An 814, la mort de Charlemagne
LES CAROLINGIENS
AN 814, LA MORT DE CHARLEMAGNE
Situation en Europe occidentale vers l’an 800
SOMMAIRE
A la fin du VIIIème siècle, l’empire franc représente à peu près tout l’Occident chrétien. Il s’étend à l’Est jusqu’à l’Elbe et au Danube, au sud-est jusqu’à Bénévent (en Campanie, Italie), et au sud-ouest jusqu’à l’Èbre (fleuve d’Espagne).
Seuls quelques petit royaumes anglo-saxons et espagnols n’ont pas été intégrés. Ils représentent une infime quantité. D’ailleurs, ces petites monarchies se révèlent amicales, et affichent envers le roi des Francs une vraie reconnaissance pour sa protection.
Donc, la suprématie de Charlemagne s’applique à tous les pays, et à tous les hommes qui admettent le pape de Rome comme autorité centrale de l’Église.
Au-delà, c’est le monde barbare du paganisme, ou le monde infidèle de l’Islam, ou enfin le vieil Empire d’Orient byzantin (celui-ci est Chrétien, certes, mais montre une orthodoxie bien incertaine et, de plus en plus, les Byzantins se groupent autour du patriarche de Constantinople, ostracisant ainsi le pape de Rome).
Charles Ie, dit « le Grand », naît à une date inconnue (probablement au cours de l’année 742, voire 747 ou 748, peut-être le 2 avril). Il rend son âme à Dieu après quarante-six ans de règne, laissant à ses héritiers un colossal trésor et d’innombrables richesses en partage.
Jusqu’à la fin, il a régné seul sur son gigantesque Empire. Gravement atteint par la maladie, il meurt le 28 janvier 814 (à vraisemblablement soixante-et-onze ans, un âge très avancé pour l’époque) en laissant ses sujets dans la consternation…
PRÉSAGES ET ANTICIPATIONS
Dans le royaume carolingien, les années 806 et 807 furent marquées par des éclipses solaires. Toutes deux furent interprétées comme étant les signes avant-coureurs d’une catastrophe, voire d’un grand malheur. Charlemagne avait-il cru à ces prédilections ?
Toujours est-il que dès 806, il prit ses dispositions pour céder son fabuleux héritage à ses fils, Charles le Jeune, Louis Ier le Pieux, et Pépin d’Italie.
Sentant sa fin prochaine, il jugea utile, le 11 septembre 813, de faire couronner le seul survivant de ses trois fils, le futur Louis Ier le Pieux.
A plus de soixante-dix ans et malgré une santé défaillante, l’illustre Carolingien ne modifia rien à son rituel.
Le 28 janvier 814, en sortant du bain, le grand roi Charles Ier fut soudainement pris d’un accès de fièvre.
Souffrant de pleurésie, Charlemagne convoqua son archichapelain, l’archevêque de Cologne Hildebald, et demanda à ce qu’on lui administrât les derniers sacrements.
Le 28 janvier 814, « à la troisième heure du jour », Charlemagne se signa et prononça dans un faible souffle les paroles habituelles « Seigneur, je mets mon âme entre tes mains… »
Puis il ferma les yeux… après un règne de quarante-six années ; il avait près de soixante-douze ans.
LES FUNÉRAILLES, ET UN SARCOPHAGE DE MARBRE BLANC POUR SÉPULTURE
Au cours de la cérémonie, Charlemagne est revêtu des ornements royaux, et porte une croix d’or autour du cou. Puis il est déposé dans un sarcophage antique de marbre blanc, décoré d’une sculpture représentant l’enlèvement de Proserpine par Pluton. Enfin, il est transporté à la chapelle palatine « au milieu de la désolation du peuple tout entier ».
Il ne peut y avoir meilleure sépulture que la basilique érigée par l’Empereur. C’est là, dans la crypte, que le jour même, le vieux roi est inhumé.
La cérémonie se veut humble et très sobre, conformément aux prescriptions du nouveau sacramentaire (livre liturgique), qui dit que les grands comme les modestes doivent être enterrés selon un même rituel.
Cette sépulture reste introuvable aujourd’hui ; elle a disparu lors des invasions normandes.
Lire : la chapelle palatine de Carolus Magnus
LE GRAND DÉSARROI DES PEUPLES DE L’EMPIRE DE CHARLEMAGNE
Le grand Charlemagne s’en est allé ; l’Empire tout entier est plongé dans une douloureuse stupeur, et pleure le monarque franc.
De nombreux témoignages sont rendus par les historiens, les chroniqueurs et même les poètes, relatent le caractère universel du deuil qui bouleverse les peuples d’Occident.
Un moine de l’abbaye italienne de Bobbio souligne : « Des régions où naît le soleil jusqu’aux rives occidentales de la mer…pleure l’Italie, s’attristent les Francs, pleurent l’Aquitaine et également la Germanie… » Bien plus tard, l’historien Nithard (l’un des petits-fils de Charlemagne) honorera en son illustre grand-père celui qui « laissa l’Europe entière remplie de félicité ».
C’est probablement cette Europe, que Charlemagne a su unifier sous son autorité, qui constitue en n’en pas douter l’héritage le plus grandiose de ce roi d’exception.
En 811, Charlemagne rédige son testament. Il doit partager ses immenses richesses et commence par celles de la chambre du Trésor. Tout ce qui est or, argent, objets précieux et ornements royaux est divisé en trois parties. Les deux premières sont attribuées au vingt-et-une-villes métropolitaines de l’Empire. L’Empereur se réserve le bénéfice de la troisième part, composée d’or et d’argent, mais aussi d’armes et d’objets personnels. Après sa mort, les biens de ce troisième lot seront partagés en quatre parts. La première ira encore aux villes métropolitaines de l’Empire. La deuxième est destinée aux enfants de Charlemagne et à leurs descendants. La troisième est réservée aux pauvres, et la quatrième aux serviteurs du palais. L’Empereur fait également des dons à la basilique Saint Pierre de Rome (comme une table en argent sur laquelle est gravée une carte de Constantinople). A la cathédrale de Ravenne, il fait don d’une autre table précieuse, décorée du plan de Rome. Ses héritiers reçoivent aussi une table d’argent et une d’or. Toutes deux devront être vendues et le bénéfice de la vente, comme celui des livres de la bibliothèque, sera distribué aux pauvres.
SARCOPHAGES CAROLINGIENS
– Lire : La Chapelle Notre-Dame de la Gayole
En 1964, à Cornillon-Confoux (Bouches du Rhône), en creusant un nouvel accès au cimetière, neuf sarcophages d’une nécropole paléochrétienne (Vème, VIIème siècle) furent mis au jour, ainsi que dix-huit autres en 1971.
Lire : Cornillon-Confoux
Sources :
Les rois de France des Éditions Atlas (Les Carolingiens).
Photos publiques Facebook
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