Le siège de Vicksburg
LA GUERRE DE SÉCESSION
(1861-1865)
LE SIÈGE DE VICKSBURG
Du 18 mai au 4 juillet 1863
LA CAMPAGNE DE VICKSBURG
Du 26 décembre 1862 au 4 juillet 1863
La Campagne de Vicksburg peut se résumer en une suite de batailles et de manœuvres dirigées contre la ville fortifiée de Vicksburg, sur le théâtre de l’Ouest. Cette ville forteresse domine l’ultime partie du Mississippi, encore sous le contrôle des Etats confédérés. Elle est défendue par le lieutenant-général John C. Pemberton, commandant de l’armée confédérée du Mississippi.
A l’issue des combats, et après un siège de quarante-sept jours qui a affamé la population de la cité, John C. Pemberton capitule et livre ses 30 000 combattants sudistes. Grant est enfin victorieux. Après six mois de luttes incessantes, les Fédéraux de l’armée du Tennessee contrôlent le grand fleuve ; la Confédération est définitivement coupée en deux.
« Camp de Bear Creek, 20 milles au nord-ouest de Vicksburg. Le 27 juin 1863. Je doute que l’on puisse trouver dans l’histoire du monde un exemple de haine plus profonde et plus implacable que celle des femmes du Sud à notre égard. Tous ceux qui les voient et les entendent ne peuvent que sentir la force de leur hostilité. Plus un seul homme, rien que des femmes dans les maisons pillées. Partout des champs abandonnés où vagabondent le bétail et les chevaux en liberté, et les soldats de garde, vautrés sur les vérandas. Partout la ruine. Tous les domestiques ont fui, et ces femmes belles et raffinées et leurs enfants élevés dans le luxe, mendient la ration des soldats tout en priant le Tout-Puissant, ou Joe Johnston, de venir les occire, ces destructeurs de leur foyer et de tout ce qui leur est cher ». Extrait de « Il y a toujours un reporter ». (« La guerre de Sécession », de Victor Austin, paru aux éditions René Julliard.)
LE SIÈGE DE VICKSBURG
Du 18 mai au 4 juillet 1863
SOMMAIRE
Le siège de Vicksburg est l’ultime opération militaire de grande importance de la campagne de Vicksburg durant la Guerre Civile.
Après maintes tentatives meurtrières, Grant et son armée du Tennessee réussissent à traverser le fleuve Mississippi et à se trouver du même côté du grand fleuve que l’ennemi. Pour Grant, qui a tenté une série de manœuvres plus ou moins fructueuses pour s’emparer de la ville fortifiée, la donne a changé ; il lance tout de suite un premier assaut. Les Confédérés, commandés par le général sudiste John C. Pemberton, résistent et repoussent la première attaque. Mais ils doivent se retrancher derrière des lignes défensives autour de la ville.
Les 19 et 22 mai 1863, Grant persiste et lance deux assauts de grande importance contre les fortifications confédérées, tous les deux repoussés avec de lourdes pertes. Grant comprend que la partie ne sera pas aussi facile, et décide d’assiéger la ville à compter du 25 mai.
La population est affamée. Sans renforts et sans ravitaillement, elle résistera plus de quarante jours ; finalement, épuisée, la garnison se rend le 4 juillet 1863.
Cette précieuse victoire, avec la capitulation de Port-Hudson le 9 juillet, permet aux forces de l’Union d’avoir la maîtrise complète, jusqu’à la fin de la guerre, du fleuve Mississippi.
La capitulation de Vicksburg, le 4 juillet, et la défaite du général Robert E. Lee à Gettysburg, le 3 juillet, le jour précédent, seront considérées par les observateurs et les historiens comme le tournant de la guerre.
L’État du magnolia : « the magnolia state ». Devise : Virtute et armis (latin) : « Par le courage et les armes ». 20ème État. Capitale : Jackson. Date d’entrée dans l’Union : 10 décembre 1817. Le Mississippi est bordé par le Tennessee au nord, l’Alabama à l’est, le golfe du Mexique au sud-est, la Louisiane au sud-ouest, et l’Arkansas au nord-ouest. L’État tire son nom du fleuve Mississippi. Au 18ème siècle, les Amérindiens qui habitaient dans l’actuel Mississippi étaient principalement des Chicachas et des Chactas de langues creeks, avec des minorités Natchez, Yazoo et Biloxi. En 1699, une première colonie française sédentaire en Louisiane s’installe à Biloxi, sous la direction de Pierre Le Moyne d’Iberville. En 1720, la capitale de la Louisiane française est transférée de Mobile à Biloxi, puis en 1723 de Biloxi à la Nouvelle-Orléans. En 1763, la Louisiane, à l’est du fleuve Mississippi, est cédée à la Grande-Bretagne. En 1783, lors de l’Indépendance, ce territoire devient Américain. En 1798, la région se réorganise avec l’apport de territoires cédés par la Géorgie et la Caroline du Sud. Plus tard, le nouvel État sera agrandi avec l’annexion de contrées supplémentaires (dont le littoral, qui était jusqu’alors rattaché à la Floride occidentale). En 1800, deux ans après sa création, le Territoire du Mississippi compte 5 750 habitants d’origine européenne, 4 500 dans le Natchez District et 1250 à Tombigbee, à l’ouest de Mobile (secteur qui deviendra très vite une partie de l’Alabama). En 1802, la population non-amérindienne des comtés d’Adams et de Pickering (appelé ensuite Comté de Jefferson) compte au total 4 446 blancs et 2 995 esclaves. En 1810, la population non-amérindienne est de 15 826 blancs et de 13 924 noirs, soit 29 700 habitants, pour la plupart dans le Natchez District et ses terres très fertiles. En 1811, on compte 31 306 non-amérindiens, dont 14 706 esclaves. Ils se répartissent dans cinq comtés au Nord de celui d’Adams, sur les états actuels du Mississippi, de l’Alabama et de la Louisiane. En 1812, on assiste à la première vague d’immigration suite à la guerre anglo-américaine. En 1814, on assiste à une seconde vague d’immigration, due à la fin de la Guerre anglo-américaine de 1812. Le 10 décembre 1817, le Mississippi est le vingtième État à intégrer l’union des États-Unis d’Amérique ; il devient un État esclavagiste. En 1820, la population non-amérindienne a doublé : c’est la « Mississippi fever ». En 1830, à la suite du traité de Dancing Rabbit Creek, la population amérindienne est entièrement transférée à l’ouest du fleuve Mississippi. La population blanche et noire ne cesse de s’accroitre, dans un système économique essentiellement basé sur l’esclavage. En 1835, le comté de Madison et ses environs font l’objet d’affrontements sanglants (actions des « vigilantes »). Une dizaine de Blancs (soupçonnés d’antiesclavagisme) et des dizaines de Noirs sont exécutés. Les populations blanches, devenues minoritaires, redoutent une révolte des esclaves ; ce qui provoque une hystérie collective. Le 9 janvier 1861, le Mississippi est le deuxième État à faire sécession et à rejoindre la Confédération des États américains. De nombreuses batailles se dérouleront sur son sol, notamment le célèbre siège de Vicksburg (du 18 mai au 4 juillet 1863). Le 23 février 1870, après une tutelle de cinq ans, le Mississippi réintègrera l’Union. L’esclavage sera officiellement aboli, remplacé par une stricte ségrégation raciale. Le 28 juin 2020, le Congrès du Mississippi votera le retrait de l’étendard confédéré du drapeau.
ARMÉES EN PRÉSENCE
C’est l’une des armées de l’Union pendant la Guerre Civile américaine (1861-1865). Placée sous les ordres d’Ulysses S. Grant, elle restera sous son commandement jusqu’à la victoire de Vicksburg, en 1863. Elle prend son nom à la rivière Tennessee, et évoluera sur le théâtre ouest du conflit. A sa création, elle comprend des divisions du district militaire de Cairo (Illinois), rattachées au « Department of Missouri ». Elle prendra le nom d’« Army of West Tennessee », qui deviendra ensuite « Army of the Tennessee ». En 1864, l’armée passera sous le commandement de William T. Sherman ; elle sera dissoute le 1er août 1865. On ne doit pas faire la confusion avec l’Armée confédérée du Tennessee du même nom, « Army of Tennessee », mise sur pied le 20 novembre 1862. Cette armée était alors la principale force sudiste située entre les Appalaches et le fleuve Mississippi, et tire son nom de l’État du Tennessee.
La deuxième armée connue sous ce nom est celle qui a combattu lors de la campagne de Vicksburg. Elle fut créée le 7 décembre 1862 à partir de troupes du Département du Mississippi (faisant partie à l’origine de la première armée du Mississippi) et du Département de Louisiane Orientale. Elle combattit au siège de Vicksburg, et se rendit au major général Ulysses S. Grant le 4 juillet 1863. Elle était composée d’environ 30 000 hommes, répartis dans cinq divisions. COMMANDANTS : – Lieutenant Général John C. Pemberton (du 7 décembre 1862 au 9 décembre 1862). – Major Général Earl Van Dorn (du 9 décembre 1862 au 17 décembre 1862). – Lieutenant Général John C. Pemberton (du 17 décembre 1862 au 4 juillet 1863), Campagne de Vicksburg.
FORCES EN PRÉSENCE
POUR LES FÉDÉRAUX
L’armée du Tennessee (qui compte 77 000 hommes) est commandée par Ulysses S. Grant.
Elle est composée de trois corps d’armée :
– Le XIIIème corps, sous les ordres du major-général John Alexander McClernand.
– Le XVème corps, commandé par le major-général William Tecumseh Sherman.
– Le XVIIème corps du major-général James B. McPherson.
POUR LES CONFÉDÉRÉS
La garnison de Vicksburg (environ 33 000 hommes) est commandée par John C. Pemberton (10 août 1814 – 13 juillet 1881).
Elle est composée de quatre divisions, sous les ordres des majors généraux Carter L. Stevenson, John Horace Forney, Martin Luther Smith, et John S. Bowen.
PRÉLUDE A LA BATAILLE
Depuis deux mois et demi, Grant tente par tous les moyens de faire traverser à son armée les marécages qui ceinturent Vicksburg. Il veut pouvoir enfin s’emparer de la cité fortifiée ; mais en vain. Les journaux à Washington le traitent de paresseux et stupide, et le soupçonnent même d’avoir sombré à nouveau dans l’alcool.
Grant bouge finalement et prend une décision audacieuse. Il va conduire ses troupes à travers le Bayou, sur la rive droite du Mississippi, qu’il va longer pour traverser sur l’autre rive, en aval de Vicksburg, et remonter ensuite pour prendre la ville en étau. Il renonce ainsi à toute possibilité de renforts et de ravitaillement ; mais il se retrouvera du même côté du fleuve que l’ennemi.
Début mai, Grant traverse le Mississippi à Bruinsburg, au sud de Vicksburg, et se dirige vers le nord-est. Dans la foulée, il remporte les batailles de Port Gibson (le 1er mai), de Raymond (le 12 mai), puis s’empare de Jackson, la capitale du Mississipi (le 14 mai), et oblige ainsi John Clifford Pemberton à se retirer vers l’ouest.
Les Confédérés tentent de stopper l’avance de l’armée de l’Union à Champion Hill (le 16 mai) et à Black River Ridge (le 17 mai). Mais ils échouent et ne peuvent ralentir l’armée du Tennessee qui progresse inexorablement.
Un caporal fédéral raconte : « Il faisait très chaud, nous avions beaucoup marché et peu dormi. L’ennemi nous livra bataille sous les magnolias de Champion Hill. Pas mal des nôtres tombaient et les blessés étaient transportés à l’arrière et mis à l’abri d’un vieux puits dont seule la margelle de bois offrait quelque protection. – Colonel, faites déplacer vos hommes vers la gauche », énonça une voix calme mais pleine d’autorité. En me retournant, je vis, juste derrière nous, notre commandant en chef, le général Grant. Il était monté sur une magnifique jument baie et accompagné d’une demi-douzaine d’officiers de son Etat-Major. Il mit pied à terre pour je ne sais quelle raison et envoya la plupart de ses aides porter des ordres ». (Le bai est, dans le domaine de l’hippologie, l’une des couleurs de robes les plus fréquentes chez le cheval. Le pelage est dans les tons roux, marron à chocolat). « La fusillade augmenta sur notre front et se rapprocha sur notre gauche. Grant avait mené son cheval de ce côté, restant ainsi à proximité de notre compagnie. Il s’était tranquillement appuyé contre sa monture pour fumer un reste de cigare. C’était le seul cheval de tout le voisinage et, naturellement, il attirait le tir ennemi. Tous ceux qui l’avaient reconnu auraient sans doute préféré qu’il s’en allât, mais le général resta là sans paraître le moins du monde dérangé par la fusillade. J’étais assez proche de lui pour observer les traits de son visage. C’était le visage calme et calculateur que j’avais déjà vu, ce même visage circonspect et un peu cynique que je devais voir plus tard occupé aux affaires de l’État. Quels que fussent ses sentiments, il ne cherchait pas à les cacher. Point d’attitude ni d’artifice. Près de moi, les cris de douleur d’un soldat à la jambe fracassée, que l’on évacuait, attirèrent son attention. Comme le soldat ensanglanté semblait implorer du regard son assistance, je remarquai l’expression à la fois curieuse et compatissante qui passait sur ses traits. Peu après, nous reçûmes l’ordre d’avancer rapidement sur la gauche et de rejoindre la route. La fusillade ennemie devenait plus intense et l’air semblait irrespirable. Le colonel m’avait désigné pour remplacer l’adjudant et je me mis à courir le long de la ligne en criant à tue-tête : « Baïonnettes au canon ! » Mais personne ne m’entendit, et nous chargeâmes l’ennemi avec nos seuls fusils. La chaleur était terrible, un après-midi sous le soleil du Mississippi avec l’ennemi à nos trousses. Nous tentâmes de nous regrouper, mais en vain. Repartis en courant, plus vite et plus loin, nous repassâmes à l’endroit où, une demi-heure auparavant, nous avions laissé le général Grant appuyé contre son cheval, en train de fumer un cigare. Se rendant compte de la situation et en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, le général avait fait avancer des batteries d’artillerie. Dès que nous les eûmes dépassées, les canons se mirent à vomir de la mitraille à bout portant sur nos poursuivants. Ceux-ci s’arrêtèrent, tournèrent le dos et, à leur tour, prirent la fuite, abandonnant leurs morts à côté des nôtres. Sous la protection de l’artillerie, nos unités purent se reformer pour poursuivre l’ennemi et ainsi fut prise Champion Hill, clé de Vicksburg. Après la bataille, Grant passa le long de nos lignes. Jetant leur chapeau en l’air, les soldats se mirent à l’acclamer. Muet, avec un vague signe de tête, le général continua son chemin comme un homme embarrassé qui cherche à s’esquiver. Puis, il s’arrêta près de notre étendard et, sans s’adresser à quiconque en particulier, il dit simplement : « Du bon travail ! » Extrait de « Il y a toujours un reporter ». (« La guerre de Sécession », de Victor Austin, paru aux éditions René Julliard.)
John Clifford Pemberton est talonné par le corps du major-général William Tecumseh Sherman, et s’apprête à le déborder par le nord. Pris par le nombre, il n’a d’autre choix que de se retirer.
Dans sa retraite, son armée brûle les ponts sur la Big Black River, puis se retire vers la ville de Vicksburg se mettre à l’abri derrière ses solides fortifications. En prévision d’un long et douloureux siège du bastion fortifié, il ordonne à ses troupes de ratisser le maximum de vivres et de tout emporter sur leur passage.
Les Confédérés sont contraints d’évacuer Hayne’s Bluff. Le 19 mai, la ville est occupée par la cavalerie de Sherman. Désormais, les navires de l’Union ne se risqueront plus à subir les tirs des canons de Vicksburg, car les bateaux à vapeur peuvent accoster maintenant en grand nombre sur la rivière Yazoo.
L’armée du Tennessee de Grant peut recevoir directement tout le ravitaillement et l’équipement nécessaires. (L’itinéraire précédent traversait la Louisiane, franchissait le fleuve à Grand Gulf et à Bruinsburg.)
Dès juin 1862, la garnison de Vicksburg, commandée par le Major Général Earl Van Dorn, subit une attaque de l’escadre navale du Commodore Farragut, via le fleuve.
Le 18 mai 1862, ce dernier avait demandé aux défenseurs de la ville de se rendre. Mais les batteries confédérées avaient riposté énergiquement, et David Glasgow Farragut avait renoncé, craignant d’avoir de trop lourdes pertes. Ensuite, les assauts meurtriers de Grant avaient entamé sérieusement les effectifs confédérés : environ plus des trois quarts de l’armée de Pemberton furent décimés.
Les défenseurs de la place fortifiée attendent désormais les secours du général Joseph E. Johnston. Mais celui-ci ne viendra jamais.
Les forces nordistes convergent en nombre vers Vicksburg pour l’assiéger. Les ponts brûlés par les hommes de Pemberton sont réparés, et le 18 mai, les soldats de Grant franchissent le Mississippi.
Joseph E Johnston envoie une note à Pemberton, lui stipulant de sacrifier la ville et de sauver ses troupes. Celui-ci n’obtempèrera pas. (Pemberton, nordiste de naissance, craint d’être l’objet de la vindicte du Sud s’il abandonne Vicksburg).
La désertion était très répandue dans les deux armées. Elle était punie de mort. Pour d’autres délits, les punitions étaient variées. Un médecin sudiste raconte : « Camp près du Rappahannock, Virginie, 8 mars 1863. Dimanche dernier, un déserteur a été passé par les armes près de notre camp. Pour l’exécution, le condamné était assis sur son cercueil, les mains liées sur la poitrine. Un peloton de douze soldats s’est avancé à deux mètres du condamné, et, au commandement, ils ont fait feu. Seule une balle l’a frappé, car onze des fusils étaient chargés à blanc, ceci afin qu’aucun des soldats du peloton ne sache si c’était lui qui l’avait tué. J’ai vu des soldats qui ont été obligés de marcher à travers le camp sous escorte, portant un écriteau dans le dos : « Je suis un lâche », ou bien : « Je suis un voleur », ou encore : « J’ai fui devant l’ennemi », et j’ai même vu un homme pieds et poings liés, attaché à califourchon sur un canon exposé ainsi pendant seize heures. Il semble que ces sévères punitions soient nécessaires pour maintenir la discipline. » Extrait de « Il y a toujours un reporter ». (« La guerre de Sécession », de Victor Austin, paru aux éditions René Julliard.)
GRANT ATTAQUE…
Un soldat raconte : « Un long alignement d’escarpements abrupts et irréguliers se découpant nettement sur le ciel, couronné de canons pointés, l’air menaçant, à travers les embrasures à droite et à gauche, à perte de vue ; c’est cela Vicksburg ». La « Guerre de Sécession », de Ken Burns.
Assaut du 19 mai
Le 19 mai, Grant, désirant anéantir les Confédérés avant qu’ils ne puissent aménager leurs défenses, ordonne qu’une attaque soit lancée contre le Stockade Redan (à l’angle nord-est des fortifications, là où la palissade présente une proéminence).
Les unités du corps d’armée du général Sherman ont d’énormes difficultés pour atteindre les lignes confédérées. Ils doivent escalader laborieusement les pentes raides d’un ravin, franchir un fossé d’une largeur de 2,5 mètres, puis se lancer à l’assaut du mur du saillant, d’une hauteur de 5 mètres.
L’attaque s’effectue sous une avalanche de projectiles meurtriers de l’artillerie du 36ème régiment d’infanterie du Mississippi du brigadier-général Louis Héber
Ce premier assaut est un échec et sera facilement repoussé. Grant ordonne alors à son artillerie de pilonner les défenses confédérées pour les affaiblir. Vers 14 h, Sherman envoie une division, commandée par le major-général Francis P. Blair, exécuter une nouvelle tentative. Une poignée d’hommes seulement parviendra à atteindre le fossé au pied de la redoute. L’attaque se transforme en débâcle et dans le plus grand désordre. C’est un véritable chaos engendré par la fusillade et par les grenades à main lancées de part et d’autre des tranchées.
Les échecs des assauts du 19 mai ont démoralisé les soldats de l’Union. La confiance, créée à la suite des victoires remportées à travers le Mississippi par les forces de Grant, est retombée. De plus, ces défaites ont été très coûteuses en pertes humaines pour l’Union, qui déplore 157 morts, 777 blessés et 8 disparus, contre 8 tués et 62 blessés chez les Confédérés. Ceux-ci, que l’on croyait désespérés, ont recouvré toute leur pugnacité au combat.
Le soir même, on distribue aux soldats des « hardtacks » (galettes), des haricots et du café. Chacun pense alors que la victoire sera pour le lendemain…
Assaut du 22 mai
Grant entreprend un autre assaut pour le 22 mai. Cette fois, il l’organise plus méticuleusement. Les soldats de Grant exécuteront d’abord une exploration minutieuse des défenses de
l’ennemi. Ensuite s’ensuivra une préparation d’artillerie, secondée par les canonnières du contre-amiral David Dixon Porter.
Les groupes d’assaut sont dotés d’échelles pour franchir les fortifications. Grant veut en finir au plus vite et ne souhaite pas que le siège s’éternise. Cette attaque doit engager des forces considérables, et se déployer sur un large front.
Sherman lance deux nouveaux assauts, qui sont tous deux repoussés avec de lourdes pertes. À contrecœur, Grant doit se résigner à mettre le siège de la ville.
Shelby Foote (immense romancier et historien américain dans la lignée de William Faulkner) naît le 17 novembre 1916 à Greenville, Mississippi. Il meurt le 27 juin 2005 à Memphis, Tennessee. L’auteur est assez méconnu en France. A travers son œuvre majeure, « Shiloh », il décrit la Guerre de Sécession en 200 pages, en redonnant la parole à de simples soldats et officiers des deux armées.
LE SIÈGE
Vicksburg, « La cité des chiens de prairie ».
Depuis la fin du mois de mai, pas un jour ne s’écoule sans que les 200 canons du général Grant ne pilonnent Vicksburg depuis la terre. Tandis que les navires de l’Amiral David Porter bombardent la ville depuis le fleuve.
« Quelle idée de gaspiller ainsi ses munitions ; comment peuvent-ils espérer prendre une ville aussi bien défendue et protégée ? Il nous suffira de nous terrer dans nos collines en les laissant se déchaîner autant qu’il leur plaira ». La « Guerre de Sécession », de Ken Burns.
Les civils creusent des galeries à travers les flancs jaunâtres des coteaux d’argile. Elles ont parfois plusieurs pièces, sont tapissées, meublées de lits et de chaises, et sont entretenues par des esclaves. Mais la nourriture commence à manquer.
La « Gazette de Vicksburg » est imprimée au verso de papiers peints aux motifs floraux ; et l’encre fait défaut.
« Nous vivons comme des racines, nous sommes complètement fermés du monde, cernés par un anneau de feu. Une pluie d’obus s’abat sur nous jour et nuit. Les gens se contentent de manger ce qu’ils trouvent. Ils dorment quand ils peuvent et s’efforcent d’éviter les projectiles ». La « Guerre de Sécession », de Ken Burns.
Les troupes de l’Union surnomment Vicksburg « la cité des chiens de prairie ».
Les troupes Yankee commencent à se fortifier en creusant un réseau complexe de tranchées (que les soldats nomment « fossés »). Ces excavations entourent la ville et se rapprochent petit à petit des défenses de la cité sudiste tant convoitée.
Coincés contre le fleuve Mississippi, et sous le feu des canonnières nordistes, les Confédérés sont pris au piège. Malgré toutes ces misères, le général Pemberton est résolu à continuer le combat et à ne rien céder. Il est vital pour lui de conserver le contrôle de ces quelques km de
Mississippi, espérant toujours les renforts de John Eggleston Johnston.
Un autre inconvénient se pose aux deux camps : que faire des morts et des blessés qui gisent entre les lignes, sur ce que l’on n’appelle pas encore « le no man’s land » ? Les cadavres des hommes de l’Union et des chevaux empestent ; l’air est devenu irrespirable pour les belligérants. Le spectacle est terrible au milieu des lamentations des blessés demandant de l’aide ou à boire. Une trêve est demandée ; il faut secourir tous ces malheureux sans tarder…
Grant refuse d’abord. Il pense que l’idée d’accorder une trêve serait faire montre de faiblesse. Finalement, il accepte. Sans manifester de l’hostilité, les défenseurs confédérés laissent les soldats de l’Union ramasser leurs morts et leurs blessés. On assiste alors à quelques échanges entre les lignes ennemies. Les belligérants des deux camps en profitent pour s’aborder et faire du troc ; les combats se sont pour un moment arrêtés.
Une fois la trêve terminée, Grant déploie son armée de 50 000 hommes autour des défenses de la ville, sur une largeur de 18 kilomètres. Il devient rapidement évident qu’il ne pourra ceinturer entièrement la ville.
Pemberton sait que ses chances sont minces, mais elles sont encore bien réelles. Au sud de la ville, il existe des routes qui ne sont pas surveillées par les soldats de l’Union. Grant a donc besoin de plus d’effectifs pour assurer complètement son siège.
Ces renforts, il va les obtenir grâce au major-général Henry Wager Halleck (général-en-chef des armées fédérales). Celui-ci va envoyer aussitôt des troupes vers l’ouest pour le soutenir.
Désormais, Grant se trouve à la tête de 77 000 hommes pour mener à bien le siège de Vicksburg.
Pemberton, enfermé dans Vicksburg, dispose d’une grande quantité de munitions, mais de très peu de nourriture. Rapidement, des carences alimentaires vont apparaître et causer des ravages chez les Confédérés. A la fin juin, la moitié d’entre eux sont hors de combat, malades ou hospitalisés. Le scorbut, la dysenterie, la diarrhée, le paludisme déciment les rangs. Les gens en sont réduits à manger les mules, les chevaux, ou même des chiens. Les jardins des particuliers sont systématiquement pillés par les soldats affamés. La famine est telle que certains adultes en sont réduits à mâcher le cuir de leurs chaussures.
« Old Douglas » fut présent lors des batailles de Iuka, Corinth, Central Mississippi Rail Road et Vicksburg. Il fut tué délibérément par un tireur d’élite Yankee, et par la suite a probablement été mangé par les Confédérés affamés. Sa mort a été beaucoup pleurée, et, comme un vétérinaire du 43ème l’a écrit, « son action auprès des soldats mérite une distinction ».
LA REDDITION
Finalement, après 48 jours de siège, le 4 juillet, le jour où Lee entame sa retraite de Gettysburg, 31 000 soldats confédérés se rendent.
La bannière étoilée est hissée sur le tribunal de Vicksburg. Les États confédérés sont coupés en deux.
Le Mississippi devient la voie sans partage de l’Union.
Le 3 juillet, Pemberton envoie une note à Grant pour connaître les conditions de la reddition.
Comme à Fort Donelson, ce dernier exige d’abord une reddition inconditionnelle. Puis il se ravise : il ne veut pas avoir à nourrir 30 000 prisonniers sudistes affamés, et leur offre donc une libération sur parole.
PERTES
Depuis le 9 mars, l’ensemble de la campagne a fait 10 142 morts et blessés dans les rangs de l’Union, et 9 091 chez les Confédérés.
POUR LES FÉDÉRAUX
Sur les 77 000 hommes de son armée, l’Union déplorera la perte de 4835 victimes.
POUR LES CONFÉDÉRÉS
Sur les 33 000 hommes de la garnison de Vicksburg, la Confédération déplorera la perte de 32 697 victimes (3202 tués ou blessés, et 29 495 disparus ou prisonniers).
Pemberton remettra à Grant une colossale quantité d’armes : 172 canons et 50 000 fusils.
BILAN
On raconte qu’à Vicksburg, le 4 juillet ne sera plus célébré pendant 81 ans, jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale. (Il semble que cette affirmation fut démentie : des festivités de commémoration eurent lieu le 4 juillet, comme en attestent des documents datant de 1907.)
La campagne de Vicksburg se poursuivra par quelques actions de second ordre, mais la ville maîtresse est tombée. Le 9 juillet, avec la reddition de Port Hudson, le fleuve Mississippi sera entièrement contrôlé par l’Union ; et la Confédération sera définitivement coupée en deux.
IN MEMORY
Après avoir servi dans les montagnes de l’est du Kentucky, Garrard et le reste de son régiment furent envoyés plus au sud le long du fleuve Mississippi. Le 20 décembre 1862, le 22ème régiment du Kentucky quitta Memphis, Tennessee, et rejoignit l’expédition de William T. Sherman à Vicksburg. Neuf jours plus tard, Garrard fut tué à la bataille de Chickasaw Bayou, où son régiment eut à déplorer la perte d’une centaine d’hommes dans leurs attaques le long des lignes confédérées.
Jacob Miller va pourtant vivre sans séquelles pendant 54 ans, jusqu’à son décès le 13 janvier 1917.
Sources :
La « Guerre de Sécession », de Ken Burns.
Extraits de « Il y a toujours un reporter ». (« La guerre de Sécession », de Victor Austin, paru aux éditions René Julliard.)
Photos publiques Facebook
https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_S%C3%A9cession
https://fr.wikipedia.org/wiki/Si%C3%A8ge_de_Vicksburg
https://fr.wikipedia.org/wiki/Arm%C3%A9e_du_Mississippi
Bonjour,
Je suis tombé sur votre article « Le siège de Vicksburg » et je tenais à vous féliciter pour sa qualité. Votre style d’écriture est captivant et j’ai appris beaucoup sur cet événement méconnu de la Guerre de Sécession. J’aimerais savoir si vous avez d’autres articles historiques à partager sur votre blog. Je serais ravi d’en lire davantage.
Cordialement.