James Ewell Brown Stuart

                                                                                      

 

 

LA GUERRE DE SÉCESSION

(1861-1865)

JAMES EWELL BROWN STUART

6 février 1833 – 12 mai 1864

Insigne de Major Général confédéré

NAISSANCE

James Ewell Brown Stuart, dit Jeb Stuart, naît le 6 février 1833 à Laurel Hill Farm, dans le Comté de Patrick, en Virginie. Il meurt au combat le 12 mai 1864, à la bataille de Yellow Tavern.

Robert Edouard Lee

C’était un officier de l’armée américaine de Virginie. Au cours de la Guerre Civile (1861-1865), il fut général de cavalerie dans l’Armée des États confédérés. Il fut tué au combat lors de la campagne de la Wilderness.

Stuart se fit remarquer par ses charges destructrices durant de nombreuses batailles. Il devint un élément essentiel et incontournable pour ses reconnaissances au cours des offensives du général Lee.

Charge de la cavalerie confédérée

Stuart était connu de ses amis sous le nom de « Jeb », d’après les initiales de ses prénoms (James Ewell Brown).

Général Stuart

C’était un fringant commandant de cavalerie, connu pour sa maîtrise de la reconnaissance et l’utilisation de la cavalerie comme apport dans les opérations offensives.

Stuart était un personnage flamboyant, beaucoup plus jeune que la plupart des hommes de haut rang. Il se distinguait des autres officiers en cultivant une image cavalière ostentatoire. Il

portait des capes rouges et grises doublées, et une ceinture jaune d’un officier de cavalerie régulier. Il affichait un chapeau penché sur le côté à plumes d’autruche, ainsi qu’une fleur rouge dans son revers. Il se parfumait à l’eau de Cologne, et affichait une barbe lourde et fournie.

Sa mission de reconnaissance en faisait les yeux et les oreilles de l’armée de Robert E. Lee. Par ses actions d’éclat, Stuart attirait la confiance, motivait ses troupes, et donnait le moral au Sud.

LA VIRGINIE

« Old Dominion, Mother of Presidents »

 

 

 

10ème État.

Capitale : Richmond.

Date d’entrée dans l’Union : 25 juin 1788.

– La Virginie est une des treize colonies fondatrices des États-Unis. Elle donnera quatre des cinq premiers présidents : Washington, Madison, Monroe, et Jefferson.

– C’est en 1584 que le navigateur anglais Walter Raleigh conçoit de coloniser l’Amérique du Nord et fonde la Virginie.

– En 1607, un groupe de colons anglais, envoyé par le roi d’Angleterre James 1er, fonde la 1ère colonie anglaise permanente, Jamestown. 

– C’est en 1660 que l’esclavage, déjà pratiqué, est officialisé.

-En 1784, la Virginie cède aux États-Unis les territoires au nord de l’Ohio pour le développement vers l’ouest, selon le système des townships.

– Le 17 avril 1861, la Virginie, État esclavagiste, fait sécession et rallie la Confédération des Etats du Sud. La plupart des grandes batailles du théâtre oriental de la Guerre de Sécession se déroulera sur son sol : Bull Run, Chancellorsville, Fredericksburg…

Sa capitale, Richmond, tombe aux mains des Nordistes le 2 avril 1865 (peu de temps avant la reddition du général Robert E. Lee à Appomattox), avant d’être en grande partie incendiée et ravagée.


Abraham Lincoln le 22 août 1862 

« Mon objectif suprême dans ce conflit est de sauver l’Union, et non de protéger ou de détruire l’esclavage. Si je pouvais arriver à mes fins sans émanciper le moindre esclave, je le ferais. Si je pouvais sauver l’Union en libérant tous les esclaves, je le ferais. Et si je devais n’en émanciper qu’une partie sans toucher au sort des autres, je le ferais également ».   

« La Guerre de Sécession », de Ken Burns.

FAMILLE

Stuart est né à Laurel Hill Farm (une plantation du comté de Patrick, en Virginie), près de la frontière avec la Caroline du Nord.

Son père, Archibald Stuart, était un vétéran de la guerre anglo-américaine de 1812. Ce propriétaire d’esclaves était un avocat et un politicien démocrate qui représentait le comté de Patrick dans les deux chambres de l’Assemblée générale de Virginie. Il a également participé à un mandat à la Chambre des représentants des États-Unis.

Sa mère, Elizabeth Letcher Pannill Stuart, était connue comme une femme religieuse stricte. Elle dirigeait la ferme familiale avec un bon sens des affaires.

« Jeb » était le huitième de onze enfants et le plus jeune des cinq fils à avoir survécu au-delà de son enfance.

Stuart était d’origine écossaise (dont certains parents étaient Écossais-Irlandais). Son arrière-grand-père, le major Alexander Stuart, a commandé un régiment à la bataille de Guilford Court House pendant la guerre d’indépendance. Son père, Archibald, était le cousin d’une personnalité politique américaine, l’éminent avocat de Virginie Alexander Hugh Holmes Stuart (2 avril 1807 – 13 février 1891),

JEUNESSE

Jusqu’à l’âge de douze ans, Stuart est éduqué à la maison par sa mère et ses tuteurs. Il poursuit ensuite ses études avec divers professeurs à Wytheville, en Virginie, ainsi que chez sa tante maternelle Anne et son époux, le juge James Ewell Brown (l’homonyme de Stuart).

A l’âge de quinze ans, il entre au « Emory and Henry College» ; il y restera de 1848 à 1850.

Au cours de l’été 1848, Stuart tente de s’enrôler dans l’armée américaine, mais il est rejeté car il est mineur.

En 1850, Stuart est nommé à l’Académie militaire des États-Unis à West Point, New York. Il doit cette promotion à l’intervention du représentant Thomas Hamlet Averett (l’homme qui a battu son père aux élections de 1848).

Stuart est un étudiant apprécié et est heureux à l’Académie. Ses camarades l’appellent par dérision « Beauté », car dans son adolescence, il n’est pas beau.

Après l’obtention de son diplôme, il fera rapidement pousser une barbe épaisse. Un collègue officier lui fait remarquer qu’il est « le seul homme qu’il ait jamais vu qu’une barbe ait amélioré sa physionomie ».

En 1852, Robert E. Lee est nommé surintendant de l’académie. Stuart, devenu un ami de la famille, les fréquentera à de nombreuses occasions.

En 1852, le neveu de Lee, Fitzhugh Lee, entre également à l’académie militaire des États-Unis à West Point.

Au cours de sa dernière année, Stuart, en plus d’avoir obtenu le grade de cadet de deuxième capitaine du corps, sera l’un des huit cadets désignés comme « officiers de cavalerie » honoraires (titre attribué pour ses compétences en équitation).

En 1854, Stuart est classé 13ème de sa promotion sur 46 (il se classe dixième de sa promotion dans la tactique de cavalerie).

A l’académie, Stuart est particulièrement assidu au programme de génie civil ainsi qu’à celui des mathématiques. Cependant, ses faibles compétences en dessin contrarieront ses études d’ingénieur, et il terminera au 29ème rang de cette discipline.

MARIAGE

En juin 1855, Stuart rencontre Flora Cooke, la fille du commandant du Second régiment US de Dragons, le lieutenant-colonel Philip St. George Cooke.

Le journaliste et romancier Burke Davis (1913-2006) la décrit comme « une cavalière accomplie, et bien que pas jolie, c’était une charmeuse efficace ». Stuart lui succombera sans difficulté.

Flora Stuart (1836-1923)

Fille d’un général de l’Union, le lieutenant-colonel Philip St. George Cooke. Elle fut la veuve du général confédéré J.E.B. Stuart (mort au combat le 12 mai 1864, à la bataille de Yellow Tavern).

Flora Stuart

Comme de nombreuses veuves de militaires, Flora Stuart poursuivit sa propre carrière. L’Institut féminin de Virginie, à Staunton (l’une des plus anciennes écoles épiscopales de l’État et la plus ancienne école préparatoire pour les filles en Virginie), fut rebaptisé Stuart Hall en 1907 en son honneur. Flora Cooke dirigea l’école pendant 19 ans.

Leurs fiançailles seront célébrées en septembre, deux mois à peine après leur rencontre. C’est avec humour que Stuart expliquera en latin sa cour assidue et rapide auprès de la jeune femme : « Veni, Vidi, Victus sum » (je suis venu, j’ai vu, j’ai été conquis).

Leur mariage de « gala », qui était prévu pour le 20 septembre à Fort Riley, au Kansas, sera entaché par la mort du père de Stuart. La cérémonie en sera chamboulée. Elle aura lieu le 14 novembre, revue à la baisse, et limitée à la présence des témoins.

En 1856, Flora donne naissance à un premier enfant, une fille, mais qui décèdera le même jour.

Le 14 novembre 1857, Flora met au monde une autre fille, Flora, du même nom que sa mère.

Au début de 1858, la petite famille Stuart déménage à Fort Riley, où elle restera trois ans.

Le 26 juin 1860, Flora donnera naissance à un fils, Philip St. George Cooke Stuart. A la fin de 1861, Stuart changera le nom en James Ewell Brown Stuart, Jr. (« Jimmie »). Jeb a toujours ressenti un profond dégoût pour son beau-père, le colonel Cooke, qui est resté fidèle à l’armée américaine dans les rangs de l’Union.

SA CARRIÈRE MILITAIRE

Général Stuart

AVANT LA GUERRE

Stuart est nommé sous-lieutenant breveté et affecté au US Regiment of Mounted Riflemen, au Texas.

Le 28 janvier 1855, il arrive à Fort Davis. Il exerce durant trois mois des missions de surveillance de San Antonio à la route d’El Paso.

Quelques mois plus tard, il est transféré au 1er régiment de cavalerie récemment créé à Fort Leavenworth, Territoire du Kansas. Il devient quartier-maître régimentaire, et officier commissaire sous le commandement du colonel Edwin V. Sumner.

Edwin Vose Sumner

La même année, il est promu lieutenant.

LE « BLOODY KANSAS »

« Bleeding Kansas » (« Bloody Kansas », ou « la guerre des frontières ») fut, entre 1854 et 1859, une série d’affrontements civils violents dans le territoire du Kansas, et dans une moindre mesure dans l’ouest du Missouri.

Drapeau du Kansas

L’expression est née d’un débat politique et idéologique sur la légalité de l’esclavage dans le futur État du Kansas (le 29 janvier 1861).

Carte de 1856 montrant les États esclavagistes (gris), les États libres (rose) et les territoires (vert) aux États-Unis, avec le territoire du Kansas au centre (blanc)

Carte de 1856 montrant les États esclavagistes (en gris), les États libres (en rose) et les territoires (en vert) aux États-Unis, avec le territoire du Kansas au centre (en blanc)


LE RAID DE JOHN BROWN SUR HARPERS FERRY, VIRGINIE

Du 16 au 18 octobre 1859

Assaut des troupes régulières contre le fort de John Brown

Le 16 octobre 1859, avec l’aide de dix-huit hommes, John Brown s’empare d’un arsenal fédéral à Harpers Ferry, en Virginie, pour lancer l’insurrection.

Harpers Ferry

Le raid de John Brown contre Harpers Ferry tourne au désastre ; aucun esclave ne le rejoint. Brown est grièvement blessé de plusieurs balles, et deux de ses fils sont tués.

John Brown’s Raid on Harpers Ferry 16 octobre 1859

Il est jugé à Charleston pour meurtre et trahison envers l’État de Virginie ; condamné à mort, il est exécuté par pendaison le 2 décembre 1859. Avant son exécution, il affirme que « si j’avais fait ce que j’ai fait pour les Blancs, ou pour les riches, personne ne me l’aurait reproché ».

Lors du raid de John Brown sur l’arsenal américain à Harpers Ferry, Stuart se porte volontaire pour être aide de camp du colonel Robert E. Lee. Avec une compagnie de Marines des États-Unis (la 8ème et la Ière, Washington, DC) et quatre compagnies de la milice du Maryland, Stuart est aux côtés de Lee. Il remettra l’ultimatum de la reddition écrit par Lee au chef du groupe, James Brown.

LA PENDAISON DE JOHN BROWN

La pendaison de John Brown

L’exécution capitale dont on va lire le récit a été écrit de la plume de David Strother, reporter du Harper’s Weekly : 

Le vendredi 2 décembre 1859

« Dès 9 heures, le terrain, proche de la ville de Charleston, choisi comme lieu d’exécution, était occupé par de nombreux soldats de cavalerie, d’infanterie et d’artillerie. Un cordon de sentinelles entourait l’enclos pour empêcher les curieux de pénétrer par les haies, et une garde était postée à la barrière par laquelle devaient entrer les spectateurs munis d’une autorisation.

John Brown

J’arrivai à l’avance afin de pouvoir choisir un endroit d’où je pouvais observer à mon aise les derniers préparatifs. La potence se dressait sur une légère éminence d’où l’on découvrait la campagne alentour sur plusieurs milles. De l’échafaud, sur lequel je montai, la vue était d’une grande beauté (…) Tout près de là, on voyait de longs rangs de soldats appuyés sur leurs armes, tandis que des escadrons de cavalerie étaient massés sur les collines voisines…

A 11 heures, le prisonnier arriva, escorté d’un important détachement de soldats. Il était assis sur son cercueil dans une voiture de déménagement. Ses bras étaient liés au-dessus du coude, laissant les avant-bras libres. Le cocher et deux hommes se trouvaient sur le siège avant, le geôlier à l’arrière. Je me trouvais parmi un groupe d’une demi-douzaine de personnes, près des marches de l’échafaud, quand on amena le prisonnier. Il portait le même vêtement miteux et usé que (…) pendant son procès ; mais on avait changé les grosses bottes contre une paire de pantoufles, et il avait un chapeau à larges bords (c’était la première fois que je le voyais avec un chapeau). Il s’était complètement remis de ses blessures et avait décidément meilleures mine qu’auparavant. Comme il approchait de la potence, il arbora un ricanement macabre, qui, n’eût été la solennité des circonstances, aurait pu être grotesque. Il descendit de voiture avec une agilité surprenante et se dirigea rapidement vers l’échafaud, s’arrêtant un instant pour saluer notre groupe d’un geste et nous dire bonjour. Je crus déceler dans ce salut un peu de bravade, mais peut-être me trompai-je, car ses mouvements étaient naturellement maladroits et saccadés.

La pendaison de John Brown

Il gravit les marches de l’échafaud de la même allure, et là, comme si c’eut été convenu d’avance, ôta immédiatement son chapeau et tendit le cou vers la corde qui fut promptement ajustée par le geôlier, M Avis. Puis on lui affubla la tête d’une sorte de cagoule de mousseline blanche, et le shérif, oubliant qu’il n’y voyait plus, lui demanda de s’avancer sur l’estrade.

La pendaison de John Brown

Le prisonnier répondit de sa voix habituelle : « Il faut que vous me guidiez. » (…) Puis on le guida jusqu’à la trappe ; la corde fut fixée à une poutre ; et les magistrats, pensant que l’exécution aurait lieu immédiatement, firent leurs adieux au condamné. Le shérif lui demanda s’il voulait un mouchoir pour jeter en guise de signal. Brown lui répondit : « Non, ça m’est égal. Je désire seulement que vous ne me fassiez pas attendre inutilement. » Ce furent ses dernières paroles, prononcées du ton aigu et nasillard qui lui était propre, mais doucement et poliment, sans impatience ni trouble apparents. (…) Pendant tout ce temps, pas un bruit, à part les ordres secs et brefs des militaires. Quand ils cessèrent, un profond silence régna. Le colonel Smith dit au shérif à voix basse : « Nous sommes prêts. »

Les magistrats descendirent de l’échafaud. Quelqu’un, près de moi, murmura : « Il tremble, ses genoux s’entrechoquent.

– Non répliquai-je, c’est l’échafaud qui résonne sous les pas des magistrats. » Le shérif coupa la corde d’un coup sec, à l’aide d’une petite hache. La trappe s’effondra avec un craquement ; quelques mouvements convulsifs, et une âme fut envoyée « ad patres ». 

Extrait de « Il y a toujours un reporter ». (« La guerre de Sécession », de Victor Austin, paru aux éditions René Julliard.)


Treize membres des Richmond Grey (une milice bénévole de cette ville) posent pour une photographie en 1859.

Cette photo aurait été prise à Charles Town, en Virginie (plus tard en Virginie occidentale), où les (Grey) Gris avaient été envoyés pour aider à la sécurité pendant l’exécution de John Brown.

Richmond Greys

L’acteur John Wilkes Booth (futur meurtrier d’Abraham Lincoln) avait quitté quelque temps le Richmond Theater où il se produisait, pour aller acheter un uniforme aux Gris et obtenir une place au milieu d’eux pendant la pendaison.

Encyclopédie Virginie


FAITS D’ARME ET

PARTICIPATION AUX BATAILLES

1861

BULL RUN

Victoire confédérée

Le 22 avril 1861, Stuart est promu capitaine. Mais pour peu de temps : la Virginie vient de faire sécession. Le 3 mai suivant, il rejoint l’armée des États confédérés, où il est nommé le 10 mai, lieutenant-colonel de l’infanterie de Virginie. Robert E. Lee, commandant des forces armées de Virginie, lui ordonne de rejoindre le colonel Thomas Jackson à Harper’s Ferry. Celui-ci choisit d’ignorer l’affectation d’officier d’infanterie de Stuart, et le 4 juillet, l’affecte comme commandant de toute la cavalerie de l’armée de la Shenandoah (la 1st Virginia Cavalry Regiment).

Thomas Jonathan Jackson

Le 16 juillet, J.E.B est promu colonel.

Le 21 juillet, c’est la bataille de Bull Run

Après une première campagne victorieuse dans la vallée de Shenandoah, Stuart participe avec son régiment à la première grande bataille de la guerre : la première bataille de Bull Run (c’est lors de cette bataille que Jackson gagne son surnom de « Stonewall »). Stuart poursuivra avec la 1st Virginia Cavalry Regiment les soldats de l’Union en pleine déroute.

Bataille Bull Run ou de Manassas

Lire : la bataille de Bull Run

Il commande ensuite les avant-postes de l’armée le long de la partie supérieure du fleuve Potomac. Il reçoit rapidement le commandement de la brigade de cavalerie de l’armée (alors connue sous le nom d’armée du Potomac), qui prendra par la suite le nom d’armée de Virginie du Nord. Le 24 septembre, il est promu général de brigade.

1862

CAMPAGNE DE LA PÉNINSULE

De mars à juillet 1862

McClellan et Johnston

Victoire confédérée ; retrait de l’Union de la Péninsule.

Lire :

1862 la valse de généraux

La seconde bataille de Bull Run

La bataille de Williamsburg

La bataille de Mechanicsville

La bataille de Gaine’s Mill

La bataille de Malvern Hill

La bataille de Cedar Mountain

En 1862, l’armée de l’Union du Potomac, dirigée par Brinton McClellan, débute sa campagne de la péninsule pour s’emparer de Richmond, en Virginie.

George Brnton McClellan

Inquiet, Jefferson Davis prépare sa capitale à soutenir un siège. Il se fie de plus en plus à l’avis de son plus proche conseiller militaire. Il lui demande où, selon lui, devrait se situer la prochaine ligne de défense de la Confédération, après la chute de Richmond. Réponse de Lee : « Richmond ne doit pas tomber, il n’est pas question qu’ils prennent la ville ».

Joseph E Johnston

Stuart se bat à la bataille de Williamsburg (le 5 mai 1862). Le mauvais temps inonde le terrain, et les conditions météorologiques de la péninsule ne sont pas favorables aux opérations de cavalerie.

Bataille de Williamsburg

La brigade de cavalerie de Stuart participe activement avec l’armée du général Joseph E. Johnston alors que celle-ci, se retire de la péninsule de Virginie face un ennemi supérieur en nombre. Ce dernier sera gravement blessé au cours de la bataille de Seven Pines (du 31 mai au 1er juin 1862), laissant son commandement au général Lee.

Cet événement va s’avérer crucial pour la suite de la Guerre. Les sudistes vont commencer à apprécier le charisme, le calme, et le génie tactique de ce nouveau commandant. Robert Lee ne tardera pas à entrer dans l’Histoire comme l’un des plus grands chefs militaires de tous les temps.   

« La Guerre de Sécession », de Ken Burns.

Parlant de Robert E. Lee, George B. McClellan dira :  

« Je préfère affronter Lee plutôt que Johnston. Lee est plus prudent, moins audacieux et ne s’aventurera pas à m’attaquer ».  McClellan se trompe lourdement. Lee va se montrer courageux, et déployer tout son talent et son génie. Il prendra des risques osés, défiant ainsi toutes les règles inscrites dans les manuels militaires. Son adversaire sera surpassé sur tous les plans.

« La Guerre de Sécession », de Ken Burns.

Désormais à la tête de l’armée de Virginie du Nord, le général Lee a un besoin vital de connaître les mouvements de l’ennemi. Il ordonne à Stuart et à sa cavalerie de Virginie d’effectuer des séries de reconnaissances sur le flanc droit de l’armée de l’Union ; il veut en tester sa vulnérabilité.

Le 12 juin, avec une force de 1200 soldats, Stuart se lance dans une folle chevauchée de 150 milles autour de l’immense armée de l’Union. Ses hommes incendient des camps nordistes, abattent des poteaux télégraphiques, capturent 150 soldats nordistes, 260 chevaux, des mules, et une grande quantité de fourniture et de vivres. Ils ne ralentissent leur cadence que pour accepter les fleurs et les baisers des femmes qu’ils croisent sur leur chemin. Le propre beau-père de Stuart (le colonel Cooke) se lancera à sa poursuite ; mais en vain. Stuart ne déplorera la perte que d’un seul homme.

Il effectue son raid au nez et à la barbe de la cavalerie de l’Union, qui ne lui oppose qu’une faible résistance. Ce coup d’éclat fait sensation dans tout le Sud. Mais l’objectif de Stuart est atteint. Il peut maintenant rendre compte à Lee de l’état de vulnérabilité de l’armée ennemie qu’il vient de ridiculiser.

CAMPAGNE DE VIRGINIE DU NORD

Du 19 juillet au 1er septembre 1862

John Pope et Robert E. Lee

Lire : La seconde bataille de Bull Run

Victoire confédérée

Le 25 juillet 1862, au début de la campagne de Virginie du Nord, Stuart acquiert le grade de général de division. Il commande une division de cavalerie. Lee rebaptise ses forces « l’armée de Virginie du nord » et prend l’initiative pour ne plus jamais la lâcher.

ARMÉE DE VIRGINIE DU NORD

La guerre de Secession de Ken Burns- Sudistes au repos pour la photo

L’armée de Virginie du Nord était une armée des Etats confédérés d’Amérique durant la Guerre de Sécession. Au cours des opérations qui se déroulèrent dans l’Est pendant le conflit, elle représenta la force de frappe majeure de la Confédération.

Armée de Virginie du Nord

Placée sous les ordres du général Robert E. Lee, cette armée se composait en majorité de soldats venant des États de Virginie, de Caroline Du Sud, de Caroline du Nord, et du Maryland. Certaines unités étaient issues d’États tels que l’Alabama, l’Arkansas, le Tennessee et le Mississippi.

L’armée de Virginie du Nord occupait une position stratégique. Placée en limite de la ligne de séparation avec les Etats frontaliers, elle bloquait tout accès à la terre sacrée de Virginie en faisant face aux États de l’Union et à l’armée nordiste du Potomac.

Le nouveau commandant de l’armée de l’Union, c’est le général Pope, que Lincoln vient de le nommer en remplacement de George Brinton McClellan. Pope ne perd pas de temps et se rue à la poursuite des armées rebelles dans le nord de la Virginie. Mais il se heurte d’emblée à une résistance farouche. Tout d’abord à Cedar Mountain,« Stonewall » Jackson lui tient tête.

Dans la foulée, JEB Stuart prend par surprise son QG, et s’empare de 35 000 dollars en liquide, ainsi que de son chapeau et de sa veste de commandant en chef.

CAMPAGNE DU MARYLAND

Du 4 au 20 septembre 1862

McClellan et Lee

Lire : La bataille d’Antietam

Bataille indécise, victoire revendiquée par McClellan

ARMÉE DU POTOMAC

Armée du Potomac

L’Armée du Potomac est la principale Armée de l’Union sur le théâtre oriental de la guerre de Sécession.

Armée du Potomac

Lorsqu’éclate la Guerre Civile, en 1861, seule une partie de la Virginie fait sécession. Les comtés du Nord-Ouest décident de rester fidèles à l’Union (aujourd’hui l’État de Virginie-Occidentale). L’État du Maryland, bien qu’esclavagiste, demeure également dans l’Union. Ainsi, une grande partie du cours du Potomac et de son estuaire forme la frontière séparant l’Union des États confédérés.

Les commandants :

– Le brigadier – général Irvin McDowell : commandant de l’armée et Département du Nord -Est de Virginie, du 27 mai au 25 juillet 1861.  

– Le Major – général George McClellan : commandant de la Division militaire du Potomac, et plus tard, de l’armée et du ministère du Potomac, du 26 juillet 1861 au 9 Novembre 1862.  

– Le Major – général Ambrose Burnside : commandant de l’armée du Potomac du 9 novembre 1862 au 26 Janvier 1863.  

– Le Major – général Joseph Hooker : commandant du ministère et de l’armée du Potomac du 26 janvier au 28 juin 1863.  

– Le Major-général George Meade : commandant de l’armée du Potomac du 28 juin 1863 au 28 Juin 1865.  

– Le Major-général John G. Parke : a eu le commandement temporaire pendant les absences de Meade à quatre reprises au cours de cette période.  

– Le lieutenant – général Ulysses S. Grant : général en chef de toutes les armées de l’Union. Il a placé son quartier général dans l’armée du Potomac, et a fourni les directions opérationnelles à Meade de mai 1864 à avril 1865.


Au cours de la campagne du Maryland, en septembre 1862, la cavalerie de Stuart harcèle les mouvements de l’armée de McClellan qui s’est lancée à la poursuite de Lee dans le Maryland.

Stuart s’arrête durant cinq jours pour reposer ses hommes, et divertir les civils locaux en donnant un bal de gala à Urbana, dans le Maryland. Ce divertissement est un temps précieux perdu qui va manquer gravement à Lee, qui ne possède plus aucun rapport sur les mouvements de l’ennemi.

En 1862, les officiers du général confédéré J.EB. Stuart organisèrent un bal à « Landon House », Urbana, Maryland.  Pendant la fête, la cavalerie de l’Union se rapprocha et lança un assaut sur la maison. Aussitôt, l’armée confédérée pourchassa les forces de l’Union, et la danse put continuer…

A partir du 26 octobre, McClellan progresse lentement vers le sud, exhorté par le président Lincoln, qui lui demande de poursuivre Lee lors de sa traversée du Potomac.

Début novembre, Stuart engage de nombreuses escarmouches contre la cavalerie et l’infanterie de l’Union autour de Mountville, Aldie et Upperville, Virginie.

Le 6 novembre, Stuart reçoit une triste nouvelle par télégramme : sa fille Flora est décédée le 3 novembre, juste avant son cinquième anniversaire, de la fièvre typhoïde.

FREDERICKSBURG

Le 13 décembre1862

Fredericksburg 1862

Lire : La bataille de Fredericksburg

Victoire confédérée

Au lendemain de la sanglante bataille d’Antietam (le 17 septembre 1862), Lee parvient à s’enfuir au nez et à la barbe de son adversaire McClellan ; l’armée confédérée est affaiblie, certes, mais encore en état de se battre.

Le mois suivant, Abraham Lincoln, exaspéré, décide de relever définitivement McClellan de son commandement, et le confie au major-général Ambrose Burnside.

Général Ambrose Burnside

Ce dernier est plutôt contrarié du départ de son prédécesseur ; il ne se sent pas du tout prêt à endosser une telle responsabilité et à commander une armée d’une telle importance. Burnside est maintenant à la tête de l’armée du Potomac forte de 110 000 hommes ; un lourd fardeau sur ses épaules.

Néanmoins, pressé par Lincoln qui veut une victoire rapide, Burnside fait avancer sa puissante armée en direction de Falmouth, pour affronter Lee qui s’est replié en Virginie.

Il suit la rive nord de la rivière Rappahannock et vient se placer en face de Fredericksburg. Son plan de bataille est ambitieux : il a pour objectif de franchir la rivière, mener son attaque vers le Sud et menacer Richmond, la capitale des Confédérés.

Mais Bobby Lee l’attend, et n’est pas décidé à le laisser faire…

En décembre 1862, au cours de la bataille de Fredericksburg, Stuart et sa cavalerie, notamment son artillerie (sous le commandement du major John Pelham), défendent le flanc de « Stonewall » Jackson à Hamilton’s Crossing.

Stuart recevra les félicitations du général Lee en ces termes : il « gardait efficacement notre droite, ennuyait l’ennemi et gênait ses mouvements en s’accrochant à son flanc et en attaquant lorsque l’occasion se présentait ».

Après Noël, Lee ordonne à Stuart de « pénétrer les arrières de l’armée de l’Union », en menant un raid au nord de la rivière Rappahannock. Il veut déterminer où se trouve exactement son ennemi, et évaluer ses mouvements. Stuart devra « causer autant de dommages aux forces d’Ambrose Burnside, que les circonstances le permettront ».

Pour effectuer son expédition, Stuart dispose de 1800 soldats et d’une batterie d’artillerie montée. Son raid va se déployer sur quatre milles au sud du palais de justice de Fairfax, en Virginie. Il fera au passage 250 prisonniers, capturera à nouveau des chevaux, des mules, et une grande quantité de vivres et de ravitaillement en tout genre.

Fairfax Court House, Virginie, avec des soldats de l’Union devant et sur le toit, juin 1863

En détruisant systématiquement les lignes télégraphiques, ses hommes interceptent des messages confidentiels entre les commandants de l’armée du Potomac.

Par dérision, Stuart transmet alors un télégramme personnel au quartier-maître général de l’Union, Montgomery C. Meigs, lui demandant : « de fournir dorénavant de meilleures mules, car celles qu’il vient de lui capturer sont de mauvaises qualités ».

1863

Le 17 mars, la cavalerie de Stuart est engagée dans un affrontement mineur, consécutif à un raid de l’Union à Kelly’s Ford.

Le combat est indécis. La mort du major Pelham causera un profond chagrin à JEB Stuart ; c’était un de ses frères « cadets » de promotion.

John Pelham

Il écrivit à un membre du Congrès confédéré: : « Le noble, le chevaleresque, le galant Pelham n’est plus. … Que les larmes d’agonie que nous avons versées, et la tristesse du deuil, tout au long de mon commandement, en témoignent. »

A l’époque, son épouse Flora était enceinte. Stuart lui avait dit que si c’était un garçon, il voulait qu’il s’appelle John Pelham Stuart. (Virginia Pelham Stuart naîtra le 9 octobre).

CHANCELLORSVILLE

Du 27 avril au 6 mai 1863

Chancellorsville

Lire : La bataille de Chancellorsville

Victoire confédérée

En 1863, malgré sa victoire à la Pyrrhus à Antietam, malgré la proclamation d’émancipation des esclaves qui a suivi le 1er janvier 1863, malgré sa supériorité numérique en hommes, en matériel, et en équipement, l’Union a d’énormes difficultés à tirer profit de son avantage. 

De son côté, de Vicksburg à Charleston, la précaire coalition confédérée craque de toutes parts. Si elle résiste encore malgré tout, elle le doit grâce à l’audace, la chance et au génie de ses chefs. Avec la bataille qui s’annonce à « Chancellorsville », le général Robert E Lee va encore une fois dévoiler tout son talent. Au mépris de toutes les règles inscrites dans les manuels militaires, il va oser et prendre d’énormes risques ; pour être une nouvelle fois victorieux.

Mais l’année 1863 va être déterminante. L’issue de la guerre va se jouer dans un coude du Mississipi, à Vicksburg, et dans un coin perdu de la Pennsylvanie, à Gettysburg.


Le 2 mai, lors de la bataille de Chancellorsville, Stuart poursuit de flanc les soldats en retraite du XIème corps de l’Union (composé de régiments germano-américains), lorsqu’il apprend que Thomas Jackson et son commandant de division principal, le major général AP Hill, ont été blessés.

December, 1862 J.E.B. Stuart with Fitzhugh Lee and John Pelham

Le général Robert E. Rodes (1829-1864) envoie un message ordonnant à Stuart de prendre le commandement du deuxième corps.

Major-général Robert E. Rodes

Ce changement soudain entraîne du retard, et JEB se voit contraint de mettre fin au soutien qu’il apportait à Jackson. Stuart va se comporter honorablement à ce poste. Le lendemain, avec son 2ème Corps d’Infanterie, il lance une attaque puissante et bien coordonnée contre le flanc droit de l’Union, à Chancellorsville.

Le 6 mai, Stuart quitte son commandement, et reprend ses anciennes fonctions à la tête de la cavalerie de l’armée de Virginie du Nord.

BRANDY STATION

Comté de Culpeper, Virginie, 9 juin 1863

Bataille de Brandy Station 9 juin 1863

Lire : la bataille de Brandy Station

Bataille indécise, victoire revendiquée par JEB Stuart

Brigadier General Alfred Pleasonton

Le 9 juin 1863, la bataille de Brandy Station (aussi connue sous les noms de Fleetwood Hill ou Beverly Ford) est l’un des plus importants affrontements de cavalerie de

J.E.B. Stuart

la Guerre Civile américaine.

Cette bataille, qui fait partie de la Campagne de Gettysburg, oppose les troupes de l’Union placées sous les ordres du major général Alfred Pleasonton (7 juillet 1824-17 février 1897), aux forces confédérées commandées par le major général J.E.B. Stuart (6 février 1833-12 mai 1864, mort au combat).

Les Comanches Gris – Brandy Station 9 juin 1863 – Œuvre de Don Trioni

Le 9 juin 1863, Pleasonton lance une attaque surprise à l’aube contre la cavalerie de Stuart, à Brandy Station. L’affrontement va durer toute la journée, au cours de laquelle l’issue de la bataille changera de camp à plusieurs reprises. Finalement, les troupes de Pleasonton abandonneront le terrain et Stuart revendiquera la victoire. Les Fédéraux se retireront sans toutefois découvrir l’armée confédérée du Général Robert E. Lee qui bivouaque non loin, près de Culpeper.

Cette bataille indécise marque la fin de la domination de la cavalerie confédéré à l’Est.

CAMPAGNE DE GETTYSBURG

George G. Meade (à gauche) et Robert E. Lee (à droite)

GETTYSBURG

Du 1er au 3 juillet 1863

Gettysburg

Victoire de l’Union

Vers la fin du mois de mai, l’armée de Lee marche sur la Pennsylvanie. Les troupes de l’Union, envoyées en éclaireurs pour connaître ses plans de campagne, surprennent JEB Stuart et sa cavalerie à Brandy Station, en Virginie.

Bataille de Brandy Station – 9 juin 1863

Pendant douze heures, 21 000 cavaliers se livrent un furieux combat le long du Rappahannock. C’est l’affrontement de cavalerie le plus important de l’Histoire américaine. Même s’il débouche sur une impasse, les soldats de l’Union savent désormais que les Confédérés sont en marche.

Stuart, furieux d’avoir été cueilli par surprise est déterminé à se venger. Il se remet en selle pour évaluer les forces de son ennemi avec, comme strictes consignes, celles de rester en étroit contact avec les forces sudistes de Lee.

Le 16 juin, les colonnes confédérées franchissent le Potomac et entrent dans le Maryland. Elles sont poursuivies par une armée nordiste encore plus puissante qui tente de leur interdire la route de la capitale, Washington.

Le nouveau commandant des troupes fédérales s’appelle George Meade, un officier hargneux et suffisant. Ses hommes lui ont donné comme surnom « la tortue aux gros yeux ». Ses généraux ne sont pas certains de savoir où il cherche à se rendre. Quant à Lee, il ignore tout des mouvements de l’armée fédérale. Le corps de cavalerie de JEB Stuart s’est trop éloigné des forces sudistes, et n’est plus en mesure de tenir son Etat-Major informé.

George Gordon Meade

Tôt le matin du 28 juin, Stuart traverse le Potomac. Vexé après Brandy Station, il s’est lancé dans une nouvelle folle chevauchée sur les arrières de l’armée de George Meade. Il capture 140 wagons flambants neufs remplis d’équipements, ainsi que des mulets.

Stuart sait que tout ce butin représente beaucoup pour les soldats de Lee. Mais il est aussi un obstacle encombrant pour sa mission, qui se doit d’être rapide dans ses déplacements. Il va cependant obéir aux ordres de Lee, celui-ci accordant une importance vitale à la prise de fournitures à l’ennemi.

Stuart aurait dit que sans ses chevaux fatigués « il aurait descendu la 7th Street Road et aurait fait prisonniers Abraham Lincoln et son gouvernement ».

Dans la capitale, c’est la stupeur ; car les cavaliers de Stuart sont si près qu’ils déclenchent des mouvements de panique. Pour se parer à toute éventualité d’une attaque sur Washington, les Nordistes envoient deux brigades de cavalerie et une batterie d’artillerie, afin de repousser les soldats de Stuart. En vain…

Dans son rapport, le général Lee écrit : «   (…) l’absence de la cavalerie a rendu impossible l’obtention d’informations précises. (…) Par la route que Stuart a suivie, l’armée fédérale s’est interposée entre son commandement et notre corps principal, empêchant toute communication avec lui jusqu’à son arrivée à Carlisle. La marche vers Gettysburg a été menée plus lentement qu’elle ne l’aurait été si les mouvements de l’armée fédérale avaient été connus ».

Le 2 juillet, JEB Stuart et ses trois corps de cavalerie arrivent seulement aux alentours de midi sur le champ de bataille, à Gettysburg.

Lee regardait Stuart d’un air sévère, furieux de son retard. Stuart a essayé d’apaiser sa colère en disant d’emblée : « Général, je vous ai rapporté deux cents charriots neufs ». Lee a répondu : « pour l’heure général, ils constituent un obstacle, je vous ai demandé de m’aider à battre l’ennemi ». C’était une remontrance sévère de la part de son commandant en chef.

Et lorsque Lee a compris qu’il l’avait blessé, il dit à Stuart sur un ton paternel : « venez, ça va aller… ».   

« La Guerre de Sécession », de Ken Burns.

Au cours de ce deuxième jour de la bataille, seule la brigade du général Wade Hampton a eu un engagement mineur avec les troupes du jeune général unioniste Custer, à Hunterstown, au nord-est de Gettysburg.

Wade Hampton

Le 3 juillet, les cavaleries des deux camps s’affrontent. Stuart est envoyé sur le flanc gauche de l’armée confédérée. Il doit se tenir prêt à intervenir si la charge de George Pickett est victorieuse. Pour cela, il devra couper les lignes de ravitaillement et de communication de l’armée de George Meade afin de l’affaiblir davantage.

George Edward Pickett

Mais alors qu’il est à cinq kilomètres à l’est de Gettysburg, il se voit forcé d’engager le combat contre la division du général David McMurtrie Gregg et la brigade du général Custer. Un long affrontement épique s’ensuit alors, avec de nombreux duels au sabre de part et d’autre.

George Armstrong Custer

La charge du 1er régiment de Cavalerie du Michigan, menée par Custer, refoule les cavaliers de Wade Hampton, contribuant ainsi à l’échec de la défaite de JEB Stuart.

« J’ai trouvé comme remplaçant un grand garçon d’une vingtaine d’années, d’origine allemande, pour la modique somme de 1100 dollars. Mon alter ego peut faire un bon soldat s’il le souhaite. Je lui ai donné mon adresse et dit de m’écrire s’il se retrouvait à l’hôpital ou s’il était dans le pétrin, et que je ferais mon possible pour lui venir en aide ».

George Templeton Strong

George Templeton Strong.  

« La Guerre de Sécession », de Ken Burns.

En juillet 1863, Lincoln appelle le premier contingent de conscrits. Tous les hommes aptes au service ayant entre vingt et quarante-cinq ans sont enrôlés. Mais la loi favorise les plus aisés. Tout homme disposé à payer trois cents dollars en tant que droit de commutation, ou prêt à engager un remplaçant pour servir dans l’armée à sa place, est exempté.

Les pères de Théodore et Franklin Roosevelt engageront des remplaçants. C’est aussi le cas pour Andrew Carnegie (industriel et philanthrope écossais naturalisé américain), John Pierpont Morgan (financier et un banquier américain), ainsi que pour deux futurs présidents américains, Chester Alan Arthur et Grover Cleveland.   

1864

LA BATAILLE DE LA WILDERNESS

Du 5 au 6 mai 1864

Grant et Lee

Bataille indécise    

Un aumônier des armées décrit la scène de l’armée du Potomac qui se met en marche :

« Le 4 mai 1864, par une belle matinée claire et douce, toute la puissante armée du Potomac se met en marche en direction de la rivière Rapidan. Un nombre presque incalculable d’unités ont levé le camp au son des fanfares qu’ils jouaient gaiement, et au milieu des drapeaux qui flottaient au vent. Régiments, brigades et divisions se sont progressivement déployés, mis en marche dans un ordre impeccable. La scène, même pour des yeux depuis longtemps habitués aux manœuvres militaires, était d’une grandeur magnifique ».  

« La Guerre de Sécession », de Ken Burns.

Bataille de la Wilderness

Le 9 septembre, Lee réorganise sa cavalerie, créant un corps de cavalerie pour Stuart avec deux divisions de trois brigades chacune.

Les 13 et 14 octobre, le major-général JEB Stuart exécute un de ses raids de cavalerie typiques pour capturer des wagons de ravitaillement. Il se heurte au IIIème Corps de l’arrière-garde de l’Union, près de Warrenton. Cet affrontement mineur portera le nom de bataille d’« Auburn ».

Bataille d’Auburn, indécise

Les troupes du lieutenant-général Richard S. Ewell sont envoyées pour venir à son secours. Mais Stuart a caché ses soldats dans un ravin boisé, les rendant invisibles à l’ennemi qui continue sa route sans les apercevoir. La cavalerie de Stuart a hardiment bluffé l’infanterie de son adversaire, le major général Kemble Warren

« Le succès de la cavalerie, dans la campagne de Bristoe, peut être attribué entièrement à l’audace et à l’énergie infatigable du major-général Stuart. C’est lui qui dirigeait chaque mouvement d’importance, et sa fougue, sa fermeté et son énergie gagnèrent la confiance illimitée de ses officiers et de ses hommes, lors de ce prestigieux succès ».

Colonel confédéré Oliver Funsten.

Lee et ses 60 000 hommes attendent Grant au milieu d’un terrain boisé et sauvage connu sous le nom de forêt de la Wilderness, où un an plus tôt, ils ont mis en déroute la même armée, alors sous les ordres de Joseph Hooker.

Le secteur est couvert d’une forêt dense presque impénétrable par une armée en formation de bataille. Le taillis est si serré que l’on voit difficilement à plus de cent mètres à la ronde, de telle sorte que les mouvements de l’ennemi ne sont perceptibles que lorsque les lignes des deux belligérants sont sur le point de se heurter.

La bataille de la Wilderness débute dans la confusion la plus totale. Les soldats s’égarent, tirent sur leurs propres unités ; les officiers s’orientent à la boussole pour se repérer. Stuart intervient puissamment lors de l’attaque de la brigade du général de division Thomas L. Rosser contre la brigade du Michigan de George Custer, entraînant des pertes importantes.

Le général Lee envoie un message à Stuart : « Général, il est très important de sauver votre cavalerie et de ne pas l’épuiser. … Vous devez utiliser votre bon jugement pour effectuer toute attaque susceptible d’offrir des avantages. »

Au cours de la bataille, la cavalerie de Stuart mène des actions retardatrices contre la cavalerie de l’Union.

Le 7 mai, Grant et son armée du Potomac se mettent en marche vers Spotsylvania Court House, un petit village carrefour sur Brock Road. Grant espère s’intercaler entre l’armée de Robert E.

Joseph Brevard Kershaw

Lee et Richmond, ou à défaut attirer les confédérés à découvert où il pourrait profiter du surnombre de ses forces. JEB Stuart a pour ordre d’empêcher les fédéraux d’atteindre Spotsylvania. Pendant deux jours, une division de la cavalerie de Stuart, dirigée par Fitzhugh Lee, combat des cavaliers de l’Union pour le contrôle de la route de Brock, la route la plus directe entre le champ de bataille de Wilderness et le palais de justice de Spotsylvania.

Le général Fitzhugh Lee

Contraint d’abandonner sa position près de Todd’s Tavern, Lee se retire à Laurel Hill le 8 mai. Pour Lee, Laurel Hill se présente comme la dernière position de défense de ce côté de Spotsylvania. Si les sudistes perdaient Laurel Hill, ils perdraient Spotsylvania dans la foulée. A Laurel Hill, JEB Stuart, dirigeant également l’infanterie du Général Joseph B. Kershaw, va retarder habilement l’avancée de l’armée fédérale pendant les 5 heures cruciales qui vont suivre.

LA BATAILLE DE YELLOW TAVERN

May 11, 1864 – Battle of Yellow Tavern. General J. E. B. Stuart is mortally wounded.

La bataille de Yellow Tavern s’est déroulée le 11 mai 1864. La cavalerie de l’Union du Major Général Philippe Sheridan fut détachée de l’armée de Grant du Potomac pour mener une attaque sur Richmond, en Virginie. Au cours du raid, elle se heurta à la cavalerie confédérée du Major Général J.E.B. Stuart. Celui-ci sera mortellement blessé au cours de la bataille, et mourra le lendemain, le 12 mai.

Sheridan assure avec fougue qu’il veut « rassembler ses cavaliers, concentrer toutes ses forces pour affronter JEB Stuart, et le battre ». Le général George Meade rapportera ces propos à son général en chef, Ulysse Grant. Celui-ci lui répondra : « Est-ce que Sheridan a dit cela ? Eh bien, il sait généralement de quoi il parle ! Laissez-le faire tout de suite ! ».

Major Général Philip Sheridan. (6 mars 1831 – 5 août 1888)

Sheridan organise rapidement un raid contre les lignes de ravitaillement et de chemin de fer confédérés, près de Richmond. Par cette manœuvre, il sait qu’il conduira Stuart à venir l’affronter.

Le 9 mai, le puissant corps de cavalerie (plus de 10 000 hommes et de 32 pièces d’artillerie), part en direction du sud-est afin de se glisser derrière les lignes de l’armée de Lee. Les objectifs de Sheridan sont multiples : il doit perturber les lignes de ravitaillement de l’ennemi, détruire les voies de chemin de fer, menacer Richmond, la capitale de la confédération (afin de perturber l’armée de Lee), et enfin et surtout, battre J.E.B. Stuart.

Sur son chemin vers le sud-est, Sheridan traverse la rivière North Anna, et s’empare de la gare de Beaver Dam sur la ligne de chemin de fer central de Virginie, où ses hommes capturent un train. Ils libèrent 3 000 prisonniers nordistes, et détruisent un gros stock de rations et de fournitures médicales destinées à l’armée de Lee. Stuart, à la tête d’une force d’environ 3 000 cavaliers, veut intercepter la cavalerie de Sheridan. Il va se battre à un contre trois.

Il est accompagné de son aide, le major Andrew R. Venable. En cours de route, ils s’arrêtent brièvement le long du chemin pour rencontrer l’épouse de Stuart, Flora, et ses enfants, Jimmiy et Virginia.

Venable écrira à propos de Stuart : « Il m’a dit qu’il ne s’attendait pas à survivre à la guerre ; et que si le Sud était vaincu, il préférait mourir au combat ».

L’affrontement se déroule le 11 mai autour d’une auberge abandonnée, située à 9,7 km au nord de Richmond. Les forces confédérées résistent et se battent pendant plus de trois heures depuis la ligne de crête basse bordant la route de Richmond. Après avoir reçu un rapport de reconnaissance du Texas Jack Omohundro, Stuart décide de mener une contre-charge, et repousse les soldats de l’Union qui s’avançaient du sommet de la colline.

John Baker Omohundro (27 juillet 1846-28 juin 1880) fut également connu sous le nom de « Texas Jack » C’était un éclaireur américain, un acteur et un cow-boy. Né en Virginie, il servit les États confédérés d’Amérique pendant la guerre civile américaine.

Stuart, sur son cheval, se bat comme un beau diable en criant des encouragements à la compagnie K du 1er régiment de cavalerie de Virginie (1st Virginia Cavalry), tout en tirant avec son revolver sur les soldats ennemis en bleu.

Alors que le 5ème régiment de cavalerie du Michigan recule devant la charge de Stuart, un soldat à pied de l’Union, John A. Huff, 44 ans, tire sur Stuart avec son revolver (un calibre 44, à une distance de 10 à 30 mètres). La balle de Huff l’atteint sur le côté gauche, traverse son estomac et sort dans son dos, à un pouce à droite de sa colonne vertébrale.

Stuart tombe dans les bras du commandant de la Compagnie K, Gustavus Warfield Dorsey, qui le rattrape et le fait descendre de son cheval.

Gustavus Warfield Dorsey

Stuart lui dit : « Dorsey… sauvez vos hommes ». Dorsey refusera de le quitter et l’amènera à l’arrière.

C’est dans de grandes souffrances que le général est transporté à Richmond dans une ambulance. Sur son chemin, Stuart remarque ses hommes qui battent en retraite et leur lance ses derniers mots sur le champ de bataille : « Retournez, retournez, et faites votre devoir comme j’ai fait le mien, et notre pays sera en sécurité. Rentrez, rentrez ! J’aime mieux mourir que d’être battu ».

Stuart demandera que son épée et ses éperons soient donnés à son fils.

Le célèbre chapeau à plumes du général Stuart, le revolver LeMat, le sabre, les gants et le bureau.

Le 11 mai 1864, le général JEB Stuart est transporté à Richmond où les médecins travaillent fébrilement toute la nuit pour soulager sa douleur et lui épargner les souffrances.

Il décède le lendemain à 19 h 38, avant que son épouse Flora Stuart n’arrive à son chevet ; il avait 31 ans.

John Huff, le soldat qui le blessa mortellement, sera tué au combat quelques semaines plus tard, lors de la bataille de Haw’s Shop.

Stuart est enterré au cimetière hollywoodien de Richmond. En apprenant sa mort, le général Lee aurait déclaré qu’il pouvait difficilement s’empêcher de pleurer à la simple mention de son nom.

 

A l’instar de nombreux monuments sudistes, dans le prolongement des mouvements de protestation consécutifs au meurtre de George Floyd, sa statue équestre fut déboulonnée et retirée le 7 juillet 2020.

Statue équestre de JEB Stuart

Sources :

La « Guerre de Sécession », de Ken Burns.  

Extraits de « Il y a toujours un reporter ». (« La guerre de Sécession », de Victor Austin, paru aux éditions René Julliard.)

Photos publiques Facebook

https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_S%C3%A9cession

https://fr.wikipedia.org/wiki/James_Ewell_Brown_Stuart

https://en-m-wikipedia-org.translate.goog/wiki/J.E.B._Stuart?_x_tr_sl=en&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=fr&_x_tr_pto=sc

https://www-battlefields-org.translate.goog/learn/maps/spotsylvania-court-house-laurel-hill-may-8-1864?_x_tr_sl=en&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=fr&_x_tr_pto=sc

 

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  1. 12 mars 2023

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  2. 13 avril 2023

    […] Quant à Lee, il ignore tout des mouvements de l’armée fédérale. Le corps de cavalerie de JEB Stuart s’est trop éloigné des forces sudistes, et n’est plus en mesure de tenir informé son […]

  3. 2 juillet 2023

    […] Quant à Lee, il ignore tout des mouvements de l’armée fédérale. Le corps de cavalerie de JEB Stuart s’est trop éloigné des forces sudistes, et n’est plus en mesure de tenir informé son […]

  4. 3 juillet 2023

    […] – Le corps de cavalerie est commandé par le général de division James Ewell Brown (« JEB ») Stuart. […]

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