La guerre de Sécession – La bataille d’Antietam
LA GUERRE DE SÉCESSION
(1861-1865)
LA BATAILLE D’ANTIETAM
17 septembre 1862
Aux alentours de Sharpsburg et de l’Antietam Creek, dans le comté de Washington (État du Maryland), aux États-Unis d’Amérique.
Le 1er septembre, face à une armée de l’Union en plein doute et en déroute, Jefferson Davis et Robert E. Lee décident, pour la première fois, de porter la Guerre dans le Nord. A la tête d’une armée forte de 40 000 hommes, Lee envahit le Maryland où, quinze jours plus tard, va se dérouler la bataille indécise d’Antietam. Cette bataille, également appelée par les Confédérés « bataille de Sharpsburg », est le premier grand affrontement de la Guerre Civile à se produire sur le sol de l’Union. Elle reste à ce jour la plus sanglante de l’Histoire des États-Unis. Les pertes sont énormes, avec près de 23 000 morts, blessés ou disparus en une seule journée.
Elisha Hunt Rhodes « La guerre de Sécession », de Ken Burns.
Il gravira tout au long du conflit divers échelons, passant de caporal à colonel de son régiment à la fin du conflit. Les écrits de son journal de guerre sont repris largement dans le documentaire : « La guerre de Sécession », de Ken Burns.
CONTEXTE
Malgré ses victoires du printemps et de l’été 1862, l’armée confédérée est en train de se réduire comme une peau de chagrin. Lee ne peut remplacer ses pertes ; ses effectifs en hommes sont limités, alors que le Nord possède un vivier humain quasi inépuisable. Pour le Sud, la situation se complique au début de l’année 1862. En effet, au terme de leurs contrats, les premiers volontaires sont démobilisables au printemps ; et beaucoup ont l’intention de rentrer chez eux. Au mois d’avril, le Congrès sudiste adopte deux lois à la demande expresse de Jefferson Davis.
La première concerne la période de service dans l’armée jusqu’à la fin de la guerre. La seconde prévoit l’incorporation de tous les hommes valides âgés de 18 à 35 ans, pour une durée de 3 ans. C’est la première mesure de conscription nationale de l’Histoire américaine.
Joseph Brown, Gouverneur de Géorgie. « La Guerre de Sécession », de Ken Burns.
Les premiers engagés sont d’autant plus mécontents que les propriétaires de 20 esclaves ou plus peuvent se faire exempter.
Un cri commence alors à circuler : C’est la Guerre des riches et le combat des pauvres. A partir de ce moment et jusqu’à la fin de la guerre, le soldat n’a plus été qu’une machine, un conscrit, toute notre fierté, toute notre vaillance avaient disparu. Nous vomissions la guerre et maudissions la Confédération ». Sam Watkins « La Guerre de Sécession », de Ken Burns.
Près de la moitié des sudistes incorporables refuseront de répondre à l’appel.
mémoires publiées sous le titre de « Company Aytch : Or, a Side Show of the Big Show ». Il y décrit son expérience durant la guerre civile. Ces écrits sont considérés comme parmi les meilleurs témoignages existants de la vie du simple soldat pendant le conflit.
William Gladstone « La Guerre de Sécession », de Ken Burns.
Il fut quatre fois chancelier de l’Échiquier et quatre fois Premier ministre. Il est surtout connu en tant que défenseur des couches populaires et des catholiques irlandais de l’Angleterre victorienne.
Les Confédérés sont convaincus que la Grande Bretagne et la France ne peuvent survivre sans le coton sudiste. Avant peu, pensent-ils, l’un ou l’autre de ces pays devra intervenir pour le compte des États confédérés et faire lever le blocus de l’Union.
Afin de faire pression sur l’Europe, les Sudistes réduisent volontairement leur production de coton de 90%. Afin que les stocks ne finissent pas aux mains des Anglais, ils brûlent ou laissent pourrir 2 millions de ballots sur les quais de leurs ports.
Lincoln doit désormais trouver le moyen d’empêcher l’Europe d’intervenir dans le conflit en faveur des États du Sud.
Le 22 juillet 1862 au matin, le Président convoque une réunion de son cabinet. Sa déclaration va prendre de court tous ses membres :
« La Guerre de Sécession », de Ken Burns.
Le secrétaire d’État de Lincoln, William Seward, lui propose, avant que soit abordé son projet d’émancipation, d’attendre que l’Union ait remporté une victoire significative. Une telle décision présentée trop tôt serait perçue comme un aveu d’échec. Le président donne son accord… Lincoln a besoin d’une victoire…
Le 1er ministre Lord Palmerston « La Guerre de Sécession », de Ken Burns.
Les brillantes victoires sudistes du printemps et de l’été 1862 ont valu à Lee une renommée internationale. Dans une lettre adressée à Jefferson Davis, Lee écrit :
« La Guerre de Sécession », de Ken Burns.
LES ARMÉES EN PRÉSENCE
ARMÉE DU POTOMAC
Lorsqu’éclate la Guerre Civile en 1861, seule une partie de la Virginie fait sécession. Les comtés du Nord-Ouest décident de rester fidèles à l’Union (aujourd’hui l’État de Virginie-Occidentale). L’État du Maryland, bien qu’esclavagiste, demeure également dans l’Union. Ainsi, une grande partie du cours du Potomac et de son estuaire forment la frontière séparant l’Union des États confédérés. Les commandants : – Le brigadier – général Irvin McDowell : commandant de l’armée et Département du Nord -Est de Virginie, du 27 mai au 25 juillet 1861. – Le Major général George McClellan : commandant de la Division militaire du Potomac, et plus tard, l’armée et le ministère du Potomac, du 26 juillet 1861 au 9 Novembre 1862. – Le Major général Ambrose Burnside : commandant de l’armée du Potomac du 9 novembre 1862 au 26 Janvier 1863. – Le Major – général Joseph Hooker : commandant du ministère et de l’armée du Potomac du 26 janvier au 28 juin 1863. – Le Major-général George Meade : commandant de l’armée du Potomac du 28 juin 1863 au 28 Juin 1865. – Le Major-général John G. Parke : a eu le commandement temporaire pendant les absences de Meade à quatre reprises au cours de cette période. – Le lieutenant – général Ulysses S. Grant : général en chef de toutes les armées de l’Union. Il a placé son quartier général dans l’armée du Potomac, et a fourni les directions opérationnelles à Meade de mai 1864 à avril 1865.
ARMÉE DE VIRGINIE DU NORD
(1861-1865)
Placée sous les ordres du général Robert E. Lee, cette armée se composait en majorité de soldats venant des États de Virginie, de Caroline Du Sud, de Caroline du Nord, et du Maryland. Certaines unités étaient issues d’États tels que l’Alabama, l’Arkansas, le Tennessee et le Mississippi. L’armée de Virginie du Nord occupait une position stratégique. Placée en limite de la ligne de séparation avec les États frontaliers, elle bloquait tout accès à la terre sacrée de Virginie en faisant face aux États de l’Union et à l’armée nordiste du Potomac. Les deux armées se retrouveront sur différents champs de batailles : à Bull Run (le 21 juillet 1861), lors du terrible affrontement de Gettysburg (les 1, 2, 3, juillet 1863), et à Cold Harbord (du 31 mai au 12 juin 1864).
CAMPAGNE DU MARYLAND
(Du 4 au 20 septembre 1862)
La Campagne du Maryland, ou Campagne d’Antietam, se réfère à une suite de batailles qui se sont déroulées entre le 4 et le 20 septembre 1862, sur le théâtre oriental de la Guerre de Sécession. Lors de cette campagne, le général Robert E. Lee, fort de ses succès du printemps dans la Péninsule, décide de porter pour la première fois la guerre dans le Nord. Il envahit le Maryland neutre dans l’espoir de rallier à sa cause un grand nombre de sympathisants sudistes.
Après son échec lors de la Campagne de la Péninsule, Abraham Lincoln a démis McClellan du commandement de l’Armée du Potomac. La défaite de John Pope (1822-1892) et de l’armée de l’Union à la deuxième bataille de Bull Run oblige Lincoln à changer encore de chef. Mais il ne sait plus qui choisir comme commandant : tous ses généraux se font battre par Lee. Lincoln décide donc de faire à nouveau confiance à George McClellan qui, de ce fait, réintègre son poste à la tête de l’armée du Potomac. Le Président lui donne l’ordre de stopper l’invasion de l’armée confédérée de Lee, qui vient de pénétrer dans le Maryland.
LES BATAILLES
DE LA CAMPAGNE DU MARYLAND
– Du 12 au 15 septembre : bataille de Harpers Ferry, Comté de Jefferson, Virginie, et Comté de Loudoun, Virginie Occidentale.
Victoire de l’armée confédérée commandée par Thomas Jonathan Jackson, face aux forces de l’Union dirigées par le colonel Dixon S. Miles.
&
– Le 14 septembre: bataille de South Mountain, Boonsboro, Maryland.
Victoire de l’armée l’Union commandée par George McClellan, face aux forces confédérées placées sous les ordres de Robert E. Lee.
&
– Le 17 septembre : bataille d’Antietam, près de Sharpsburg, Maryland.
Bataille indécise entre les forces de l’Union commandées par George McClellan, et l’armée confédérée dirigée par Robert E. Lee.
Le 17 septembre 1862, près de Sharpsburg, la bataille d’Antietam, qui met un terme à cette Campagne, reste indécise. Mais Lee a perdu un quart de son armée et ne peut continuer le combat. Malgré des pertes plus importantes, McClellan publie un bulletin de victoire… Cette bataille demeure comme la plus sanglante de toute l’Histoire des États-Unis.
Une fois encore, Abraham Lincoln retire à McClellan son commandement de l’armée du Potomac, pour le remplacer par le général Ambrose Burnside. Bien que surpassée en nombre, l’armée de Lee de Virginie du Nord réussit le tour de passe de s’échapper au nez et à la barbe de son ennemi ; Abraham Lincoln est furieux. Le Jeune Napoléon ne recevra jamais plus de commandement.
&
– Du 19 au 20 septembre : bataille de Shepherdstown, aussi appelée bataille de Boteler’s Ford, Comté de Jefferson, Virginie.
Victoire des forces confédérées commandées par Robert E. Lee et William Nelson Pendleton (1809-1883), face à l’armée de l’Union placée sous les ordres de George McClellan et de Fitz John Porter (1822-1901).
Old Line State, Free State, Cockade State « État de l’ancienne ligne », « État Libre », « État de la Cocarde » 7ème État Capitale : Annapolis. Date d’Entrée dans l’Union : 28 avril 1788. – 1632 : fondation de la colonie du Maryland par le 2ème baron de Baltimore (Cecilius Calvert). La province du Maryland est baptisée en l’honneur d’Henriette-Marie de France, fille d’Henri IV et reine d’Angleterre. Le territoire accueille les catholiques persécutés en Angleterre. Des affrontements les opposent par la suite aux protestants qui prennent finalement l’ascendant sur la colonie et bannissent le catholicisme. – Au cours du XVIIème siècle, la culture du tabac lui assure sa fortune et la province prend son essor. – Vers 1775, la Province du Maryland compte environ 200 000 habitants. Le Maryland fait partie des Treize colonies. – Le 28 avril 1788, le Maryland devient le septième Etat de l’Union. – en 1860, les Noirs libres atteignent les 50% de la population. – Dès le début de la Guerre Civile, le Maryland affiche sa neutralité tout en restant fidèle à l’Union. Sa position d’Etat frontière lui vaudra d’être courtisé par les deux camps tout au long du conflit. Lors de la Campagne du Maryland (du 4 au 20 septembre 1862), menée par le général Lee, l’Etat connaîtra sur son sol la sanglante bataille d’Antietam Creek (ou bataille de Sharpsburg). L’affrontement ne durera qu’une seule journée (le 17 septembre 1862). Ce sera la première grande bataille de la Guerre Civile à se dérouler dans le Nord, ainsi que la plus meurtrière de l’Histoire américaine eu égard aux total des pertes sur le champ de bataille (environ 23 000 morts et blessés). – Au XVIIIème siècle, avec la Révolution industrielle, la région voit un afflux de main-d’œuvre immigrée. – En 1904, la grande ville de Baltimore est en partie détruite par un incendie. – A partir de 1940, le Maryland voit une accélération de sa croissance démographique. – En 2010, les Afro-Américains représentent près de 30% de la population du Maryland.
« Ce corps d’armée aux uniformes dépareillés se déplaçant dans la confusion, les armes en bataille sans qu’il soit possible de distinguer les officiers des simples soldats, était-ce cela les hommes qui avaient maintes fois mis en déroute nos superbes légions ? C’était les hommes les plus sales que j’aie jamais vu. Une meute de loups efflanqués, affamés et déguenillés. Néanmoins, ils avaient cet entrain dont manquait les hommes du Nord ». « La Guerre de Sécession », de Ken Burns.
LA BATAILLE D’ANTIETAM
Extraits de « Il y a toujours un reporter ». (« La guerre de Sécession », de Victor Austin, paru aux éditions René Julliard.)
FORCES EN PRÉSENCE
POUR LES FÉDÉRAUX
Armée du Potomac commandée par le général George Brinton McClellan : 75 000 hommes (dont 50 000 engagés dans la bataille).
– 7 corps d’infanterie, groupant 54 brigades.
– 47 batteries d’artillerie.
– 5 brigades de cavalerie, avec 4 batteries d’artillerie montée.
LES COMMANDANTS
– Ier Corps : Major général Joseph Hooker.
– IIème Corps : Major général Edwin V. Sumner.
– Vème Corps : Major général Fitz John Porter.
– VIème Corps : Major général William B. Franklin.
– IXème Corps : Major général Ambrose Burnside.
– XIIème Corps : Major général Joseph King Mansfield.
– Division de cavalerie : Brigadier général Alfred Pleasonton.
POUR LES CONFÉDÉRÉS
Armée de Virginie du Nord commandée par le général Robert E. Lee : 40 000 hommes.
– 44 brigades d’infanterie groupées en deux ailes, gauche et droite.
– 52 batteries d’artillerie.
– 3 brigades de cavalerie avec 3 batteries d’artillerie montée.
LES COMMANDANTS
Aile droite
Major général James Longstreet.
Aile Gauche
Major général Thomas Jonathan Jackson.
Général de division John Bell Hood.
CAVALERIE
Major général James E.B. Stuart.
ARTILLERIE
Brigadier général William N. Pendleton.
A Washington, la panique règne. Pour rétablir la situation, il faut trouver un chef en qui l’armée ait confiance. Lincoln, malgré l’opposition de ses ministres, fait appel à McClellan. Ce dernier est aimé de ses soldats, mais on le soupçonne de tiédeur à l’égard des Sudistes.
« D’après les renseignements, une importante force rebelle aurait franchi le Potomac avec pour objectif d’envahir le Maryland et d’avancer jusqu’en Pennsylvanie. Déconcerté, mal renseigné, le ministre de la Guerre n’agit pas et n’a pas de plan. Notre armée fait route vers le Nord. Ce soir, en l’espace de trois heures, vingt ou trente mille hommes ont passé devant chez moi. Au lieu de faire défiler les troupes devant la Maison Blanche en l’honneur de Lincoln, on les a fait passer devant la maison de McClellan, lequel a été bruyamment acclamé ». Gideon Welles, membre du cabinet de Lincoln Extraits de « Il y a toujours un reporter ». (« La guerre de Sécession », de Victor Austin, paru aux éditions René Julliard.)
DEROULEMENT DE LA BATAILLE
Le 13 septembre
LE GRAIN DE SABLE !
Le 13 septembre, un soldat nordiste découvre dans un champ, une boîte de cigares contenant les copies des plans de bataille du général Lee, malencontreusement égarées. McClellan sait à ce moment-là que l’ennemi qui a divisé son armée est en nette infériorité numérique. Si McClellan avait alors attaqué l’armée de Lee, il l’aurait mise en déroute. Mais fidèle à lui-même, il ne bougera pas. Il ne prendra aucune initiative pendant les 18 heures cruciales qui vont suivre, laissant ainsi passer l’occasion de détruire l’armée confédérée une bonne fois pour toutes. Au sein de son état-major des voix s’élèvent, et l’on n’hésite pas à le critiquer. Certains le qualifient d’inconscient, d’autres de traître !
Il existait trois copies de « l’Ordre spécial n°191 » de Lee. L’une d’elles fut égarée, on n’a jamais su comment. En livrant ce document à McClellan, le destin offrit une chance unique aux Nordistes d’anéantir l’armée des rebelles.
« Le 13 septembre, la compagnie F. du 27ème régiment d’Indianna, avançant en formation de tirailleurs, a atteint les faubourgs de Frederick. Aussitôt arrivés, nous nous sommes jetés sur l’herbe pour nous reposer. Ainsi étendu, j’ai remarqué une grande enveloppe. Elle n’était pas cachetée, et, lorsque je l’ai ramassée, deux cigares et un document en sont tombés. Les cigares furent vite partagés et, en attendant d’avoir du feu, je me suis mis à lire le document. Tout de suite, j’ai compris son importance : c’était le plan de campagne de Lee, daté du 9 septembre, pour les quatre jours prochains. Si ce n’est pas un faux, il était d’une importance primordiale. Je l’ai immédiatement apporté à mon capitaine, et, ensemble, nous sommes allés trouver le colonel. Juste à ce moment, il s’entretenait avec le général Nathan Kimball. Ces deux officiers le lurent avec la même surprise que moi et partirent sur-le-champ pour le communiquer au général McClellan. Cet ordre donnait non seulement la position de Lee, mais également ses instructions à ses généraux pour la suite de la campagne. Le 10, Lee se proposait de partager son armée en deux. Ce jour même, le 13, elle comprenait cinq détachements dont l’un, fort de trois divisions (sous le commandement de Jackson), avait mission de capturer Harpers’Ferry. J’ai découvert le document vers dix heures, le 13, et à peine trois quarts d’heure après, nous avons vu partir au galop des estafettes et des officiers d’Etat-Major, dans toutes les directions. Bientôt, l’armée tout entière s’est mise en route ». Extraits de « Il y a toujours un reporter ». (« La guerre de Sécession », de Victor Austin, paru aux éditions René Julliard.)
Le 15 septembre
Lee s’installe et déploie ses troupes au Nord et à l’Est, le long des crêtes qui dominent la ville de Sharpsburg, située à 80 km de Washington. Les unités sont adossées au Potomac et font face à la rivière Antietam. Son flanc droit (à l’est) est fixé sur la rivière Antietam, tandis que sa gauche (au nord), perpendiculaire au ruisseau, protège les accès au Nord de la ville, dont la route de Hagerstown.
Le 17 septembre
AILE GAUCHE – PREMIÈRE PHASE DE LA BATAILLE
La bataille va se dérouler en trois phases. La 1ère débute à 6 heures du matin, sur le flanc gauche de Lee, où les troupes de l’Union chargent le long de la route de Hagerstown, et donnent l’assaut aux hommes de « Stonewall » Jackson, embusqués dans un bois derrière un vaste champ de maïs.
L’objectif des Nordistes est un plateau bordé par l’artillerie, sur lequel se trouve une petite chapelle blanchie à la chaux dépourvue de clocher, érigée par les Dunkards, une secte baptiste allemande.
C’est le général de division Joseph Hooker qui commande les troupes de l’Union. Cet homme, originaire du Massachussetts, est renommé pour son penchant pour l’alcool. Jurant et blasphémant en permanence, il est surnommé par ses hommes : « Joe le batailleur ». Alors que ses unités progressent avec prudence, Hooker croit apercevoir des reflets de baïonnettes dans les champs de maïs. Instantanément, il donne l’ordre à quatre batteries d’artillerie d’ouvrir le feu sur les Confédérés de Jackson ; c’est un véritable carnage.
Les rebelles contre-attaquent et une mêlée s’ensuit. Les deux camps vont se livrer successivement une quinzaine d’assauts à travers le champ, tous aussi meurtriers les uns que les autres.
Les soldats nordistes du Corps du major général Joseph Mansfield enfoncent à chaque fois les lignes sudistes, mais finissent toujours repoussés par les troupes du Sud.
En l’espace de quelques minutes, le 12ème régiment d’infanterie du Massachussetts perd 224 de ses 334 hommes. Hooker lui-même est blessé au pied, et on doit l’évacuer du champ de bataille. Les forces de l’Union resserrent leur étreinte autour de la petite chapelle baptiste ; la victoire semble se dessiner pour les Nordistes…
C’est cet instant précis que « Stonewall » Jackson choisit pour jeter ses dernières réserves dans la furia. La division de John Bell Hood, constituée de redoutables combattants, furieux d’avoir manqué le petit déjeuner qui s’annonçait comme leur premier repas décent depuis plusieurs jours, se rue sur l’ennemi yankee. La contre-attaque endiablée des Sudistes a l’effet escompté. Les troupes de l’Union s’enfuient à travers les champs de maïs, les soldats de Hood à leurs trousses. Ils seront arrêtés dans leur course folle par une pluie d’obus et des renforts accourus dans l’urgence.
Alors que les troupes confédérées terminent leur repli, un officier demande à Hood où est passée sa division : « elle est morte au combat » lui répondra –t-il.
A 10 heures, ce matin-là, les combats ont déjà fait 8000 victimes. Les lignes de Jackson ont plié mais n’ont pas rompu.
Joseph Hooker « La guerre de Sécession », de Ken Burns.
Elisha Hunt Rhodes « La guerre de Sécession », de Ken Burns.
CENTRE – SECONDE PHASE DE LA BATAILLE
La seconde phase de la bataille d’Antietam débute au cœur des lignes fortifiées de Lee, sur une route encaissée où Lee a fait creuser des tranchées dans lesquelles il a placé deux brigades. Lee ordonne à ses soldats de « tenir coûte que coûte ». Le général John Gordon lui répond : « Mes hommes resteront sur place jusqu’à ce que le soleil se couche, ou que la victoire soit acquise ». C’est alors que les Nordistes passent à l’attaque…
Gordon laisse les lignes bleues s’approcher à quelques mètres, puis donne l’ordre de d’ouvrir le feu. Le commandant nordiste est tué sur le coup ; ses troupes fléchissent, se replient, puis donnent l’assaut à cinq reprises.
Gordon est touché deux fois à la jambe droite, une fois au bras gauche et une fois à l’épaule. Il refuse toute aide et clopine le long de ses lignes pour resserrer ses rangs sous les coups de boutoir de l’ennemi. Mais les Sudistes résistent, et une unité après l’autre, les troupes de l’Union reculent face au déluge de balles sudistes.
Enfin des soldats new-yorkais parviennent à se poster sur des hauteurs pour tirer sur les lignes confédérées retranchées. Le cours de la bataille change et la victoire semble choisir son camp…
Sur la route encaissée, baptisée depuis « bloody lane », les cadavres sudistes s’entassent les uns sur les autres rapidement. Les Yankees, l’air triomphant, s’agenouillent au sommet de la pile de ce que l’un d’eux appellera « ce sol humain », pour faire feu sur les survivants en fuite.
Les lignes confédérées ont éclaté ; un dernier assaut pourrait en venir à bout, cependant le général McClellan, toujours aussi prudent, considère qu’il serait imprudent d’attaquer à nouveau.
Dans les hôpitaux de fortunes construits à la hâte près du front, Clara Barton passe ses journées à s’occuper de ses blessés. Elle travaille si près des combats qu’une balle lui traverse la manche et tue l’homme qu’elle soignait.
AILE DROITE -TROISIÈME PHASE DE LA BATAILLE
La 3ème phase des combats se déroule sur le flanc droit des troupes confédérées. Les soldats de l’Union, emmenés par le Corps d’Armée du général Burnside, tentent de franchir un pont de pierre solidement défendu qui enjambe la rivière Antietam.
Ambrose Burnside est un homme affable et coquet qui cache sa fausse modestie derrière des favoris avantageux, qui deviendront même une mode. Mais « il se dérobe à ses responsabilités avec un naturel sincère », dira l’un de ses camarades officiers. Il doit sa position au sein du commandement à son vieil ami McClellan. Celui-ci a promis de soutenir ses assauts sur le pont.
Burnside dispose de 12 500 hommes contre à peine 400 Georgiens commandés par Robert Toombs.
Mais les Sudistes tiennent les hauteurs qui surplombent le pont, et déversent un feu intense sur les lignes nordistes. Les Fédéraux mettent trois heures et lancent trois assauts sanglants, avant de traverser la rivière pour aller combattre le long des collines qui mènent à la ville de Sharpsburg. Les Confédérés abattent sept porte-drapeaux fédéraux, avant d’abandonner leurs retranchements pour se replier dans la ville. Une fois de plus, la victoire de l’Union semble assurée. Mais tandis que les soldats nordistes se réjouissent de la tournure des événements en leur faveur, une division confédérée, accourue d’Harpers Ferry, fait irruption sur le champ de bataille à point nommé. Ce renfort de 3000 hommes, aux pieds endoloris par 27 km de marche forcée, est prêt à en découdre avec ces Yankees euphoriques qui chantent déjà victoire.
La division sudiste est sous le commandement du général Ambrose Powell Hill, vêtu de la tunique rouge qu’il aime tant porter au combat. Hill fond sans attendre sur les troupes de l’Union décontenancées.
Burnside supplie McClellan de lui envoyer les renforts qu’il lui avait promis. Mais McClelland refuse.
A la tombée de la nuit, le général Ambrose Burnside se replie jusqu’au pont que ses hommes ont eu tant de mal à prendre.
La bataille est finie, pas un pouce de terrain n’a changé de camp.
« La Guerre de Sécession », de Ken Burns.
PERTES
POUR LES FEDERAUX
Sur les 75 000 hommes de son armée, l’Union déplorera la perte de 12 401 victimes.
Tués : 2108.
Blessés : 9540.
Disparus et prisonniers : 753.
POUR LES CONFEDERES
Sur les 40 000 hommes de son armée, la Confédération déplorera la perte de 10316 victimes.
Tués : 1546.
Blessés : 7752.
Disparus et prisonniers : 1018.
CONSEQUENCES
Les Sudistes se préparent à une nouvelle attaque le lendemain de cette sanglante bataille sur la petite rivière Antietam ; mais elle ne viendra pas. L’armée nordiste avait été aussi fortement éprouvée que l’armée confédérée. Tactiquement, Lee n’a pas été battu, car les forces nordistes n’ont point réussi à percer sa ligne de défense, mais celui-ci sait qu’il ne peut plus poursuivre la Campagne du Maryland. Bien qu’inférieures en nombres, il a subi des pertes aussi lourdes que son adversaire ; elles représentent le quart de son armée.
Le 18 septembre, après une trêve pour s’occuper des morts et des blessés, Lee choisit de mettre un terme à son invasion. L’armée sudiste franchit le Potomac et rebrousse chemin vers la Virginie. Bien que supérieures en nombre, les forces de l’Union ne poursuivent pas les troupes confédérées, et laissent Bobby Lee s’échapper.
McClellan peut revendiquer la victoire, mais il aurait pu remporter la guerre. L’invasion de Lee a été stoppée et son armée a subi de très lourdes pertes ; mais elle n’a pas été décimée.
Lincoln est exaspéré ; il décide de relever définitivement McClellan de son commandement.
L’issue de la bataille d’Antietam est indécise, mais l’armée confédérée a été obligée de quitter le champ de bataille. Le Président Lincoln tient sa victoire, une victoire à la « Pyrrhus », certes, mais il peut désormais promulguer son décret sur l’abolition de l’esclavage. Le 22 septembre, 5 jours après la bataille d’Antietam, il prononce le préliminaire de sa proclamation d’émancipation. Emancipation qui prendra effet le 1er janvier 1863.
Il sait maintenant que les puissances européennes, notamment l’Angleterre et la France, n’interviendront pas dans le conflit américain aux côtés de la Confédération. Par ailleurs, la proclamation entraîne un vif soutien de la population européenne vis-à-vis de l’Union, dissuadant encore plus les gouvernements européens d’intervenir.
Pour l’Europe, le Sud ne peut plus gagner la guerre…
Abraham Lincoln « La Guerre de Sécession », de Ken Burns.
Sources :
La Guerre de Sécession, Ken Burns.
Extraits de « Il y a toujours un reporter ». (« La guerre de Sécession », de Victor Austin, paru aux éditions René Julliard.)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_d%27Antietam
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[…] Lire : La bataille d’Antietam […]
[…] sur le théâtre oriental, et participèrent à de nombreuses batailles importantes, y compris Antietam (1862) et Gettysburg […]
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