Sally Louisa Tompkins
LES FEMMES REMARQUABLES
DE LA GUERRE DE SÉCESSION
SALLY LOUISA TOMPKINS
« L’Ange de la Confédération »
(9 novembre 1833 – 25 juillet 1916)
SOMMAIRE
Sally Louisa Tompkins fut une humanitaire, une infirmière, une philanthrope, et la première femme officiellement admise dans une armée de l’Histoire américaine (elle fut la seule femme nommée capitaine dans l’armée confédérée).
Elle est surtout connue pour avoir dirigé à ses frais, de 1861 à 1865, un hôpital à Richmond (l’hôpital Robertson), Virginie, et soigné les soldats blessés pendant la guerre civile. Sally l’exploitera jusqu’à la guérison des derniers blessés, et jusqu’à sa fermeture, en juin 1865. L’hôpital Robertson traitera plus de 1 300 patients, dont seulement 73 décèderont.
Sous sa direction, durant tout le conflit, elle obtiendra le taux de mortalité le plus bas des services sanitaires des deux camps. Elle restera dans les mémoires comme « l’Ange de la Confédération ».
DES SOINS SOUS CERTAINES CONDITIONS…
Désormais, tous les soldats malades et blessés ne pourraient être soignés que dans des hôpitaux publics, dirigés par un officier commissionné ayant au moins le grade de capitaine. Lorsque Sally découvrit la nouvelle, elle accourut à Richmond afin d’être reçue par le président confédéré Jefferson Davis, et le supplia de ne pas emmener ses « petits soldats ».
Lorsque tous les hôpitaux privés reçoivent l’ordre de fermer, Sally s’adresse directement au président confédéré Jefferson Davis. Celui-ci sera si impressionné par le faible nombre de morts de son établissement qu’il décidera de la nommer capitaine dans la cavalerie confédérée. « Captain Sally » refusera obstinément d’être payée pour ses services.
Sally Tompkins peut alors gérer son hôpital avec la coopération de l’armée, ce qui va l’aider à couvrir les coûts financiers de sa tâche. Après la guerre, elle poursuivra son activité caritative jusqu’à épuisement de sa fortune.
NAISSANCE & FAMILLE
Sally Louisa Tompkins naît le 9 novembre 1833 au domaine de Poplar Grove, dans le comté de Mathews, en Virginie. Elle meurt le 25 juillet 1916 à Richmond, en Virginie.
Elle est la fille de Christophe Tompkins (1778 – 1838), et de Maria Booth Patterson (1794 – 1854). Sally descend d’une famille militaire célèbre qui remonte à la Révolution américaine : son grand-père a servi sous les ordres de général George Washington.
Elle est la plus jeune des huit enfants du colonel Christopher Tompkins. Celui-ci deviendra un marchand fortuné, faisant des affaires dans les comtés de Mathews, Norfolk, et Richmond, Virginie.
Il décède le 16 août 1838, alors que Sally n’a pas cinq ans.
FRATRIE
Sally Louisa Tompkins a deux sœurs et un frère :
– Elizabeth Patterson Tompkins (28 août 1816-2 septembre 1842, morte à l’âge de 26 ans à Mathews County, Virginie).
– Benjamin Goodloe Tompkins (4 sept. 1818-8 août 1847, mort à l’âge de 28 ans à Mathews County, Virginie).
– Maria Mason Tompkins (née le 28 juillet 1831 à Mathews County, Virginie – morte le 15 juill. 1864 à l’âge de 32 ans à Richmond City, Virginie).
Sally Louisa Tompkins a aussi deux demi-sœurs et un demi- frère :
– Martha Tabb Tompkins Tabb (21 avril 1807- 17 septembre 1842, morte à l’âge de 35ans à Mathews County, Virginie).
– Harriet Pauline Tompkins (22 juin 1809-20 septembre 1842, morte à l’âge de 33 ans à Mathews County, Virginie).
– Colonel Christopher Quarles Tompkins (né le 4 août 1813 à Mathews County, Virginie – mort le 28 mai 1877 à l’âge de 63 ans à Richmond, Henrico County, Virginie).
AVANT LA GUERRE CIVILE
Sa sœur aînée, Elizabeth (avec qui Sally est très proche), participe avec ferveur à la restauration de l’église locale du Christ, une église épiscopale tombée en ruine.
En 1842, Sally est effondrée lorsque trois de ses sœurs (Martha, Harriet et Elizabeth) décèdent à quelques semaines d’intervalle d’une épidémie.
Malgré une enfance difficile, Sally se dévoue pour aider les autres, et apportera des soins aux malades sans distinction (aux hommes libres comme aux esclaves).
Les premières années de Sally sont difficiles à reconstituer, car nous n’avons aucun document sur cette époque. On sait que Sally, sa mère, et Maria sa sœur survivante, quittent Poplar Grove de 1849 à 1852, et s’établissent à Norfolk, Virginie.
Pendant leur séjour à Norfolk, Sally et sa sœur étudient au « Norfolk Female Institute ».
En janvier 1854, les trois femmes déménagent à Richmond, en Virginie et rejoignent l’église épiscopale Saint James où elles font la connaissance du juge John Robertson.
Quelques mois plus tard, Maria Booth Patterson Tomkins, la mère, décède.
Comme la famille Tompkins est riche et qu’elle fait des affaires à Richmond depuis de nombreuses années, Sally et sa sœur vont être accueillies chaleureusement.
Sur place, elles louent des chambres dans la ville ; elles ne savent pas que Richmond va bientôt devenir le centre névralgique de la Guerre Civile.
« Au Nord, les citoyens influents forment la Commission sanitaire et la Commission chrétienne, afin d’organiser l’aide aux victimes et d’enrayer la propagation des maladies au sein de l’armée. Le nombre de malades diminuera de moitié. Les volontaires de la Commission sillonnent les camps, luttent contre leur insalubrité, et réforment les conditions hospitalières. Elles veillent à la qualité des repas, distribuent des couvertures, des chaussures, et répartissent équitablement les colis et les médicaments que les familles envoient aux blessés. La Commission sanitaire est dirigée par des personnalités éminentes. L’avocat New Yorkais George Templeton Strong en est le trésorier, mais ce sont des centaines de milliers de femmes, réparties à travers sept mille unités dans le Nord du pays, qui assurent le travail : couture, tricot, pansements, mais aussi collecte de fonds et organisations de spectacles ». « La Guerre de Sécession », de Ken Burns.
LA GUERRE CIVILE
En avril 1861, l’Etat de Virginie fait sécession et devient l’un des derniers États confédérés à rejoindre la toute nouvelle Confédération, avec Richmond pour capitale.
Dans le Nord comme dans le Sud, on pense généralement que le conflit armé sera de courte durée. Après la première bataille de Bull Run (le 21 juillet 1861), les deux camps réalisent que la guerre sera beaucoup plus longue qu’on l’a imaginée.
Malgré la victoire, la capitale confédérée n’est pas préparée pour accueillir les centaines de soldats blessés qui vont affluer par la suite. Nombreux sont ceux qui arrivent via le « Virginia Central Railroad ». Le choc est immense et ramène la réalité des horreurs de la guerre directement dans les maisons. Alors qu’à Richmond, les habitants accourent pour s’occuper des blessés, les hôpitaux officiels sont déjà bondés. Les usines, les églises et même les maisons sont devenues des hôpitaux temporaires pour accueillir le trop-plein de blessés.
« Nous n’avions pas de commissions sanitaire dans le Sud, nous étions trop pauvres, et aucune grande ville prospère n’était reliée à notre région par le rail. Chez nous, chaque maison était un hôpital ». Les femmes du sud travaillent également comme infirmières en dépit des critiques qui considèrent qu’il est indigne pour une femme respectable de s’occuper de blessés sanguinaires. Dans son hôpital privé, Sally Tomkins, de Richmond, et une équipe de six infirmières, soignent 1333 blessés. 1260 de ces hommes survivront ; une prouesse qu’aucun autre hôpital de campagne ne sera en mesure d’égaler, au sud comme au nord. « La Guerre de Sécession », de Ken Burns.
L’ANGE DE LA CONFÉDÉRATION
Lorsque la Guerre Civile éclate, Sally Tompkins a 28 ans. C’est une petite femme mesurant moins d’un mètre cinquante.
Bull Run, la première bataille du conflit (Manassas pour les Sudistes), apporte un flot énorme de blessés. Dans les deux camps, on est dépassé ; personne ne s’attendait à une telle hécatombe. Les images d’hommes mutilés et ensanglantés font comprendre aux citoyens la terrible réalité de la guerre. Les entrepôts et les abris temporaires ne sont pas suffisants pour soigner les centaines de blessés.
Sally fait partie des civils qui réagissent immédiatement. Elle ouvre la maison du juge John Robertson, transformée pour la circonstance en hôpital.
Pour mettre en sécurité sa famille, le juge Robertson a emmené les siens à la campagne, en laissant les locaux de sa maison à Sally. Il lui permet d’utiliser sa demeure comme hôpital aussi longtemps que cela lui sera nécessaire.
Sally est aidée dans sa tâche par un certain nombre de dames de l’église épiscopale Saint James, « The Ladies of Robertson Hospital », ainsi qu’un certain nombre d’esclaves. La maison du juge Robertson va devenir l’hôpital Robertson.
L‘hôpital Robertson deviendra l’un des plus grands hôpitaux de guerre du Sud.
Jefferson Davis, le président de la Confédération, établit des règlements ordonnant que les hôpitaux militaires soient sous le commandement de l’Armée.
L’hôpital Robertson fait un si bon travail qu’il est opérationnel et prêt à continuer sa tâche sanitaire. Pour récompenser Sally Tomkins et Lucy Otey, de Lynchburg, le président les nomme officiellement capitaines de l’armée des États confédérés.
L’hôpital Robertson soignera en permanence des patients tout au long de la guerre, et libèrera son dernier blessé le 13 juin 1865.
Il n’est pas facile de diriger un hôpital en temps de guerre. La capitale confédérée dépend des importations du commerce maritime en provenance d’Europe. Le blocus des côtes, installé par le Nord dès le début de la Guerre, a réduit les fournitures vitales pour les blessés et pour la population du Sud. Afin d’y remédier, et pour se procurer les besoins vitaux en provenance de l’étranger, l’Hôpital Robertson se paye les services d’un « briseur de blocus ».
Les approvisionnements sont de plus en plus difficiles à obtenir. Richmond est confrontée à des émeutes dans les rues.
Malgré tout, Sally et un certain nombre d’autres dames resteront à leur poste en permanence à L’Hôpital Robertson. Tout au long du conflit, elles gagneront l’amour et le respect de leurs blessés. Par gratitude, de nombreux patients les demanderont en mariage ; toutes seront refusées.
Plus de 1300 soldats qui ont eu la chance d’être envoyés à l’hôpital Robertson, l’appellent simplement « Captain Sally ».
Mais aussi douces que soient ces mains, l’une d’eux dit : « Elle dirigeait son hôpital avec un bâton dans l’une… et une Bible dans l’autre. »
Sally travaille sans relâche, et emporte toujours sa Bible lors de ses tournées, prête à lire des versets ou prodiguer un mot gentil à un soldat blessé et tourmenté. Elle organise aussi des réunions de prière nocturnes. Si un soldat est dans l’impossibilité d’y assister, parce que trop atteint, elle s’arrête près de son lit plus tard dans la nuit pour prier et lui lire la Bible.
Les infections sont la cause de nombreuses morts parmi les blessés. Les scientifiques n’ont découvert qu’après la guerre les bactéries et autres micro-organismes qui en étaient responsables. La hantise personnelle de Sally Tompkins pour faire respecter la propreté sera un facteur majeur qui permettra d’atteindre un taux de mortalité très faible dans son hôpital. Son travail acharné et son dévouement inlassable lui vaudront le nom d’« Ange de la Confédération ».
La célèbre chroniqueuse de la guerre civile Mary Boykin Chesnut visite fréquemment l’hôpital Robertson. Elle écrit : « notre Florence Nightingale est Sally Tompkins. La plupart des hommes assez chanceux pour être placés sous ses soins appelaient simplement cette femme remarquable, Capitaine Sally ».
Florence Nightingale (12 mai 1820-13 août 1910) : infirmière britannique, pionnière des soins infirmiers modernes et de l’utilisation des statistiques dans le domaine de la santé.
Avec son époux James Chesnut Jr, avocat et ancien sénateur de la Caroline du Sud puis officier confédéré, ils évoluent dans les milieux les plus influents de la société sudiste. Ils sont notamment très proches du couple présidentiel de la Confédération, Jefferson Davis et Varina Banks Howell. Mary est souvent dépressive et sujette à faire des cauchemars. Dès le début du conflit, elle décide de tenir un journal afin de transcrire au quotidien toutes ses impressions. Il se révèlera comme un poignant témoignage de la société sudiste pendant la guerre. « Je tiens à ce que ce journal soit entièrement objectif ! le temps de la subjectivité est dépassé. » Mary Boykin Chesnut « La Guerre de Sécession », de Ken Burns.
La nomination sans précédent de Sally en tant que capitaine de l’armée confédérée lui permettra de rester, jusqu’en 1901, l’unique femme officier gradée du Corps de l’armée des États-Unis de l’« Army Nurse ».
APRÈS LA GUERRE
Lorsque Richmond est évacuée en avril 1865, Sally et plusieurs volontaires décident de rester à l’hôpital pour soigner les derniers blessés. Sally aura la permission de garder son hôpital ouvert encore deux mois après la fin de la guerre.
Une fois l’hôpital fermé, Sally sillonne la Virginie pour rendre visite à de vieux amis et parents. Elle se porte aussi volontaire pour enseigner l’école du dimanche, à l’église épiscopale Saint- James. Elle en restera un membre actif durant la majeure partie de sa vie.
Elle rejoint à la postérité les rangs des femmes comme Clara Barton, qui ont répondu aux besoins urgents des blessés pendant le conflit. En particulier après la première bataille Bull Run, lorsque les horreurs des combats sont devenues flagrantes dans les capitales, à Washington et à Richmond. Toutes ces femmes dévouées ont œuvré à la reconnaissance de la profession d’infirmière.
Sally, l’« Ange de la Confédération », est une héroïne à Richmond. En 1896, elle organise une réunion pour ses patients lors de la Grande Réunion confédérée. Les anciens combattants affluent de partout pour rendre hommage à une dame fragile qui leur a sauvé la vie toutes ces années passées.
Sally restera célibataire tout au long de sa vie. Elle s’activera pendant de nombreuses années dans le travail caritatif.
SA MORT
En 1905, une fois sa fortune familiale épuisée, Sally part vivre au « Confederate Women’s Home » en tant qu’invitée d’honneur. Elle y restera jusqu’à sa mort, le 29 juillet 1916.
Sally Louisa Tompkins est enterrée avec tous les honneurs militaires à Christ Church, dans le comté de Mathews, en Virginie.
Sources :
La « Guerre de Sécession », de Ken Burns.
Photos publiques Facebook
https://fr.findagrave.com/memorial/8585426/sally-louisa-tompkins
https://www.ancestry.com/genealogy/records/sally-louisa-tompkins-24-34nr3m