, en valeur et en volonté.
Stuart, furieux d’avoir été cueilli par surprise, est déterminé à se venger. Il se remet en selle pour évaluer les forces de son ennemi avec, comme strictes consignes, celles de rester en étroit contact avec les forces sudistes de Lee.
Brandy Station laisse présager d’autres futurs soucis pour lui avec la campagne de Gettysburg.
Lire :
– La bataille de Brandy Station
FORCES EN PRÉSENCE
POUR LE SUD
Les 71 655 soldats de l’armée de Virginie du Nord sont répartis en trois corps d’armée, commandés par le général Robert E. Lee.
– Le 1er Corps est commandé par James Longstreet.
– Le second Corps (anciennement celui de « Stonewall » Jackson, tué à la bataille de Chancellorsville) est dirigé par Richard Stoddert Ewell.
– Le 3ème Corps est confié à Ambrose Powell Hill.
Le Corps de cavalerie est sous le commandement du major-général J.E.B. Stuart.
L’artillerie est sous les ordres du brigadier général Edward Porter Alexander.
L’ARMÉE DE VIRGINIE DU NORD
Placée sous les ordres du général Robert E. Lee, cette armée se composait en majorité de soldats venant des États de Virginie, de Caroline Du Sud, de Caroline du Nord, et du Maryland. Certaines unités étaient issues d’États tels que l’Alabama, l’Arkansas, le Tennessee, et le Mississippi. L’armée de Virginie du Nord occupait une position stratégique. Placée en limite de la ligne de séparation avec les États frontaliers, elle bloquait tout accès à la terre sacrée de Virginie, en faisant face aux États de l’Union et à l’armée nordiste du Potomac.
Le 16 juin, les forces confédérées franchissent le Potomac et pénètrent dans le Maryland. Elles sont suivies de près par une armée nordiste encore plus puissante, qui tente de leur barrer la route de Washington.
POUR LE NORD
Le récent et nouveau commandant des forces de l’Union est George Gordon Meade. C’est un officier irascible et suffisant ; ses hommes le surnomment « la tortue aux gros yeux ».
L’armée du Potomac comprend 93 921 hommes. Elle est composée de sept Corps d’infanterie et d’un Corps de cavalerie.
– Ier Corps : général de division John Fulton Reynolds, et général de division Abner Doubleday (11 550 hommes).
– IIème Corps : général de division Winfield Scott Hancock, et général de brigade John Gibbon (10 195 hommes).
– IIIème Corps : général de division Daniel Edgar Sickles, et général de division David Bell Birney (10 005 hommes).
– Vème Corps : général de division George Sykes (10 370 hommes).
– VIème Corps : général de division John Sedgwick (12 445 hommes).
– XIème Corps : général de division Oliver Otis Howard (8 300 hommes).
– XIIème Corps : général de division Henry Warner Slocum (9 165 hommes).
Corps de cavalerie : général de division Alfred Pleasonton (11 700 cavaliers).
ARMÉE DU POTOMAC
Lorsqu’éclate la Guerre Civile, en 1861, seule une partie de la Virginie fait sécession. Les comtés du Nord-Ouest (aujourd’hui l’État de Virginie-Occidentale) décident de rester fidèles à l’Union. L’État du Maryland, bien qu’esclavagiste, demeure également dans l’Union. Ainsi, une grande partie du cours du Potomac et de son estuaire forme la frontière séparant l’Union des États confédérés. Les commandants : – Le brigadier – général Irvin McDowell : commandant de l’armée et Département du Nord -Est de Virginie, du 27 mai au 25 juillet 1861. – Le Major – général George McClellan : commandant de la Division militaire du Potomac, et plus tard, de l’armée et du ministère du Potomac, du 26 juillet 1861 au 9 Novembre 1862. – Le Major – général Ambrose Burnside : commandant de l’armée du Potomac du 9 novembre 1862 au 26 Janvier 1863. – Le Major – général Joseph Hooker : commandant du ministère et de l’armée du Potomac du 26 janvier au 28 juin 1863. – Le Major-général George Meade : commandant de l’armée du Potomac du 28 juin 1863 au 28 Juin 1865. – Le Major-général John G. Parke : a eu le commandement temporaire pendant les absences de Meade à quatre reprises au cours de cette période. – Le lieutenant – général Ulysses S. Grant : général en chef de toutes les armées de l’Union. Il a placé son quartier général dans l’armée du Potomac, et a fourni les directions opérationnelles à Meade de mai 1864 à avril 1865.
LA BATAILLE
LE 30 JUIN
C’est à cause d’une banale anecdote (d’une rumeur autour d’un dépôt de chaussures) que va se dérouler la plus grande bataille de l’Histoire américaine.
Ce jour-là, les deux armées arrivent par des directions diamétralement opposées ; les sudistes par le nord, et les nordistes par le sud…
LE 1er JUILLET
A l’aube, un officier d’infanterie de l’armée confédérée approche de la petite ville de Gettysburg ; un carrefour de routes de Pennsylvanie. Il arrive en vue d’un séminaire luthérien, dont la coupole surélevée domine les prairies vallonnées qui s’étirent en contrebas.
Ce poste d’observation devait être utilisé tour à tour par les deux armées, mais surtout par les Sudistes.
La brigade confédérée qui atteint Gettysburg à la recherche de ravitaillement est commandée par James Johnston Pettigrew. Le bruit court que la petite cité abriterait un important stock de chaussures (20 000). Les soldats sudistes en sont cruellement démunis. Un grand nombre se déplace les pieds nus et endoloris par les longues marches ; c’est une aubaine qu’ils ne veulent pas laisser passer, et ils s’apprêtent à les réquisitionner.
« Au petit matin, le général Reynolds (nordiste) fit avancer ses troupes en direction de Gettysburg, envoyant au général Howard, commandant le 11ème corps, l’ordre de le suivre. Ce même mercredi, 1er juillet, vers 9h30, le général confédéré Ambrose Powell Hill, en route pour Gettysburg à la recherche de souliers pour ses troupes (parait-il), s’était heurté, à l’improviste, aux forces de Reynolds, et des escarmouches s’étaient ensuivies. Malgré son infériorité numérique, la cavalerie fédérale (sous les ordres de Buford) contint la poussée de Hill. Vers 10 heures, le général Reynolds, devançant le 1er corps d’Armée, arriva à Gettysburg et, après avoir fait déployer ses troupes de chaque côté de la route de Chambersburg, continua sa reconnaissance vers la crête du séminaire. La brigade du général James Jay Archer (sudiste), qui faisait partie du corps de Hill, se dirigeait vers l’est, ignorant toujours l’avance de Reynolds. L’engagement commença aussitôt. Archer et plusieurs centaines de ses hommes furent fait prisonniers ; mais le combat continua à s’entendre. Alors qu’il chevauchait sur le front, le général Reynolds fut tué dans un champ, au-delà du séminaire. Au bruit de la canonnade, le général Howard prit le galop et arriva rapidement à Gettysburg. Ignorant la mort de son supérieur et, que, de ce fait, le commandement lui revenait, il envoya ses aides de camp demander des ordres. En attendant leur retour, il monta au clocher du séminaire pour examiner le terrain alentour. Il était alors 11h30. Les rebelles affluaient en grand nombre. Les prisonniers faits par Reynolds affirmaient que le corps de Hill approchait : « Vous aurez du fil à retordre avant la nuit. Longstreet aussi n’est pas loin et Ewell est en route », dit l’un d’eux d’un ton vantard. Le général Howard en arriva à la conclusion que la seule position tenable par ses troupes relativement peu nombreuses était la crête du séminaire, d’où son artillerie dominerait le champ des opérations ». Extrait de « Il y a toujours un reporter ». (« La guerre de Sécession », de Victor Austin, paru aux éditions René Julliard.)
Au matin du 1er juillet, Buford (qui a anticipé l’avancée des forces confédérées sur Gettysburg) établit ses troupes sur trois arêtes à l’ouest de la ville : Herr Ridge, McPherson Ridge, et Seminary Ridge. Il pense que ces positions sont les plus fiables pour que sa petite division de cavalerie puisse contrer l’infanterie sudiste, en supériorité numérique. Il espère au moins la retarder en attendant les renforts. Ceux-ci pourront alors prendre position sur des lignes de défense fortifiées au sud de la ville : Cemetery Hill, Cemetery Ridge, et Culp’s Hill. C’est à Buford que l’armée de l’Union devra le choix du terrain propice pour la bataille.
Elle deviendra le point d’appui de l’aile droite de l’armée de l’Union du général George Gordon Meade. Cette position ne sera jamais prise par les Confédérés.
Buford a parfaitement conscience que si l’ennemi parvient à contrôler ces collines, il sera très difficile de le déloger.
Le hasard veut que ce jour-là, les Confédérés tombent nez à nez avec le détachement de cavalerie de John Buford. La grande bataille de Gettysburg peut alors commencer…
Tandis que des deux côtés on réclame d’urgence des renforts, Buford essaie désespérément de conserver ses positions. Mais les fantassins confédérés parviennent à repousser les soldats nordistes jusque dans la ville. Buford et ses cavaliers résistent à pied aux attaques de Henry Heth et de A.P. Hill, et la bravoure et la ténacité de ses hommes vont donner au major général John F. Reynolds et à son 1er corps de l’armée du Potomac le temps d’arriver à Gettysburg. Dans la nuit, l’infanterie et l’artillerie nordiste se mettent en place, et s’établissent sur les crêtes entourant la petite cité.
Toutes les forces belligérantes présentes dans la région convergent désormais vers Gettysburg.
Un officier de l’Union raconte : « Un peu avant quatre heures de l’après-midi, la ligne d’attaque ennemie s’étendant sur deux à trois milles de longueur commença son avance. Le XIème corps recula en désordre, puis ce fut la débandade tout le long du front. Le désordre augmentait au fur et à mesure que nos troupes se rapprochaient de la ville, car les unités du XIème corps rattrapaient celles du Ier corps. Les Confédérés tiraient salve sur salve dans cette masse compacte, et ils firent près de deux mille cinq cents prisonniers. La panique se déclencha et notre régiment courut se réfugier dans une ruelle. Malheureusement, la seule issue, très étroite, était bouchée par une barricade faite des cadavres de nos soldats et nous y perdîmes les deux tiers de notre régiment. Extrait de « Il y a toujours un reporter ». (« La guerre de Sécession », de Victor Austin, paru aux éditions René Julliard.)
Au milieu de l’après-midi, les troupes sudistes de Richard Stoddert Ewell occupent la ville et repoussent les forces de l’Union au sud. Le général de division Winfield Scott Hancock parvient à rassembler des unités en fuite pour établir des positions défensives sur Cup’s Hill et Cemetery Ridge.
L’aile gauche de l’Union est enfoncée et se réfugie sur la crête du Cimetière. Heureusement pour le Nord, Winfield Scott Hancock le Superbe est là.
« Ce fut un troupeau ayant perdu toute apparence militaire que les généraux Hancock et Howard rallièrent sur la crête du Cimetière. Tout était désorganisé. Ici et là, des hommes rejoignaient le drapeau de leur régiment, mais le plus grand nombre ne trouvait ni drapeau ni officiers. Ceux-ci criaient à leurs hommes de reformer leurs rangs, ayant compris que la plupart ne les reformeraient plus (…) Mais Hancock était là pour faire face à la catastrophe. Le hasard a voulu que je puisse l’observer en ce moment critique et entendre plusieurs de ses ordres et de ses observations. Là-bas, l’ennemi sortait des rues de la ville, se mettant en ligne comme pour monter à l’assaut et nous chasser de nos positions. Chacun de nous savait que toute résistance serait sans espoir, mais Hancock restait superbe et impassible sur son cheval, comme s’il eut été à la revue. Son comportement nous faisait presque croire qu’il n’y avait jamais eu aucune raison de reculer. Ses dispositions furent rapidement prises. Une ligne de tirailleurs fut organisée et envoyée sur le versant de la colline, face à l’ennemi. D’autres lignes furent immédiatement déployées pour étendre notre front sur la droite et sur la gauche. Hancock dit au général Abner Doubleday qui l’accompagnait : – Général, faites avancer une brigade jusqu’à la colline, sur la droite de l’autre côté de la route. – Mais mon général, répondit Doubleday, je n’ai plus de brigade… – Alors prenez le premier millier d’hommes venu. Ne vous occupez pas de savoir à quelles unités ils appartiennent. Nulle émotion dans sa voix ni dans ses manières ; seulement des ordres précis et donnés d’un ton ferme. Les soldats, fatigués et découragés, répondirent à l’appel énergique de leur chef. Cette démonstration de force fit croire à l’ennemi que nous avions reçu des renforts. Ils ne lancèrent pas la charge attendue. Cette terrible journée d’efforts était terminée ». Extrait de « Il y a toujours un reporter ». (« La guerre de Sécession », de Victor Austin, paru aux éditions René Julliard.)
Lee arrive au milieu de l’après-midi. Il comprend tout de suite qu’il ne faut pas que l’Union parvienne à tenir les hauteurs au sud de Gettysburg. Il ordonne à Richard Stoddert Ewell de renouveler son assaut sur Cimetery Hill, si cela est possible avant la tombée de la nuit. Celui-ci refuse : « mes hommes dit-il, ont besoin de repos ».
De nombreux historiens considèrent aujourd’hui que cette décision fut une erreur, et une occasion perdue d’occuper un point stratégique du front.
Dans la soirée, l’armée de l’Union occupe une ligne de hauteurs. Déterminé à ne pas attaquer de front, le général Longstreet envisage de contourner l’armée nordiste de façon à établir ses unités entre les troupes de Meade et Washington. Mais Lee rejette le plan de Longstreet sans l’avoir étudié, ni estimé les forces de l’ennemi. « Non, dit-il, l’ennemi est là, et c’est ici que je dois le battre, sinon c’est lui qui me battra ».
Stuart, son général de cavalerie, s’est aventuré trop loin autour des positions nordistes, et l’absence de renseignements sur les mouvements de l’ennemi lui fait cruellement défaut.
LE 2 JUILLET
Les forces des deux armées ne sont pas au complet. Au cours de la nuit, les infanteries des deux camps arrivent à Gettysburg, surtout les IIème, IIIème, Vème, VIème et XIIème Corps unionistes.
En revanche, la division de George Pickett du 1er Corps confédéré, partie de Chambersburg en début de matinée, n’est toujours pas arrivée.
POSITIONS DES DEUX ARMÉES
La ligne de défense de l’Union a pris une forme d’hameçon. Elle est d’abord composée d’un arc de cercle de Culp’s Hill (au sud-est de Gettysburg) jusqu’au nord-ouest de Cemetery Hill (au sud de la ville). Puis elle descend plein sud sur trois kilomètres (le long de Cemetery Ridge) jusqu’au nord de Little Round Top.
Le XIIème Corps est positionné sur Culp’s Hill. Des unités des Ier et XIème Corps défendent Cemetery Hill et forment avec le IIème Corps le centre de la ligne. Ce dernier occupe la moitié nord de Cemetery Ridge. Le IIIème Corps complète la ligne sur la moitié sud, au sud-ouest du IIème Corps.
Le IIIème Corps de Hill de l’armée de Virginie prend position sur Seminary Ridge (au sud-ouest de Gettysburg) parallèlement à la ligne fédérale sur environ 1,6 kilomètre, face au centre de l’armée de l’Union. Des unités du IIème Corps d’Ewell se positionnent au sud-est de la ville, face à Culp’s Hill. La ligne confédérée, contrairement à celle des nordistes, n’est donc pas continue.
Les ordres de Lee sont précis : le 1er Corps de Longstreet doit prendre position discrètement au sud-ouest de l’armée fédérale, afin de la surprendre sur son flanc et la repousser vers Emmitsburg Road.
Ensuite, les divisions des généraux John Bell Hood et Lafayette McLaws (du 1er Corps), appuyées par la division de Richard H. Anderson (du 3ème Corps), doivent donner l’assaut. Leur intervention dans la bataille doit se faire progressivement, de manière à repousser les lignes nordistes. Lee prévoit que cette manœuvre empêchera Meade de déplacer des forces depuis le centre pour venir en aide à son flanc gauche.
Pendant ce temps (toujours dans le but d’empêcher l’envoi de renforts vers le flanc gauche, où doit s’effectuer l’attaque principale), les divisions des généraux Edward Johnson et Jubal Early, du 2ème Corps doivent mener une attaque de diversion sur Culp’s Hill et Cemetery Hill.
Lee est privé de ses deux meilleurs généraux : Stonewall Jackson (qui a été tué deux mois plus tôt à Chancellorsville), et JEB Stuart, qui s’est aventuré trop loin autour des lignes ennemies et laisse Lee sans connaissance des mouvements de l’armée du Potomac. En conséquence, le plan de bataille de Lee se base sur une appréciation erronée des positions unionistes.
Le général Daniel Sickles, commandant du IIIème Corps, est peu enclin à défendre sa position initiale (à l’extrémité sud de Cemetery Ridge) car elle ne lui permet pas d’utiliser efficacement son artillerie. De sa propre initiative, désobéissant aux ordres reçus, il déplace ses hommes de 800 mètres vers l’ouest, sur une zone plus élevée, le long de Emmitsburg Road. Cette nouvelle position le place juste face à la division de Lafayette McLaws, entre Devil’s Den et Peach Orchard.
Sa ligne à défendre est plus grande et plus vulnérable aux attaques de l’ennemi. Cette nouvelle disposition de ses troupes l’emmène à fractionner les divisions des généraux Andrew A. Humphreys et David B. Birney.
Malgré l’ordre d’attaquer le plus rapidement possible, Longstreet doit attendre l’arrivée d’une brigade supplémentaire pour compléter ses effectifs.
Or, celle-ci ne peut faire mouvement sans être repérée par un poste d’observation ennemi placé sur une hauteur : Little Round Top. Contrainte de se déplacer discrètement, elle fait un détour pour éviter de se dévoiler.
C’est avec du retard que la division de Hood n’attaquera qu’à partir de 16 h, et celle de McLaws à partir de 17 h.
Pendant toute la matinée et la majeure partie de l’après-midi, Longstreet met en mouvement deux divisions, en vue des deux assauts sur les collines de Little et Big Round Top.
A 16 heures, les Confédérés sonnent la charge. Le XVème régiment de l’Alabama gravit les hauteurs de Little Round Top. Depuis le sommet dominant le champ de bataille, le colonel sudiste William C. Oates, qui mène l’assaut, croit en ses chances ; Little Round Top est sans défense. Il est convaincu que s’il réussit à s’en emparer, il pourra résister à toute l’armée
de l’Union.
Lorsqu’il apprend que le IIIème Corps est attaqué par les Confédérés, Meade envoie le Vème Corps, le XIIème Corps, une partie du VIème Corps, et la division dugénéral John C. Caldwell du IIème Corps (soit 20 000 hommes en renfort sur son flanc gauche).
Pendant que les combats font rage, une brigade de la division de Hood,commandée par le général Evander M. Lawse, se lance à l’assaut de la colline de Little Round Top, située à l’extrême gauche de la ligne de défense de l’armée du Potomac.
Celle-ci est défendue par quatre régiments, commandés par le colonel Strong Vincent.
C’est le général Gouverneur K. Warren qui a réalisé l’importance de cette position stratégique. Little Round Top a été renforcée par l’envoi d’une batterie d’artillerie, et du 140ème régiment de New York, juste avant l’arrivée des Confédérés, qui seront finalement repoussés après de sanglants combats.
Commandé par Joshua Lawrence Chamberlain, le 20ème régiment du Maine occupe maintenant l’extrême gauche du dispositif de l’Union. Les Alabamiens de Oates sont
déjà au pied des deux collines. Chamberlain a reçu des ordres stricts : il doit résister coûte que coûte. Si le flanc gauche cède, c’est toute l’armée nordiste qui sera prise en enfilade…
Le régiment du Maine ouvre le feu sur les Alabamiens, qui chargent. Les hommes de Oates tombent, titubent, se redressent, reculent, parviennent à se regrouper, et repartent à l’assaut.
« nous subissions le feu nourri de l’ennemi dont les forces étaient largement supérieures. L’air était saturé de plomb. Un instant, les lignes sudistes étaient si proches des nôtres que les canons hostiles de nos fusils se touchaient presque ». Soldat Théodore Gerrish XXème régiment du Maine. « La Guerre de Sécession », de Ken Burns.
A cinq reprises, les Sudistes s’emparent des positions nordistes. A chaque fois, les soldats du Maine les reprennent. Les sous-bois volent en éclats sous les impacts de balles. En une heure et demie, Chamberlain perd le tiers de ses effectifs.
A court de munitions, il ordonne à ses hommes de « fixer les baïonnettes au canon » et fait charger son flanc gauche, qui dévale la colline en se refermant sur l’ennemi, comme un grand portail pivotant sur son axe.
La célèbre charge à la baïonnette du colonel Joshua L. Chamberlain demeurera l’événement épique de la défense héroïque du XXème Maine, à Little Round Top.
Pour sauver le flanc gauche de l’armée de l’Union, ce fait d’arme restera comme l’action décisive de la journée. Il est entré de plain-pied dans la légende de la Guerre Civile américaine.
Les maigres forces qui restent du 20ème Maine capturent 400 soldats confédérés. Little Round Top est resté aux mains des fédéraux. A la tombée du jour, les flancs gauches et droits de l’Union résistent toujours.
Le 2 juillet, aux alentours de midi, JEB Stuart et ses trois corps de cavalerie arrivent enfin sur le champ de bataille.
C’était une remontrance sévère de la part de son commandant en chef. Et lorsque Lee a compris qu’il l’avait blessé, il dit à Stuart sur un ton paternel : « venez, ça va aller… ». « La Guerre de Sécession », de Ken Burns.
Cependant, les forces de l’Union affluent vers Gettysburg par toutes les routes utilisables. Tous ces renforts donnent au Nord une supériorité écrasante.
Le général Longstreet, de l’armée sudiste, estime quant à lui qu’il serait fou de la part de Lee de vouloir attaquer. Mais Lee persiste, et ordonne à son général de faire mettre les troupes de George Pickett en position pour l’assaut.
Le plan d’attaque est le suivant : l’artillerie confédérée sera concentrée sur le bois à partir duquel Pickett doit s’élancer. La canonnade maintiendra un tir constant sur le Cimetière, ce qui protégera la charge de Pickett.
L’artillerie sudiste est commandée par le brigadier général Edward Porter Alexander (un officier courageux et d’une grande valeur). Tous ces préparatifs sont terminés vers une heure de l’après-midi.
Le général Alexander lui répond : « Je ne pourrai juger l’effet de notre canonnade que par l’intensité du tir ennemi en retour. Son infanterie est peu exposée à notre vue et la fumée obscurcira tout le champ de bataille. Si, comme votre note le laisse supposer, il y a une autre possibilité que cette attaque, celle-ci doit être mûrement pesée avant que le tir ne commence, car ce tir épuisera toutes les munitions qui nous restent. » Extrait de « Il y a toujours un reporter ». (« La guerre de Sécession », de Victor Austin, paru aux éditions René Julliard.)
LE 3 JUILLET
Le général Lee veut réitérer la même stratégie que la veille : les forces de Longstreet attaquent le flanc gauche de l’armée de l’Union, tandis que celles d’Ewell doivent s’emparer de Culp’s Hill. Cependant, les Fédéraux déclenchent les hostilités les premiers : le XIIème Corps bombarde dès l’aube les positions situées au bas de Culp’s Hill (que les Confédérés avaient réussi à prendre la veille) et tente de les repousser. Les Confédérés ripostent. Un combat acharné se déroule jusqu’à 11h00 sans faire bouger les lignes des deux camps.
Un spectacle d’une violence incomparable, à coup sûr inégalable, et une trace indélébile dans la vie d’un homme. Elle ne s’est jamais effacée de ma mémoire, le jour comme la nuit, depuis cinquante ans ». « La Guerre de Sécession », de Ken Burns.
Lee ordonne à Longstreet de mener la division de George Pickett (qui appartient à son 1er Corps) ainsi que six brigades (appartenant au Corps d’Ambrose Powell Hill), pour exécuter un assaut frontal contre le centre de la ligne de l’armée de l’Union ((à savoir les positions occupées par le IIème Corps sur Cemetery Ridge). Afin de préparer l’attaque de Pickett, l’artillerie de l’armée de Virginie du Nord doit en bombarder massivement la ligne de défense de l’Union Center.
A 13h00 précises, une explosion assourdissante retentit. L’artillerie confédérée déclenche un gigantesque tir de barrage, entre 150 et 170 canons ouvrent le feu. C’est probablement le bombardement le plus important de la guerre de Sécession. Dans un premier temps, pendant un quart d’heure, les artilleurs de l’armée de l’Union ne répondent pas au feu de l’ennemi. Placés sous les ordres du général Henry Jackson Hunt, ils veulent économiser les munitions pour contrer l’assaut de l’infanterie sudiste qui va suivre.
Un journaliste du New York World raconte : « L’artillerie rebelle commença alors une canonnade d’une intensité inouïe. Leurs projectiles s’abattaient sur nous comme une volée de pigeons qui se jette sur le sol. Cet orage éclata si soudainement que soldats et officiers furent tués, les uns le cigare à la bouche, d’autres en train de manger. Les chevaux tombaient avec des hurlements affreux. Les pieux de clôture volaient en éclats, la terre arrachée par les explosions sautait en nuages qui nous aveuglaient… ». Extrait de « Il y a toujours un reporter ». (« La guerre de Sécession », de Victor Austin, paru aux éditions René Julliard.)
Puis c’est 80 canons de l’armée fédérale qui entrent en action. L’artillerie confédérée pilonne les positions nordistes depuis maintenant deux heures ; et les stocks de munitions sont quasiment épuisés. Lee doit se rendre à l’évidence : le bombardement d’Alexander n’a pas eu l’effet escompté. Les défenses ennemies sont loin d’être désorganisées au moment où Pickett et son régiment d’infanterie entrent dans le combat, et montent à l’assaut. La plus célèbre charge de la Guerre Civile peut commencer…
Dans les deux camps on préférait le « Napoléon », pièce à âme lisse, en bronze, qui tirait à 1500 mètres. Conçu par Napoléon III en 1853, il se chargeait par la bouche et envoyait aussi bien des boulets ou des obus explosifs que de la mitraille. De nombreuses batteries nordistes étaient équipées du « Parrot », une pièce à canon rayé se chargeant par la bouche, plus précis que le « Napoléon » et d’une portée un peu supérieure. Ce canon de fonte, renforcé par un collier de fer forgé autour de la lumière, n’était pas onéreux à la production, mais présentait des risques d’éclatement en raison de l’imperfection de sa fonte. Au cours du plus grand duel d’artillerie de la guerre civile, l’armée de l’Union du Potomac tira 32 000 projectiles et l’Armée confédérée de Virginie du Nord 20 000.
Vers 15h00, environ 12 500 soldats confédérés (trois divisions) sortent de la lisière des bois et entament leur marche vers les lignes ennemies, situées à près de 1,2 kilomètre. Cette charge d’infanterie est aujourd’hui connue sous le nom de « charge de Pickett ».
L’artillerie de l’Union, qui s’était tue lors du bombardement confédéré, riposte furieusement sur les fantassins de Pickett et décime leurs rangs.
Les Confédérés tombent alors sous le feu des canons situés sur Cemetery Hill et au nord de Little Round Top, puis sous celui des fusils du IIème Corps, commandé par le général Hancock.
Lorsque les premiers rangs sudistes arrivent à portée (moins de 200 mètres), les nordistes ouvrent le feu ; 11 canons et 1500 fusils retentissent de concert.
Des régiments entiers s’effondrent, disparaissant aussitôt dans un nuage de poussière. Mais les hommes de Pickett continuent leur progression. Ils atteignent la ligne nordiste en un seul point, un renfoncement dans le muret que les soldats appellent l’« angle ». Les hommes se tirent à bout portant, les coups de baïonnettes pleuvent, les sabres tranchent, les révolvers font feu, les hommes tombent sur les genoux, virevoltent, lâchent leurs armes et s’écroulent, le corps criblé, maculé de sang. Le sol est jonché de corps mutilés.
Les Confédérés sont menés par le général Lewis A. Armistead. Celui-ci enjambe le muret, transperce son chapeau avec son sabre, et s’empare d’une batterie d’artillerie avant d’être tué. Dans la foulée, tous les Confédérés qui parviennent à franchir le muret sont abattus ou blessés.
La charge de Pickett est un échec. L’armée de Virginie du Nord de Lee vient de terminer sa dernière incursion dans le Nord.
PERTES
Après trois jours de combats, près de 46 000 hommes, à peu près également répartis entre les deux armées, ont été mis hors de combat (tués, blessés, faits prisonniers et disparus).
POUR LE NORD
Sur un effectif de 93 981 hommes, l’armée du Potomac de l’Union déplorera la perte de 3155 tués, 14 531 blessés, et 5369 prisonniers et disparus.
POUR LE SUD
Sur un effectif de 71 655 hommes, l’armée de Virginie du Nord déplorera la perte de 4708 tués, 12693 blessés, et 5830 prisonniers et disparus.
GETTYSBURG, UN HÔPITAL GIGANTESQUE…
Au cours des semaines qui suivront, la région ne sera qu’un vaste hôpital. Les services sanitaires militaires auront toutes les peines du monde à s’occuper des blessés d’une manière efficace. Les secours médicaux seront fortement aidés par la Commission Sanitaire Civile (ancêtre de la Croix-Rouge).
UN CIMETIÈRE A CIEL OUVERT…
Après la bataille, les corps de 3155 Nordistes et de 3903 Sudistes jonchent les champs et les bois des alentours. Certains sont transportés chez eux pour y être inhumés, soit embaumés, soit enfermés dans des cercueils métalliques spéciaux, construits pour la circonstance. Mais la plupart sont enterrés sur place dans des fosses communes.
Plus tard, les dépouilles de 3564 soldats de l’Union seront exhumées et placées dans un cimetière militaire national, créé sur une portion du champ de bataille, proche de la ville.
BILAN
Ainsi s’achève la plus grande et la plus sanglante bataille qui ne se soit jamais déroulé sur le sol américain. Le Nord a perdu environ 23 000 hommes (tués, blessés, prisonniers ou disparus) sur environ 95 000 ; et le Sud environ 27 000 sur environ 75 000.
Mais Lee, avec au départ presque 20 000 hommes de moins que Meade dans son armée, est plus atteint que son adversaire par les pertes subies en pourcentage (32,4 % de morts et de blessés).
Le lendemain, 4 juillet, jour de la Fête de l’Indépendance, les deux camps épuisés s’observent sans chercher l’affrontement.
Dans l’après-midi, un train de fourgon confédéré de 27 km de longueur s’ébranle et prend la direction de la Virginie, transportant avec lui les nombreux blessés.
A la tombée du jour, une fois certain que les soldats de l’Union n’attaqueront plus, Lee évacue le champ de bataille et s’avoue vaincu.
Meade n’a confirmation de la retraite sudiste qu’au milieu de la journée du dimanche 5 juillet. Il ne cherchera pas à achever l’ennemi en fuite, et sa poursuite ne sera pas convaincante. En imposant aux Confédérés battus une bataille décisive, il aurait pu définitivement détruire l’armée de Virginie du Nord, avant que celle-ci ne se mette à l’abri derrière le Potomac. Cette décision prête encore aujourd’hui à controverses.
La fière armée sudiste a perdu une grande bataille certes, mais elle est toujours combative et se battra encore pendant deux années. Le Vieux sud perdra cette guerre d’usure, qu’il n’avait manifestement pas les moyens matériels et humains de soutenir.
Parmi les cadets se trouvent les petits-fils d’Ulysse S. Grant, de George B. McClellan et de John Pope.
Sources :
La « Guerre de Sécession », de Ken Burns.
Cet article comporte des extraits de « Il y a toujours un reporter ». (« La guerre de Sécession », de Victor Austin, paru aux éditions René Julliard.)
Photos publiques Facebook
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Gettysburg
https://fr.wikipedia.org/wiki/Campagne_de_Gettysburg
https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_S%C3%A9cession
https://www.kronobase.org/chronologie-categorie-Guerre+de+S%c3%a9cession.html
https://www.axl.cefan.ulaval.ca/amnord/USA-Union-ordre_d%27entree.htm
Bonjour, je tenais à vous féliciter pour cet article très intéressant sur la bataille de Gettysburg. Votre analyse détaillée de cet événement historique est très instructive et a captivé mon attention du début à la fin. J’aimerais savoir si vous pensez que cette bataille a eu un impact significatif sur l’issue de la guerre de Sécession. Merci encore pour ce texte de qualité !
Bonjour, je voulais vous féliciter pour cet article très intéressant sur la bataille de Gettysburg. J’ai apprécié la manière dont vous avez expliqué les événements historiques avec précision tout en les rendant accessibles pour les lecteurs. Votre article m’a donné envie de me plonger plus profondément dans l’histoire de la guerre civile américaine. Merci pour ce partage !