Le Sacre de Charles VII
LA GUERRE DE CENT ANS
De 1337 à 1453
LES VALOIS DIRECTS
LE SACRE DE CHARLES VII
Le 17 juillet 1429
SOMMAIRE
Les victoires de Jeanne « la Pucelle », qui ont succédé à la brillante levée du siège d’Orléans au cours de la campagne de la Loire, ont libéré la route de Reims. Jeanne d’Arc peut maintenant se consacrer à sa mission première, faire sacrer Charles VII roi de France.
Le 17 juillet 1429, dans la cathédrale sacrée des rois de France, à Reims, Charles de Ponthieu est couronné par l’archevêque Regnault de Chartres sous le nom de Charles VII.
Celui-ci récupère le trône dont il avait été déchu par le traité de Troyes. La légitimité de celui que l’on appelle dorénavant Charles VII est enfin attestée.
LE TRAITE DE TROYES
Allié à la reine Isabeau de Bavière, il signe avec Henry V le désastreux traité de Troyes. Par cet accord, le roi d’Angleterre devient l’héritier de la couronne de France et le régent du royaume, jusqu’à la mort du roi Charles VI le « Fol ». Le Dauphin Charles, déclaré bâtard par sa mère, la reine Isabeau de Bavière, refuse le traité de Troyes, et cherche le soutien du centre et du sud de la France.
CONTEXTE
Fait unique dans les annales de l’Histoire de France, Charles VI de France (dit « le Fol ») déshérite son fils de la succession au trône, et lègue le royaume de France à Henri V d’Angleterre. Charles VI mort, son fils Charles de Ponthieu conteste sa destitution et réclame la couronne.
Les victoires françaises, lors de la « Campagne de la Loire » orchestrée de main de maître par Jeanne d’Arc, ont refoulé les Anglais vers Paris.
– le siège d’Orléans (12 octobre 1428 – 9 mai 1429) – la bataille de Jargeau (10 juin 1429 –12 juin 1429) – la bataille de Meung-sur-Loire (14 juin 1429) – la bataille de Beaugency (15 juin 1429 – 16 juin 1429) – la bataille de Patay (18 juin 1429).
Malgré cette situation favorable, le dauphin Charles refuse de poursuivre jusqu’à Reims, qui reste aux mains des Bourguignons. Il préfère rester à Sully-sur-Loire, et replie son armée à Orléans. C’est là qu’il compte s’y faire couronner, comme l’a fait en son temps Louis VI. Cependant, un sacre à Reims aurait une répercussion et un éclat beaucoup plus grand. La cérémonie du sacre serait vu comme un nouveau miracle, attestant de sa légitimité de droit divin.
Jeanne d’Arc, après avoir initialement rencontré le Dauphin le 23 mai 1429 à la Cité Royale de Loches, le rencontre à nouveau le 21 juin suivant. Malgré le risque que constitue l’expédition, elle veut le convaincre de se rendre à Reims.
Elle arrive à surmonter les réticences du dauphin, et le persuade de se mettre en route. Ce nouveau défi paraît en effet aussi insensé que le précédent, la ville de Reims étant en plein milieu des possessions Anglo-Bourguignonnes.
Le lendemain, le grand conseil du dauphin se réunit à Châteauneuf-sur-Loire, et décide le rassemblement de l’armée à Gien.
LA CHEVAUCHÉE VERS REIMS
Le 29 juin 1429, Jeanne d’Arc, à la tête d’une armée de douze mille hommes, s’apprête à se mettre en marche en direction de Reims. C’est précisément dans cette cité des sacres royaux, entourée d’ennemis, que le dauphin Charles de Ponthieu, comme ses prédécesseurs, doit être couronné roi de France.
Cependant, la route du sacre est jonchée de dangers, et le péril est grand pour le futur monarque. C’est pourquoi ni son épouse Marie d’Anjou (la fille de Yolande d’Aragon), ni son héritier, le futur Louis XI, ne seront du voyage.
Tout au long du parcours, l’on s’empresse autour du cortège pour donner les clefs des villes traversées au futur roi de France. C’est ainsi que Auxerre, Troyes, Châlons-sur-
Marne, « tombent » dans l’escarcelle du dauphin Charles de Ponthieu.
Le 16 juillet 1429, l’armée conduite par Jeanne d’Arc arrive en vue du château de Sept-Saulx. On est proche de Reims ; déjà l’allégresse est immense, et les esprits s’exaltent de toucher enfin au but. Pour Jeanne, c’est aussi une grande joie de retrouver sa famille, son père Jacques d’Arc et sa mère Isabelle Romée. Oui, c’est une belle journée !
Les 4 et 11 juillet, le futur roi Charles VII a écrit aux Rémois, pour leur annoncer son arrivée. Il leur demande de « recevoir, selon la coutume de nos prédécesseurs, notre sacre et couronnement ». Il requiert de leur part « loyauté et obéissance » pour l’accueillir.
Dans la ville, la population est hésitante. On redoute la réaction des Anglais et leurs sanglantes représailles. Mais on désire aussi, secrètement, les voir partir pour toujours ; alors on veut capituler.
Le 15 juillet 1429, dans la soirée, la nouvelle se répand comme une traînée de poudre dans la vieille cité rémoise. A chaque porte de la ville, le long du quartier de la cathédrale jusqu’aux abords de Saint-Rémi, partout on clame que le roi de France Charles VII, le légitime, est au château de Sept-Saulx (une énorme forteresse bâtie au XIIème siècle, et qui est la propriété de l’archevêque de Reims), à quatre lieues de là. On dit qu’il est accompagné d’une jeune Lorraine à la tête de son armée. Cette jeune « Pucelle », dont on parle beaucoup dans les chaumières du royaume, c’est le cauchemar des Anglo-Bourguignons : Jeanne d’Arc.
Une délégation de parlementaires se rend aussitôt à Sept-Saulx et entame des pourparlers de soumission. L’entrevue est longue et laborieuse.
Alors que les discussions vont bon train, Jeanne d’Arc, dit-on, prie à l’église.
En définitive, le roi pardonne généreusement aux Rémois d’avoir collaboré avec les occupants… parce qu’ils ne pouvaient faire autrement.
UNE COURTE NUIT DE PRÉPARATIFS
On dispose d’à peine 24 heures pour préparer l’événement ! Le roi arrive le samedi 16 juillet 1429, et le sacre doit avoir lieu le lendemain.
C’est une cérémonie particulière, faite… au pied levé ! Et dans l’urgence, au cas où les Anglais interviendraient.
Toute la nuit, la population s’affaire aux préparatifs de décoration de sa ville. Elle n’a que peu de temps pour dresser les estrades, orner la cité, et embellir somptueusement sa cathédrale, objet de toutes les attentions…
Ces préparatifs demandent habituellement des semaines, mais là, il faut faire vite car le temps presse : la trêve signée avec Philippe le Bon, le duc de Bourgogne, est fragile.
C’est à l’archevêque Regnault de Chartres que revient l’intime honneur de présider à la cérémonie du sacre. Lui qui a été banni de la ville il y a peu de temps par les Anglo-
Bourguignons, tient sa revanche et dirige les préparatifs de l’événement prévu pour le lendemain, le dimanche 17 juillet 1429.
Il s’affaire, faute de mieux, pour substituer les ornements royaux (« les regalia ») de la cérémonie du sacre que l’on n’a pas pu faire venir de la cité de Saint-Denis, occupée par les Anglais. On en déniche des moins illustres, dont une vieille couronne. On n’a pas le temps d’atermoyer ; c’est sûr, elle fera l’affaire !
Tout fait défaut ! Les vêtements royaux aussi se trouvent à Saint-Denis ! on doit les remplacer par d’autres, qui seront spécialement confectionnés par les dames de la ville de Reims.
Comme le veut la tradition, Charles se recueille et passe la nuit en prières dans la cathédrale. Dès neuf heures du matin, les invités se pressent à l’intérieur comme à l’extérieur. Les festivités vont bon train, et la population en liesse s’attroupe sur le parvis. Nombreux sont ceux qui ne se sont pas déplacés pour assister au sacre. Le duc de Bourgogne, lui, s’est fait remplacer par ses représentants.
On a choisi les seigneurs de Boussac et Gilles de Rais (maréchaux de France), le seigneur de Graville (maître des arbalétriers), et l’amiral de Culant, pour aller chercher la Sainte Ampoule auprès des moines de l’abbaye de Saint Rémi. (On les appelle « otages », parce qu’ils s’engagent sur leur vie et par serment à préserver ce liquide précieux).
GILLES DE RAIS, BARON DE RETZ
Le baron de Rais participe à la levée du siège d’Orléans. Il sera promu maréchal de France le 17 juillet 1429, jour du sacre royal de Charles VII à Reims. Il combat les Anglais aux côtés de Jeanne d’Arc, à Jargeau (le 12 juin 1429) et à Patay (le 18 juin 1429).
Cette huile sacrée servit autrefois au baptême de Clovis. Mélangée au Saint Chrème, elle servira d’onction à l’archevêque Regnault de Chartres pour oindre Charles.
LE MIRACLE DE LA SAINTE AMPOULE
De cette légende serait venue la coutume des sacres des rois de France à Reims. L’ampoule de Saint Chrême représenterait la manifestation divine du pouvoir des monarques qui allaient se succéder sur le trône de France…
LE ROI LOGE A L’ARCHEVÊCHÉ
Toujours suivant la tradition, le roi loge à l’archevêché, au palais du Tau. Il est de coutume que cette résidence serve avant et après les Sacres.
C’est là, dans la salle du Festin, que le roi va prendre son fastueux repas après la messe du sacre : il est à jeun depuis la veille !
LA CÉRÉMONIE DU SACRE
Sous les acclamations de la foule, les quatre ambassadeurs de la « Sainte Ampoule » pénètrent à cheval dans l’enceinte sacrée, par les portes grandes ouvertes de la cathédrale.
JEANNE EST PARMI LA FOULE…
Le matin du 18 juillet, princes, chevaliers, seigneurs, clergé, noblesse, armée, peuple…tous affluent vers la cathédrale et tentent de se masser dans l’immense édifice, qui devient bien vite trop petit pour accueillir cette masse populaire grouillante que l’on voit refluer vers les rues voisines.
DES TRAITRES DANS LES RANGS DES NOTABLES !
Douze dignitaires doivent assister à la cérémonie du Sacre ; seuls trois répondront présents, tous les autres resteront fidèles aux Anglo-Bourguignons. (On compte parmi ceux-ci le célèbre Pierre Cauchon, futur organisateur du procès de Jeanne d’Arc à Rouen, et évêque de Beauvais !) Peu importe, on les remplacera au pied levé par des figurants triés parmi la noblesse.
La cérémonie dure cinq heures ; rien n’a changé depuis le Sacre de Louis IX, le 29 novembre 1226. Puis Charles se prosterne devant les marches de l’autel, et le monarque tout ému écoute chanter la litanie des saints.
L’archevêque Regnault de Chartres signe Charles délicatement, avec l’huile sainte, la tête, la poitrine, les épaules et les bras. Puis le roi Charles enfile la tunique et la chape de soie.
Après une autre onction sur les mains, il met ses gants, et reçoit l’anneau (symbole de son union avec ses sujets).
Douze dignitaires, six laïcs et six religieux tiennent la couronne au-dessus de sa tête, et accompagnent le roi jusqu’à l’autel. C’est à Regnault de Chartres que revient l’honneur de la placer sur la tête du nouveau roi.
L’émotion est palpable dans toute la bonne ville de Reims ; la ferveur s’amplifie et la foule clame : « Vive le roi éternellement ! ».
On fait des lâchers de colombes, alors que les trompettes sonnent avec allégresse. La fête va durer quatre jours ; Reims est en liesse. Le Té Deum résonne dans toutes les villes du royaume ; même à Beauvais, où l’évêque est un certains Pierre Cauchon.
Le 21 juillet, juste avant son départ, le nouveau roi Charles VII se libère de son don de guérisseur des écrouelles, à l’abbaye Saint-Marcoul de Corbémy. Ca y est, cette fois c’est vrai, Charles est devenu roi de France. La « petite Pucelle » de Lorraine peut se réjouir : elle a réussi…
Jeanne est satisfaite ; elle n’a rien demandé au roi, excepté un privilège pour les villages de Domrémy et de Greux, dont elle est issue : celui de bénéficier d’une exemption d’impôts. Le 31 juillet 1429, Charles intercède favorablement à la demande de la « Pucelle ». Les habitants de ces deux villages seront exonérés de taxes et charges pendant plusieurs siècles, jusque sous le règne de Louis XVI.
Sources :
Mes photos
Photos publiques Facebook
Les rois de France des Éditions Atlas (Valois directs).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_Cent_Ans
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeanne_d%27Arc
https://fr.wikipedia.org/wiki/Si%C3%A8ge_d%27Orl%C3%A9ans_(1428-1429)
http://www.editionsfradet.com/1429-la-marche-triomphale-de-jeanne-d-arc-d-orleans-a-reims.html
https://www.herodote.net/17_juillet_1429-evenement-14290717.php
3 réponses
[…] 17 juillet 1429, lors du sacre de Charles VII à Reims, Jean de Brosse est l’un des trois seigneurs, avec Louis de Culant et Gilles de Rais, […]
[…] ne se privera donc pas de démontrer l’illégalité et la nullité du sacre de Charles VII, le « petit roi de Bourges ». Car celui-ci est devenu un imposteur sur le trône de France par […]
[…] – Le sacre de Charles VII. […]