Saint Rémi, évêque de Reims

LES MÉROVINGIENS

Mérovée

SAINT REMI, ÉVÊQUE DE REIMS

Saint Rémi

SOMMAIRE

Rémi, sacré évêque de Reims en 459, fut une des grandes figures de la période mérovingienne. De son vivant, cet illustre personnage a été le plus brillant et le plus important des Gaules du Nord. Il est, avec la reine Clotilde, l’instigateur de la conversion de Clovis à la foi catholique. C’est lui aussi qui, un jour de Noël 498, aura le grand privilège de baptiser le roi des Francs. Rémi sera le précurseur et le grand artisan de la fondation de l’Église et du Royaume des Francs.

Baptême de Clovis

Lire : le baptême de Clovis.

LE MIRACLE DE LA SAINTE AMPOULE

Au IXème siècle, l’archevêque de Reims Hincmar (806 et 882) écrit un événement de la vie de Rémi où il allie vérité historique et légende. Il y relate la célèbre anecdote de la « Sainte ampoule ». Selon lui, à l’occasion du baptême de Clovis, Rémi aurait demandé à Dieu une ampoule de Saint Chrême. Ce vœu aurait été accompli par une colombe d’une blancheur immaculée, qui aurait pénétré mystérieusement le sanctuaire.

Le baptême de Clovis

De cette légende serait venue la coutume des sacres des rois de France à Reims. L’ampoule de Saint Chrême représenterait la manifestation divine du pouvoir des monarques qui allaient se succéder sur le trône de France…  

Si l’on se réfère à l’inscription portée sur son tombeau par l’archevêque Hincmar de Reims en 852, Rémi sera évêque de Reims durant 74 ans (de 459/462 jusqu’à sa mort, en 533).

Saint Remi est l’un des patrons catholiques de l’archidiocèse de Reims.

Saint Remi baptisant Clovis

Il est fêté le 15 janvier en France, et le 13 janvier au martyrologe romain. Dans le diocèse de Reims, il est célébré le 1er octobre selon une coutume locale remontant à la fin du VIème siècle.

NAISSANCE ET FAMILLE

Rémi naît vers 437 à Cerny-en-Laonnois, dans ce qui n’était pas encore le diocèse de Laon. Il meurt à Reims le 13 janvier 533.

Remi est issu de la bonne société gallo-romaine, mais qui n’appartient pas à l’aristocratie sénatoriale romaine. On dit qu’il était le fils du comte Émile de Laon (né vers 410-?) et de Celinia, « Sainte Céline » (née vers 415, décédée vers 458).

Son frère, Saint Prince, « Principius ou Principe » (décédé le 25 sept 505), fut le douzième évêque de Soissons (vers 474 ?).     

SON ENFANCE & SES DÉBUTS

Remi fit sans doute des études à Reims, comme il était d’usage dans son milieu. Le jeune garçon reçut une éducation normale, appliquée. Le premier historien des Mérovingiens, Grégoire de Tours (Histoire des Francs), le qualifiera de fin connaisseur des Saintes Ecritures et le flattera comme étant « d’une grande science et versé dans la rhétorique ». 

Lire : Grégoire de Tours

A seulement vingt-deux ans, il est littéralement choisi par les fidèles rémois, qui le nomment évêque de Reims et le font métropolitain de la région de Belgique Seconde.

En 297, sous le règne de Dioclétien (244-311/312), la Belgique fut divisée en trois provinces : la Belgique première, avec comme capitale Augusta Treverorum (Trèves), la Belgique seconde, avec comme capitale Durocortorum (Reims), et la Séquanaise, avec comme capitale Vesontio (Besançon).

Sa réputation est grande ; il jouit d’un charisme exceptionnel, ainsi que d’un énorme talent d’orateur (aptitude qui lui vient probablement de sa courte carrière d’avocat). Grâce à ce soutien populaire, il l’emportera sur ses autres concurrents.

SA VIE 

A la suite de la bataille de Soissons, Rémi adresse une missive au roi des Francs. (Ce dernier s’affiche alors comme l’héritier de l’Empire romain d’Occident). Dans cette lettre, il fait les louanges de Childéric Ier (vers 436-481), le père de Clovis. Puis avec beaucoup de tact, il sollicite de la part du nouvel homme fort des Gaules, le respect et la plus grande bienveillance envers les institutions chrétienne et catholiques.

La bataille de Soissons 486

Lire : la bataille de Soissons.

Geneviève sainte catholique

Rémi, comme Geneviève de Paris, a compris toute l’importance de faire perdurer l’héritage religieux pour celui qui veut étendre son autorité sur un territoire demeuré encore « romain », même quelques années après la chute de l’Empire d’Occident.

Saint Rémi tenant la Sainte Ampoule

Il soumet donc à Clovis un pacte de respect mutuel. Cet accord assurera une bonne transition entre la puissance romaine en déliquescence et les forces barbares. Il s’évertue ainsi de garantir la survie d’une Église qui est à la fois menacée par le paganisme des Francs, et par l’hérésie arienne des Wisigoths et des Burgondes.

 

 

Wisigoth : peuple germanique issu des Goths.

Les Wisigoths migrèrent depuis la région de la mer Noire, et s’installèrent vers 270-275 dans la province romaine abandonnée de Dacie (actuelle Roumanie), au sein de l’Empire romain.

Dès 376, ils migrèrent à nouveau vers l’ouest, et vécurent au sein de l’Empire romain d’Occident, en Hispanie et en Aquitaine.

Les Wisigoths vont habilement conserver l’organisation civile gallo-romaine existante, ne s’appropriant exclusivement que les affaires politiques, militaires et la collecte de l’impôt. Le royaume wisigoth devient ainsi rapidement prospère et suscitera les convoitises des Francs.

Le royaume Burgonde au Vème siècle

Les Burgondes représentent un des peuples du groupe des Germains orientaux.

Au Ier siècle, ils migrent vers l’actuelle Poméranie aux bouches de l’Oder.

Au IIème siècle, ils s’établissent en Silésie, aux sources de la Vistule.

Vers la fin du IIIème siècle, ils font mouvement vers l’Elbe, puis vers le Main.

À la fin du IVème siècle, à la suite de la migration des Vandales et Alains en Gaule romaine, ils s’établissent aux abords du Rhin, en Germanie supérieure. Ils constituent ainsi un premier royaume en 413.

En 436, ils seront battus par les Huns en Germanie inférieure.

A la fin des Migrations germaniques de la fin de l’Antiquité, les Burgondes s’établissent durablement dans le centre-est de la Gaule, comme peuple fédéré de l’Empire romain d’Occident. Au Vème siècle, lors de l’effondrement de ce dernier, les Burgondes y fondent un royaume couvrant initialement une grande partie des actuelles régions suivantes : Bourgogne, Franche-Comté, Savoie, Lyonnais, Dauphiné et Suisse romande.

Dès 534, le Royaume des Burgondes est absorbé dans l’Espace Mérovingien en tant que « Regnum Burgundi », futur Royaume de Bourgogne.

Au cours des trente années qui vont suivre, Remi sera remarqué pour sa force morale et son étonnante charité. Il sera le premier à rassembler des dons et subsides afin de les redistribuer aux plus démunis de son diocèse.

Les plus fragiles des créatures du seigneur bénéficient également de sa bonté quand, comme le raconte sa légende, « il offre aux moineaux les miettes de son repas ».

Doté d’une solide notoriété dans sa ville de Reims, Rémi est mandaté par la reine Clotilde pour convaincre son époux Clovis à se convertir au Christianisme (C’était d’ailleurs son vœu pieux lors de la bataille de Tolbiac, lorsqu’il avait demandé l’aide du Dieu de Clotilde pour avoir la victoire).

La bataille de Tolbiac

Lire :

La bataille de Tolbiac.

La reine Clotilde.

Dès son arrivée aux côtés du roi des Francs, Rémi va s’évertuer à combattre ses croyances païennes et à lui enseigner les préceptes de la foi catholique. Ses efforts ne seront pas vains : le 25 décembre 496, il baptisera Clovis et trois mille de ses guerriers.

Ce chiffre est cependant sujet à controverse et l’application post-baptismale de l’onction est sans aucun doute impossible : il aurait été difficile pour l’évêque de verser du chrême (un mélange d’huile d’olive et de résine aromatique) sur le front de 3 000 personnes.

Cathédrale Notre Dame de Reims

Dès lors, Rémi devient le principal consultant du roi des Francs, et une certaine complicité s’instaure. Entre Clovis et l’évêque de Reims naît une relation marquée par une estime et une bienveillance réciproques.

Pape Gélase Ier

Le prélat, qui est un homme avisé et écouté, sera choisi au cours de son très long épiscopat (74 ans), pour mener des missions d’évangélisation dans des contrées païennes et ariennes. Rémi fondera les évêchés de Laon, de Cambrai, d’Arras et de Thérouanne.

Nonobstant, l’évêque de Reims va se retrouver écarté au sein d’un clergé qui préconise l’indépendance de l’Église vis-à-vis du pouvoir royal central (suivant la doctrine du pape Gélase Ier, qui réaffirme avec vigueur la doctrine traditionnelle de l’autonomie de la juridiction ecclésiastique vis-à-vis du pouvoir politique, affirmant ainsi la supériorité du spirituel sur le temporel).

RANCŒURS ET JALOUSIES

Remi jouit d’un vrai prestige, mais ne fait pas l’unanimité auprès de tous ses confrères. Autant d’honneur et de privilèges ne vont pas lui apporter que des louanges.

Il écrit une lettre au sujet d’un certain Claudius, un prêtre qu’il a lui-même consacré, ce qui lui vaut les critiques de ses confrères évêques : ces derniers jugent que Claudius, ayant fait des dettes, doit être destitué de sa charge. Lors de cette affaire, des rancœurs et des jalousies naissent, et se transforment vite en une véritable opposition envers Rémi. L’attitude sacrilège du prêtre Claudius (qui s’est montré indigne des fonctions qui lui ont été allouées) provoque le scandale. Rémi, qui a nommé Claudius à la demande de son roi, se voit forcé de le destituer.

En 511, après la mort de Clovis, alors qu’il se cramponne à l’idée de restaurer l’ordre antique sous la tutelle des Francs, Rémi est de plus en plus violemment désavoué par ses pairs. Ses opposants le nomment méchamment le vieux « jubilaire ».

SA MORT

Rémi meurt en 533 à 96 ans, un âge très avancé pour l’époque.

Dans son testament il fait une demande assez insolite : il souhaite faire fondre un magnifique vase afin d’en faire un encensoir et un calice. Il s’agirait probablement du « vase de Soissons » !

Basilique Saint-Remi de Reims

A Reims, le culte de Saint Rémi est fêté le 1er octobre de chaque année. Il est inhumé dans la petite église Saint Christophe, qui deviendra par la suite Basilique Saint Rémi

Basilique Saint-Remi de Reims

Au IXème siècle (en 852), Hincmar (l’archevêque de Reims) fera transférer les cendres de Rémi à Épernay. Une partie infime sera déplacée à Sainte-Marie de Reims.

En 882, la chasse contenant les reliques du Saint est mise hors d’atteinte à Épernay, afin de la protéger des invasions normandes. Elle sera ensuite transportée et tenue à l’abri dans l’église de l’Abbaye Saint-Pierre d’Orbais ; puis en juin 883, elle sera rapportée solennellement à Sainte-Marie.

L’Abbaye Saint-Pierre d’Orbais

En 900, l’archevêque Hervé replace les reliques à Saint Remi, où elles seront honorées jusqu’à la Révolution française. Le corps de Saint Remi était alors indemne.

En 1049, elles voyageront à nouveau et seront rapportées à Reims, où en présence du pape Léon IX on les entreposera dévotement à l’abbaye Saint Rémi.

Sources :

Les rois de France des Éditions Atlas (Les Mérovingiens).

https://fr.wikipedia.org/wiki/Remi_de_Reims

https://gw.geneanet.org/zardoz?lang=fr&n=gallo+romains&oc=0&p=remigius

https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9rovingiens

https://fr.wikipedia.org/wiki/Clovis_Ier

https://fr.wikipedia.org/wiki/Clotilde_(femme_de_Clovis)

 

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1 réponse

  1. 9 novembre 2022

    […] IXème siècle, l’archevêque de Reims Hincmar (806-882) écrit un événement de la vie de Rémi où il allie vérité historique et légende. Il y relate la célèbre anecdote de la « Sainte […]

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