Charlemagne intègre la Saxe dans son royaume

LES CAROLINGIENS

Effigie Charlemagne et autour l’inscription KAROLVS IMP AVG (Karolus imperator augustus).

CHARLEMAGNE INTÈGRE LA SAXE

DANS LE ROYAUME DE FRANCE

Charlemagne

La guerre contre les Saxons est une série de campagnes militaires et d’insurrections qui dura trente-deux ans. Elle débute en 772, lorsque Charlemagne envahit la Saxe païenne pour la conquérir. Elle se terminera en 804, lorsque la dernière rébellion des tribus révoltées sera anéantie.

Au total, dix-huit batailles seront livrées en Saxe (région qui représente aujourd’hui le nord-ouest de l’Allemagne).

L’issue de la guerre aboutira au rattachement de la Saxe dans l’empire carolingien, et à la conversion forcée des Saxons du paganisme germanique au Christianisme.

En 785, huit années après sa soumission, la Saxe se révolte de nouveau contre les Francs et son roi Charlemagne.

Lire : La soumission du chef saxon Widukind.

 Charlemagne reçoit la soumission de Widukind à Paderborn.

La guerre reprend, encore plus féroce qu’auparavant. Elle se terminera en 797, avec l’intégration de la Saxe au royaume Franc. Cette annexion mettra un terme à la plus longue, la plus meurtrière et la plus difficile des campagnes que Charlemagne ait pu mener jusqu’alors.

Statuette équestre représentant Charlemagne ou son petit-fils Charles le Chauve, Paris, musée du Louvre, IXe siècle.

Pendant des années, et malgré de nombreuses victoires, Charlemagne a essayé en vain de mater les multiples insurrections des tribus saxonnes.

Il y est à peu près parvenu en 785, avec la promulgation et l’instauration du « De Partibus Saxonis », qui impose à ces guerriers païens d’adopter et de respecter rigoureusement la religion chrétienne. Depuis, la Saxe est calme et se tient tranquille, car tout écart ou manquement est sévèrement puni de mort.

LE CAPITULAIRE « DE PARTIBUS SAXONIAE »

Le capitulaire « De Partibus Saxoniae » (ou capitulaire de Padenborn) est une loi promulguée en 785 par le roi des Francs, pendant les guerres contre les Saxons. Ce capitulaire ordonne que les païens soient convertis au christianisme ou tués. Ce texte, imposant une conversion forcée, fut édicté pendant les guerres de Charlemagne en Germanie, dans le but de mettre fin au paganisme sur le territoire des Saxons.

Ce capitulaire interdit sous peine de mort :

– la crémation des morts.

– l’enterrement sous les « tumuli » (tumulus).

– les pratiques sacrificielles.

– la rupture du jeûne de Carême.

– l’attentat contre un ministre du culte.

– l’attentat contre un objet ou un lieu de culte.

– le refus du baptême.

Pour appuyer le texte, une cour de justice expéditive est installée en Westphalie. Les condamnations à mort sont prononcées parfois sur simple dénonciation, que le prévenu soit présent ou non.

En 797, Charlemagne instaure un nouveau capitulaire, plus clément que le précédent, le « Capitulare Saxonicum ». La peine de mort contre les païens y est abolie et commuée en amendes. Les troubles cessent progressivement vers 799.

Conversion des Saxons

SE CONVERTIR OU MOURIR…

Les articles majeurs du capitulaire se terminent inéluctablement par « il sera puni de la peine capitale » ou « il sera exécuté par sentence de mort ». Ils sont adressés à tous les Saxons qui trahissent le serment fait au roi des Francs, à tous ceux qui ourdissent contre lui, y compris ses représentants au clergé ainsi qu’à d’autres Chrétiens, ou à ceux qui profanent les lieux de culte que sont les églises en y commettant des larcins ou des vandalismes.

Il est formellement interdit pour ces peuples, sous peine de mort, de vénérer les sources et les arbres comme auparavant, de manger de la viande pendant le carême, et de refuser le baptême.  Les nourrissons doivent être amenés sur les fonts baptismaux avant l’âge d’un an, faute de quoi les amendes à payer seront lourdes :120 sous d’or pour les nobles, soixante pour les hommes libres, et trente pour les lites (les affranchis).

Les Francs n’ont obtenu la soumission que d’une partie de la Saxe, surtout les territoires centraux. Tous les autres demeurent fidèles au culte païen et aux Dieux qu’ils vénèrent depuis des siècles. Le Nord et l’Est continuent à remuer, et la révolte gronde une fois de plus… Ce qui oblige le roi des Francs à envoyer en permanence des forces armées pour réprimer les émeutes ponctuelles.

UNE INSURRECTION DE MASSE

Charlemagne

En 793, une révolte générale va montrer toutes les limites du « De Partibus Saxoniae ». En effet, ce soulèvement de masse révèle le revers de la médaille de l’efficace sévérité du capitulaire de 785.

Les seigneurs et les missionnaires ayant reçu les pleins pouvoirs (droit de châtier sévèrement, par la mort ou par des amendes colossales, les Saxons qui contreviennent au « De Partibus Saxoniae »), ils se sont livrés à tous les excès. Les injustices et les abus ne pouvaient qu’engendrer la violence et le soulèvement des populations.

La conversion au Christianisme, voulue par le roi des Francs, n’a pas eu, dans ce contexte-là, beaucoup de résultats. Les Saxons, pourchassés, humiliés, se sont très peu convertis ; ou bien c’est uniquement par la crainte qu’ils ont osé franchir le pas vers le Dieu des Francs.

Alcuin, le sage conseiller de Charlemagne, rapporte : « Si l’on avait prêché au peuple le joug léger du Christ et son suave fardeau avec autant de chaleur qu’on a exigé le paiement des « dîmes » et puni les plus petites fautes, peut-être ne se seraient-ils pas dérobés aux serments du baptême ? Est-ce que les apôtres que le Christ avait envoyés prêcher à travers le monde levaient des « dîmes » et demandaient des cadeaux ? Certes, la « dîme » est une bonne chose, mais il vaut mieux la perdre que de perdre la foi ».

Alcuin


En 793, le seuil du supportable est franchi, et la fragile domination franque cède. Les Saxons saccagent tous les sanctuaires chrétiens : les églises et les monastères sont détruits, les religieux sont expulsés ou assassinés. Les lieux de culte païens sont relevés et, à nouveau, l’on y vénère les idoles profanes.

Guerrier franc

Pour Charlemagne, tout est à refaire comme avant 785. Celui-ci revient en Saxe à la tête de son armée, avec à ses côtés son fils aîné, Charles. Les insurgés sont battus, se rendent, et prêtent serment. Puis le roi s’arrête pour l’hiver. Durant cette pause hivernale, les Saxons se soulèvent de nouveau et reprennent les armes, ce qui le contraint à poursuivre une nouvelle expédition.

DES REPRÉSAILLES IMPLACABLES

Guerre entre Charlemagne et les Saxons

Cette dernière lutte est effroyable ; la multiplicité des révoltes et des répressions engendre toujours plus de violences et de dévastations.

En 795, le souverain franc se fait livrer des milliers d’otages, comme tribut pour l’assassinat d’un de ses alliés, le duc des Abodrites.

Abodrites : peuple slave établi au VIème siècle dans les régions connues aujourd’hui sous le nom de Holstein et de Mecklembourg, au nord-est de l’actuelle Allemagne.

En 796, les ravages, les saccages, les incendies de villes et de villages, les exécutions de masse et les destructions, s’intensifient ; et lorsque Charlemagne retourne dans son royaume, il est suivi par une immense colonne de prisonniers.

En 797, la Wihmodie (dernier repaire des révoltés saxons au bord de la mer du Nord) est investie.

Lorsque le roi des Francs l’annexe et l’intègre à son royaume, la Saxe est ruinée, dévastée et exsangue…

Eginghard, le biographe du roi affirme : « unis au Francs, les Saxons forment désormais un seul peuple ».

UNE LOI ATTÉNUÉE

Effigie Charlemagne et autour l’inscription KAROLVS IMP AVG (Karolus imperator augustus).

Le 28 octobre 787, un nouveau capitulaire, plus indulgent, le « Capitulare Saxonicum », est édité ; il remplace celui de 785. Le roi y abandonne le régime d’exception installé en 785, pour mettre en œuvre un régime de pacification, en collaboration avec l’aristocratie saxonne réunie à Aix-la-Chapelle.

Ce texte remplace le « De Partibus Saxonis » et ses mesures autoritaires : les peines de morts sont remplacées par des amendes.

D’autre part, les Saxons reçoivent l’égalité politique avec les autres peuples du royaume franc. En 802, la « Lex Saxonum » leur permettra même de conserver leurs coutumes juridiques.

Les nobles saxons sont désormais les vassaux du roi des Francs, servent dans les armées royales, conservent leurs prérogatives, et sont conviés à assister aux assemblées annuelles.

LE COUP DE GRACE !

Charlemagne, un des neuf Preux, représenté au castello de la Manta, Italie.

Pourtant, la conquête de la Saxe n’est pas encore terminée. En 798, les troupes franques envahissent et saccagent la région située entre la Weser et l’Elbe, et battent les révoltés à Bornhöved (commune allemande du Schleswig-Holstein, un des seize Länder composant l’Allemagne).

En 799, un grand nombre de prisonniers saxons sont emmenés à l’Ouest du royaume.

Le Nord de l’Elbe ne se rend pas instantanément (la Wihmodie et la Nordalbingie ne se soumettront qu’en 804).

Les conséquences sont inouïes : 10 000 familles saxonnes seront déportées des bords de l’Elbe jusque vers les territoires francs de Gaule et de Germanie. Sur l’Elbe, les Francs, nouveaux venus, s’installent et prennent la place des Saxons. Ils vont fonder la ville de Hambourg.

La plus longue et la plus terrible des guerres de conquête de Charlemagne est enfin terminée.

SARCOPHAGES CAROLINGIENS

Tombe anthropomorphe : qui a la forme d’un corps humain ou qui a l’apparence humaine. Et où l’on distingue, creusé dans la pierre, l’emplacement de la tête du défunt.

– Lire : La Chapelle Notre-Dame de la Gayole

L’usage du sarcophage s’est sensiblement développé en Septimanie, dès le Vème siècle, à l’époque mérovingienne, au profit des classes aisées de la société. Ce rite perdurera jusqu’à la fin du règne des Carolingiens. Sa forme initialement trapézoïdale se transformera lentement, vers 750-800, en forme rectangulaire.

En 1964, à Cornillon-Confoux (Bouches du Rhône), en creusant un nouvel accès au cimetière, neuf sarcophages d’une nécropole paléochrétienne (Vème, VIIème siècle) furent mis au jour, ainsi que dix-huit autres en 1971.

Lire : Cornillon-Confoux

L’art paléochrétien, ou art et architecture primitifs chrétiens, est un art développé par les Chrétiens ou sous l’égide chrétienne entre l’an 200 et l’an 500. Il couvre une période s’étalant du règne de Justinien (482-565) en Orient, jusqu’aux invasions barbares au 6ème siècle en Occident, et à la conquête arabe (Omeyades) en Syrie, en Egypte et en Afrique du Nord. Avant l’an 200, il demeure très peu de vestiges artistiques qui puissent être qualifiés avec certitude de chrétiens. Ils sont pour la plupart apocryphes. Après l’an 500, l’art paléochrétien s’ouvre sur l’art byzantin et celui du haut Moyen Âge. 

Sources :

Les rois de France des Éditions Atlas (Les Carolingiens).

Photos publiques Facebook

https://fr.wikipedia.org/wiki/Charlemagne

https://fr.vikidia.org/wiki/Arm%C3%A9e_carolingienne

https://fr.vikidia.org/wiki/Arm%C3%A9e_carolingienne

 

 

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