Les Témoins du Passé – l’Abbaye Saint Victor

LES TÉMOINS DU PASSÉ

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L’ABBAYE SAINT-VICTOR

Marseille, Bouches du Rhône

 

Saint Victor extérieurs

Blason ville de Marseille

Blason ville de Marseille

 

 

TYPE : Ancienne abbaye.

CULTE : Catholique romain.

RATTACHEMENT : archidiocèse de Marseille.

ARCHITECTURE : romane et gothique.

DÉBUT DE LA CONSTRUCTION : 5ème siècle, paléochrétien.

LE CLIN D’ŒIL !

L’ART PALÉOCHRÉTIEN (ou art et architecture primitifs chrétiens) est un art développé par les Chrétiens ou sous l’égide chrétienne, entre l’an 200 et l’an 500. Il couvre une période s’étalant du règne de Justinien (482-565) en Orient jusqu’aux invasions barbares au 6ème siècle en Occident, et à la conquête arabe (Omeyades) en Syrie, en Égypte et en Afrique du Nord. Il demeure très peu de vestiges artistiques d’avant l’an 200 qui puissent être qualifiés avec certitude de chrétiens. Ils sont pour la plupart apocryphes. Après l’an 500, l’art paléochrétien s’ouvre sur l’art byzantin et celui du haut Moyen Âge.

FIN DES TRAVAUX : 1365.

AUTRES : destruction du cloître sous la Révolution.

Ci-dessus : les restes du cloître après sa destruction sous la Révolution.

 CLASSEMENT ET PROTECTION :    le site est classé par les listes des monuments historiques de 1840 et 1862.100px-Logo_monument_historique_-_rouge_ombré_sans_texte.svg

UN PEU D’HISTOIRE !

OMEYYADES ou UMAYYADES : dynastie arabe de califes, positionnée sur Damas de 661 à 750, puis sur Cordoue de 756-1030. Les Omeyyades gouvernent le monde musulman de 661 à 750. Ils tiennent leur nom de leur ancêtre ʾUmayyah ibn ʿAbd Šams, grand-oncle du prophète Mahomet. A son apogée, leur empire s’étend de l’Inde et de l’Asie centrale à l’Atlantique ; leur tentative de conquête de l’Europe occidentale s’achève avec leur défaite à Poitiers en 732, face à Charles Martel.

HISTORIQUE & FONDATION

UN PEU D’HISTOIRE !

C’est en l’an 600 avant Jésus Christ que des Grecs de Phocée (Foça de nos jours en Turquie) fondent Marseille. Devenue romaine, la ville prend alors le nom de Massalia, et son port, le « Vieux-Port » porte le nom grec de « Lacydon ».

Vieux Port de Marseille vu de l'Abbaye

Vieux Port de Marseille vu de l’Abbaye

Proculus ou Procule est le deuxième évêque connu de Marseille ; il succède à Oresius (314). Durant un demi-siècle, de 380 à 430, il occupe le siège épiscopal de Marseille. Il y reçoit avec complaisance un certain Jean Cassien. De toute évidence, cet anachorète (ermite) est l’inspirateur de la vie monacale à Marseille. Au 5ème siècle, le moine Jean Cassien fonde l’Abbaye Saint Victor.

ANACHORÈTE : « qui s’est retiré du monde ». C’est une personne qui s’est volontairement soustraite de la société temporelle pour des raisons religieuses, afin de suivre une vie basée sur l’austérité, la rigueur et la pénitence. Les anachorètes sont des ermites qui vouent leur existence à la spiritualité, à la prière et à l’Eucharistie.

Icône de Saint Jean Cassien

Icône de Saint Jean Cassien

L’édifice surplombe le côté sud du port ; Massalia, elle, se situe alors sur la rive opposée. L’abbaye est bâtie sur une zone de nécropoles antiques, proches des tombes de martyrs de la cité phocéenne, parmi lesquels Saint Victor de Marseille, qui lui donnera son nom.

UN PEU D’HISTOIRE !

Jean Cassien est né entre 360 et 365 en Scythie mineure (probablement en Dobroudja actuelle Roumanie) ; il meurt à Marseille entre 433 et 435. Ses origines, ainsi que les dates de sa naissance et de sa mort, sont apocryphes ou mal définies. C’est un religieux méditerranéen, moine et écrivain, qui a marqué de son empreinte les débuts de l’Église en Provence au 5ème siècle. Il est le fondateur de l’Abbaye Saint-Victor de Marseille.

A l’origine, l’église érigée par Proculus est composée d’un édifice qui comprend l’actuelle chapelle Notre-Dame de la Confession et l’Atrium. Une dévotion prend alors forme sur le secteur de l’actuelle abbaye. Cette adoration se limite à une tombe que l’on glorifie suivant un mythe, affirmant qu’elle renferme les reliques de Saint Victor, martyr éponyme marseillais du 4ème  siècle.
Vers le 5ème siècle, les pèlerins, attirés par le lieu saint, affluent de toutes parts, et se font inhumer « ad sanctos », à proximité des corps saints, pour être plus près de Dieu.

Statue de Saint Victor

Statue de Saint Victor

 

PLAN DE L’ÉGLISE SUPÉRIEURE

Saint-Victor_plan-de-l'église_supérieure

Figure 1 La légende du plan comporte une erreur il faut échanger le jaune et le rose.

LÉGENDE

A- Porche d’entrée  
1- Sarcophage à strigiles et croix au centre
B- Chapelle du Saint Sacrement
2- Autel en marbre du 5ème  siècle
C- Nef
D- Travée droite (côté sud) 3- Sarcophage d’Abraham
E- Travée gauche (côté nord) 4- Notre Dame de la sagesse
5- Statue de Saint Lazare
F- Transept 6- Tableau de Michel Serre
7- Reliquaire
8- Tableau de Papety
9- Reliquaire
G- Chœur 10- Autel
11- Emplacement du tombeau d’Urbain V
H- Sacristie
I- Chapelle du Saint Esprit 12- Fonts baptismaux
J-Entrée de la crypte

1 – LE PORCHE  D’ENTRÉE

La porte d’entrée se trouve à l’est, dans la tour d’Isarn. Le porche est de conception classique. Sa voûte est très courbée et prend appui sur deux solides arcs d’ogives, au profil rectangulaire, dépourvus de clef de voûte. Ces derniers viennent finir leur course sur des piliers à arêtes vives, encastrés dans les angles. 

   

Après avoir franchi le seuil du porche d’entrée, le visiteur s’imprègne tout de suite de l’ambiance des lieux. Face à lui se trouve un sarcophage en marbre de Carrare, datant de la fin du 4ème ou du début du 5ème siècle. Il a été découvert au cours de fouilles, dans le sous-sol même de cette petite salle.

2 – LA NEF ET LES TRAVÉES

La nef, de style gothique, est constituée de quatre travées et de ses bas-côtés. Ils datent de l’abbatiat d’Hugue de Glavinis mort en 1250. La nef reflète ainsi l’époque romane. Au 17ème siècle, ses voûtes seront percées de fenêtres, permettant de la sorte un éclairage direct de son espace. Dans le fond se trouve l’orgue, construit en 1840 par A Zieger. Le buffet a été dessiné par D Godel (Genève) et construit par les établissements Foix de Marseille. C’est le facteur d’orgue J. Dunand de Villeurbanne qui réalisera la partie instrumentale. L’entrée de la crypte se situe en contrebas de l’orgue. Dans la travée droite se trouve, juste en face du porche d’entrée, un très beau sarcophage représentant le sacrifice d’Abraham.

 

Cette statue en bois de châtaignier de la Vierge à l’Enfant, dite Vierge de Majesté, est une sculpture réalisée d’après une Vierge Catalane du XIe siècle. 

Notre-Dame de la Sagesse

Notre-Dame de la Sagesse

LE CLIN D’ŒIL !

En histoire de l’art, L’ART ROMAN est la période qui s’étend, en Europe, du début du 10ème siècle à la seconde moitié du 12ème siècle. Elle se situe entre l’art préroman et l’art gothique.

LE CLIN D’ŒIL !

L’ARCHITECTURE ROMANE est un style architectural qui a pris son essor en Europe au cours du Moyen-Âge (entre le milieu du 10ème siècle et le 12ème siècle). Il est emblématique des monuments religieux de cette époque, et se définit par l’utilisation de voûtes en berceau de plein cintre, de voûtes brisées ou de voûtes d’arêtes, soutenues par des colonnes latérales. Ces dernières, qui soutiennent les arcs, sont essentiellement cylindriques et surmontées de chapiteaux. Elles sont, dans la plupart des cas, sculptées avec des reproductions d’animaux, de plantes, ou bien avec des symboles géométriques.

Vitraux

Vitraux

3 – LE TRANSEPT

Dans chaque bras du transept l’on trouve des alcôves abritant des reliquaires.

4 – LE CHŒUR

La partie orientale, qui comprend  le transept et le chœur, a été reconstruite par le pape Urbain V. L’abside, qui est constitué de cinq angles, est renforcée par quatre puissants épaulements  crénelés, à la manière de tours de défense. L’ensemble prend l’aspect d’un petit fortin, avec des parois de 3,25 mètres d’épaisseur.

Le tabernacle et le maître autel sont des œuvres de Jean Bernard et des Compagnons du devoir. Ils ont été consacrés en 1966. Le maître autel est constitué de pierre et de bronze ; il est porté par deux pieds composés chacun de quatre statues :

– Saint Victor, Saint Pierre, Saint Paul et Saint Cassien pour l’un.

– Saint-Jean Baptiste, Urbain V, Saint Lazare et Sainte Marie-Madeleine pour le second.

La clef de voûte du chœur date du 14ème siècle (1360-1370).

PLAN DE l’ÉGLISE INFÉRIEURE

Plan de la Crypte de l'Abbaye de Saint-Victor

Plan de la Crypte de l’Abbaye de Saint-Victor

LÉGENDE

A- Escalier d’accès
B- Chapelle Saint-Mauront 1- Quatre du nombre des sept dormants d’Éphèse
2- Sarcophage des compagnons de saint-Maurice
3- Sarcophage de saint-Maurice
C- Chapelle d’Isarn 4-Pierre tombale d’Isarn
5- Sarcophage de Sainte-Eusébie
6- Sarcophage des compagnes de Sainte-Ursule
7- Épitaphe de Glazinis
8- Fresque des moines bâtisseurs
D- Chapelle Saint-André
E- Ancienne sacristie 9- Épitaphe Fortunatus et Volusianus
10- Sarcophage du Christ trônant
11- Sarcophage des brebis et des cerfs
12- Sarcophage de l’Anastasis
13- Couvercle de sarcophage à acrotères
14- Épitaphe païenne
F- Martyrium 5- Vierge noire
16- Sarcophage de Saint-Cassien
17- Tombe des saints Chrysante et Darie
G- Chapelle saint Lazare 18- Sarcophage de saints Innocents
H- Atrium ou plan carré 19- Mosaïque 
I- Chapelle saint Blaise
J- Chapelle saint Hermés
K- Ancien accès à la crypte

1 – ESCALIER D’ACCÈS

L’accès à la crypte se fait par un escalier situé au fond de la nef, sous les orgues.

 

       

Dans la chapelle Saint-Mauront on peut découvrir, dès la descente des escaliers sur la droite, les quatre des sept dormants, puis le sarcophage de Saint Maurice et celui des compagnons de Saint Maurice.

 

2- LA CRYPTE

LA VOÛTE

C‘est la portion la plus significative de l’édifice du 5ème siècle. Ce sanctuaire, d’architecture paléochrétienne, est surmonté d’une coupole.

 

CHAPELLE SAINT-MAURONT

Le sarcophage de Julia Quintina (2ème siècle) a été réemployé à la fin du 7ème siècle pour y placer le corps de Mauront, évêque de Marseille au 7ème siècle. Il est utilisé comme retable à l’autel de la chapelle consacrée à ce dernier. 

 

– Les quatre des sept dormants

Il s’agit d’un morceau de la partie gauche, du grand côté, d’une cuve de sarcophage en marbre de carrare. Il date de la fin du 4ème siècle et représente une procession de cinq apôtres. Il proviendrait du cimetière de Saint- Victor.

 

– Sarcophage de Saint Maurice

Fin du 4ème siècle. Ce sarcophage est composé de sept arcades, soutenues par des colonnes torsadées avec des chapiteaux. Le Christ trônant est au centre ; on aperçoit à ses pieds une brebis qui le contemple. De chaque côté du Christ, les douze apôtres sont réunis deux par deux et portent un livre ou un rouleau. 

Sarcophage de Saint Maurice

Sarcophage de Saint Maurice

– Sarcophage des compagnons de Saint Maurice

Fin du 4ème siècle. Ce sarcophage est partagé en cinq alvéoles soutenues par des colonnes torsadées avec des chapiteaux. Au centre, le Christ est avec deux apôtres, Pierre et Paul. A droite, on distingue l’arrestation du  Christ puis on le découvre en présence de Ponce Pilate, à qui on apporte une carafe d’eau et qui s’apprête à se laver les mains. La scène de gauche montre le Christ qui apparaît à l’apôtre Paul. La dernière figure représente la lapidation de Paul à Lystra.

 

CHAPELLE  D’ISARN

Dans cette chapelle, placée en contrebas de l’escalier d’accès, se trouve la pierre tombale de l’abbé Isarn. Sont exposés aussi, chacun dans une alcôve, le sarcophage de Sainte Eusébie et celui des compagnons de Sainte Ursule. Face à la stèle d’Isarn on peut voir l’épitaphe d’Hugues de Glazinis, et, dessiné sur une voûte, un fragment de fresque représentant les moines bâtisseurs. 

– Pierre tombale de l’abbé Isarn

Fin du 11ème siècle. Cette plaque a été taillée dans le fond d’une cuve de sarcophage dont elle a gardé les contours. Le gisant de l’abbé d’Isarn est recouvert par une dalle qui se termine en deux demi-cercles. La portion centrale est rectangulaire et plus large ; elle dissimule la majeure partie du corps de l’abbé. Celui-ci n’apparaît que dans les deux extrémités de la dalle funéraire ; on distingue d’un côté la tête et le bâton pastoral, et de l’autre les pieds.

 

 

– Sarcophage de Sainte Eusébie

Début du 4ème siècle. En son centre figure un médaillon avec un portrait. En dessous l’on distingue Jonas, ainsi que le poisson qui l’a avalé et rejeté. Sur la droite, Moïse est représenté détenteur des tables de la loi ; à gauche, il fait jaillir une source d’un rocher avec son bâton.

 

 

– Sarcophage des compagnes de Sainte Ursule

1ère moitié du 5ème siècle. Il est fractionné en sept compartiments soutenus par des colonnes. Au centre, dans la partie la plus large, le Christ est couronné par la main de Dieu. Il se dresse sur une montagne avec, à ses pieds, quatre rivières qui ruissellent. Il est entouré par Saint Pierre, qui porte une croix, et par Saint Paul, avec sur chaque côté cinq apôtres. Sur le couvercle, lui aussi décoré, l’on aperçoit, à gauche, deux cerfs étanchant leur soif, entourés par deux arbres : la scène est sensée représenter le paradis. Au centre, deux anges portent un cadre au-dessus duquel se trouve un chrisme (symbole chrétien), lui-même cerné par deux dauphins. A droite, l’on distingue le miracle des noces de Cana et celui de la grappe de raisin de la terre promise.

 

 

 

– Épitaphe d’Hugues de Glazinis (milieu du 13ème siècle)

Hugues de Glazinis, bienheureux, entreprend en 1201 une refonte importante de l’édifice ; les travaux dureront une bonne partie du XIIIe siècle. Il est notamment à l’origine de la construction de la grande nef de la basilique. Cette épitaphe se trouve en face de la pierre tombale d’Isarn.

 

 

 

– Fresque des moines bâtisseurs (peinture murale du 13ème siècle)

Ce fragment de fresque murale des moines bâtisseurs se trouve sur un arc doubleau de la chapelle d’Isarn.

 

 

CHAPELLE SAINT LAZARE

Cette chapelle du  Moyen-Âge est taillée dans la roche. Elle devient un lieu de culte dans lequel on vénère la mémoire de Saint Victor.

Deux colonnes soutiennent la voûte ; l’une est  coiffée d’un superbe visage sculpté sur le chapiteau ; les Marseillais y ont vu une figuration de Lazare, leur 1er  évêque d’Aix-en-Provence

UN PEU D’HISTOIRE !

Au 5ème siècle, Lazare d’Aix en Provence, ou bien Saint Lazare, est désigné par l’empereur Constantin III comme premier évêque du diocèse d’Aix en Provence. Auparavant, il aurait effectué un pèlerinage à Jérusalem, en Terre Sainte. Dès son retour il prêche sa foi dans toute la Provence. Cependant, les évêques de la région, jaloux de son succès, l’obligent à abandonner sa quête. Face à l’hostilité de son entourage, il prend la décision de se retirer à l’abbaye Saint Victor de Marseille, dans laquelle il meurt le 31 août 441. Son corps sera enseveli dans la crypte de l’édifice religieux. Ses reliques seront partagées entre la cathédrale Saint-Lazare d’Autun en Bourgogne, la cathédrale Sainte-Marie-Majeure de Marseille, et la crypte de l’ancienne abbaye Sainte-Richarde, à Andlau en Alsace.

 

–  Sarcophage de Saint Innocent (2ème siècle)

En marbre blanc, le sarcophage dit « des  Saints Innocents » aurait été découvert en 1628.

Chapelle Saint Lazare et sarcophage des Innocents

Chapelle Saint Lazare et sarcophage des Innocents

–  Autel de Marie-Madeleine

Situé à même la roche, au centre de la chapelle Saint Lazare, se trouve l’autel dédié à sainte Marie-Madeleine. Cette dernière est représentée sur un bas-relief, aux pieds du Christ en croix. Elle s’appuie sur un rocher ; sur le sol figure un crâne ; cinq anges sont aussi représentés. Cette sculpture est attribuée à un élève du grand sculpteur marseillais du 17ème siècle, Pierre Puget.

 

CHAPELLE SAINT ANDRÉ

Au nord de la chapelle d’Isarn, on découvre la chapelle Saint-André. Celle-ci est enclavée dans les fondations de la tour d’Isarn. Elle abritait au Moyen-Âge les reliques de Saint-André et une croix en X, qui avait été ramenée comme butin par un baron de la 4ème croisade. Au-dessus de l’autel on peut apercevoir une icône grecque de Saint-André sur la Croix (don de l’Eglise de Patras -1960).

 

Fragment d’épitaphe d’un évêque

Cette épitaphe se trouve dans la chapelle Saint-André ; elle y fut écrite au 17ème siècle, puis égarée. Il semblerait qu’elle soit celle de l’évêque Lazarus, occupant en 408 le siège d’Aix en Provence ; siège qu’il sera obligé de quitter trois ans plus tard.

Traduction de P. Amargier : « Ci-git de bonne mémoire le pape Lazare qui vécut dans la crainte de Dieu plus ou moins soixante-dix ans et a reposé dans la paix le… »

 

Fac-similé de l'épithaphe de Saint Lazare

Fac-similé de l’épithaphe de Saint Lazare

ANCIENNE SACRISTIE

A l’ouest de la chapelle Saint-André, l’on entre dans une salle découverte en 1857, désignée comme « l’ancienne sacristie ». Différents vestiges y sont exposés. On distingue notamment l’épitaphe de Fortunatus et Volusianus, le sarcophage du Christ trônant, le sarcophage des brebis et des cerfs, un fragment du sarcophage de l’Anastasis, un couvercle de sarcophage à acrotères et une épitaphe antique païenne.

 

– Statue de Saint Victor

 – Épitaphe de Fortunatus et Volusianus (probablement du milieu du 3ème siècle).

Les historiens envisagent deux solutions :

1- Pour les uns, il s’agirait d’une épitaphe chrétienne rappelant le martyre de Volusianus et Fortunatus, morts par le feu au 3ème siècle. Plusieurs symboles ne laissent aucun doute sur les origines, comme l’ancre qui était un des signes utilisés par les chrétiens.

2- Pour d’autres, il s’agit d’une plaque commémorative à la mémoire de deux marins naufragés.

 

Épitaphe de Volusianus et Fortunatus

Épitaphe de Volusianus et Fortunatus

 

– Sarcophage du Christ  trônant (milieu du 5ème siècle)

Taillé dans de la pierre de Cassis, ce sarcophage est décoré sur sa façade par des fragments retrouvés, et réunis à la manière d’un puzzle. La reconstitution de la scène du « Christ trônant » a été possible grâce à des anciens dessins préservés.

Sur la façade du sarcophage, le Christ est représenté au centre, dans un médaillon soutenu par deux anges ; il est assis et porte un livre. Sur les côtés, on distingue Saint Paul à gauche, et Saint Pierre qui porte la croix à droite ; tous deux le glorifient.

 

Sarcophage du Christ trônant

Sarcophage du Christ trônant

– Sarcophage des brebis et des cerfs (5ème siècle)

Taillé dans de la pierre de Cassis, lui aussi a été reconstitué grâce à des dessins anciens qui ont été préservés. La scène représente l’agneau divin au centre. Il se dresse sur une montagne, d’où jaillissent les fleuves du paradis. De gauche à droite sont représentés les miracles de Cana et la multiplication des pains. Sur le couvercle on distingue six brebis s’orientant vers le centre, vers un symbole chrétien sur lequel sont inscrites les lettres alpha et oméga.

 

Sarcophage des brebis et des cerfs

Sarcophage des brebis et des cerfs

– Épitaphe antique

 

Épitaphe antique

Épitaphe antique

– Sarcophage antique  (décoration du 12ème ou 13ème  siècle)

Sur le couvercle on peut découvrir une inscription funéraire, celle d’un inconnu, Petrus Andreas, mort un 4 décembre. Le sarcophage est orné au centre d’une croix encadrée par deux blasons.

Sarcophage antique

Sarcophage antique

 

LE MARTYRIUM

– Autel Saint Victor

 

 

 – Vierge Noire ou Notre Dame de la Confession

C’est une statue en bois polychrome, au fond vert constellé d’or, de la vierge Marie qui porte son fils. Depuis des époques lointaines les pèlerins se dirigent vers ces cryptes pour la vénérer. Notre-Dame de la Confession est célébrée lors des fêtes de la Chandeleur.

LA CHANDELEUR (fête des chandelles), est une fête chrétienne qui correspond à la présentation du Christ au Temple. Elle se déroule le 2 février, 40 jours après Noël.

 

 

LE CLIN D’ŒIL…

LÉVITIQUE : 3ème des cinq livres de la Tora chez les Juifs.

PENTATEUQUE : cinq premiers livres de la bible chez les Chrétiens.

D’après le chapitre XII du Lévitique de l’Ancien Testament, une femme qui accouche d’un garçon doit attendre 40 jours avant de retourner au temple. Le délai doit être multiplié par deux si c’est une fille. La Vierge Marie présente donc son fils au temple le 2 février en y apportant des présents. C’est la Chandeleur. On expose alors la statue de la Vierge noire dans l’église, et l’on forme une procession. C’est une fête typiquement marseillaise. Au 19ème siècle cet engouement populaire rassemblait entre 60 000 et 80 000 personnes. C’est l’occasion d’acheter des navettes à la boulangerie la plus proche. Ce biscuit en forme de barque rappelle l’embarcation qui, d’après la légende, aurait conduit aux Saintes-Maries-de-la-Mer, Marie Salomé, Marie Jacobé, Marie Madeleine et Sarah.

– Sarcophage de Jean Cassien (1ère moitié du 5ème siècle)

Construit en marbre pyrénéen, il est actuellement utilisé comme autel. Son architecture est faite de cinq compartiments, séparés par des colonnes supportant des arcs en accolades. On distingue au centre la silhouette d’un adolescent, et dans les alvéoles attenantes, des adultes. La case de gauche nous montre un couple avec l’homme qui présente en offrande un enfant.

 

 

UN PEU D’HISTOIRE…

Au cours de la Révolution française, le cloître et les habitations des moines seront détruits. L’édifice religieux se transforme alors en entrepôt pour le fourrage, et des forçats y seront même écroués dans les cryptes. Ce n’est qu’en 1804 que l’abbaye sera rétablie. On pourra à nouveau y célébrer le culte. Durant ce laps de temps, les sous-sols ont été spoliés de nombreux sarcophages et colonnes. En 1832, les travaux d’aménagement du bassin de Carénage, éloigne Saint Victor du rivage du port, tandis que la ville s’agrandit et de nouvelles rues prennent naissance tout autour de l’église. Plusieurs campagnes de fouilles ont été menées par Fernand Benoit en 1943, puis entre 1963 et 1965. Les travaux des archéologues sous la férule de Gabrielle Démians d’Archimbaud seront poursuivis entre 1970 et 1978 ; il demeure certain que de nombreuses zones du site restent, à ce jour, inexplorées.

 

 

Blason ville de Marseille

Blason ville de Marseille

 

 

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