L’abbaye Saint Pierre de Maillezais
LES TÉMOINS DU PASSÉ
L’ABBAYE SAINT PIERRE DE MAILLEZAIS
TITRE COURANT : ancienne abbaye Saint Pierre.
CULTE : catholique romain.
ORDRE : Bénédictin.
STYLE DOMINANT : gothique.
TYPE : abbaye.
RATTACHEMENT : diocèse de Maillezais.
PÉRIODES DE CONSTRUCTION : XIème, XIIème, XIIIème et XIVème siècles.
ÉTAT DE CONSERVATION : vestiges.
PROTECTION DU SITE : classé sur la liste des Monuments Historiques le 30 janvier 1924.
PROPRIÉTAIRE : département de la Vendée.
COMMUNE : Maillezais.
DÉPARTEMENT : Vendée.
RÉGION : Pays de la Loire.
LOCALISATION :
Maillezais est une commune française située dans le département de la Vendée, en région Pays de la Loire.
Sise au cœur du Marais poitevin humide, encore appelée Venise verte, Maillezais est traversée par l’Autise canalisée : le canal de la jeune Autise. La ville est située à 13,2 kilomètres de Fontenay-le-Comte et à 28 kilomètres de Niort.
Lire : le donjon de Niort.
PRÉSENTATION & HISTORIQUE
Majestueuse forteresse, abbaye romane, puis cathédrale gothique, l’abbaye de Maillezais a rayonné pendant des siècles sur les plans religieux, économique et artistique. Fondée à la fin du Xème siècle, l’abbaye fut rattachée en 1057 à l’Ordre de Cluny.
A l’origine, elle fut érigée sur une butte qui dominait l’ancien golfe du Poitou. Les ruines imposantes de cet ensemble architectural exceptionnel s’élèvent aujourd’hui au cœur du Marais Poitevin.
FONDATION
Vers l’an mil, l’île de Maillezais est un milieu sauvage où le duc d’Aquitaine possède un refuge de chasse. C’est à cette époque que les premiers moines défricheurs de Saint Benoît s’y établissent.
D’après le récit du moine Pierre, daté de 1060, celui-ci indique qu’au cours d’une chasse, Emma de Blois (l’épouse du comte Guillaume Fier-à-Bras) découvrit dans l’île de Maillezais les ruines d’une chapelle Saint-Hilaire, et décida d’y fonder un monastère vers 976.
En 989, l’église est consacrée par Gombaud de Gascogne, archevêque de Bordeaux. C’est l’abbé Gausbert, le cousin de la comtesse Emma, qui fait venir et installe les treize moines de Saint-Julien de Tours.
Le nouveau sanctuaire se développe, et occupe alors une place de choix en Poitou. Et cela grâce aux nombreux dons des Ducs d’Aquitaine, dont il deviendra même la nécropole.
Ses fils Guillaume VI et Eudes, tout comme l’évêque de Poitiers Gislebert, choisiront aussi de se faire inhumer à Maillezais.
En 1057, l’abbaye est rattachée à Cluny par le pape Étienne IX.
Au début du XIIIème siècle, les abbayes de Maillezais (Nieul-sur-l’Autise, Saint-Michel-en-l’Herm, l’Absie et Saint-Maixent) s’unissent pour aménager cet immense territoire, qui deviendra le Marais Poitevin.
Lire : l’abbaye de Nieul-sur-l’Autise.
En 1197, l’abbaye reçoit de nombreuses donations et s’enrichit. Le pape Célestin III confirme à Maillezais plus d’une cinquantaine d’églises et de nombreux domaines dans le Marais Poitevin. Elle devient l’abbaye bénédictine la plus riche du Poitou.
En 1317, le pape Jean XXII décide de scinder le diocèse de Poitiers en trois ; Maillezais et Luçon se voient érigées en évêchés.
L’abbatiale de Maillezais devient une cathédrale, et l’abbaye est agrandie (plus tard, à la Renaissance, elle deviendra un centre de la vie intellectuelle). C’est à cette époque que l’évêque Geoffroy d’Estissac reçoit à l’abbaye un certain François Rabelais. Il viendra s’y instruire pendant cinq ans, avant de connaître la célébrité et devenir un illustre écrivain connu de tous.
Le bâtiment roman initial sera largement retouché, notamment en 1317, à la suite de la transformation de l’abbaye en cathédrale. Cette modification entraînera la reprise des bords de la nef et l’ajout d’un transept. Ce n’est qu’au début du XVIème siècle que l’on bâtira le chœur.
LES GUERRES DE RELIGION
L’abbaye est pillée une première fois par les protestants en 1562.
En 1589, Henri IV nomme Agrippa d’Aubigné gouverneur de Maillezais. Celui-ci va continuer à fortifier le site à l’aide de matériaux prélevés sur le cloître et l’abbatiale. Il en aura la garde
pendant trente ans.
Transformée en forteresse de défense au XVIIème siècle, l’abbaye Saint-Pierre de Maillezais est alors dirigée par les protestants (dont le fameux chef militaire Agrippa d’Aubigné). Mais les attaques incessantes des troupes catholiques vont causer de gros dégâts et provoquer sa ruine. En 1666, après les Guerres de Religion, le site tombera dans l’abandon ; inexorablement, le bel ensemble se transformera en un champ de ruines.
LA RÉVOLUTION FRANÇAISE
En 1791, au cours de la Révolution Française, l’abbaye sera vendue comme bien national. Par la suite, le site sera démantelé et servira de carrière de pierres.
En 1923, l’abbaye Saint-Pierre de Maillezais est classée Monument Historique ; elle est désormais épargnée de la destruction totale.
En 1996, elle est acquise par le Conseil Départemental de la Vendée, qui la restaure et en assure depuis sa gestion.
L’abbaye de Maillezais est aujourd’hui un vrai bijou d’architecture. Elle nous offre simultanément le spectacle des périodes romane, gothique ou renaissance. Elle a toujours représenté un exemple et fait figure de modèle. Ses ruines magistrales se dressent encore de nos jours ; elles sont, sous notre regard émerveillé, les témoins silencieux d’une grande Histoire : celle de France.
UNE TERRE DÉTREMPÉE ET GORGÉE D’EAU
Un survol du territoire montre un quadrillage fait de digues et de canaux. Comment les ouvriers du 17ème siècle ont-ils fait pour creuser ces canaux ? On peut se poser la question. Leurs tracés sont rectilignes et parfaitement droits sur plusieurs kilomètres. Il faut savoir que les gens de cette époque ne possédaient pas les moyens modernes que nous avons aujourd’hui ! Alors ?
L’ABBAYE DE MAILLEZAIS, UNE PORTE OUVERTE SUR 1000 ANS D’HISTOIRE EN BAS-POITOU
L’ENTRÉE
L’HÔTELLERIE/ LES BÂTIMENTS CONVENTUELS
Dès notre entrée sur le site, tels des pèlerins et voyageurs de l’époque, on est frappé par la façade impressionnante des bâtiments de l’hôtellerie. Le haut bâtiment du XVème siècle qui nous accueille est précisément l’Hôtellerie, un lieu où l’on recevait les hôtes de marques et les pèlerins de passage. Cette immense construction renferme la cuisine, le réfectoire et le dortoir des hôtes, ou encore la cave à sel, et le « cachot de Rabelais »…
Ces lieux sont des témoins du passé florissant d’une abbaye largement ouverte aux échanges économiques et culturels.
LA RÉCEPTION DES HÔTES ET DES PÈLERINS
Le bâtiment de droite, le plus imposant, doté d’un pignon triangulaire, est ce qui reste d’un toit recouvert d’ardoises disparu ; c’est celui de l’Hostellerie.
Il abrite un espace de stockage au rez-de-chaussée, nommé au XIXème siècle « cachot de Rabelais », un réfectoire au premier niveau, et au second, un dortoir possédant de larges baies en arcs brisés.
Érigés au sud-est du site, à l’écart des édifices monastiques, les bâtiments de l’hôtellerie étaient destinés à l’accueil des laïcs. Des constructions d’origine, bâties au XIVème siècle, il ne perdure que deux ailes, ce qui donne à la bâtisse actuelle sa forme en équerre.
Elle est l’ultime vestige de la forteresse qu’a fait bâtir sur l’île le duc d’Aquitaine Guillaume fier à Bras, qui redoutait une agression des Normands. Cette porte, qui fait front à la digue aménagée par les moines pour assurer leur ravitaillement, deviendra par la suite une des entrées favorites de l’abbaye.
LES FOUILLES
CAVE A SEL/CELLIER
La cave à sel est intégrée à un vaste réseau souterrain. Si l’appellation de « cave à sel » est assez récente, elle insiste sur la valeur de cet « or blanc » à l’époque médiévale. Les seigneurs et les abbayes avaient compris toute l’importance de cet ingrédient qui permettait la conservation des aliments (salaison des viandes etc…).
BUANDERIE ET FOURNIL
LE RÉFECTOIRE DES CONVERS
Dans l’aile Est, le réfectoire et le dortoir possèdent des structures affichant un certain confort : deux vastes pièces ornées de peintures murales, de cheminées monumentales, et de grandes fenêtres à coussièges ; l’accueil proposé était de qualité.
LE RÉFECTOIRE DES HÔTES
L’aile sud comprend de nouveaux espaces, plus modestes dans leurs décorations, mais malgré tout spacieux. On y trouve une cuisine surmontée d’une hotte centrale octogonale, un réfectoire autrefois surmonté d’un dortoir et, au sous-sol, la « cave à sel ».
On remarque que certains contreforts sont épais et très larges. C’est parce qu’à la fois ils servent de renforts des murs, et ils ceinturent les conduits de cheminées.
LES FORTIFICATIONS
En découvrant le site par l’ouest, on remarque une puissante construction de section carrée, bardée de contreforts, qui pourrait s’apparenter à un donjon. C’était en fait l’entrée principale de l’église (elle date de sa construction par l’abbé Goderan, vers 1080).
Au XIVème siècle, cette porte a été condamnée et fortifiée par une série de mâchicoulis. Le creusement d’un profond fossé, entouré d’une courtine et protégé par une tour quadrangulaire, date de la même époque.
Cette ligne de défense était reliée à un chemin pavé. Il est encore visible le long du coteau en herbe. Il conduit vers le marais, en direction de la voie ménagée sur la digue.
L’ABBATIALE ROMANE
De l’abbatiale Saint Pierre d’origine, commencée en 1005 par l’abbé Théodelin et continuée par Goderan qui lui succèdera, il ne perdure aujourd’hui que la partie occidentale, ainsi que les quatre premières travées de la nef.
Après l’incendie survenu en 1082, l’abbatiale deviendra un lieu de pèlerinage sur la route de Saint Jacques de Compostelle. Pour cet événement, elle sera adaptée au culte des reliques : une large nef bordée de collatéraux, des tribunes, un chœur à déambulatoire et trois chapelles rayonnantes seront construits.
À l’entrée, on juxtaposa à la façade d’origine une avant-nef, composée de deux tours-porches et de chapelles hautes. La silhouette compacte de cette construction, toujours visible, témoigne de la puissance de l’établissement monastique au XIIème siècle.
L’ABBATIALE GOTHIQUE
Devenue cathédrale, Saint Pierre de Maillezais se devait d’être plus vaste, plus élevée, et plus lumineuse.
Dès 1317 (date de la création de l’évêché de Maillezais), l’abbaye change de statut. L’abbé puis évêque Geoffroy Pouvreau saisit l’occasion pour effectuer des transformations sur le bâtiment.
L’élévation du côté nord de la nef nous montre que seules les trois dernières travées, sur les sept à origine, furent modifiées suivant les formes gothiques en vigueur à l’époque.
On remarque l’apparition des fenêtres à baie d’ogive, permettant à la décoration de l’abbatiale de s’enrichir d’un certain raffinement. Les chapiteaux sont décorés de végétaux plus épurés ; le transept, largement ouvert, est de facture fine et complexe…
Le chœur, qui date du XVème siècle, a totalement disparu. Sa partie orientale a été entièrement reconstruite en style gothique. On distingue des séries de trilobes (en forme de trèfles) et des arcs en croisée d’ogives, très aigus.
La cathédrale était pourvue de sept clochers, peut-être surmontés par des flèches. Deux se positionnaient en haut de chaque tour du massif occidental, un à la croisée du transept, et les quatre autres probablement à chaque angle des façades Nord et Sud des transepts.
A la Renaissance, vers 1534, le nouvel évêque, Geoffroy d’Estissac, fait construire un nouveau chœur qui est agrandi et embelli. L’abbaye atteint son apogée.
De la grande cathédrale, il ne subsiste aujourd’hui qu’une partie du massif occidental, dont les deux tours-clochers, le mur du collatéral nord, le transept nord (avec ses baies gothiques béantes), et les bases d’une partie de l’absidiole orientée nord. Il ne reste plus rien du chœur à déambulatoire et des sept chapelles rayonnantes.
LES CHAPITEAUX
LE CLOITRE
Situé au sud, le cloître avait disparu ; il a été mis à jour lors des fouilles.
INITIATION AU CHANT GRÉGORIEN
LES EXTÉRIEURS
Sources :
Mes photos
Photos publiques Facebook
Fascicule explicatif offert au public avec le droit d’entrée.
https://monumentum.fr/ancienne-abbaye-saint-pierre-pa00110162.html
https://www.sitesculturels.vendee.fr/Abbaye-de-Maillezais
https://fr.wikipedia.org/wiki/Abbaye_Saint-Pierre_de_Maillezais
http://jeanmarieborghino.fr/temoins-passe-donjon-de-niort/
http://jeanmarieborghino.fr/temoins-passe-labbaye-saint-vincent-de-nieul-lautise/