La bataille d’Olustee
LA GUERRE DE SÉCESSION
(1861-1865)
LA BATAILLE D’OLUSTEE
20 février 1864
Comté de Baker, Floride
SOMMAIRE
Aussi connue sous le nom de bataille d’ « Ocean Pond », la bataille d’Olustee se déroula le 20 février 1864 dans le Comté de Baker, en Floride. Le général de l’Union Truman Seymour et ses 5 500 soldats affrontèrent les 5 000 soldats du général de brigade confédéré Joseph Finnegan, près de l’actuel Lake City.
Les forces de l’Union durent se replier sur Jacksonville après d’intenses combats ; les pertes furent élevées des deux côtés. La bataille d’Olustee fut la plus grande bataille menée en Floride pendant la guerre civile. Le nombre de victimes de l’armée américaine força le gouvernement et les responsables militaires à se demander s’il était nécessaire et logique de rester en Floride.
Le site de la bataille est aujourd’hui un parc d’État historique.
« The sunshine State» 27ème État. Capitale : Tallahassee. Date d’entrée dans l’Union : 3 mars 1845. C’est en 1513 que les Espagnols débarquent sur ce territoire, alors peuplé par les Indiens Séminoles. En 1819, les États-Unis achètent la Floride aux Espagnols. Dès lors, les planteurs de Virginie, des deux Carolines et de Géorgie, viennent s’y installer. Les autochtones Séminoles sont alors déplacés et transférés dans les Everglades. État esclavagiste, la Floride rejoint la Confédération le 10 janvier 1861. Une demi-douzaine de batailles se déroulera sur son sol, dont la plus importante, le 20 février 1864 : la bataille d’Olustee (ou « bataille d’Ocean Pond »), remportée par les confédérés. Ce n’est qu’en 1868 que la Floride, après avoir aboli l’esclavage, réintègrera l’Union.
CONTEXTE
En février 1864, le major général Quincy A. Gillmore (commandant de l’armée de l’Union du secteur sud, limité à Hilton Head, en Caroline du Sud) décide d’effectuer une campagne militaire en Floride. Il a pour objectif de sécuriser les enclaves de l’Union (la Floride étant majoritairement sympathisante des Confédérés). Son plan est de s’emparer des routes de ravitaillements ennemies (viande et sel), et de recruter des soldats noirs dans un État où l’esclavage est toujours en vigueur.
C’est le brigadier général Truman Seymour qui est choisi pour effectuer cette mission. Il débarque avec ses troupes à Jacksonville (qui a été conquise par l’Union en mars 1862).Il commence par lancer des petites expéditions en se dirigeant dans la partie nord-est de la Floride, vers Tallahassee, la capitale de l’État, où il ne rencontre pas de grosse résistance. Pensant n’avoir face à lui que la milice de Floride, il capture quelques soldats ennemis et libére quelques esclaves.
Les ordres de Gillmore ne l’autorisent pas à s’enfoncer plus en profondeur dans le centre de l’Etat.
Les Confédérés, de leur côté, se réunissent dans le port stratégique de Charleston, en Caroline du Sud, afin d’élaborer un plan pour contrer les attaques de Seymour. Le général Beauregard estime que le but de ce dernier est de conquérir la Floride toute entière. Il décide alors de venir en aide aux forces confédérées de Floride, et envoie des renforts originaires de Géorgie placés sous le commandement du Gouverneur Alfred H. Colquitt.
Colquitt arrive à temps pour soutenir les forces confédérées du Brigadier-général Joseph Finegan. Pendant ce temps, Seymour, contre les ordres reçus et sans avertir Gillmore, entame une nouvelle expédition dans le sud de la Floride. Il veut s’emparer de la capitale, Tallahassee.
FORCES EN PRÉSENCE
ORDRE DE BATAILLE POUR LE NORD
Les 5500 hommes de l’Armée de l’Union sont placés sous le commandement du brigadier général Truman Seymour (1824-1891).
– 1ère brigade : brigade de Barton, commandée par le colonel William B. Barton.
– 2ème brigade : brigade de Hawley, commandée par le colonel Joseph R. Hawley.
– 3ème brigade : brigade de Montgomery, commandée par le colonel James Montgomery.
– La brigade de cavalerie est sous les ordres du colonel Guy Vernor Henry.
– L’artillerie est commandée par le capitaine John Hamilton.
ORDRE DE BATAILLE POUR LE SUD
Les 5000 hommes de l’Armée confédérée sont placés sous le commandement du brigadier général Joseph Finegan (1814-1885)
– 1ère brigade : brigade de Colquitt, commandée par le brigadier général Alfred H. Colquitt.
– 2ème brigade : brigade de Harrison, commandée par le colonel George P. Harrison.
– La brigade de cavalerie Smith est placée sous les ordres du colonel Carvi Smith.
LE PLAN DE LA BATAILLE
Carte illustrant les mouvements des troupes de l’Union (en bleu) et confédérées (en rouge) pendant la bataille d’Olustee, le 20 février 1864
Parmi les effectifs de l’Union se trouvent des régiments de couleur (USCT : « United States Coloured Troops »). On note le 54ème Infanterie de Volontaires du Massachussetts (un des premiers régiments d’afro-américains incorporés dans l’armée américaine) et le 35ème USCT, tous deux composés de soldats afro-américains. Jusqu’à présent, des Noirs étaient déjà utilisés par l’armée des États-Unis, mais uniquement comme ouvriers, et en particulier comme fossoyeurs. Les pertes subies par les forces nordistes depuis 1861, et les résistances farouches de la population du Nord opposées à la conscription (« Draft Riots ») obligent Lincoln à prendre la décision d’enrôler dans les rangs des forces armées de l’Union des soldats noirs.
Du 13 au 16 juillet 1863, de violentes émeutes anti-conscription (« Draft Riots ») ont lieu à New York. En juillet 1863, Lincoln appelle le premier contingent de conscrits. Tous les hommes aptes au service ayant entre vingt et quarante-cinq ans sont enrôlés. Mais la loi favorise les plus aisés : tout homme disposé à payer trois cents dollars en tant que droit de commutation, ou prêt à engager un remplaçant pour servir dans l’armée à sa place, est exempté. La ville de New York envisage de se séparer de l’Union, et veut se déclarer ville ouverte. L’afflux de personnes de couleur a créé de fortes animosités et de nombreuses tensions raciales, qui ont contribué à renforcer les réticences envers la conscription. Les emplois sont bien mieux payés qu’avant, et personne ne veut partir à la guerre risquer sa peau. Le fait qu’on puisse être exempté de service moyennant finance attise également la colère des citoyens. Ce sont tous ces différents facteurs qui vont déclencher ce que l’on appellera les émeutes de la conscription à New York (« Draft Riots »). Les immigrants irlandais de New York sont les plus en colère. Ils ne sont pas favorables à l’émancipation des esclaves, et redoutent la concurrence de cette nouvelle main-d’œuvre sur le marché des petits boulots. Les politiciens démocrates en profitent pour attiser cette colère. Le dimanche 12 juillet, les noms des premiers conscrits apparaissent dans les journaux, à côté de l’interminable liste de ceux qui sont morts à Gettysburg. Immédiatement, une foule (en majorité composée d’Irlandais) s’insurge, envahit et saccage le bureau de recrutement, puis se répand, furieuse, à travers la ville. Pendant trois jours, Manhattan est aux mains des émeutiers qui s’en prennent essentiellement à la communauté noire. Les pensionnats sont incendiés, ainsi qu’une église et un orphelinat. La foule lynche un cochet noir infirme, et l’immole aux cris de vive Jeff Davis. L’ordre est enfin rétabli par les soldats de l’Union rappelés de Gettysburg, épuisés après une longue marche forcée. Plus d’une centaine de personnes ont trouvé la mort. L’opposition à la guerre déclenche des émeutes à travers le Nord. Le rédacteur en chef du Washington Time écrit : « la nation est au bord de la révolution au Nord comme au Sud, à l’Est comme à l’Ouest ».
DÉROULEMENT DE LA BATAILLE
Le 20 février vers 14 h 30, Seymour, à la tête d’une armée de 5 500 hommes, se dirige en direction de Lake City. Il arrive au contact des 5 000 Confédérés de Finegan qui se sont retranchés près de la gare d’Olustee. Finegan envoie une brigade d’infanterie à la rencontre de l’armée de Seymour pour lui tendre un piège. Il veut les attirer là où il s’est retranché pour se trouver en position de force. Mais le piège ne fonctionne pas, et ses hommes engagent le combat au niveau d’« Ocean Pond ».
C’est alors que Seymour, trop sûr de sa force, fait une grossière erreur. Il pense qu’en face de lui se trouvent des milices locales de Floride (qu’il a auparavant mises en déroute avec facilité) peu entraînées au combat. Immédiatement, il ordonne un assaut général, qui est violemment bousculé. Ses troupes subissent les tirs de barrage de l’artillerie confédérée et une intense fusillade des soldats sudistes retranchés.
La bataille fait rage tout au long de l’après-midi, jusqu’à ce que Finegan engage ses dernières réserves. Les Confédérés se ruent à l’assaut et brisent les lignes nordistes, qui commencent à reculer.
Finegan n’exploite pas cette retraite et ne poursuit pas les soldats en fuite. Il les laisse décamper vers Jacksonville.
Une poignée de Confédérés tentent cependant d’attaquer l’arrière des forces de Seymour. Mais ils sont repoussés par des unités de la célèbre 54ème infanterie de volontaires du Massachusetts et par le 35ème régiment de couleur des États-Unis, tous deux composés de soldats afro-américains.
Le matin du 22 février, alors que les forces de l’Union se retiraient toujours à Jacksonville, le 54ème Massachusetts reçut l’ordre de marcher vers la station Ten-Mile. La locomotive d’un train qui convoyait des soldats de l’Union blessés était en panne. Tous ces malheureux risquaient la capture et une mort certaine. Lorsque le 54ème du Massachusetts arriva sur place, les hommes lièrent des cordes à la locomotive et aux voitures, et tractèrent à la force des bras le train sur environ trois miles. Puis ils attachèrent des chevaux pour les aider à tirer la machine jusqu’à Jacksonville, sur une distance totale de 10 miles (16 km). Il leur fallut 42 heures pour exécuter leur opération de sauvetage sur cette distance. Mais les blessés furent sauvés…
BILAN & PERTES
Le pourcentage du nombre de victimes par rapport au nombre de soldats engagés fait de cette bataille la troisième plus sanglante de la guerre civile en ce qui concerne l’armée de l’Union. Les soldats vétérans ayant pris part à d’autres batailles passées indiquent dans leurs lettres qu’ils n’ont jamais connu des combats aussi terribles.
PERTES
POUR LE NORD
Sur un effectif total de 5500 hommes, les pertes de la bataille pour l’armée de l’Union sont de 230 tués, 1 152 blessés et 506 disparus, ce qui représente près de 40 % des troupes.
POUR LE SUD
Sur un effectif total de 5000 hommes, les pertes de la bataille pour les Confédérés s’élèvent à 93 tués, 847 blessés et 6 disparus, soit environ 20 % des forces engagées. De plus, 6 pièces d’artillerie de l’Union et 39 chevaux furent capturés.
IN MEMORY
Il mourra le 26 février 1864 à l’hôpital de Beaufort (Caroline du Nord).
Sources :
La « Guerre de Sécession », de Ken Burns.
Photos publiques Facebook
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_d%27Olustee