Les Témoins du passé – La cathédrale Sainte-Cécile d’Albi
LES TÉMOINS DU PASSÉ
LA CATHÉDRALE SAINTE-CÉCILE
D’ALBI
Département du Tarn
ARCHIDIOCÈSE : d’Albi.
TYPE : cathédrale.
CULTE : catholique romain.
STYLE : Gothique méridional ou gothique toulousain, ou encore gothique languedocien.
PROTECTION:
Le site est classé par la liste des monuments historiques de 1862.
La cathédrale est classée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2010.
DÉBUT DE CONSTRUCTION : 1277, Moyen Âge « classique » ou « central ».
FIN DES TRAVAUX : 1492 Moyen Âge « tardif » ou « bas Moyen Âge »
ORIGINES
La cathédrale, telle qu’elle se dresse de nos jours, n’a pas été le premier édifice construit à cet emplacement. En effet, plusieurs sanctuaires religieux ont été construits sur son assise par le passé :
- Le 1er remonte au 4ème siècle ; il sera rasé par les flammes en 666 ou 667.
- Il faut attendre l’année 920 pour voir apparaître le second, du nom de Sainte-Cécile, la patronne des musiciens. A cette époque, un centre épiscopal rassemble l’église, un baptistère et une chapelle vouée à Saint-Pierre. Ces témoignages d’architectures romanes se trouvent entre les bâtiments de la cathédrale et du palais de la Berbie. De cette période-là, seules demeurent quelques arches de l’ancien cloître.
HISTORIQUE & FONDATION
A Albi, depuis plus de sept siècles se dresse, sur un piton rocheux dominant le Tarn, la structure massive de la plus grande cathédrale en briques du monde : Sainte-Cécile. Son édification se sera étalée sur plus de deux siècles. Aujourd’hui, elle compte parmi l’un des sanctuaires de la chrétienté les plus visités de France.
En 1277, l’inspirateur de ce prodigieux dessein architectural, l’évêque Bernard de Castanet, projette de faire construire une église s’apparentant à une citadelle. Il veut assoir à la fois son pouvoir temporel vis-à-vis de la bourgeoisie, et celui de l’Eglise romaine face à l’hérésie cathare.
UN PEU D’HISTOIRE !
LE CATHARISME, UNE MENACE POUR L’ÉGLISE ET POUR LE ROI
Albigeois : nom donné au 12ème siècle aux cathares du Languedoc
Depuis le début du 13ème siècle, les habitants d’Albi sont montrés du doigt. Ils souffrent d’être comparés aux « Albigeois », ces hérétiques cathares qui ont osé « défier » la toute puissante Église catholique romaine. Ces Cathares contre lesquels, en 1209, Arnaud Amaury, le légat du pape Innocent III, et le comte Simon de Montfort ont déclenché la Première Croisade, dite celle des Albigeois.
Néanmoins, cette croisade contre les cathares procure de réels privilèges à l’évêque et aux bourgeois de la cité. Ils ont en la personne de Simon de Montfort un allié de poids. Ce dernier va leur permettre, pour le prélat d’être le nouveau souverain temporel de la ville, et pour les seconds de se voir attribuer de substantielles franchises. Mais dès 1250, l’entente entre l’évêque et les notables de la ville cesse, et il s’ensuit un conflit qui va aboutir à un grand ensemble épiscopal et à une nouvelle cathédrale dédiée à Sainte-Cécile.
Alors qu’il accède au siège épiscopal en 1277, Bernard de Castanet veut confirmer sa domination de seigneur temporel et religieux, tant vis-à-vis de la bourgeoisie citadine, friande de liberté, que des Cathares. Pour assoir sa puissance, il ordonne la construction du palais épiscopal de la Berbie, qui comprend aujourd’hui le musée Toulouse-Lautrec, et la cathédrale Sainte-Cécile.
UN PEU D’HISTOIRE !
PREMIER APPEL A LA CROISADE
L’expédition porte officiellement le nom d’«Affaire de la Paix et de la Foi» (en latin, negotiumpacis et fidei).
LE CHOIX DE LA BRIQUE PLUTÔT QUE LA PIERRE
Bernard de Castanet demande à son architecte de tenir compte de sa non soumission au roi Philippe III le Hardi, et donc à l’art gothique qui se propage dans toute la France. Son diocèse est l’un des plus riches du royaume ; pourtant il considère que les objectifs de ses deux prédécesseurs sont trop prestigieux. Lui ne souhaite pas avoir recours à un luxe ostentatoire. Il veut bâtir selon une architecture conforme à la terre du Languedoc ; un souhait qui sera atteint au-delà de tous ses espoirs. Comme matériau primaire, son choix va se porter sur la brique et non pas sur la pierre. Une décision exceptionnelle pour l’époque, eu égard à l’importance de l’édifice : la pierre requiert le concours de spécialistes (tailleurs, graveurs, sculpteurs…) ; ces derniers se font payer très cher, alors que la brique, conçue sur place, ne s’obtient qu’avec le travail d’une main-d’œuvre non qualifiée. En outre, les teintes sanguines et chaudes de la terre du Midi décernent à la brique une étonnante couleur pourpre, qui concède à l’architecture de la bâtisse un charme incomparable. Les travaux seront longs, et Bernard de Castanet n’assistera pas de son vivant à la réalisation de son monument. Sainte-Cécile, dont les débuts de la construction ont commencé en 1277, ne sera terminée que deux siècles plus tard, en 1492.
LE CHŒUR ET L’ABSIDE
Le 15 août 1282 est fêtée l’édification du chœur. Le chevet est achevé en 1298, l’abside en 1325, le centre de la nef en 1340, les dernières travées et les étages inférieurs du clocher entre 1340 et 1390. Enfin, les voûtes seront terminées entre 1370 et 1390.
LE GRAND ORGUE
Il est construit en 1514, sous l’épiscopat du cardinal Jules de Médicis (futur pape Clément VII). Les mesures de son buffet étaient semblables à celles que l’on peut admirer aujourd’hui. C’était l’un des plus grands orgues de la Chrétienté.
Cet instrument prestigieux étonne par ses dimensions : 16,40 mètres de large sur 15,60 mètres de hauteur. Situé au faîte de la fresque du jugement dernier, au-dessus du chœur et de l’autel, il jouit d’une position privilégiée dans le concert luxuriant et polychromique de la bâtisse. Sa rénovation, de 1734 à 1736, est l’œuvre de Christophe Moucherel.
Il sera alors remanié par plusieurs facteurs d’orgues :
- En 1747, par François et Jean-François l’Epine.
- En 1778-1779, par Joseph Isnard.
- En 1825, par Antoine Peyroulous.
- En 1950, son mauvais état de fonctionnement est tel qu’il est décidé de le restaurer.
- En 1977, par Bartoloméo Formentelli.
DIMENSIONS DE LA CATHÉDRALE
– Hauteur du clocher-donjon: 78 m
– Longueur totale: 113,5 m
– Longueur intérieure: 100 m
– Largeur totale: 35 m
– Largeur intérieure: 30 m
– Hauteur des murs: 40 m
– Hauteur des voûtes: 30 m
– Épaisseur des murs à la base: 2,5 m
UN PEU D’HISTOIRE !
LES CROISES SUR LES ROUTES DU LANGUEDOC
CONFORMITÉ ET HARMONIE
La cathédrale Sainte-Cécile est contemplée comme le plus pur joyau de l’art gothique du Midi. De masse imposante, elle dresse sa toute-puissance au-dessus d’Albi, telle que l’a souhaité l’évêque Bernard de Castanet. Elle rappelle à chaque moment la prépondérance de l’Eglise et de ses seigneurs sur le peuple, simple mortel. Son volume intérieur se distingue par son unité et sa simplicité, pour se démarquer des fastes de l’art gothique du Nord. Même si les contrastes entre l’ombre et la lumière, qui opposent les vides aux pleins, sont manquants, il est à noter qu’un immense volume, baignant dans une clarté environnante, permet aux fidèles d’avoir un lien direct avec Dieu.
LE JUBÉ ET LE JUGEMENT DERNIER
C’est une dentelle de pierre qui sépare le chapitre des chanoines et celui des fidèles pendant les messes et les offices religieux. Son style architectural est du gothique flamboyant. Il nous est parvenu jusqu’à aujourd’hui dans un parfait état de conservation. (De nos jours, la plupart des jubés ont presque tous été détruits ; on peut encore en trouver une dizaine seulement en France.)
La cathédrale protège en son sein une décoration grandiose. L’on peut y contempler le plus grand Jugement dernier réalisé au Moyen Âge, peint à la détrempe entre 1474 et 1480 sur une surface de 200 mètres carrés. Un ensemble de sculptures de la fin du 15ème siècle, probablement des œuvres des sculpteurs Antoine Le Moiturier et Michel Colombe, diminue ainsi la sobriété des lieux et de l’architecture. Cet ouvrage majestueux a conservé sa polychromie d’origine. Il regroupe sur la façade externe du jubé 87 statues : 33 personnages de l’Ancien Testament autour du chœur, et 15 statues figurant l’Église. A l’intérieur, 12 apôtres, la Vierge Marie, Saint-Jean Baptiste et Saint Paul dans la nef. Tandis que 72 statues d’anges, celles de Charlemagne et de l’Empereur Constantin surmontent les deux portes d’entrée de la clôture. Les couleurs vives qui embellissent la statuaire de Sainte-Cécile sont d’époque. Elles sont révélatrices d’une forme d’enjolivement des statues par la peinture au Moyen Âge. Les hommes en ce temps-là imaginaient l’univers divin en utilisant une panoplie de couleurs vives, et non des formes dépouillées ou des volumes parfaits.
LE STATUAIRE
Autour et à l’intérieur du chœur, les statues se définissent par la diversité des apparences et des postures; les individus se distinguent très nettement par leurs cheveux et leur barbes ; les costumes respectent la mode du 15ème siècle, et l’on remarque un certain goût pour les étoffes aux plis avantageux.
SAINTE CÉCILE, UNE MARTYRE.
Sainte-Cécile d’Albi reliques et statue
très intéressant, cette cathédrale a une véritable histoire qui se voit être perceptible par sa beauté, sa grandeur et les émotions qu’elle nous procure, croyants ou non, il faut la voir une fois dans sa vie.