Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord
Talleyrand
Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord
(2 février 1754 – 17 mai 1838)
« La parole a été donnée à l’homme pour déguiser sa pensée. »
Talleyrand
Naissance
Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, celui que l’on nommera usuellement Talleyrand, naît le 2 février 1754, et décède le 17 mai 1838 à Paris. Homme d’état français et fin diplomate, il sera l’homme de tous les régimes, de la Révolution à la Restauration.
L’individu (le Diable Boiteux)
Doué d’une remarquable habileté d’esprit, ses aptitudes exceptionnelles de médiateur lui permettront de servir aussi bien ses intérêts que ceux de la France. Talleyrand manipulera la diplomatie à souhait, accordant à sa guise efficacité, immoralité et trahison, sans se soucier de l’éthique, ni du jugement des hommes de son époque. Mais de toute évidence, la prédominance de la France en Europe restera son unique préoccupation.
Jeunesse
Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord est issu d’une famille de la haute noblesse française ; il est l’aîné d’une lignée de l’aristocratie des comtes du Périgord. Souffrant d’un pied bot dès sa naissance, il se voit déchu de son droit d’aînesse, et doit abandonner l’idée d’une carrière militaire. A l’âge de quinze ans il entre au séminaire Saint-Sulpice pour embrasser, sans vocation, une destinée ecclésiastique. Après avoir fait de studieuses études et acquis une grande culture, il obtient son baccalauréat.
La Révolution et Les Débuts de sa carrière
Le 1er avril 1775, après avoir soutenu une thèse en théologie, il accède à la prêtrise, et en 1779, devient vicaire du diocèse de Reims. L’année suivante il sera désigné agent général du clergé de France. Le 2 novembre 1788, le roi Louis XVI le nommera évêque d’Autun et en 1789, il sera élu député du Clergé aux Etats Généraux.
Le 2 novembre 1789, Talleyrand fait adopter par l’Assemblée Constituante une proposition stipulant la confiscation des biens du Clergé, pour les mettre à la disposition de la Nation. Après s’être séparé de l’église, il quitte son évêché, et vote la Constitution civile du Clergé le 12 juillet 1790. Le 14 juillet, c’est lui qui célèbrera la messe au Champ-de-Mars lors de la fête de la Fédération. Cet aristocrate qui méprise le petit peuple, les idées de partage et d’égalité, a compris tout l’intérêt d’adopter les principes révolutionnaires. Dorénavant il va les prendre à son compte pour en tirer le meilleur profit. Condamné par le pape pour schisme et pour ses prises de position contre l’église, il quitte la soutane et embrasse une carrière diplomatique.
Le diplomate
Dépêché à Londres en février 1792 en mission diplomatique, Talleyrand a pour consigne d’apaiser la monarchie anglaise, inquiète de la tournure des événements en France. A son retour dès le mois d’août, il est mis en accusation par la Convention, au sujet de courriers compromettants retrouvés dans les coffres secrets du roi. Ces découvertes sur des transactions opérées avec Louis XVI le font arrêter par décret, et inscrire sur la liste des émigrés. Il obtiendra dans l’urgence, auprès de Danton, un ordre de mission qui lui permettra de s’exiler dans un premier temps à Londres, d’où il sera expulsé, puis en 1794 aux Etats-Unis. Ayant été radié de la liste des émigrés, il revient en France deux ans plus tard. C’est sous le Directoire, et grâce aux interventions soutenues de Mme de Staël auprès de Barras, que Talleyrand sera nommé ministre des relations extérieures en juillet 1797.
Ministre des relations extérieures du Directoire, du Consulat, et de L’Empire.
Talleyrand établit le siège de son ministère dans l’hôtel Galliffet, qui devient en toute logique le principal centre de la politique française sous le Directoire. Deux ans suffiront à cet aristocrate ambitieux pour s’enrichir et faire fortune. En juillet 1799, il est impliqué dans une suite d’affaires de corruption qui le forceront à renoncer à ses fonctions.
Il fait alors la connaissance du général Bonaparte qui revient auréolé de sa campagne d’Italie. Il va très vite comprendre toute l’importance et tout l’intérêt suscité par cette rencontre. Il lui prodigue des conseils et va lui prêter son concours lors du coup d’Etat du 18 brumaire pour renverser le Directoire de Barras.
Le 22 novembre 1799, il récupère son portefeuille ministériel aux Relations extérieures. Désormais les destins des deux hommes sont liés, et des rapports compliqués vont s’installer entre eux. Le talent de Talleyrand, seigneur et aristocrate cultivé, raffiné, et habile, s’oppose à celui qui fait l’admiration de tous pour son génie militaire et sa politique.
Les affaires étrangères n’étant du ressort particulier que du Premier Consul, Talleyrand ne rend compte qu’à Bonaparte et à lui seul. Talleyrand a son oreille et deviendra le second rôle du régime. Cette association va être couronnée de succès, et il s’ensuivra une série de conséquences bénéfiques :
- Restauration de l’entente avec la Russie.
- Etablissement du Concordat entre le Saint-Siège et la République française. Le texte a été signé 15 juillet 1801 (26 messidor an IX) par Napoléon Bonaparte, alors Premier Consul, et le pape Pie VII. Le traité sera promulgué par le Corps législatif le 8 avril 1802 (18 germinal an X).
- Négociation et signature des traités de paix :
- 1801 : traité de Lunéville avec l’Autriche.
- 1802 : traité d’Amiens avec le Royaume-Uni.
- 1804 : il joue un rôle déterminant dans l’arrestation du Duc d’Enghien et son exécution.
- 1805 : traité de Presbourg avec l’Autriche.
- 1807 : traité de Tilsit avec la Russie et la Prusse.
Ascension
Talleyrand devient successivement :
- Grand chambellan en1804. Il est présent lors du Sacre de Napoléon le 2 décembre 1804.
- Prince de Bénévent en1806.
- Vice-Grand Electeur en1807.
La disgrâce
En 1807, dans un souci d’équilibre des forces en Europe, il préconise une alliance avec l’Autriche. Mais ses conseils ne seront pas retenus ; il sera écarté de la scène politique et déchu de son ministère. Lors de l’entrevue d’Erfurt*, il incitera le Tsar Alexandre 1er à ne pas intervenir aux côtés de Napoléon contre l’Autriche.
Alors qu’il guerroyait en Espagne, Napoléon 1er se devait de s’abstenir d’avoir à se battre à nouveau contre l’Autriche. Le 12 octobre 1808, il réitéra l’alliance avec la Russie qu’il avait conclue lors du traité de Tilsit. *
Manigances, complots et tractations.
En 1809, sur la base de fausses rumeurs concernant la mort de Napoléon en Espagne, il est soupçonné de trahison envers l’Empereur. Il ourdit, en étroite coopération avec Fouché et avec l’aide de Joachim Murat, l’instauration d’une régence sous la tutelle de l’impératrice Marie-Louise. Il sera répudié pour ses actes. On retiendra que Napoléon, accouru d’Espagne dès l’annonce des faits, l’accusera d’être un traitre et le couvrira d’insultes au cours d’une dispute mémorable : « Vous êtes de la merde dans un bas de soie ». Puis il lui retirera sa fonction de grand chambellan. Ce qui fera dire à Talleyrand, à la sortie du conseil restreint réuni pour la circonstance : « Quel dommage, Messieurs, qu’un aussi grand homme ait été si mal élevé ».
C’est sur les recommandations de Talleyrand que Napoléon envisagera son divorce d’avec Joséphine. Et ce sera encore lui qui, en 1810, lui soumettra l’idée d’un remariage avec la fille aînée de l’Empereur François 1er d’Autriche. Ce mariage, qui arrive après la défaite des Autrichiens à la bataille de Wagram (5 et 6 juillet 1809), doit garantir le traité de Schönbrunn (14 octobre 1809) et mettre un terme à la cinquième coalition contre la France.
Humilié, déchu de son titre de chambellan, Talleyrand va intensifier ses intrigues et proposer ses services aux plus offrants. Moyennant de fortes sommes, il vendra des renseignements militaires aussi bien à l’Autriche qu’à la Russie. Forcé de rester dans l’expectative, Talleyrand se pose en médiateur et attend ce qu’il appellera : « le commencement de la fin». Surveillé de près par la police impériale il dira : « Je n’ai conspiré de ma vie qu’aux époques où j’avais la majorité de la France comme complice » ; et il fait tout ce qu’il peut pour déstabiliser le régime.
En décembre 1812, alors que se profile la retraite de Russie, en habile diplomate, il encourage, sans y parvenir, Napoléon à négocier avec le Tsar Alexandre 1er sur des pourparlers de paix, et à accepter d’importantes concessions.
Napoléon lui propose à nouveau la fonction de ministre des Relations extérieures ; poste qu’il refuse. Averti de la déchéance inéluctable de l’Empire, il débute une correspondance avec Louis XVIII visant à rétablir le roi sur son trône. La police saisit certains de ces plis, et l’Empereur, après avoir envisagé un possible exil pour le Prince, pense le traduire en justice. Malgré toutes ces intrigues, Napoléon lui prête toujours une oreille attentive, et c’est sur ses conseils qu’il acceptera, en décembre 1813, le rétablissement des Bourbons sur le trône d’Espagne.
Napoléon lui propose une nouvelle fois le poste de ministre des Relations extérieures, fonction qu’il rejettera aussitôt. Pourtant le 23 janvier 1814, il le nomme au conseil de régence alors qu’il part se battre contre les forces coalisées pour stopper l’invasion de la France.
Talleyrand choisit de rester à Paris malgré les ordres formels de l’Empereur (le conseil de régence devait quitter la capitale en cas d’échec). Souhaitant depuis longtemps l’arrivée des forces alliées, il demeure seul maître de Paris et accueille, le soir même, le roi de Prusse Frédéric-Guillaume III et le Tsar Alexandre 1er dans son hôtel particulier rue Saint-Florentin. Ce qui lui donnera l’occasion de requérir, auprès de ces monarques, le retour des Bourbons sur le trône de France.
La première Restauration
Le 1er avril 1814, le Sénat élit Talleyrand président du gouvernement provisoire, qui, dès le lendemain, fait proclamer la déchéance de l’Empereur Napoléon 1er, et place Louis XVIII sur le trône de France. Le 13 mai 1814, pour le récompenser, ce dernier le nomme ministre des affaires étrangères.
Le 16 septembre 1814, à la demande du roi, il se rend comme plénipotentiaire au congrès de Vienne. Habile négociateur une fois de plus, il arrive à « limiter la casse » en divisant les Alliés sur les sanctions à prendre contre la France. Il y parviendra en dressant l’Angleterre et l’Autriche contre la Prusse et la Russie. Brillant diplomate, il ne pourra avoir une réelle incidence sur les décisions, mais replacera, par d’adroites manœuvres, la France dans son rang de grande puissance d’Europe.
Seconde Restauration
En juillet 1815, il devient président du Conseil, mais sous la pression des ultraroyalistes, il est forcé à la démission dès septembre. Nommé Grand Chambellan en 1815 par Louis XVIII, il se retire des affaires publiques. Il sera tenu éloigné du pouvoir jusqu’en 1830 lorsque, après les journées de juillet, Louis Philippe le nommera ambassadeur à Londres. Durant cinq années il s’efforcera de consacrer son habileté au rapprochement entre les deux pays.
Fin de vie
Il se retire définitivement de la vie publique en 1834. Au terme de sa vie, Talleyrand va faire amende honorable et régler son contentieux avec l’Eglise. Il recevra l’extrême-onction suivant les qualités allouées à un évêque. Il meurt le 17 mai 1838. Sa dépouille repose dans la chapelle Notre-Dame, près du château de Valençay.
5 réponses
[…] Charles IV sera récompensé par Napoléon pour son acte de renonciation. Il recevra une rente de 6 millions ; le château de Chambord et celui de Compiègne seront mis à sa disposition. Le 10 mai, son fils Ferdinand VII sera interné, jusqu’en 1813, dans le château de Valençay, résidence de Talleyrand. […]
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[…] de la tâche à accomplir, préfère garder sa popularité intacte et propose avec Talleyrand (ministre des relations extérieures) d’envahir l’Egypte pour y établir une force militaire […]
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[…] «C’était la tête d’Oliver Cromwell (1599-1658) sur le corps d’une jolie femme.» cité par : Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord […]