L’Hospice de la Vieille Charité du Vieux Marseille
LES TÉMOINS DU PASSÉ
L’HOSPICE DE LA VIEILLE CHARITÉ
DU VIEUX MARSEILLE
TYPE : hospice et chapelle.
NOM COURANT : Vieille Charité.
ÉPOQUES : moderne et contemporaine.
ANNÉES DE CONSTRUCTION : de 1679 à 1707.
SIÈCLES DE LA CAMPAGNE PRINCIPALE DE CONSTRUCTION : fin du 17ème siècle et début du 18ème siècle.
DESTINATION INITIALE : « enfermement des pauvres et des mendiants ».
DESTINATION ACTUELLE : centre culturel et muséographique.
PROTECTION : Chapelle et hospice de la Vieille Charité : classement par arrêté du 29 janvier 1951.
MAÎTRES D’ŒUVRE : Pierre Puget.
ÉTAT DE CONSERVATION : sa restauration est commencée en 1961. Elle ne s’achèvera qu’en 1981 pour la chapelle, et en 1986 pour l’ensemble des bâtiments.
DIMENSIONS :
– les quatre ailes de l’édifice sont disposées suivant un rectangle de 112 × 96 m, avec des murs extérieurs dépourvus de fenêtres.
– les bâtiments sont constitués de trois étages de galeries superposées, avec des arcades en plein cintre s’ouvrant sur une cour intérieure de 82 × 45 m.
PROPRIÉTAIRE : la commune.
COMMUNE : Marseille.
DÉPARTEMENT : Bouches du Rhône.
RÉGION : Provence-Alpes-Côte d’Azur.
L’HOSPICE DE LA VIEILLE CHARITÉ
PRÉSENTATION
Au XVIIème siècle, la Charité est une construction sommaire. Elles se compose d’une enceinte et de locaux spartiates accueillant les premiers pensionnaires (dans le but de se conformer à l’Édit royal sur « l’enfermement des pauvres et des mendiants »). Elle s’inscrit dans un réseau d’habitations de détresse et d’assistance publique, comme l’Hôtel-Dieu ou la maison du Refuge destinée à « la détention des femmes de mauvaise vie ».
De nos jours, le bâtiment s’affiche comme un lieu clos par trois ailes sur trois niveaux, dotés d’arcades. En son centre se trouve la chapelle ; un bijou d’architecture. Pierre Pujet, son concepteur, en a fait un chef-d’œuvre du baroque provençal épuré. A partir de 1670, l’architecte mit ici au point une coupole ovoïde en pierre de la Couronne ; une prouesse, un véritable défi aux possibilités techniques de l’époque.
Puis au fil du temps, durant plusieurs siècles, la Charité fut abandonnée. Les murs dégradés furent progressivement désertés, pour devenir successivement un « centre de vieillesse et de l’enfance », puis une caserne en 1905, une conserverie d’anchois, une mûrisserie de bananes, une Œuvre de Sœurs, ou encore une aire réservée à 146 familles sans-abri.
En 1951, l’hospice fut classé au titre des Monuments Historiques. Sa restauration dura près de 25 ans.
Actuellement, le bâtiment abrite le Musée d’Archéologie méditerranéenne, le Musée d’Arts Africains, Océaniens, et Amérindiens, ainsi que des expositions temporaires et une salle de cinéma.
D’autres organismes culturels s’y sont installés, tels le Centre International de la Poésie de Marseille (Cipm), l’Institut National de la Communication Audiovisuelle (Ina), le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), ou encore l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (l’Ehess).
J’avais quatre ans, en 1956, lorsque mes parents vinrent s’installer au Panier, rue Sainte Françoise. Mes années d’enfance, bien que dures et difficiles, furent sans aucun doute les meilleures de ma vie. Nous n’avions pas cette existence dorée que bien des enfants d’aujourd’hui possèdent, tout en l’ignorant, mais elle fut riche et constructive. Dans les années 50/60, nos seules distractions se résumaient à aller chercher une certaine forme de jeux, de culture et de savoir au patronage de La Major et, un peu plus tard, celui du Lacydon. Tout ça bien sûr sous le regard bienveillant de ce saint homme qu’était le Père Pierre Saisse. Le patronage de La Major se trouvait au fond d’une étroite ruelle perpendiculaire à la rue du Petit Puits, rue qui aboutissait dans sa partie haute à la Vieille Charité. Combien de fois au cours de nos jeux d’enfants sommes-nous passés devant la triste bâtisse abandonnée ! Ouverte aux quatre vents, ses vestiges n’intéressaient pas grand monde ; d’ailleurs nous, les gamins, étions les seuls êtres vivants (hormis les chats et quelques bestioles nuisibles) à fouiner dans les lieux. Ces vestiges (« les ruines », comme on disait entre nous) dégageaient une atmosphère pesante, saturée d’un mystère indicible ; nul doute que le passé de ces pierres était chargé d’histoires et d’anecdotes ; que j’aurais, avec le recul, bien voulu connaître. J’ai quelques vagues souvenirs de ces galeries sombres que j’ai arpentées, maintes fois, en courant ; sans me poser les véritables questions… Les parois de l’illustre bâtisse suintaient de la présence de tous ces êtres en détresse, de tous ces fantômes en souffrance qui l’avaient habitée jadis. Il est temps pour moi de vous parler de l’Histoire de la Vieille Charité ; celle de mon enfance… Admirablement bien restauré, l’édifice se présente aujourd’hui comme une étape majeure et incontournable du patrimoine marseillais.
LOCALISATION
La Vieille Charité est située au 2, rue de la Charité, dans le 2ème arrondissement de Marseille (au cœur du quartier du Panier, le noyau historique de la ville, dans le quartier officiel des Grands-Carmes). C’est un bâtiment érigé au XVIIème siècle, sur les plans du Maître-d ’œuvre Pierre Puget, pour accueillir les miséreux et les nécessiteux de la ville. L’ensemble renferme en outre pas moins de 4 musées (ce qui est peu pour un lieu chargé d’histoire comme celui-ci).
MARSEILLE
Marseille est une commune française située dans le département des Bouches-du-Rhône, dont elle est la ville-préfecture. Elle est le chef-lieu de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, et la deuxième ville la plus peuplée de France.
En 2021, la commune comptait 873 076 habitants, les Marseillaises et les Marseillais.
ESCAPADES BUCCO-RHODANIENNES
La vielle Charité se situe à 2,6 km de l’Abbaye Saint-Victor de Marseille, à 5,6 km (en partie par voie maritime) du Château d’If, à 31,9 km de la cathédrale Saint Sauveur d’Aix en Provence, à 32,1 km de la villa romaine Grassi d’Aix en Provence, à 42,5 km de la chapelle Saint-Cyr de Lançon-Provence, à 50 km de Cornillon-Confoux, à 52 km de la chapelle Saint Julien de Miramas-le-Vieux, à 51,7 km de la chapelle du Saint Sépulcre de Peyrolles–en–Provence, à 56,7 km de l’abbaye de Silvacane, à 58,4 km du temple romain de Diane, de Vernègues, à 58,5 km de la chapelle du Sonnailler d’Auron, à 58,8 km de la chapelle Saint-Jean d’Alleins, à 86,1 km du site antique de Glanum, à 90,2 km de l’amphithéâtre d’Arles et à 94,1 km de l’Abbaye de Montmajour.
HISTORIQUE
Au XVIIème siècle, le roi Louis XIV décide « l’enfermement des pauvres et des mendiants ».
En 1640, le Conseil de Ville décide, selon la politique royale, de rassembler dans un lieu propre (la Charité) les natifs pauvres de Marseille. Une étude voit le jour sous la dénomination de « Notre Dame de la Charité », et un terrain est mis à disposition par la ville près de la Cathédrale de la Major, place de l’Observance, sur le versant nord de la Butte des moulins.
Le 24 juin 1640, grâce à la persévérance d’Emmanuel Pachier (chanoine théologal de la cathédrale), la première pierre est posée. Les premiers indigents furent accueillis en juin 1641.
Ce n’est qu’en 1654 que les dirigeants projettent d’édifier un vaste ensemble d’immeubles plus adaptés aux exigences (car à cette époque, il y avait déjà plus de 300 déshérités à la Charité).
En 1670, Pierre Puget (1620-1694), architecte du roi et enfant du quartier, se voit confier la réalisation d’un Hôpital Général pour accueillir les mendiants et les pauvres.
Il faudra attendre 1671 pour que la première pierre soit posée de ce qui sera l’une des plus belles œuvres architecturales de Pierre Puget.
La construction de la Vieille Charité de Marseille s’achève en 1749 (bien après la mort, en 1694, de son réalisateur).
François Puget (1651-1707) reprend la conduite des travaux après la disparition de son père, pour achever la chapelle et les autres ailes qui forment l’édifice que l’on peut admirer aujourd’hui.
L’ensemble comporte quatre ailes de bâtiments, fermés sur l’extérieur. Ils sont ouverts sur l’intérieur par une galerie à 3 niveaux (donnant sur une cour rectangulaire intra-muros) qui rythme la vie de l’édifice. Dans ces vastes immeubles collectifs de travail et de vie, les femmes et les hommes sont séparés.
La chapelle, construite entre 1679 et 1707, se situe au centre de la cour intérieure. C’est une œuvre architecturale exceptionnelle, dotée d’un dôme ovoïde (parfait exemple du pur baroque italien).
Après la Révolution et jusqu’à la fin du XIXème siècle, la Charité se transforme et devient un hospice réservé aux vieillards et aux enfants.
En 1905, le bâtiment est utilisé comme garnison militaire.
Puis, pendant la Seconde Guerre Mondiale, la Charité sert d’abri aux plus démunis (des familles indigentes après la destruction d’une partie du Panier pendant l’occupation allemande de Marseille).
Délaissée après la Guerre, la Vieille Charité est vouée à la démolition. Ses locaux en ruine sont occupés uniquement par des indigents vivant dans des conditions déplorables, dans la misère.
En 1951, sous l’impulsion de l’architecte de la Cité Radieuse, Le Corbusier, la Vieille Charité est classée au titre des Monuments Historiques. Le Corbusier signale à la municipalité l’état de dégradation du bâtiment, qui décide donc de le restaurer.
En 1961, les travaux de restauration débutent ; ils dureront près de 25 ans.
En 1962, tous les occupants sont relogés et le bâtiment fermé.
En 1968, André Malraux, alors ministre de la Culture, accorde des fonds pour sauver les bâtiments qui tombent en ruine.
UN FONCTIONNEMENT CARCÉRAL ET UNE RÉPRESSION SÉVÈRE
La chasse aux gueux…
Au XVIIIème siècle, le châtiment des mendiants et des gueux se faisait de façon énergique, voire brutale. Des gardes, appelés « chasse-gueux », étaient chargés de s’emparer des mendiants. Les étrangers étaient expulsés, et les Marseillais enfermés dans l’hospice. Ces gardes étaient fréquemment confrontés à la population, qui prenait souvent fait et cause pour tous ces déshérités.
Dans cet hospice, il y avait des ateliers où les mendiants pouvaient travailler. Les enfants étaient placés comme domestiques, mousses ou apprentis chez les passementiers ou les boulangers.
Avec le temps, le nombre des personnes internées se développa, et passa de 850 en 1736 à 1059 en 1760.
L’internement des pauvres étant de moins en moins autorisé, le nombre de personnes recluses diminua ensuite progressivement, pour atteindre 250 en 1781.
LE QUARTIER DU PANIER
L’HOSPICE DE LA VIEILLE CHARITÉ
DU VIEUX MARSEILLE AUJOURD’HUI
L’EXTÉRIEUR
L’ENTRÉE
LES GALERIES
Le bâtiment est construit en pierre rose et blanche de la carrière de la Couronne. L’ensemble se compose de quatre ailes de bâtiment, formant un quadrilatère.
LA CHAPELLE
Au centre de ce quadrilatère, dans l’axe de la porte d’entrée, on distingue une majestueuse chapelle coiffée d’une coupole elliptique.
Le porche est constitué de colonnes corinthiennes, dans le style Second Empire.
Ce fronton copie le thème de la Charité accueillant les enfants indigents ; il est entouré par deux pélicans les nourrissant. Il fut construit entre 1861 et 1863 par Blanchet, architecte des hospices de Marseille.
L’INTÉRIEUR
L’INTÉRIEUR DE LA CHAPELLE
Sources :
Mes photos
Photos publiques Facebook
https://fr.wikipedia.org/wiki/Vieille_Charit%C3%A9
https://www.lepanierdemarseille.com/la-vieille-charite-le-panier
https://www.marseilletourisme.fr/fr/que-voir/patrimoine-culture/monuments/vieille-charite/