Pierre Cauchon, évêque de Beauvais
LA GUERRE DE CENT ANS
De 1337 à 1453
Blason de Pierre Cauchon
Blason du royaume d’Angleterre
Blason du royaume de France
PIERRE CAUCHON,
ORDONNATEUR DU PROCÈS DE JEANNE D’ARC
Portrait de Pierre Cauchon
SOMMAIRE
Avant de diriger le procès de Jeanne d’Arc, le grand événement de sa vie, Pierre Cauchon exerça une brillante carrière de théologien et de juriste. Evêque de Beauvais en 1420, il sera, au cours
Philippe le Bon, duc de Bourgogne
du procès, le partenaire empressé du duc de Bourgogne Philippe le Bon et du roi d’Angleterre Henry VI. Il conservera plus tard sa position, malgré divers déboires et
Henri VI roi d’Angleterre
revers de fortune.
Il sera évêque de Beauvais de 1420 à 1432, puis de Lisieux de 1432 à 1442.
Il passe à la postérité pour avoir été l’ordonnateur du procès de Jeanne d’Arc (brûlée vive sur le bûcher à Rouen, le 30 mai 1431). L’issue du procès de « la Pucelle » donne à son principal instigateur, l’évêque Pierre Cauchon l’estime de ses pairs.
NAISSANCE & JEUNESSE
Pierre Cauchon naît en 1371 à Reims, et meurt le 18 décembre 1442 à Rouen, dix ans après avoir été nommé au siège épiscopal de Lisieux. Ce théologien de talent fait de brillantes études à Paris. Licencié en droit canon, Pierre Cauchon obtient en 1405 le titre de Maître en théologie, avant d’être nommé recteur de l’Université de Paris.
SA VIE…
Charles VII
En 1407, il est mandaté comme ambassadeur aux assemblées ecclésiastiques qui essaient de régler le problème du Grand Schisme d’Occident.
Jean sans Peur
La dramatique division religieuse qui sépare, depuis de longues années, l’Occident chrétien, met face à face deux papes rivaux. Cette question est tout à fait à la portée de ce fin juriste et orateur renommé.
Au cours des années qui suivent, Pierre Cauchon accumule les distinctions. Il est vidame de l’église de Reims lorsqu’il se rattache au service du duc de Bourgogne Jean sans Peur, et devient un membre essentiel de la cour ducale de la capitale.
Armagnacs et Bourguignons
Le roi de France Charles VI fait l’objet de graves crises de démence, tandis que le royaume est dévasté par les affres de la Guerre de Cent Ans, et par la guerre fratricide que se livrent Armagnacs et Bourguignons. Pierre Cauchon choisit alors de prendre parti contre le dauphin Charles, le futur roi de France Charles VII.
En août 1413, après l’insurrection des Cabochiens, l’Université se range momentanément aux côtés des Armagnacs, restés fidèles au roi de France.
La révolte des Cabochiens ou des «Écorcheurs »
Les Bourguignons sont chassés de Paris, ainsi que le prélat Pierre Cauchon.
Assassinat du duc Louis d’Orléans
Jean sans Peur
Jean Sans Peur l’envoie au Concile de Constance, au cours duquel il se fait le défenseur des causes justifiant l’assassinat, en novembre 1407, du duc Louis d’Orléans, le frère cadet du roi Charles VI.
Cinq années plus tard, Paris retombe aux mains des Bourguignons. Cauchon, nommé Maître des requêtes, se voit confier différentes missions.
En 1420, il participe à la mise en place du traité de Troyes (accord qui déshérite le dauphin Charles au profit du roi d’Angleterre Henry V).
Cette même année, il est nommé évêque comte de Beauvais. Il va bénéficier de la protection du duc de Bourgogne Philippe le Bon, qui vient de succéder à son père Jean sans Peur (assassiné en septembre 1419).
L’assassinat de Jean Ier de Bourgogne au pont de Montereau.
Le nouveau duc de Bourgogne vient de gagner à sa cause un serviteur aussi fidèle qu’efficace.
UN PARCOURS RICHE ET MOUVEMENTÉ
La cathédrale de Beauvais
CHASSE DE SON DIOCÈSE !
A l’instigation du duc de Bedford (le régent du royaume de France durant la minorité du roi d’Henry VI d’Angleterre) dont il a la confiance, Cauchon parvient à obtenir la mise à l’écart de Courtecuisse, l’évêque de Paris. Il est soutenu auprès du Saint Père Martin V par l’Université qu’il représente.
Mais en 1429, la guerre prend une nouvelle tournure avec l’arrivée de Jeanne d’Arc. Cette dernière, qui entre de plain-pied dans le conflit, délivre Orléans et conduit le dauphin Charles à Reims pour y être sacré (cité où se trouve alors Pierre Cauchon).
Lire :
Peu avant le 17 juillet 1429, il est expulsé de Reims, qui vient de se rallier au dauphin. Nouvelle déconvenue : Cauchon, devenu indésirable, est chassé de son évêché. Ses biens sont confisqués, mis sous séquestre, et ses revenus viennent grossir le trésor royal français.
L’évêque de Beauvais n’a plus qu’une seule solution : rejoindre Rouen, « capitale de la France anglaise ». Sur place, il reçoit une rente sur les halles et les moulins de la cité.
Pierre Cauchon, exilé de son évêché, a conservé toute sa pugnacité. Brillant juriste et négociateur, il va s’évertuer à mettre fin à l’épopée de Jeanne d’Arc. Mais combat-on une légende ? C’est à Calais, en 1430, qu’il apprend la nouvelle de la capture de « la Pucelle » …
CAUCHON PRINCIPAL ORDONNATEUR DU PROCÈS DE JEANNE D’ARC
9 janvier 1431, début du procès de Sainte Jeanne d’Arc pour hérésie et sorcellerie. Le procès durera jusqu’au 23 mai.
Lire :
– Jeanne d’Arc face à ses juges.
– Jeanne d’Arc « sorcière et maudite ».
– L’abjuration de Jeanne d’Arc.
– Jeanne d’Arc brûlée vive sur le bûcher.
UN PRÉLAT AVISÉ
Jeanne d’Arc présentée à son juge rouennais, l’évêque Pierre Cauchon, entouré de ses assesseurs. Lettrine U ornée, page des Chroniques du siège d’Orléans, dit manuscrit d’Urfé, Paris, BnF,
Jeanne d’Arc
La condamnation de Jeanne d’Arc n’intéresse pas grand monde dans le royaume de France, hormis le peuple de la Loire qui a été le témoin de son épopée guerrière.
Charles VII, roi de France.
Ni Charles VII, ce roi ingrat qui lui doit tout, ni les Parisiens, ni la Cour ne s’en apitoient et ne s’en émeuvent.
Cauchon, en homme avisé, veut malgré tout se protéger et se couvrir préventivement. Il va se faire remettre des lettres de garantie attestant que le procès a été mené « saintement, canoniquement et justement », et que les dirigeants anglais s’engagent « à soutenir et défendre les dits juges, docteurs (…), tous autres qui au procès se sont entremis de quelque manière ».
CAUCHON, L’INLASSABLE NÉGOCIATEUR D’HENRY VI
De 1421 à 1429, date de son départ forcé, l’évêque réside peu à Beauvais. Les affaires du royaume l’appellent le plus souvent à Paris et à Rouen.
Le procès de Jeanne d’Arc, miniature du XVe siècle, BNF.
Le 4 juin 1422, Pierre Cauchon devient conseiller du roi d’Angleterre. Une partie de la France refuse de se soumettre aux exigences du traité de Troyes. Henri V est contraint de mener campagne dans l’Est du bassin parisien pour assoir sa domination.
La même année, Henri V et Charles VI meurent. Le trône échoit au fils du roi d’Angleterre, Henri VI qui, mineur (c’est un enfant de 10 mois), ne peut pas gouverner.
Pierre Cauchon va trouver auprès du duc de Bedford (régent du royaume de France pour le compte d’Henri VI) un nouveau protecteur.
Jean de Lancastre, duc de Bedford
Dès 1422, l’évêque de Beauvais joue officieusement le rôle de « conseiller ecclésiastique ». Il est entre autres chargé d’accélérer le prélèvement des décimes (impôt sur le clergé) en Normandie.
Lui-même n’est pourtant pas démuni ni de missions ni de revenus : comme conseiller du jeune roi d’Angleterre, il reçoit mille livres tournois par an.
SA FIN DE VIE
Vitrail de la cathédrale de Lisieux où est représenté le blason de Cauchon.
Cependant, malgré cette gloire éphémère, l’évêque Cauchon ne peut reprendre possession de son évêché de Beauvais. (Il a été obligé de l’abandonner durant l’été 1429. Les Beauvaisiens avaient rallié le dauphin et s’étaient montrés hostiles aux Anglos-Bourguignons).
Comme commissaire du roi Henry VI, il est mandaté pour régler une brouille entre les chanoines et le bailli de Rouen.
Pierre Cauchon reste fidèle au parti anglais. Il quitte Beauvais pour se rendre à Rouen, siège du gouvernement anglais de la France, où le chapitre de chanoines lui a donné le pouvoir de s’installer. Le siège de l’archevêché étant alors vacant, une juridiction d’exception peut se mettre en place. Mais à cause de l’opposition du clergé local, il ne parviendra pas à se faire attribuer l’archevêché de Rouen.
Le 16 décembre 1431, Pierre Cauchon assiste, à Notre Dame de Paris, aux cérémonies du sacre qui font d’Henry VI « le roi de France ».
Charles VII
En 1432, il succède à Xénon de Castiglione au siège épiscopal de Lisieux. En vertu de ses nouvelles fonctions, il se voit attribuer le manoir de l’hôtel Saint Cande (ou hôtel de Lisieux).
Désormais, il se partage entre sa demeure rouennaise et son diocèse. Excellent juriste, il est consulté sur des discordes compliquées.
En 1433, l’inépuisable évêque est à Calais, pour négocier la libération du duc Charles d’Orléans, le cousin de Charles VII, prisonnier sur le sol anglais depuis de nombreuses années.
En 1435, il est présent au concile de Bâle, puis l’été de la même année, au congrès de paix du traité d’Arras.
Signature du Traité d’Arras (21 septembre 1435)
Dans les années qui suivront, alors que s’annonce la fin de la suprématie anglaise sur le continent, il participera à toutes les tentatives de pourparlers pour mettre fin à la Guerre de Cent Ans.
SA MORT
Gisant de Pierre Cauchon
DES FUNÉRAILLES SOMPTUEUSES
Le matin du 18 décembre 1442, à l’hôtel de Lisieux, à Rouen, on observe une agitation inhabituelle ; et les feux des torches restent éclairés. La nouvelle se répand rapidement dans la cité normande : Pierre Cauchon est mort.
L’évêque a rendu son âme à Dieu alors qu’il venait de se lever et qu’un de ses serviteurs lui faisait la barbe. Cauchon s’est éteint brusquement ; il avait 71 ans. Il n’aura pas assisté à l’effondrement de l’hégémonie anglaise sur le royaume de France.
Au cours d’obsèques en grande pompe, il reçoit tous les honneurs dus à son rang. Son corps est exposé dans l’une des grandes salles de l’hôtel de Lisieux. Son catafalque est bordé de cierges brûlant jour et nuit, et de nombreuses messes seront dites pour le repos de son âme.
Les religieux de la cathédrale de Rouen célèbrent l’office funèbre en l’église Saint-Cande-le-Vieil.
Puis les ecclésiastiques, les notables et le petit peuple forment un immense cortège pour accompagner l’évêque jusqu’au bac. On dépose alors le cercueil sur la barque du passeur, recouverte de drap noir, sur laquelle il doit traverser la Seine.
Les dignitaires de la cité épiscopale escortent la dépouille de Pierre Cauchon jusqu’à la cathédrale Saint Pierre, où l’on célèbre un second office funèbre. Son corps est transporté à Lisieux, où il est inhumé dans la cathédrale Saint-Pierre ; il repose toujours sous le dallage. Rien n’indique précisément où se trouve le corps de l’évêque ; comme si la population à l’époque de sa mort avait voulu l’oublier à jamais…
Cathédrale Saint Pierre de Lisieux
Cercueil de Pierre Cauchon tel qu’il fut découvert en 1931. A l’ouverture du sarcophage, on découvre le squelette encore entier de Pierre Cauchon. Il porte son anneau pastoral, « très simple, en argent, monté d’une pierre violette ». La dépouille sera replacée comme on l’avait trouvée, sans épitaphe. La crosse de l’évêque Cauchon, qui fut détruite en 1944. La crosse du prélat sera déposée dans le trésor de la cathédrale ; elle sera détruite et disparaîtra lors du bombardement britannique du 7 juin 1944. 
Cathédrale Saint Pierre de Beauvais –
La cathédrale de Beauvais
Chapelle Sainte Jeanne d’Arc, 1930. (Œuvre sculptée par Charles Desvergnes, Marc Jacquin et Gabriel Chauvin).
Cauchon, cet éminent théologien et juriste, a servi avec conviction et donné son talent à la cause pour laquelle il est resté loyal toute sa vie ; celle des Anglos-Bourguignons, bien sûr !
Sources :
Photos publiques Facebook
Les rois de France des Éditions Atlas (Valois directs).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Cauchon
