Jeanne d’Arc « sorcière et maudite »
LA GUERRE DE CENT ANS
De 1337 à 1453
LES VALOIS DIRECTS
JEANNE D’ARC « SORCIÈRE ET MAUDITE »
21 février 1431
Lire :
– Jeanne d’Arc, du procès au bûcher
– Jeanne d’Arc face à ses juges
– L’abjuration de Jeanne d’Arc
– Jeanne d’Arc, brûlée vive sur le bûcher
SOMMAIRE
Le 21 février 1431 s’ouvre le procès de Jeanne « la Pucelle ». Pour la première fois, elle se présente devant le tribunal face à ses juges.
Son calvaire va durer près d’un mois. Elle va être soumise sans relâche à une déferlante d’accusations infâmes et de questions insidieuses. Le procès est animé. Jeanne, désavantagée, se trouve confrontée à un aréopage de dignitaires prêts à tout pour la reconnaître coupable. Malgré les pièges tendus, les ruses, et les manipulations fomentées par ses juges, Jeanne va s’obstiner, et refuser les aveux que tous attendent.
UN PROCÈS CHAHUTE !
Ce mercredi 21 février, un peu avant huit heures du matin, une foule nombreuse se presse pour assister à l’événement. L’affluence est si importante que les archers ont le plus grand mal à la contenir, et à l’empêcher d’entrer en masse dans la chapelle du château de Bouvreuil, à Rouen.
On a aménagé une estrade devant le cœur de la chapelle. Six juges et quarante-quatre assesseurs s’y installent. Le décor est en place ; c’est devant ce parterre prestigieux de dignitaires, présidé par l’évêque de Beauvais Pierre Cauchon, que va comparaître la petite lorraine.
DES CESSIONS PUBLIQUES PERTURBÉES !
La première session publique et inaugurale du procès a lieu dans la chapelle royale du château. Cauchon préside l’assemblée. Il est accompagné de 44 juges et assesseurs (abbés, chanoines, religieux, docteurs en théologie …), ainsi que les deux notaires, Manchon et Boisguillaume, qui sont chargés d’enregistrer le procès. On note la présence de deux ou trois secrétaires du roi d’Angleterre. Les interrogatoires se font le matin de 8 heures à 11 heures, dans le désordre général. Il se dégage de la réunion un brouhaha qui couvre en partie les réponses de l’accusée. Le jeudi 22 février La deuxième session publique débute dans la salle du Parlement du château de Rouen, afin d’éviter le chahut de la veille dans la chapelle. Cauchon arrive entouré de 48 assesseurs et juges. Le samedi 24 février La troisième session publique débute dans la salle du Parlement. Le brouhaha est à son comble. Pierre Cauchon a convoqué 62 assesseurs. Le mardi 27 février Pour la quatrième session publique, Pierre Cauchon réunit autour lui 54 assesseurs. Parmi ceux-ci un nouveau venu, Nicolas Loiseleur. Il parviendra à gagner la confiance de Jeanne pour mieux la trahir par la suite.
SÉRÉNITÉ ET DÉTERMINATION…
Jeanne subit une ignominieuse captivité depuis huit mois. Pourtant, lorsque l’huissier Jean Massier l’emmène ce jour face à ses accusateurs, elle est affaiblie certes, mais paraît sereine, etpleine de détermination.
Jeanne écoute, attentive, les charges requises contre elle. Le réquisitoire est prononcé par le promoteur de service (le procureur) Jean d’Estivet.
Celui-ci énumère les accusations qui pèsent comme un lourd fardeau sur les frêles épaules de la jeune « Pucelle » : hérésie, sortilèges, invocation des démons…
Puis Cauchon, l’évêque de Beauvais, lui ordonne de répondre « sans recourir aux subterfuges et cautèles » (ruses, artifices). Mais dès le moment où il lui demande de prêter serment sur les Saints Évangiles, elle lui rétorque : « Je ne sais sur quoi vous voulez m’interroger ; peut-être pourrez-vous me demander des choses que je ne vous dirai pas ». C’est un début pour le moins inattendu…
Le lendemain, le tribunal déménage dans la chambre de parement du château pour les quinze séances suivantes.
Les questions se multiplient de façon désordonnée et dans la confusion la plus totale, à la vitesse d’un feu roulant. N’importe qui y perdrait son latin, mais Jeanne ne se laisse pas déstabiliser par les interrogations qui se succèdent.
Elle est accusée de dévergondage et incriminée pour s’habiller avec des vêtements masculins inappropriés. Elle rétorque : « je ne pris pas cet habit par le conseil d’homme au monde. Je ne l’ai pris et n’ai rien fait que par le commandement de Dieu et de ses anges ».
UNE DIATRIBE ASSASSINE…
A l’énoncé de chaque article relatant les faits et griefs en détail, Jeanne répond : « Je m’en rapporte à ce qu’autrefois j’ai répondu là-dessus. Le reste je le nie ! ». Dès lors, tout le monde présent dans l’assistance comprend que cette diatribe longue et complexe risque de semer le désordre et la confusion. Afin de la rendre plus claire, une commission est chargée de la résumer pour les « docteurs et autres gens experts ». Le document est envoyé à Paris le 22 avril 1431. Pendant ce temps, Jeanne, qui est malade, subit d’interminables exhortations et refuse toujours d’« avouer » ses péchés. Le 2 mai, on lui fait des menaces de torture. En vain. Arrivent enfin les délibérations de l’Université, qui s’est entièrement référée au texte qui lui a été adressé. A cela viennent se rajouter les conclusions d’un groupe de docteurs normands, qui acquiescent les dispositions déjà prises au préalable : Jeanne est coupable de tout ce qu’on lui reproche. Il ne manque plus que les aveux de l’accusée…
LES VOIX, UN SUJET DÉLICAT…
Le samedi 24 février s’ouvre la troisième session publique. Elle débute dans la salle du Parlement. Le brouhaha est à son comble. Pierre Cauchon a convoqué 62 assesseurs.
Le chancelier Jean Beaupère, ancien recteur de l’université de Paris, aborde un sujet délicat : « Ces voix, quand avez-vous commencé à les entendre, où les entendiez-vous ? Étaient-elles accompagnées d’une clarté ? »
D’autres magistrats persistent : « ces visions étaient-elles envoyées par Dieu ou par le Diable ? ».
Enfant, ne s’est-elle pas livrée à la fréquentation des forces maléfiques ? N’allait-elle pas s’ébattre dans les bois près de l’« arbre des fées ? ». Jeanne s’en défend : « ce n’était là que jeux innocents ».
Alors que les questions s’enchaînent de toutes parts, c’est elle qui ramène le calme avec courtoisie : « Eh, beaux sires ! Faites l’un après l’autre !».
INTIMIDATIONS ET REPROCHES
Le samedi 17 mars, le vice-inquisiteur Jean Lemaître aborde l’accusation d’hérésie.
Les questions qui se posent et dont tout le monde attend la réponse : Jeanne veut-elle vraiment se soumettre à l’Église ? Qui considère-t-elle comme le vrai pape ? A-t-elle jamais renier Dieu ?
L’évêque de Beauvais renchérit : « Jeanne, nous vous adressons de charitables exhortations, pour vous avertir au cas où vous auriez fait quelque chose contre la foi, de vouloir vous en rapporter à la détermination de notre sainte mère l’Église ».
Jeanne répond : « Je m’en rapporte à Dieu… Il me semble que c’est tout un de Notre-Seigneur ou de l’Église et que, sur cela, il ne doit pas être fait de difficultés. N’était la grâce de Dieu, je ne saurais rien faire », affirme-t-elle avec sincérité.
L’évêque Cauchon rétorque : « Savez-vous si vous êtes en la grâce de Dieu ? ».
La réponse de Jeanne est aussi fine qu’exquise : « Si je n’y suis, Dieu m’y mette, et si j’y suis Dieu m’y garde, car je serais la plus dolente du monde si je savais n’être pas en la grâce de Dieu ».
Le notaire Boisguillaume, au même moment, est témoin de la « stupéfaction de ceux qui l’interrogeaient ».
De toute évidence, l’assemblée d’illustres dignitaires réunis par l’évêque de Beauvais Pierre Cauchon ne parvient pas à prendre « la Pucelle » en défaut ; que ce soit en matière de sorcellerie, de superstition ou d’hérésie. Les juges, constatant leur échec, se font de plus en plus mauvais.
Au cours des interrogatoires à répétitions, qui se déroulent chaque jour de huit heures à onze heures du matin, ils harcèlent Jeanne en lui posant une multitude de questions. La petite Lorraine est accablée. On essaie de l’impressionner avec d’interminables reproches, et pire, on la prive de messe et de communion.
UN TRAITRE DANS SA GEÔLE !
On essaie tous les subterfuges pour obtenir sa confiance. Un chanoine, Nicolas Loiseleur, est dépêché dans sa cellule pour y jouer le rôle d’un « mouchard ». Mais c’est peine perdue, rien n’y fait !
A ces manigances, Jeanne répond inéluctablement la même détermination, avec la même douceur dans ses paroles.
Maintenant, il faut en finir, et clore l’instruction et le premier acte du procès par le réquisitoire du procureur Jean d’Estivet.
JEANNE, LA CAPTIVE DE GUERRE !
Insultée et brutalisée par ses geôliers, Jeanne conserve ses habits d’homme et ses chausses « bien serrées et liées ». Elle craint néanmoins « que la nuit les gardiens ne lui (fassent) quelque violence ». Les conditions de détention de Jeanne d’Arc soulignent toute l’ambiguïté de sa situation. De toute évidence, elle est traitée comme une prisonnière de guerre, enferrée et gardée par des soldats. Pourtant, elle va comparaître pour hérésie ; ce qui n’est pas la même chose, et qui aurait dû lui valoir un régime carcéral plus clément.
LA TOUR DE LA PUCELLE
Contrairement aux dires, Jeanne ne fut pas emprisonnée dans ce donjon, mais dans la « tour de la Pucelle », aujourd’hui détruite. Ses substructions sont encore visibles au 102 rue Jeanne d’Arc. Ce donjon fut le témoin d’une séance du procès de condamnation de Jeanne d’Arc. Elle y fut menacée de torture, confrontée à ses bourreaux. A la vue des instruments de torture, Jeanne d’Arc affirma : « Vraiment, si vous me deviez faire écarter les membres et faire partir l’âme du corps, oui, je ne vous dirais autre chose ; et si je vous en disais quelque chose, après je dirais toujours que vous me l’auriez fait dire de force. »
Sources :
Photos publiques Facebook
Les rois de France des Éditions Atlas (Valois directs).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_Cent_Ans
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeanne_d%27Arc
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