La Guerre de Sécession – La bataille de Gaines’s Mill
LA GUERRE DE SÉCESSION
(1861-1865)
LA BATAILLE
DE
GAINES’S MILL
Ou de la
CHICKAHOMINY RIVER
(Le 27 juin 1862)
CONTEXTE MILITAIRE
Lee sait qu’il va devoir se battre en infériorité numérique. Il ne peut donc pas affronter son ennemi en terrain découvert au cours d’une bataille rangée. Aussi décide-t-il de faire une diversion contre l’armée de l’Union qui, par la vallée de la Shenandoah, doit se joindre à celle du Potomac de McClellan. C’est le général Stonewall Jackson, le héros de Bull Run, qui est chargé de l’intercepter à la tête d’une petite armée forte de 27 000 hommes. Contre toute attente, Lee s’apprête à attaquer…
Lire : « le Sud défend sa capitale ».
Au lendemain de la dernière bataille de « Seven Pines », Jefferson Davis remplace au pied levé le commandant de l’armée confédérée John Eggleston Johnston, blessé au cours du combat. Le président confédéré Jefferson Davis nomme à sa place le général Robert E. Lee, son conseiller militaire, en qui il a toute confiance.
John Eggleston Johnston « La Guerre de Sécession », de Ken Burns.
« Je préfère affronter Lee plutôt que Johnston. Lee est plus prudent, moins audacieux et ne s’aventurera pas à m’attaquer ». McClellan se trompe lourdement. Lee va se montrer courageux, et déployer tout son talent et son génie. Il prendra des risques osés, défiant ainsi toutes les règles inscrites dans les manuels militaires. Son adversaire sera surpassé sur tous les plans. « La Guerre de Sécession », de Ken Burns.
Traduction :
SOMMAIRE
La bataille de Gaines’s Mill (quelquefois connue sous le nom de bataille de Cold Harbord ou la bataille de la Chickahominy River), a eu lieu le 27 juin 1862, dans le comté de Hanover, en Virginie. C’est le troisième affrontement majeur de « la bataille des sept jours » au cours de la Campagne de la péninsule de la Guerre Civile américaine.
Elle marque la seule victoire de la contre-offensive du général confédéré Robert E. Lee contre l’armée nordiste du Potomac, placée sous les ordres du major-général George Brinton McClellan. Ce dernier, à la tête d’une puissante armée, menace de s’emparer de Richmond, la capitale confédérée.
Au lendemain de l’échec de la Bataille de Beaver Dam Creek (Mechanicsville), le 26 juin 1862, Lee renouvelle ses attaques contre le flanc droit de l’armée du Potomac de McClelan. Ne laissant aucun répit à son adversaire, il donne l’assaut sur les positions fortifiées de Boatswain’s Swamp, là où se trouve le Vème Corps du brigadier général Fitz John Porter. Celui-ci a établi une vigoureuse ligne de défense et attend de pied ferme l’attaque des Confédérés.
C’est à cet endroit que va avoir lieu, au prix de lourdes pertes, la plus grande attaque sudiste de la guerre (57 000 hommes répartis en six divisions) …
A la tombée du jour, après des assauts désordonnés, les forces confédérées finissent enfin par coordonner une charge qui enfonce la ligne de défense de Porter, et repousse ses hommes vers la Chickahominy. En pleine déroute, les Nordistes traverseront le cour d’eau durant la nuit.
Lire : « la bataille de Seven Pines » & « La bataille de Mechanicsville ».
ARMÉES EN PRÉSENCE
ARMÉE DU POTOMAC
(1861-1865)
Lorsqu’éclate la Guerre Civile en 1861, seule une partie de la Virginie fait sécession. Les comtés du Nord-Ouest décident de rester fidèles à l’Union (aujourd’hui l’État de Virginie-Occidentale). L’État du Maryland, bien qu’esclavagiste, demeure également dans l’Union. Ainsi, une grande partie du cours du Potomac et de son estuaire forment la frontière séparant l’Union des États confédérés. Les commandants : – Le brigadier – général Irvin McDowell : commandant de l’armée et Département du Nord -Est de Virginie, du 27 mai au 25 juillet 1861. – Le Major-général George McClellan : commandant de la Division militaire du Potomac, et plus tard, de l’armée et du ministère du Potomac, du 26 juillet 1861 au 9 Novembre 1862. – Le Major-général Ambrose Burnside : commandant de l’armée du Potomac du 9 novembre 1862 au 26 Janvier 1863. – Le Major – général Joseph Hooker : commandant du ministère et de l’armée du Potomac du 26 janvier au 28 juin 1863. – Le Major-général George Meade : commandant de l’armée du Potomac du 28 juin 1863 au 28 Juin 1865. – Le Major-général John G. Parke : a eu le commandement temporaire pendant les absences de Meade à quatre reprises au cours de cette période. – Le lieutenant – général Ulysses S. Grant : général en chef de toutes les armées de l’Union. Il a placé son quartier général dans l’armée du Potomac, et a fourni les directions opérationnelles à Meade de mai 1864 à avril 1865.
ARMÉE DE VIRGINIE DU NORD
(1861-1865)
Placée sous les ordres du général Robert E. Lee, cette armée se composait en majorité de soldats venant des États de Virginie, de Caroline Du Sud, de Caroline du Nord, et du Maryland. Certaines unités étaient issues d’États tels que l’Alabama, l’Arkansas, le Tennessee, et le Mississippi. L’armée de Virginie du Nord occupait une position stratégique. Placée en limite de la ligne de séparation avec les États frontaliers, elle bloquait tout accès à la terre sacrée de Virginie en faisant face aux États de l’Union et à l’armée nordiste du Potomac.
FORCES EN PRÉSENCE
POUR LES FÉDÉRAUX
Les forces nordistes, avec les 104 100 hommes de l’Armée du Potomac, sont sous les ordres du Major-Général George Brinton McClellan (34 214 hommes participeront à la bataille de Gaines’s Mill).
LES COMMANDANTS :
IIème CORPS : général de brigade Edwin Vose Sumner (1797-1863).
IIIème CORPS : général de brigade Samuel Peter Heintzelman (1805-1880).
IVème CORPS : général de brigade Erasmus Darwin Keyes (1810 -1895).
Vème CORPS : général de brigade Fitz John Porter (1822-1901).
VIème CORPS : général de brigade William Buel Franklin (1823-1903).
ARTILLERIE : colonel Henry Jackson Hunt (1819-1889).
CAVALERIE : général de brigade Philip St. George Cooke (1809-1895).
POUR LES CONFÉDÉRÉS
L’armée sudiste, avec les 92 000 hommes de l’Armée de Virginie du Nord, est sous les ordres du général Robert Edward Lee (57 018 hommes participeront à la bataille de Gaines’s Mill).
LES COMMANDANTS :
Corps du major-général Thomas Jonathan « Stonewall » Jackson :
– Division du général de brigade William Henry Chase Whiting (1824-1865).
– Division du général de division Thomas Jonathan Jackson (1824-1863).
– Division du général de division Richard Stoddert Ewell (1817-1872).
Corps du général de division Daniel Harvey Hill (1821-1889).
Corps du major-général John Bankhead Magruder (1807- 1871) :
– Division du général de brigade David Rumph Jones (1825-1863).
– Division du général de division Lafayette McLaws (1821-1897).
– Division du général de division John Bankhead Magruder (1807- 1871).
Corps du major-général James Longstreet (1821-1904) :
– Division du général de division James Longstreet, puis division du général de brigade Richard Heron Anderson (1821-1879).
– Division du général de brigade Richard Heron Anderson (1821-1879).
Corps du général de division Benjamin Huger (1805-1877).
Division légère du général de division Ambrose Powell Hill (1825-1865).
Artillerie
Réserve d’artillerie du brigadier général William Nelson Pendleton (1809-1883).
Cavalerie
Cavalerie du brigadier général James Ewell Brown « Jeb » Stuart (1833-1864).
Lowe et son équipement d’aérostier ont établi deux camps de ballons sur la rive nord de la Chickahominy : un à Gaine’s Farm et un autre à Mechanicsville. L’unité comprend deux dirigeables : le Washington et l’Intrépid. A la fin du mois de mai 1862, lors de la bataille de « Seven Pines », l’Union Army Balloon Corps apportera un important soutien logistique à l’armée du Potomac. De leurs points d’observation situés à Gaines’s Mill et à Mechanicsville, les aérostiers nordistes, au cours des batailles qui vont suivre, vont renseigner leurs troupes au sol sur les différents mouvements de l’ennemi. Au cours de la bataille de « Gaines’s Mill » quelle ne sera pas leur surprise de voir un ballon confédéré également manœuvrer dans les airs, « La Gazelle » ! Le 27 juin, les dirigeables vont chacun fournir de précieux renseignements à leurs armées respectives. C’est sans doute la première fois que les deux camps vont bénéficier tactiquement de l’observation aérienne. Après la victoire confédérée à « Gaines’s Mill », l’armée du Potomac retraite vers son point de départ de la Campagne de la Péninsule, la James River. Le Corps de ballon confédéré perdra de son efficacité contre les forces nordistes. De nouveaux aérostats seront utilisés par les sudistes, mais leur emploi ne sera pas aussi bien coordonné que leurs homologues de l’Union.
« Les coups de feu, tirés depuis les lignes confédérées, étaient de peu de conséquence, ils ne représentaient guère plus de 10 ou 12 tirs d’artillerie chaque jour, dont plusieurs visaient le gros ballon envoyé quotidiennement dans les airs depuis les quartiers du général Fitz John Porter ». « La guerre de Sécession », de Ken Burns.
BATAILLE DES SEPT JOURS
(du 25 juin au 1er juillet 1862)
COMBATS DE LA BATAILLE DES SEPT JOURS :
La Bataille des Sept Jours est une suite d’affrontements qui se sont déroulés du 25 juin au 1er juillet 1862, dans les environs de Richmond, lors de la Guerre de Sécession. L’issue des combats voit la victoire des forces sudistes commandées par le général Robert E. Lee, face à l’Armée du Potomac du général George B. McClellan.
&
– Le 25 juin : bataille d’Oak Grove (aussi appelée bataille de French’s Field ou de King’s School House), Comté de Henrico, Virginie.
Issue de la bataille indécise.
&
– Le 26 juin : bataille de Beaver Dam Creek (également connue sous le nom de bataille de Mechanicsville ou d’Ellerson’s Mill), Comté de Hanover, Virginie.
Victoire tactique de l’Union.
Victoire stratégique des forces confédérées.
&
– Le 27 juin : bataille de Gaines’s Mill (quelquefois appelée première bataille de Cold Harbor ou bataille de la Chickahominy River), Comté de Hanover, Virginie.
Victoire confédérée.
&
– Les 27 et 28 juin : bataille de Garnett’s & Golding’s Farm, Comté de Henrico, Virginie.
Issue de la bataille indécise.
&
– Le 29 juin : bataille de Savage’s station, Comté de Henrico, Virginie.
Issue de la bataille indécise.
&
– Le 30 juin : bataille de White Oak Swamp, Comté de Henrico, Virginie.
Issue de la bataille indécise.
&
– Le 30 juin : bataille de Glendale (aussi appelée bataille de Frayser’s Farm, Nelson’s Farm, Charles City Crossroads, New Market Road, ou Riddell’s Shop), Comté de Henrico, Virginie.
Issue de la bataille indécise.
&
– Le 1er juillet : bataille de Malvern Hill (aussi appelée bataille de Pointdexter’s Farm), Comté de Henrico, Virginie.
Issue de la bataille indécise ; victoire tactique de l’Union.
Le Sergent Albert Polk Brown, à gauche, et le soldat Lycurgus à droite, Compagnie McNeal Brown « Hardeman Rifles », du « 4th Texas Infantry ». Lycyrgus décèdera de maladie le 27 décembre 1861 à Dumfries, Virginie. Albert sera blessé à Gaines ‘ s Mill. Il mourra de ses blessures le 16 juillet 1862.
LA BATAILLE
L’ASSAUT D’AMBROSE POWELL HILL
Le plan de Lee du 27 juin est identique à celui de la veille à la bataille de Beaver Dam Creek (Mechanicsville). Il prévoit d’utiliser les divisions d’Ambrose Powell Hill et celles de James Longstreet. Son intention est de bousculer le Corps du général de brigade Fitz John Porter, alors que Stonewall Jackson et Daniel Harvey Hill attaqueront ses arrières.
La concentration de toutes les forces de Lee produira la plus grande attaque confédérée de la guerre : près de 57000 hommes répartis en six divisions chargeront les lignes fédérales.
Le 27 juin vers midi, on entend les premiers bruits de la bataille. La division du général Daniel Harvey Hill est arrivée à Old Cold Harbor, où elle doit se joindre aux divisions de Thomas « Stonewall » Jackson. Hill fait avancer ses troupes et tombe sur une résistance inattendue, ponctuée par des tirs de l’infanterie fédérale. L’opposition qu’il rencontre lui fait penser qu’il se trouve face au centre des forces ennemies, et non sur son flanc. Prudent, il décide d’attendre l’arrivée de Jackson. De son quartier général, Lee ne parvient pas à entendre les sons produits par cet affrontement.
De son côté, la division d’Ambrose Powell Hill a franchi au petit matin le Beaver Dam Creek, et se heurte à une faible défense des lignes nordistes. Se voyant débordé, Porter réclame alors des renforts à McClellan. Il lui demande de lui envoyer la division d’Henry Warner Slocum (1827-1894), en lui faisant traverser la Chickahominy par le Pont Alexander.
Les unités avancées de la brigade de tête, placée sous les ordres du brigadier-général Maxcy Gregg (1814-1862), qui est au contact avec les forces de l’Union, sont fortement ralenties par les tirailleurs du 1st U.S. Sharpshooters (tireurs d’élites) et le 9th Massachusetts Infantry du colonel Hiram Berdan (1824-1893).
En début d’après-midi, Maxcy Gregg se heurte à une forte résistance de Porter, qui a déployé ses lignes de défense le long du ruisseau, le Boatswain’ Creek. En outre, il se voit contraint de faire progresser ses hommes à travers un terrain marécageux, ce qui représente un gros obstacle.
Le long des pentes du ruisseau boatswain, orienté du nord à l’ouest, il prolongeait la position de Fitz John Porter dans l’après-midi du 27 juin 1862. La ligne était tenue au nord par Erasmus Darwin Keyes, et à l’ouest par George W. Morell, renforcée plus tard par la division de George McCall. À la nuit, Lee enfoncera les lignes fédérales et forcera Porter à reculer, et à franchir la rivière Chickahominy.
Les assauts lancés par les brigades confédérées des généraux Maxcy Gregg, William Dorsey Pender (1834-1863), Joseph Reid Anderson (1813-1892), et Lawrence O »Bryan Branch (1820-1862), progressent très peu.
Un affrontement meurtrier a lieu entre le 1st South Carolina Rifles et une batterie du Massachussetts. L’assaut confédéré est repoussé par les Zouaves du 5th New York, qui infligent une sanglante déconvenue à leurs adversaires. Les hommes de Carolines du Sud auront à déplorer 57% de pertes (76 tués, 221 blessés, et 58 disparus). Elles seront les plus nombreuses de la bataille pour un régiment sudiste.
Ambrose Powell Hill, alors que ses ordres lui enjoignaient de poursuivre un ennemi en fuite, va se lancer dans de vains assauts sur des positions retranchées de l’Union ; il va perdre 2000 de ses 13 200 hommes. Avec les pertes de la veille, à Mechanicsville, sa division aura perdu plus d’un quart de ses effectifs.
Le général McClellan, à l’arrière des combats, est tout à fait ravi des télégrammes qu’il reçoit sur le cours des événements.
Il demande au général William Buel Franklin, commandant du VIème Corps, de franchir la rivière et d’attaquer le flanc de l’ennemi si les circonstances le permettent. Mais celui-ci a fait détruire le pont qui enjambait la rivière, de peur d’un assaut ennemi. McClellan en sera affligé. A cela va se rajouter le signalement du général Edwin Sumner, commandant du IIème Corps, concernant une importante activité face à lui.
Ces récentes informations vont avoir raison du bel optimisme de McClellan, le commandant en chef. Anéanti, il ordonne de remballer le matériel de son Etat-Major, car il compte amorcer une retraite.
Alors que James Longstreet se présente au sud-ouest des positions tenues par Ambrose Powell Hill, il s’aperçoit de la difficulté de lancer des attaques sur un tel terrain. Il décide de retarder son assaut, jusqu’à ce que Stonewall Jackson puisse attaquer sur le flanc gauche d’Ambrose Powell Hill.
A droite : une poignante photo historique des blessés à Savage Station après la bataille (Virginie, lors de la bataille des Sept Jours). Photo : James Gibson (1828-1905). Né à New York en 1828, James F. Gibson était peut-être le moins reconnu des photographes de la Guerre Civile ; aussi l’un des moins connus. Il est employé d’abord par le célèbre photographe Mathew Brady (1822-1896). Puis en mars 1862, il accompagne George Norman Barnard (1819-1902) sur le champ de bataille de Bull Run. En juillet 1863, on le retrouve avec Alexander Gardner (1821-1882), lors de la bataille de Gettysburg ; il s’associera avec lui à Sharpsburg. Mais son plus grand héritage est sans doute le nombre important de photographies prises en Virginie, lors de la Campagne de la péninsule de McClellan (batailles des Sept Jours, de Gaines’s Mill, et de Malvern Hill). Il meurt en 1905.
Comme la veille, à Mechanicsville, Jackson est en retard ; c’est la seconde fois au cours de cette bataille des « Sept Jours ». Le soldat John Henry Timberlake, éclaireur appartenant au 4th Virignia Cavalry, interprète mal les ordres de Jackson et le dirige dans une mauvaise direction. Après avoir perdu une heure pour s’orienter et se mettre sur la bonne voie, les hommes de Jackson arrivent sur la route d’Old Cold Harbor. L’armée de l’Union qui recule a abattu des arbres tout au long du chemin, et les obstacles jalonnent dangereusement la progression des troupes confédérées. D’autant que les tireurs d’élite, qui sont à l’affut, les harcèlent et retardent leur marche.
La première unité qui fait son apparition sur le champ de bataille est celle du général Stoddert Ewell. L’aide de camp de Lee, Walter Taylor, venu à sa rencontre, lui demande d’attaquer immédiatement.
Lee craint une contre-attaque menée par Porter sur les hommes d’Ambrose Powell Hill, qui viennent de subir de grosses pertes. Il ordonne donc à James Longstreet de produire une attaque de diversion par le nord. Lors de cet assaut, la brigade du brigadier-général George Edward Pickett (1825-1875) se jette de front sur les lignes ennemies. Ses hommes seront repoussés subissant de lourdes pertes. Il sera lui-même blessé à l’épaule.
L’ASSAUT DE RICHARD STODDERT EWELL
« La menace s’est éloignée de Richmond. Les seuls Yankees de la ville sont les détenus des prisons. Les canonnières fédérales remontent et descendent le fleuve à toute vapeur, pilonnant les arbres de la rive, craignant d’approcher de Drewry’s Bluff. Les journaux nordistes et le Congrès essaient de déterminer qui est responsable des derniers revers. Ici, nous pensons que toute l’armée fédérale aurait pu être capturée si certains de nos généraux s’étaient montrés plus décidés. McClellan et sa « grande armée » se retrouvent sur la James maintenant, dégustant moustiques et fièvres malignes. Le temps est excessivement chaud. Je pense que les Yankees ont trouvé tout ce que leur vive imagination leur avait laissé entrevoir : « Sud ensoleillé », et encore ses marais… » Extrait de « Il y a toujours un reporter » (« La guerre de Sécession », de Victor Austin, paru aux éditions René Julliard).
Vers 15 heures 30, alors que sa division n’est pas encore complètement en ligne, Ewell donne l’assaut. Les ordres de Lee sont précis : il faut avancer dans la même direction que les brigades de Maxcy Gregg et de Lawrence O »Bryan Branch, afin de renforcer leur poussée. Il envoie le colonel Isaac Seymour [commandant en l’absence du major général Richard Dick Taylor (1826-1879) pour des raisons médicales] avec sa brigade de Louisiane. Mais Seymour est un novice en la matière, et ses hommes se dispersent dans les bois et les marais de Boatswain’s Swamp. Leur désordre s’amplifie alors que Seymour est tué en menant l’assaut.
Il est remplacé aussitôt par le major Roberdeau Wheat (1826-1862). Celui-ci, leader du bataillon des « Tigres de Louisiane », se porte au-devant de ses hommes, mais il est tué lui aussi d’une balle dans la tête. La brigade des « Louisiana Tiger » se retire finalement du champ de bataille.
L’attaque d’Ewell se poursuit, menée par les deux régiments du brigadier-général Isaac Ridgeway Trimble (1802-1888), mais ils ne pourront aller au-delà des marais en raison de leurs nombreuses pertes (20%).
Porter, de son côté, commence à recevoir des renforts de la division de Slocum. Il en profite pour combler les trous dans ses lignes de front. Nonobstant, malgré son insistance à réclamer plus de soutien, McClellan, lui, n’est pas convaincu de la nécessité d’une contre-attaque. Il demande à ses chefs de Corps au sud de la rivière, s’ils peuvent mettre des troupes à sa disposition. N’ayant aucune réponse de leur part, il ordonne à son chef du IIème Corps Edwin Vose Sumner d’envoyer deux brigades, environ 1/10ème de ses effectifs, au-delà de la rivière. Mais en raison de la distance, des conditions climatiques et de l’état lamentable des routes, les deux brigades mettront trois heures pour s’y rendre.
Finalement, Stonewall Jackson et sa division atteignent Old Cold Harbor au bout d’une longue marche harassante dans les bois, à chercher leur route. Stonewall Jackson met immédiatement sur pied son plan de bataille. Il organise ses troupes et celles de Daniel Harvey Hill pour piéger l’ennemi. Il espère que les Fédéraux, attaqués par James Longstreet et Ambrose Powell Hill, seront repoussés vers l’est.
Rapidement, Lee lui envoie ses ordres et l’informe sur la situation présente de la bataille. Jackson s’apprête à donner l’assaut sur la ligne principale de l’Union.
Les généraux Lee et Jackson se rencontrent sur la route du télégraphe pour coordonner l’assaut final sur l’ensemble des lignes de l’Union.
ASSAUT GÉNÉRAL CONFÉDÉRÉ
A 19 heures, Lee a réuni 32 100 hommes répartis en 16 brigades. Face à lui, Porter a environ 34 000 hommes pour s’y opposer ; les chances sont à peu près égales. Cependant, les assauts à répétition des Confédérés de ces dernières heures ont épuisé les troupes fédérales de Porter. Malgré tout, elles ont l’avantage d’occuper un excellent terrain défensif, et leur artillerie est supérieure à celle de leur adversaire.
L’attaque de Lee est étalée sur un front de 3,2 kilomètres (soit 2,25 miles). Les Sudistes ne peuvent pas avancer sur une seule ligne rectiligne de front, mais se ruent sur l’ennemi et sont repoussés par intervalles, isolés dans de petits combats.
Sur la gauche confédérée, l’attaque de la division de Daniel Harvey Hill rencontre une forte résistance des réguliers de la division de Sykes.
Au centre se trouvent les cinq régiments de Géorgie (4000 hommes) de la brigade du général Alexander Robert Lawton (1818-1896), qui participent à leur première bataille.
L’aile droite confédérée doit traverser un terrain particulièrement tourmenté, quatre cents mètres de champ de blé à découvert qui descendent en pente vers le Boatswain’s Swamp. La course des assaillants sudistes se termine face à deux lignes de défenseurs de l’Union, établies sur un promontoire.
A la tombée du jour, la division de William Whiting réalise une percée dans les lignes nordistes. La brigade du Texas du général John Bell Hood se rue avec vigueur et agressivité et s’engouffre dans la défense de l’Union. La brigade de George Edward Pickett réussit cette fois-ci son deuxième assaut de la journée. Les percées confédérées au centre et sur l’aile droite ne peuvent être contenues, et c’est toute la défense de l’Union qui s’effondre.
Les réguliers de Sykes reculent en bon ordre jusqu’à Grapevine Bridge. Les renforts nordistes du IIème Corps des brigadiers-généraux Thomas Francis Meagher et William Henry French arrivent trop tard, et doivent se contenter d’assurer l’arrière-garde de la retraite de Porter.
Un bataillon du 5th U.S. Cavalry, sous le commandement du capitaine Charles J. Whiting, fait une charge désespérée contre la brigade du Texas, mais il est décimé en subissant de lourdes pertes.
Le 28 juin, à 4 heures du matin, Porter abandonne le combat, franchit la Chickahominy, en n’oubliant pas de brûlant les ponts derrière lui.
PERTES
POUR LES FÉDÉRAUX
Sur les 34 214 hommes de son armée lors de la bataille de Gaines’s Mill, l’Union déplorera la perte de 6837 victimes.
Tués : 894.
Blessés : 3107.
Disparus ou prisonniers : 2836.
POUR LES CONFÉDÉRÉS
Sur les 57 018 hommes de son armée lors de la bataille de Gaines’s Mill, la Confédération déplorera la perte de 7993 hommes.
Tués : 1483.
Blessés : 6402.
Disparus ou prisonniers : 108.
BILAN DE LA BATAILLE DES SEPT JOURS
L’armée de l’Union de McClellan, bien qu’en nette supériorité numérique, n’a cessé de reculer. L’Union remporte toutes les batailles de cette semaine de combats à l’exception d’une seule, et pourtant McClellan se comporte en vaincu. Il ordonne le retrait de son armée jusqu’aux bateaux de guerre ancrés à Harrison’s Landing, sur la James River. Ses officiers insistent pour contre-attaquer, car Lee a perdu 20 000 hommes. McClellan refuse.
L’armée du Potomac est démoralisée ; les soldats ne comprennent pas ces ordres qui les poussent à la retraite. Alors qu’ils n’ont perdu qu’une seule bataille à Gaine’s Mill au cours de ces sept jours d’affrontements permanents, ils se voient contraints d’abandonner la partie. Tous ces morts pour rien, tous ces efforts consentis pour finalement atteindre leur point de départ de la Campagne !
En une semaine, Lee a complètement déstabilisé le général nordiste et démontré les qualités qui feront de lui une légende : effet de surprise, audace et une incroyable faculté à deviner les pensées de ses adversaires. En sept jours, McClellan a été surpasse par son rival.
« La menace s’est éloignée de Richmond. Les seuls Yankees de la ville sont les détenus des prisons. Les canonnières fédérales remontent et descendent le fleuve à toute vapeur, pilonnant les arbres de la rive, craignant d’approcher de Drewry’s Bluff. Les journaux nordistes et le Congrès essaient de déterminer qui est responsable des derniers revers. Ici, nous pensons que toute l’armée fédérale aurait pu être capturée si certains de nos généraux s’étaient montrés plus décidés. McClellan et sa « grande armée » se retrouvent sur le James maintenant, dégustant moustiques et fièvre malignes. Le temps est excessivement chaud. Je pense que les Yankees ont trouvé tout ce que leur vive imagination leur avait laissé entrevoir : ce « Sud ensoleillé », et encore ses marais… » Extrait de « Il y a toujours un reporter ». (« La guerre de Sécession », de Victor Austin, paru aux éditions René Julliard).
BILAN DE LA CAMPAGNE DE LA PÉNINSULE & CONSÉQUENCES
Face au nombre considérable des pertes (20 000 Confédérés contre 10 000 Nordistes), Lee se voit contraint de cesser le combat. Pourtant il n’est pas satisfait du résultat. Son objectif était de détruire l’armée du Potomac de McClellan en pleine déroute, mais faute de moyens et d’incompétences manifestes parmi ses généraux, il ne pourra le faire. Après la bataille, il déplacera les officiers inaptes au commandement loin du théâtre de la guerre, au Texas. Puis il les remplacera par des hommes de confiance.
La Bataille des Sept Jours est sans doute le combat le plus meurtrier du début de l’année 1862 (30 000 morts ou blessés). Pour McClellan, la Campagne de la Péninsule se termine sur un constat d’échec retentissant ; Richmond est sauvée et reste la capitale de la Confédération…
Sources :
La « Guerre de Sécession », de Ken Burns.
L’article comprend un extrait de « Il y a toujours un reporter ». (« La guerre de Sécession », de Victor Austin, paru aux éditions René Julliard.)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Gaines%27s_Mill
https://en.m.wikipedia.org/wiki/Battle_of_Gaines’s_Mill
Bonjour, je tenais à vous féliciter pour cet article sur la bataille de Gaines’s Mill durant la guerre de Sécession. Votre analyse est très intéressante et permet de mieux comprendre les enjeux de cette bataille décisive. J’aimerais en savoir plus sur les tactiques employées par les deux camps et sur les conséquences de cette bataille sur la suite du conflit. Merci pour ce partage enrichissant !