La Guerre de Sécession – La bataille de Cedar Mountain
LA GUERRE DE SÉCESSION
(1861-1865)
LA BATAILLE
DE CEDAR MOUNTAIN
(9 août 1862)
SOMMAIRE
Les forces nordistes, placées sous les ordres du général Nathaniel Prentice Banks (1816-1894), attaquent, près de Cedar Mountain, l’armée du général confédéré Thomas J. « Stonewall » Jackson. Ce dernier, envoyé par Robert E. Lee, avance sur Culpeper House pour stopper leur progression vers le centre de la Virginie. Les forces de Banks, après un début prometteur où elles manquent de peu la victoire, essuient une contre-attaque sudiste qui enfonce ses défenses et entraîne sa défaite.
CONTEXTE
McClellan qui a subi un échec lors de « la bataille des sept jours », au cours de la « Campagne de la péninsule », vient d’être destitué par le Président Lincoln.
(Août à septembre 1862) La campagne de Virginie Septentrionale, aussi connue sous le nom de « Seconde campagne de Bull Run » ou de « Seconde campagne de Manassas », est une suite de batailles qui se sont déroulées en Virginie, entre Août et septembre 1862, sur le théâtre oriental de la Guerre de Sécession. Le général Robert E. Lee, commandant en chef de l’armée des États confédérés, choisit de se diriger vers le nord, vers Washington. Il veut affronter et battre tout de suite l’armée de Virginie, commandée par le général John Pope (1822-1892), avant que celle-ci ne s’unisse à celle du Potomac du major-général George McClellan. Pour stopper la progression de John Pope, qui marche sur Gordonsville, Lee envoie le major-général Thomas J. « Stonewall » Jackson.
LES BATAILLES DE LA CAMPAGNE DE
VIRGINIE SEPTENTRIONALE
– Le 9 août : bataille de Cedar Mountain, connue en anglais comme bataille de Slaughter’s Mountain (bataille de la montagne du Massacre), ou battle of Cedar Run (bataille du ruisseau des Cèdres). La bataille s’est déroulée dans le comté de Culpeper, État de Virginie.
Victoire des forces confédérées commandées par le général Thomas J. « Stonewall » Jackson, face à l’armée de l’Union placée sous les ordres du général Nathaniel P. Banks (1816-1894).
La bataille de Cedar Mountain fut la première bataille de la Campagne de Virginie Septentrionale. Elle se terminera par la défaite des Unionistes lors de la Seconde bataille de Bull Run.
– Du 22 au 25 août : bataille de Rappahannock Station, dans les Comtés de Fauquier et Culpeper, Virginie.
Bataille indécise entre les forces confédérées commandées par le général Thomas J. « Stonewall » Jackson, face à l’armée de l’Union placée sous les ordres du général John Pope (1822-1892).
– Du 25 au 27 août : combats de Manassas station (aussi connus sous les noms de Bristoe Station, de Kettle Run, de Bull Run Bridge ou d’Union Mills), dans le Comté du Prince-William, Virginie.
Victoire des forces confédérées commandées par le général Thomas J. « Stonewall » Jackson, face à l’armée de l’Union placée sous les ordres du général John Pope (1822-1892).
– Le 28 août : bataille de Thoroughfare Gap, dans les Comtés du Prince-William et Fauquier, Virginie.
Victoire confédérée.
– Du 28 au 30 août : Seconde bataille de Bull Run, dans le Comté du Prince-William, Virginie.
Victoire des forces confédérées commandées par les généraux Robert E. Lee, James Longstreet et Thomas J. « Stonewall » Jackson, face à l’armée de l’Union placée sous les ordres du général John Pope (1822-1892).
– Le 1er septembre : bataille de Chantilly, appelée aussi bataille de Ox Hill, dans le Comté de Fairfax, Virginie.
Bataille indécise entre les forces confédérées commandées par les généraux Thomas J. « Stonewall » Jackson et Jeb Stuart (1833-1864), face à l’armée de l’Union placée sous les ordres des généraux Philip Kearny Jr (1815-1862) et Isaac Ingalls Stevens (1818-1862). Les deux généraux de l’Union seront tués au cours de la bataille.
ORDRE DE BATAILLE DES
ARMÉES EN PRÉSENCE
POUR LES FÉDÉRAUX
L’armée de Virginie (unioniste) a vu le jour le 26 juin 1862. Elle a été mise sur pied pour répliquer à la puissante contre-attaque confédérée qui, après avoir avec succès défendu sa capitale Richmond, a repoussé les assauts de George McClellan (bataille de Seven Pines). L’armée nordiste de McClellan est refoulée jusqu’à la mer (bataille des sept jours). Fort de ces victoires, Lee lance la campagne de Virginie Septentrionale (août-septembre 1862), et jette toutes ses forces contre John Pope. Après trois mois de batailles, l’Armée de Virginie (unioniste), battue, retraite sur Washington pour s’y réfugier. Elle est définitivement dissoute le 12 septembre 1862 ; ses unités seront versées dans l’Armée du Potomac. L’Armée de Virginie (unioniste) ne doit pas être confondue avec l’Armée de Virginie du Nord (confédérée).
L’Armée de Virginie, avec ses 8 030 hommes, est sous les ordres du major-général John Pope. Elle est composée des IIème et IIIème corps d’armée :
Escorte de John Pope : 1st Ohio Cavalry (détachement).
IIème CORPS :
Il est placé sous les ordres du major-général Nathaniel Prentice Banks et comprend deux divisions :
Escorte de Nathaniel P. Banks :
– 1st Michigan Cavalry (détachement).
– 5th New York Cavalry (détachement).
– 1st Virginia Cavalry (détachement).
PREMIÈRE DIVISION. Elle est commandée par le major-général Alpheus Starkey Williams (1810-1878).
DEUXIÈME DIVISION. Elle est commandée par les brigadiers-généraux Christopher Columbus Augur (1821-1898), Henry Prince (1811-1892), et George Sears Greene (1801-1899.
IIIème CORPS :
Il est placé sous les ordres du major-général Irvin McDowell et comprend la deuxième division :
DEUXIÈME DIVISION. Elle est sous les ordres du brigadier général James Brewerton Ricketts (1817-1887).
POUR LES CONFÉDÉRÉS
Placée sous les ordres du général Robert E. Lee, cette armée se composait en majorité de soldats venant des États de Virginie, de Caroline Du Sud, de Caroline du Nord, et du Maryland. Certaines unités étaient issues d’États tels que l’Alabama, l’Arkansas, le Tennessee et le Mississippi. L’armée de Virginie du Nord occupait une position stratégique. Placée en limite de la ligne de séparation avec les États frontaliers, elle bloquait tout accès à la terre sacrée de Virginie en faisant face aux États de l’Union et à l’armée nordiste du Potomac.
L’armée sudiste, avec les 16 868 hommes de l’Armée de Virginie du Nord, est sous les ordres du général Thomas Jonathan » Stonewall » Jackson (1824-1863). Elle représente l’Aile gauche de l’Armée de Virginie du Nord.
Elle est composée de :
– LA DIVISION D’EWELL : Major-général Richard Stoddert Ewell (1817-1872).
– LA DIVISION LÉGÈRE : Major-général Ambrose Powell Hill (1825-1865).
– LA DIVISION DE JACKSON : Brigadier-général Charles Sidney Winder (1829-1862, mort au combat), et William Booth Taliaferro (1822-1898).
– LA CAVALERIE (brigade de Robertson) : Beverly Holcombe Robertson (1827-1910).
MOUVEMENTS DES ARMÉES
Le 26 juin 1862, Abraham Lincoln vient de nommer le major-général John Pope aux commandes de la toute nouvelle Armée de Virginie du Nord. Pope a disposé ses forces suivant un arc de cercle à travers le nord de la Virginie.
Sur le flanc droit de son armée, il a placé à Sperryville, sur les Blue Ridge Mountains, la division du général Franz Sigel (1824-1902).
Sur son centre, il a disposé à Little Washington la division du général Nathaniel Prentice Banks (1816-1894).
Sur son flanc gauche, à Falmouth, sur la rivière Rappahannock, se déploie la division du général Irvin McDowell.
Une portion de l’armée de Banks, la brigade du général Samuel W. Crawford, et la brigade de cavalerie du général John P. Hatchde sont cantonnées à 20 miles (32 km) au-delà de la ligne de l’armée nordiste, à Culpeper Court House.
Le 13 juillet, pour stopper la progression de John Pope qui marche sur Gordonsville, Lee envoie le major-général Thomas J. « Stonewall » Jackson et sa petite force armée de 14 000 hommes.
Le 27 juillet, Jackson reçoit le renfort des 10 000 hommes de la division d’Ambrose Powell Hill (1825-1865).
Le 6 août, John Pope fait mouvement avec ses forces vers le sud dans le Comté de Culpeper ; il veut s’emparer du nœud ferroviaire de Gordonsville.
En face, « Stonewall » Jackson décide de passer à l’offensive et d’attaquer l’avant-garde des forces de John Pope, commandées par Nathaniel Prentice Banks. Il prévoit, après l’avoir vaincu, de se diriger sur Culpeper Court, à 26 miles (42 km) au nord de Gordonsville. Il compte ainsi empêcher l’armée de Pope de faire sa jonction avec celle du Potomac. Comme il l’a déjà fait précédemment dans la vallée de la Shenandoah, il pourra battre ainsi les deux corps d’armée séparément.
« Toujours mystifier, tromper et surprendre l’ennemi, si possible; et quand vous le frappez et le vainquez, ne cessez jamais de poursuivre tant que vos hommes auront la force de suivre; car une armée mise en déroute, si elle est vivement poursuivie, devient paniquée, et peut alors être détruite par la moitié de son nombre. L’autre règle est : ne jamais se battre contre un ennemi supérieur en nombre ; si vous pouvez lancer votre assaut sur une partie de ses forces seulement, attaquez sa partie la plus faible et écrasez-le. Une telle tactique gagnera à chaque fois, ainsi, une petite armée peut en détruire une plus grande, et la victoire répétée la rendra invincible ». « La Guerre de Sécession », Ken Burns.
Le 7 août, suivant le plan convenu, Jackson se met en marche pour Culpeper Court.
Le brigadier-général Beverly Holcombe Robertson (1827-1910) et sa cavalerie sont envoyés en avant pour chasser la cavalerie de l’Union, qui défend les gués de la rivière Rapidan et qui occupe le palais de justice de Madison. Cette force nordiste menace le flanc gauche de l’armée confédérée qui se dirige vers le nord.
Le lendemain, le 8 août, Robertson exécute sa mission sans trop de difficultés.
« Old Dominion, Mother of Presidents » 10ème État. Capitale : Richmond. Date d’Entrée dans l’Union : 25 juin 1788. – La Virginie est une des treize colonies fondatrices des États-Unis. Elle donnera quatre des cinq premiers présidents : Washington, Madison, Monroe et Jefferson. – C’est en 1584 que le navigateur anglais Walter Raleigh conçoit de coloniser l’Amérique du Nord et fonde la Virginie. – En 1607, un groupe de colons anglais, envoyé par le roi d’Angleterre James 1er, fonde la 1ère colonie anglaise permanente, Jamestown. – C’est en 1660 que l’esclavage, déjà pratiqué, est officialisé. – En 1784, la Virginie cède aux États-Unis les territoires au nord de l’Ohio, pour le développement vers l’ouest selon le système des townships. – Le 17 avril 1861, la Virginie, État esclavagiste, fait sécession et rallie la Confédération des États du Sud. La plupart des grandes batailles du théâtre oriental de la Guerre de Sécession se dérouleront sur son sol : Bull Run, Chancellorsville, Fredericksburg… Richmond en ruine Richmond en ruine Sa capitale, Richmond, tombe aux mains des Nordistes le 2 avril 1865 (peu de temps avant la reddition du général Robert E. Lee à Appomattox), avant d’être en grande partie incendiée et ravagée.
Nonobstant, les fortes vagues de chaleur sur la Virginie, en ce début de mois d’août, vont compliquer la marche de Jackson. A cela il faut rajouter le secret imposé de son plan d’attaque, qui répand l’incompréhension et la confusion parmi son état-major quant à connaître avec exactitude l’itinéraire de sa progression.
Tous ces inconvénients vont entraver lourdement l’avance des Confédérés. Rien d’étonnant si au soir du 8 août, l’avant-garde de l’armée sudiste n’a avancé que de 8 miles (13 km).
La cavalerie fédérale, qui a facilement été écartée par Robertson, alerte John Pope de l’arrivée des forces sudistes.
Pour pallier à cette menace, Pope ordonne au général Franz Sigel, qui se trouve à Culpeper Court House, de venir renforcer le général Nathaniel Prentice Banks. De son côté, Banks reçoit l’ordre de se déployer et de tenir une ligne de défense sur une crête au-dessus de Cedar Run, à 7 miles (11 km) au sud de Culpeper Court House.
DEROULEMENT DE LA BATAILLE
DISPOSITIF CONFEDERE
Le 9 août au matin.
Les forces de Jackson, après avoir traversé la rivière Rapidan dans le comté de Culpeper, arrivent menées par le major-général Richard Stoddert Ewell. Celui-ci est suivi de la division du brigadier-général Charles Sidney Winder, et de la division du major-général Ambrose Powell Hill.
Le 9 août à midi.
L’avant-garde de la division d’Ewell, dirigée par la brigade du général Jubal Early (1816-1894), bute sur la cavalerie. L’artillerie fédérale qui s’est positionnée sur la crête, au nord-ouest de Cedar Mountain, ouvre le feu et pilonne les lignes avancées confédérées. Early, après avoir réglé la hausse de ses canons, riposte, et un duel d’artillerie débute entre les belligérants. L’infanterie d’Early s’avance sur une ligne sur le côté est de la « Culpeper-Orange Turnpike » (de nos jours US Route 15), sur la rive opposée de Cedar Run.
Le reste la division d’Ewell parvient alors sur le champ de bataille, et se positionne sur le flanc droit d’Early. Appuyés contre le versant nord de la montagne, les Confédérés alignent leurs six canons sur la crête.
La division Winder se place sur la gauche d’Early, du côté ouest du Turnpike.
La brigade du général William Taliaferro, la plus proche d ‘Early, et celle du colonel Thomas S. Garnett, prennent position à l’extrême gauche du dispositif confédéré, dans un champ de blé au bord d’un bois.
L’artillerie de Winder assure la défense d’une brèche sur la route entre les deux divisions. La brigade de Stonewall, dirigée par le colonel Charles R. Ronald, est placée comme force d’appui derrière les canons. La division AP Hill reçoit l’ordre de se tenir en réserve sur la gauche des lignes confédérée.
DISPOSITIF DE L’UNION
Les forces de l’Union se sont alignées sur une crête au-dessus de Cedar Run.
La brigade du général Samuel W. Crawford se positionne dans un champ, face à celle du colonel confédéré Thomas S. Garnett.
La division de l’Union du brigadier-général Christopher Columbus Augur se positionne à l’est du Turnpike. Celle du brigadier-général John White Geary a pris place sur le Turnpike, face à la brigade confédérée du général William Taliaferro.
La brigade du général Henry Prince occupe l’extrémité du flanc gauche, en face de la division sudiste d’Ewell.
La brigade en sous-effectifs du brigadier-général George Sears Greene (deux régiments seulement) est gardée en réserve à l’arrière.
LA CHARGE DE L’UNION
17 heures.
Un peu avant 17 heures, le duel d’artillerie commence à s’affaiblir.
Le brigadier-général Charles Sidney Winder, de la division de Jackson, est mortellement blessé au combat. Malade ce jour-là, il avait dû être transporté sur le champ de bataille en ambulance.
Marchant en tête de ses troupes, il est frappé violemment par un éclat d’obus qui lui touche le bras et le côté gauche ; il décèdera quelques heures plus tard. Le brigadier-général William Booth Taliaferro le remplace sur-le-champ et prend le commandement de sa division. Mais Taliaferro ignore tout du plan de bataille de « Stonewall » Jackson.
Sur sa gauche, la brigade de Garnett se retrouve isolée de la ligne d’attaque confédérée principale, et expose dangereusement son flanc gauche vers le bois. Il est convenu que la brigade Jackson, située à un demi-mile à l’arrière de l’artillerie, doit leur apporter du soutien en cas de nécessité absolue. Mais tout çà, Taliaferro ne le sait pas. Avant que celui-ci ne puisse prendre correctement son nouveau commandement, les Fédéraux déclenchent leur attaque générale.
Les deux brigades fédérales des généraux John White Geary et Henry Prince chargent le flanc droit confédéré. L’assaut de l’Union est brutal et menace de rompre la ligne confédérée. Early se voit contraints de quitter son poste de commandement à Cedar Mountain pour venir sur le front mener lui-même ses troupes.
Sa présence sur le lieu des combats va stabiliser ses troupes, et le feu dévastateur de ses canons stoppe la charge de Nordistes sur l’aile droite confédérée.
Sur l’aile gauche, Samuel W. Crawford attaque de front la division de Charles Sidney Winder, commandée maintenant par Taliaferro. Il envoie une brigade charger la ligne confédérée, et une autre à travers bois pour prendre de flanc son ennemi. Cette dernière tombe soudainement sur le 1er Virginia Infantry, qui finit par céder sous la pression des Fédéraux. Accentuant leur poussée, les forces nordistes enfoncent le 42ème Virginia, et se retrouvent derrière les lignes confédérées de Taliaferro et de son artillerie.
La brigade de Jackson, venue en soutien, est battue elle-aussi avant d’avoir pu réagir. Immédiatement, « Stonewall » Jackson ordonne de sauver les canons avant qu’ils ne tombent entre les mains de l’ennemi. La gauche du dispositif confédéré a été sévèrement atteinte, et a même été sur le point de céder.
LA CONTRE-ATTAQUE DES CONFÉDÉRÉS
Au pire moment de la bataille, Jackson se rend sur place pour rameuter ses troupes. En cours de route, il rencontre sa brigade qui se rallie à lui et vient renforcer la ligne confédérée.
La brigade de « Stonewall », exaltée par la présence de son commandant, se lance à l’assaut des forces nordistes et les repousse.
Au même moment, les troupes fédérales du major-général Nathaniel Prentice Banks commencent à ressentir de la fatigue et sont désorganisés. Sans soutien, leur attaque s’est essoufflée et leur avancée est devenue stérile sans pouvoir concrétiser leur assaut initial.
La brigade de Jackson, emportée par la ferveur, poursuit les Fédéraux qui reculent et va se retrouver au-delà des lignes d’appui confédérées.
Les Nordistes se reprennent, contre-attaquent et repoussent les 4ème et 27ème Virginia Infantries. Mais l’arrivée de la brigade « Stonewall » a permis à la ligne confédérée de se reformer, et donne un temps précieux aux forces d’Ambrose Powell Hill pour venir combler les trous dans les rangs sudistes des régiments de Charles Sidney Winder.
Jackson ne veut pas lâcher la pression sur l’ennemi et ordonne à Hill et Ewell d’avancer. L’aile droite des forces de l’Union s’effondre presque aussitôt. A gauche, Ewell, un moment retardé, constate que l’aile gauche fédérale titube lorsqu’il voit que les hommes de Samuel W. Crawford battent en retraite. Celle-ci sera finalement anéantie par une charge de la brigade du général Isaac Ridgeway Trimble (1802-1888).
LA DÉROUTE ET LA POURSUITE DES FÉDÉRAUX
A 19 h 45, malgré le renfort de la brigade de réserve du brigadier-général George Sears Greene, la ligne de l’Union est en déroute.
Le major-général Nathaniel Prentice Banks fait une ultime tentative pour couvrir la retraite de ses troupes. Il envoie deux escadrons de cavalerie affronter les lignes sudistes.
Ils sont reçus par une volée de plomb meurtrière de l’infanterie confédérée postée derrière une barricade, sur la route. Seuls 71 des 174 cavaliers réussiront à s’échapper.
La cavalerie du 7ème de Virginie du Général William Edmondson « Grumble » Jones (1824-1864) se lance promptement à la poursuite des Fédéraux en déroute. Elle manque de peu de capturer Banks et Pope dans leur quartier général à un mile environ des lignes nordistes.
Au bout d’une poursuite effrénée d’un mile et demi, Jackson stoppe son action. La nuit s’apprête à tomber sur le champ de bataille, et il ignore où se trouve le reste des forces de Pope. Des prisonniers fédéraux l’informent que Pope attend des renforts de Sigel pour soutenir Banks. Vers 22 heures, ces précieuses informations décident Jackson d’interrompre la poursuite, et le combat cesse.
PERTES
POUR LES FÉDÉRAUX
Sur les 8030 hommes de l’Armée de Virginie (unioniste) lors de la bataille de Cedar Mountain, l’Union déplorera la perte de 2353 victimes.
Tués : 314.
Blessés : 1445.
Disparus ou prisonniers : 594.
Un chirurgien de l’armée fédérale : « Nous partîmes avec un drapeau blanc. Le médecin-major nous avait divisés par groupes de huit, avec deux brancards par ambulance. Nous commençâmes notre triste travail qui consistait à ramasser nos malheureux blessés sur ce vaste champ de bataille. Les morts restaient sans sépultures et présentaient un macabre sujet d’études. On pouvait à peine en trouver un encore revêtu de son pantalon, d’une tunique ou de souliers en bon état. Si les vêtements étaient trop usés pour être volés, toutes les poches étaient systématiquement retournées. En effet, j’aperçus dans les coins les plus reculés du champ de bataille des apaches en train de faire les poches de quelque malheureux qui s’était traîné dans un fourré pour y mourir. Ces voyous pullulaient. La plupart d’entre eux étaient très jeunes, apparemment guère plus de dix-huit ou vingt ans ». Extrait de « Il y a toujours un reporter ». (« La guerre de Sécession », « les femmes du Sud » de Victor Austin, paru aux éditions René Julliard).
La photo date de 1863. Immigré originaire de Suisse, Moy s’est engagé au printemps de 1861 à l’âge de 22 ans. Il participera à plusieurs batailles de la guerre civile désormais célèbres, dont Cedar Mountain, Fredericksburg, Chancellorsville, Gettysburg et la Seconde bataille de Bull Run (Manassas). En 1864, Moy sera blessé lors de la bataille de Spotsylvania Court House, et mourra des suites de ses blessures.
Né en 1840, de l’est de Livermore, dans le Maine, John L. Hoyt est âgé de 21 ans lorsqu’il s’enrôle comme soldat dans la 10ème Infantry du Maine (Company « E »). Le 8 août 1862, Hoyt est blessé au bras lors de son premier engagement à la bataille de Cedar Mountain. Le 19 décembre 1863, après seulement sept mois de convalescence, Hoyt réintègre l’Infanterie du 29ème Maine comme 2ème lieutenant, dans la compagnie « I ». Il participe à la campagne de 1864 dans la vallée de Shenandoah. Hoyt sera tué au combat à la bataille de Cedar Creek, le 19 octobre 1864.
PERTES
POUR LES CONFÉDÉRÉS
Sur les 16 868 hommes de l’Armée de Virginie du Nord (confédérée) lors de la bataille de Cedar Mountain, la Confédération déplorera la perte de 1338 hommes.
Tués : 231.
Blessés/disparus/prisonniers : 1107.
Un artilleur confédéré : « Nous avons eu l’occasion d’observer la différence frappante qui existe entre les cadavres des soldats Fédéraux et ceux des Confédérés, restés vingt-quatre heures ou plus sans sépultures. Alors que chez ces derniers aucun changement visible ne se produit, les corps des Fédéraux enflent et deviennent violacés. Cela provient de la différence d’alimentation. Il est incontestable que nombreux sont les soldats confédérés tombés au bord du chemin par manque de nourriture. Cependant, d’une façon générale, ils supportent mieux les privations que les Fédéraux, habitués à des rations régulières et abondantes. Le dimanche 31 août, nous avons visité d’autres parties du champ de bataille. L’une d’elles offrait l’aspect d’un immense jardin fleuri où le bleu dominait, parsemé du rouge des uniformes des Zouaves fédéraux. A moins de cinquante mètres du remblai de chemin de fer, (…) les trois quarts au moins des hommes qui participèrent à la charge furent tués, et ils gisaient en rangs à l’endroit où ils étaient tombés. J’aurais pu marcher tout droit sur des cadavres pendant quatre cents mètres. Devant pareille évidence, il fallait bien nous débarrasser de l’idée que les Nordistes ne se battraient pas ».
Avec son régiment et deux autres frères, il combat pendant la campagne de la péninsule, (Seven Days), et à Cedar Mountain. Le 29 août 1862, il fait partie de l’aile gauche de l’armée confédérée de Virginie du Nord, commandée par « Stonewall » Jackson. La 1ère Infanterie de Caroline du Sud se retrouve retranchée le long du chemin de fer inachevé près de l’église Sudley. Sheppard sera mortellement blessé au cours de ces féroces combats qui décimeront la ligne sudiste du colonel confédéré Maxcy Gregg. Il agonisera pendant plusieurs semaines, et décède finalement le 17 septembre à Warrenton, en Virginie. Il meurt le jour même où ses camarades survivants sont engagés dans la bataille meurtrière d’Antietam, près de Sharpsburg, dans le Maryland.
BILAN & CONSÉQUENCES
Les pertes seront élevées des deux côtés :
La brigade de Samuel W. Crawford déplore la perte de plus de 50% de ses effectifs ; à cela il faut rajouter la plupart de ses officiers.
Les brigades de Henry Prince et John White Geary ont perdu entre 30 et 40% de leurs hommes. Les deux généraux ont été blessés et Prince a même été capturé.
Le général confédéré Charles Sidney Winder a été tué au cours du combat, emporté par un obus.
Les mauvaises conditions climatiques et la déplorable communication avec son état-major ont été des éléments rédhibitoires qui ont lourdement pénalisé le général Jackson pour prendre l’initiative dans le combat. Pris par surprise, il manque le premier jour d’être battu. Mais par la suite, au moment crucial de l’affrontement, la brillante manœuvre des confédérés, due à l’excellence de ses chefs et l’arrivée inopinée d’Ambrose Powell Hill, donneront la victoire à l’armée rebelle. Pour une fois, la supériorité numérique des Confédérés a fait pencher la balance à leur avantage, et leur a permis de chasser les Fédéraux du champ de bataille.
« Stonewall » Jackson, exalté par la victoire, ne va pas s’arrêter là : il causera d’innombrables ravages et dégâts contre les forces de l’Union.
De ce fait, le général en chef Henry W. Halleck, inquiet de la tournure des événements, annulera l’avance de John Pope sur Gordonsville. Il donnera ainsi à Robert E. Lee l’initiative dans la campagne de Virginie du Nord.
Sources :
La « Guerre de Sécession », de Ken Burns.
L’article comprend des extraits de « Il y a toujours un reporter ». (« La guerre de Sécession », de Victor Austin, paru aux éditions René Julliard).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Cedar_Mountain
2 réponses
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[…] blessés. Tout son travail se fait à proximité de plusieurs champs de bataille, notamment à Cedar Mountain, lors de la Seconde bataille de Bull Run, pendant la bataille d’Antietam, et celle de […]