Les fils de Clovis – Clotaire Ier
LES FILS DE CLOVIS
CLOTAIRE Ier
(498-561)
Cette famille descend des peuples Francs saliens qui se sont installés dès le Vème siècle dans les régions de Cambrai et de Tournai, en Belgique. L’Histoire de la dynastie est marquée par l’apparition d’une forte prédominance de la culture chrétienne au sein de l’aristocratie. Elle se caractérise aussi par l’implantation croissante de l’Église, et par une économie qui se développe suite à l’effondrement de l’Empire romain d’Occident. Le nom « Mérovingien » provient du roi Mérovée, ancêtre semi-mythique de Clovis (466-511). Les Mérovingiens, sous l’Ancien Régime et au XIXème siècle, sont désignés par certains légistes et historiens français comme étant la « première race » des rois francs.
SOMMAIRE
Clotaire 1er est le quatrième fils de Clovis et de la reine Clotilde.
En 511, à la mort de son père, Clotaire 1er devient roi de Soissons (ou de Neustrie).
RAPPEL
La Neustrie : le Nord-Ouest de la France actuelle (sans la Bretagne). La Bourgogne : l’ancienne Burgondie, c’est-à-dire l’actuelle Bourgogne, le Nord de la vallée du Rhône et le Centre (Orléans).
Avec ses frères, il vainc la Thuringe (531) et la Burgondie (534).
C’est un homme cruel, ambitieux, présomptueux, qui n’est préoccupé par aucun sens de la morale ou d’une quelconque empathie envers les autres.
Au Ier siècle, ils migrent vers l’actuelle Poméranie aux bouches de l’Oder. Au IIème siècle, ils s’établissent en Silésie, aux sources de la Vistule. Vers la fin du IIIème siècle, ils font mouvement vers l’Elbe, puis vers le Main. À la fin du IVème siècle, à la suite de la migration des Vandales et Alains en Gaule romaine, ils s’établissent aux abords du Rhin, en Germanie supérieure. Ils constituent ainsi un premier royaume en 413. En 436, ils seront battus par les Huns en Germanie inférieure. A la fin des Migrations germaniques de la fin de l’Antiquité, les Burgondes s’établissent durablement dans le centre-est de la Gaule, comme peuple fédéré de l’Empire romain d’Occident. Au Vème siècle, lors de l’effondrement de ce dernier, les Burgondes y fondent un royaume couvrant initialement une grande partie des actuelles régions suivantes : Bourgogne, Franche-Comté, Savoie, Lyonnais, Dauphiné et Suisse romande. Dès 534, le Royaume des Burgondes est absorbé dans l’Espace Mérovingien en tant que « Regnum Burgundi », futur Royaume de Bourgogne.
En 533, Clotaire 1er assassine, avec l’aide de son frère Childebert Ier, ses propres neveux, les héritiers de son frère Clodomir Ier, et du royaume d’Orléans.
NAISSANCE
Clotaire 1er (dit le Vieux) naît vers 498, et meurt le 29 novembre ou le 31 décembre 561, à Compiègne. C’est un roi franc de la dynastie des Mérovingiens. Il est le quatrième fils de Clovis (roi des Francs, mort en 511) et de la reine Clotilde.
– En 511, à la mort de son père, Clotaire 1er devient roi de Soissons.
– En 524, à la mort de son frère Clodomir Ier il devient roi d’Orléans.
– En 555, à la mort de Théodebald, le petit-fils de son demi-frère Thierry Ier, il devient roi de Reims.
– En 558, à la mort de son frère Childebert Ier, il devient roi de Paris.
A partir de cette date et jusqu’à sa mort en 561, Clotaire 1er gouvernera seul à la tête d’un royaume des Francs à nouveau réunifié, comme sous le règne de son père Clovis. A sa mort, son royaume sera une fois de plus partagé entre ses héritiers.
FAMILLE
De l’union de Clovis et Clotilde naîtront :
– Ingomer ou Ingomir (né et mort en 494)
– Clodomir (495-524)
– Childebert (497-558)
– Clotaire (498-561)
– Clotilde (vers 500-531)
LE MARIAGE CHEZ LES FRANCS
Les Francs, comme tous les peuples germaniques, appliquent l’« endogamie » au sein de leur société ethnique, « sippe » ou « clan » (parentèle élargie). Le mariage se distingue sous plusieurs formes.
Le père en tant que chef de famille détient tous les pouvoirs au sein de son foyer. Il exerce son autorité « mundium » ou « munduburdium » sur ses femmes, ses enfants et ses esclaves.
Il peut, s’il le désire, autoriser ou rejeter les mariages de chaque membre de sa lignée. Certains jeunes nobles francs ont des liaisons sentimentales avec des esclaves de leur « clan » ou des jeunes filles de leurs proches. Il en découle bien souvent des épousailles. Ces mariées de jeunesse (friedelfrau) sont alors considérées comme épouses de second rang, ou épouses morganatiques.
On désigne ce type de mariage la « friedelehe ». Il est hypergamique (pour un individu, c’est le fait d’avoir un conjoint dont le niveau social est plus élevé) et est accepté de manière privée entre les époux.
Il est dans les attributions du chef de famille d’organiser, pour les jeunes hommes arrivés à maturité, des unions avec des épouses de premier rang. Ce mariage célébré en public a pour objectif de rapprocher les familles, permettant ainsi des alliances diplomatiques.
Cette forme de polygamie crée un certain trouble chez les Chrétiens, habitués traditionnellement à la monogamie. Ces derniers appliquent le droit matrimonial romain, et considèrent à tort ces épouses comme des concubines ou des maîtresses, attribuant à leurs progénitures une véritable illégitimité. Pourtant, les enfants nés de ces mariages sont tous égaux en matière d’héritage. Le père se donne le droit cependant d’exclure de sa succession les enfants qu’il aura lui-même choisis.
LES ÉPOUSES DE CLOTAIRE
INGONDE, née vers 499, morte vers 546.
C’est une fille de Clodomir II (un roi germain de la région de Worms) et d’Arnegonde. Depuis 517
environ, elle est la concubine de Clotaire Ier, qu’elle épousera vers 532.
Ingonde lui donnera six enfants dont trois règneront par la suite :
– Gonthaire ou Gonthier (né vers 517-mort après 532).
– Caribert Ier (né vers 521-mort en 567). Il fut roi de Paris de 561 à 567.
– Childeric (mort avant 561).
– Clodoswinthe, aussi appelée Chlodesindis, Chlodosuinda, Chlotsinda ou Closinde (morte avant 561). Par mariage, elle deviendra reine des Lombards (elle épousera le roi Alboïn, fils d’Aldoin).
– Gondovald, Gundovald, Gondobald ou Gondebaud, serait un fils naturel et non reconnu de Clotaire Ier (Il n’y a aucune preuve de filiation avec ce dernier).
– Gontran (né vers 532 ou 534- mort le 28 mars 592 ou 593 ou 594, à Chalon-sur-Saône). Il fut un roi mérovingien et un saint catholique et orthodoxe. Il est fêté le 28 mars. Il sera roi d’Orléans de 561 à 592, et roi de Paris de 584 à 592.
– Sigebert Ier, ou Sigisbert Ier (né vers 535, mort en décembre 575 à Vitry-en-Artois). A la mort de son père, il reçoit le royaume de l’Est avec Reims et Laon (territoire qui prendra le nom d’Austrasie), auquel s’ajouteront l’Auvergne et une partie de la Provence.
GONDIOQUE, ou Gontheuc (naissance et mort inconnues).
Reine franque, épouse du roi : Clodomir Ier, roi d’Orléans. A la mort de celui-ci, elle épousera en seconde noce son beau-frère Clotaire Ier, roi de Soissons (tous deux fils de Clovis).
De l’union avec Clodomir Ier naîtront Gonthier (ou Gunthar), Thibaut (ou Théobald) et Clodoald (le futur Saint Cloud).
Thibaut et Gonthier seront assassinés par son deuxième époux Clotaire Ier et par le frère de celui-ci Childebert Ier.
AREGONDE, aussi appelée Arnegonde (née vers 516-morte entre 574 et 580).
Elle fut reine des Francs, et la troisième des six épouses du roi Clotaire Ier.
C’est une des rares figures historiques dont on ait pu identifier la sépulture. La reine Aregonde est considérée comme la plus ancienne reine de France retrouvée à ce jour.
De son union avec Clotaire Ier, Arégonde aura un fils, Chilperic Ier (né entre 525 et 534 – mort assassiné entre le 20 et le 28 septembre 584 à Chelles). Petit-fils de Clovis, il fut un roi franc et sera roi de Soissons de 561 à 584, et roi de Paris de 567 à 584.
CHUNSINE, appelée aussi Gunsinde des Francs (née vers 510-mort inconnue).
Chunsine fut probablement la deuxième reine du roi des Francs Clotaire Ier ?.
Avec celui-ci elle aura deux fils :
– Chramm d’Aquitaine, Gouverneur et Duc d’Aquitaine, roi d’Auvergne (535-560).
– Gundebald (540-585).
RADEGONDE de Poitiers, en latin Radegundis (née vers 520 en Thuringe, morte le 13 août 587 à Poitiers).
C’est une princesse thuringienne, qui deviendra reine des Francs en épousant Clotaire Ier vers
539.
Radegonde est connue pour son extrême humilité et sa grande dévotion. Elle quitte la cour royale et s’installe à Poitiers, où elle fonde l’abbaye Sainte-Croix de Poitiers ; elle y sera une simple nonne.
Elle est célébrée comme sainte par les églises catholique et orthodoxe. Radegonde est fêtée le 13 août ; c’est la sainte patronne de Poitiers. Elle fut autrefois patronne secondaire de la France.
VULDETRADE, ou Vultrade, ou bien encore Waldrade (née vers 530 et morte vers 570) est une reine des Francs.
Elle épouse vers 552, peu après son avènement, le roi Thibaut, ou Théobald (petit fils de Thierry Ier, le fils aîné de Clovis).
En 555, à la mort de son mari, Vuldetrade deviendra la sixième épouse de Clotaire Ier, qui la répudiera peu après et la donnera en mariage au duc des bavarois Garibald.
VERS 529, CAMPAGNE DE THURINGE
En 531, Hermanfred, le roi des Thuringiens, veut se débarrasser de son frère Baderic (480-529). Pour cela, il demande l’aide de Thierry Ier, et lui promet de lui céder une partie du royaume de Thuringe si celui-ci lui apporte son soutien ; le roi des Francs de Metz accepte l’offre. Baderic est vaincu et tué au combat. Mais après la victoire, Thierry Ier estime être lésé dans le partage qu’il a convenu avec son allié Thuringien. Pour se venger de Hermanfred, il appelle à l’aide son frère Clotaire Ier.
Les deux frères conquièrent ensemble la Thuringe, qui sera incorporée au royaume des Francs.
Une nouvelle querelle vient séparer l’alliance des deux frères lorsqu’ils se disputent vertement la princesse Radegonde, fille de Baderic. C’est finalement Clotaire qui la mariera, car elle faisait partie du butin capturé par ses propres hommes.
523-524, LA GUERRE CONTRE LES BURGONDES
En 523-524, Sigismond (roi des Burgondes de 516 à 524), marié vers 494 à Ostrogotha (fille du roi ostrogoth Théodoric le Grand), est devenu veuf. Il se remarie, dit-on, avec la servante de sa défunte femme, dont le nom est inconnu et qui est probablement catholique. De cette union naîtront trois enfants :
– Ségéric (494/95 – 522), qui sera assassiné par son père
– Suavegotha (495/96 – ?), qui épousera Thierry Ier, fils de Clovis
– Une fille, qui épousera Leudesius, maire du palais de Neustrie. Ils auront un fils, Etichon, qui deviendra premier duc d’Alsace.
De son premier mariage, Sigismond a eu un fils, Sigéric. Celui-ci est âgé d’une vingtaine d’années lorsque son père se remarie.
Mais Sigéric est arien, et probable héritier de Théodoric le Grand. Il pourrait être en mesure de fusionner les royaumes burgondes et ostrogoths. Il devient donc un gros obstacle pour les futurs enfants de la nouvelle épouse de Sigismond.
L’Histoire raconte qu’elle profite d’un jour de fête pour endosser les vêtements de la reine burgonde, Ostrogotha. Presque aussitôt, Sigéric entre dans une violente colère envers sa belle-mère, et lui reproche vivement d’avoir revêtu les habits de sa propre mère.
La nouvelle épouse va se plaindre à Sigismond en lui disant que son fils projette de le tuer, afin d’unir son royaume à celui de Théodoric, dont il est le petit-fils et l’héritier par sa mère.
Sigismond se laisse alors berner par son épouse. Un jour où son fils est en état d’ivresse, il lui propose d’aller dormir. Afin de l’éliminer de la succession royale, il ordonne à deux de ses serviteurs de l’étrangler.
Mais son fils est à peine mort qu’il regrette son geste et se jette sur son corps en pleurant. On dit qu’il s’enfermera en pénitence dans le monastère d’Agaune en Valais, pour prier et jeûner.
Ce meurtre va contraindre Théodoric le Grand à mettre en place une « faide » (vengeance obligatoire d’après les coutumes germaniques), et à partir en guerre contre la Burgondie.
Sigismond, qui pressent cette guerre, a besoin de soutien. Dans un premier temps, il marie sa fille Suavegothe (qu’il a eue avec Ostrogotha lors de son premier mariage) à Thierry Ier (fils aîné de Clovis). Ainsi, il renouvelle l’alliance de son peuple burgonde avec celui des Francs rhénans.
La reine Clotilde (qui n’a pas oublié l’assassinat de son père, Chilpéric II, de sa mère et de ses deux frères), estime Sigismond indigne d’être roi de Burgondie. Elle met en place une « faide » pour les venger.
Lire : la reine Clotilde.
Elle envoie ses fils pour venger cette offense. Mais Thierry, qui n’est pas le fils de Clotilde et qui a épousé la fille de Sigismond, n’est pas tenu d’y participer.
Pour effectuer la « faide » Clodomir et ses deux frères, Childebert Ier et Clotaire Ier, vont unir leurs forces dans une expédition contre les Burgondes.
De son côté, Théodoric le Grand est partagé. Il a le devoir d’appliquer la « faide » mais aussi de protéger le royaume tampon de Sigismond (c
dernier n’a-t-il pas épousé en première noce sa fille Ostrogotha ?).
Francs et Ostrogoths vont donc négocier les événements qui vont suivre. Clodomir exige qu’en plus du partage du royaume entre les vainqueurs, une amende de composition (« ou wergeld ») soit instaurée en cas de désaffection d’une des parties lors de l’affrontement.
Théodoric ordonne donc à ses troupes de marcher lentement et de ne s’activer qu’en cas de succès des Francs. Ceci afin de rétablir l’engagement de ses forces vis-à-vis de son allié.
Une fois la victoire acquise, les Francs reprocheront aux Ostrogoths leur lenteur au cours de la bataille et leur retard volontaire. Comme excuse, ceux-ci avanceront qu’il est difficile pour une armée en campagne de manœuvrer sur des routes de montagne.
Nonobstant, les Ostrogoths devront s’acquitter de l’amende, et une fois le partage effectué, ils récupèreront la moitié du royaume de Burgondie.
LA CONTRE-OFFENSIVE DES BURGONDES
Sigismond, lui, après avoir été déchu, se réfugie à Saint-Maurice d’Agaune. Il est remplacé par son
frère Godomar III, qui le livrera aux Francs.
Sigismond, lui, après avoir été déchu, se réfugie à Saint-Maurice d’Agaune. Il est remplacé par son frère Godomar III, qui le livrera aux Francs.
De retour dans sa capitale, à Orléans, Clodomir apprend que Godomar III, fait un retour triomphant en Burgondie, à la tête d’une armée envoyée par son allié et parent, le roi ostrogoth Théodoric le Grand. Toute la garnison franque que Clodomir avait laissée sur place est massacrée.
L’abbé Avit de Saint-Mesmin de Micy avertit Clodomir que la « faide » va se retourner contre lui.
Le 1er mai 524, Clodomir Ier fait alors décapiter Sigismond, sa femme et les fils de ce dernier. Il exigera que leurs corps soient jetés dans un puits, comme il l’avait fait avec la mère de Clotilde. Les meurtres seront commis à Saint-Péravy-la-Colombe, au lieu-dit Saint-Sigismond.
532, PARTAGE DU ROYAUME D’ORLEANS
DES COUTUMES BARBARES
En 524, après la mort de leur frère Clodomir Ier, tué à bataille de Vézeronce, Childebert Ier invite à Paris son frère Clotaire Ier, le roi de Soissons. Ce dernier vient d’épouser Gondioque, la veuve de Clodomir Ier. Tous deux vont se concerter et prendre une décision concernant la destinée de leurs embarrassants neveux.
TROIS ORPHELINS BIEN GÊNANTS
En 524, Childebert Ier (le roi de Paris), qui brigue lui-aussi l’héritage de Clodomir, redoute d’autant plus les desseins de sa mère, la reine Clotilde, sur l’avenir de ses petits-fils.
Les deux frères, désirant récupérer le royaume de leur frère disparu, se mettent d’accord pour
tondre ou tuer leurs neveux.
Les cheveux longs chez les Francs sont un symbole de la royauté. Si les deux frères optent pour la tonte des fils de Clodomir, ils savent tous deux que leurs cheveux finiront par repousser, et les enfants pourront à nouveau prétendre au trône un jour.
Tous deux finissent donc par trouver un accord. Pour parvenir à leur triste méfait, il leur faut éloigner leurs neveux de la protection de leur grand-mère, la reine Clotilde.
Ils dépêchent un messager auprès de la reine par lequel ils l’informent qu’ils sont disposés à reconnaître officiellement les droits à la souveraineté de leurs neveux, Thibaut, Gonthier et Clodoald. Pour l’occasion, une grande cérémonie sera donnée en leur honneur à Paris, au Palais de l’Île de la Cité. Clotilde qui est loin de connaitre les intentions morbides de ses deux fils, et ne se doute pas un seul instant de leur bonne foi. La reine revêt ses petits-fils de beaux habits et les fait mener auprès de leurs oncles.
Aussitôt arrivés au palais de Childebert Ier, les trois enfants sont soustraits à la garde de leur escorte. Puis Childebert et Clotaire envoient un second message à leur mère. Cette fois, ils lui révèlent leur macabres intentions : « C’est à ta volonté que tes fils font appel. Que penses-tu qu’il faut faire des enfants ? Donnes-tu l’ordre de les laisser vivre avec les cheveux coupés ou de les égorger tous les deux ? »
« PLUTÔT MORTS QUE TONDUS ! »
Terrorisée et rouge de colère, Clotilde n’a pas le courage de choisir la tonsure. (La longue chevelure est l’apanage des rois mérovingiens. Leur tonte attesterait symboliquement l’abandon des droits de ses petits-enfants).
Partagée entre la douleur face à la trahison de ses fils et celle de perdre ses petits-fils, la reine se serait exclamée : « Plutôt morts que tondus ».
Il n’en faut pas plus pour décider les deux oncles en quête de pouvoir et de sang…C’est la réaction qu’ils souhaitaient.
Dès le retour du messager avec la réponse de leur mère, Clotaire se précipite sur l’aîné de ses neveux, Gonthaire, et le poignarde en plein cœur. Théodebald, épouvanté par la mort de son
frère, se jette au pieds de son oncle Childebert, et en pleurant le supplie de le laisser vivre. Surpris et ému par les larmes de ce garçonnet de huit ans, le roi de Paris propose à son frère Clotaire de lui abandonner la part du royaume de Clodomir s’il épargne la vie de Théodebald.
Mais Clotaire n’entend pas les suppliques de son frère. Il lui rappelle que c’est à sa demande qu’ils ont convenu de régler définitivement le destin des héritiers de Clodomir. Contre sa volonté, Childebert repousse Théodebald vers son frère. Le jeune garçon vient s’empaler sur l’épée de Clotaire, qui le transperce. Le roi de Neustrie achèvera son neveu en l’étranglant.
Mais où est passé Clodoald, le troisième enfant ? Celui-ci s’est enfui, il s’est sauvé, secouru grâce à un guerrier dévoué. Après de vaines recherches, les oncles assassins ne le retrouveront pas.
Alors que Clotaire retourne dans sa capitale à Soissons, Childebert quitte son palais parisien pour une de ses demeures de la rive gauche de la Seine.
Ravagée par la douleur, Clotilde viendra récupérer les dépouilles de Gonthaire et de Théodebald. Elle les fera inhumer dans la basilique Saint-Pierre, au sommet de la montagne Sainte-Geneviève, non loin de leur grand-père Clovis. Puis elle partira s’exiler à Tours, où elle sèchera ses larmes et sa souffrance au service de Dieu.
SAINT CLOUD LE MIRACULE
Adepte de l’anachorète (ermite) Séverin, il accède à la prêtrise en 551. Mais cela ne suffisant pas à son désir d’ascèse, il retourne à la vie érémitique (mode de vie des ermites) à Novientum (actuelle commune de Saint Cloud), près de Paris. Il deviendra par la suite abbé de Nogent. Préférant renoncer à la royauté plutôt qu’à la vie, il se fera tondre les cheveux. Clodoald vécu quelque temps solitaire, mais dès que le lieu de sa retraite fut connu, ses disciples accoururent de toute part pour se mettre sous sa direction. Il y fondera un monastère, à l’origine de la ville qui porte son nom, Saint Cloud. Il y mourra vers 560.
534, EN FINIR AVEC LE ROYAUME BURGONDE
Childebert Ier et Clotaire Ier, privés du soutien de leur demi-frère Thierry Ier (l’aîné des fils de Clovis qui a épousé la fille de Sigismond), décident de marcher ensemble contre le royaume burgonde.
En 532, après une année de siège, les deux frères se rendent maîtres d’Autun. Godomar réussit à s’échapper.
En l’an 534, Clotaire, Childebert et Thibert (Thierry étant occupé à soumettre l’Auvergne insurgée) mènent une nouvelle expédition et achèvent de conquérir le royaume burgonde dans son intégralité. Les deux frères vont régner conjointement sur le royaume laissé vacant de Godomar.
A la mort de Thierry, Childebert et Clotaire vont essayer de récupérer son royaume. Mais son fils Thibert Ier, soutenu par ses vassaux, réussit à modérer l’appétit territoriale de ses oncles en les couvrant de cadeaux.
537, CONQUÊTE DE LA PROVENCE
En 536/537, l’Empereur d’Orient Justin Ier (518-527) offre aux Francs la possibilité de s’emparer de la Provence ostrogothique. En contrepartie de sa neutralité, l’Empereur leur demande un soutien dans sa reconquête de l’Italie. En 526, après la mort du roi ostrogoth Théodoric le Grand, les monarques ostrogoths leur avaient déjà fait la même proposition en échange de leur non intervention.
Durant l’hiver 536/537, Childebert et Clotaire achètent la Provence. S’en suivra une forte dispute entre les deux frères. Avec le soutien de Thibert Ier (qu’il a au préalable comblé de dons et de cadeaux), Childebert réunit une armée pour aller affronter Clotaire ; celui-ci s’enfuira et se réfugiera dans une forêt.
Clotaire ne devra son salut qu’aux prières de sa mère, la reine Clotilde, adressées à Saint-Martin. Un violent orage se déchaîne alors sur l’armée de Childebert et Thibert Ier, les forçant à reculer et à abandonner la bataille.
542, ÉCHEC DE L’INVASION DE LA SEPTIMANIE WISIGOTIQUE
En 507, après la conquête de l’Aquitaine par Clovis Ier, le mot Septimanie est employé jusqu’à la fin du VIIIème siècle pour désigner la partie de la Gaule restée wisigothe.
En 542, Childebert Ier et Clotaire Ier (ce dernier accompagné de trois de ses fils dont Chilpéric) entrent à la tête d’une armée en Hispanie wisigothique. Ils prennent la cité de Pampelune et assiègent Saragosse, mais c’est un échec. Avec l’armée du roi Theudis à « leurs trousses » (il les poursuit jusqu’au-delà des Pyrénées), ils sont finalement obligés d’abandonner alors qu’ils s’étaient emparés de la plus grande partie du pays.
En 548 les deux frères font inhumer leur mère Clotilde dans le sacrarium de la basilique Saint-Pierre, à Paris (un sanctuaire qu’elle avait fait construire et dédier à la mémoire de sainte Geneviève), aux côtés de leur père Clovis.
555, RATTACHEMENT DU ROYAUME DE METZ
Théodebald (petit-fils de Thierry Ier) meurt en 555 sans héritier. Une aubaine pour Clotaire qui se rend immédiatement à Metz afin de prendre possession du royaume de son défunt petit-neveu. Il en profite pour épouser Vuldetrade, la veuve de Théodebald, la fille du roi lombard Waccho. Deux actions qui lui assurent d’une part la succession du royaume de Metz, et d’autre part une alliance avec les Lombards. Mais son mariage est contesté et condamné par les évêques parce qu’incestueux. Clotaire accepte donc de se séparer de Vuldetrade et de la céder en mariage au duc de Bavière Garibald Ier, ce qui lui permet d’affermir l’entente avec le peuple bavarois.
555/556, CONQUÊTE DES SAXONS ET DE LA THURINGE
En 555, Clotaire guerroie et bat les Saxons insurgés (peuple établi dans la haute vallée de la Weser, de l’Elbe et du littoral de la mer du Nord).
Puis, pour les punir d’avoir aidé les Saxons contre lui, il se retourne contre les Thuringiens.
Entre 555 et 556, les Saxons reprennent les hostilités contre les Francs. Clotaire choisit dans un premier temps de parlementer pour éviter un bain de sang. Mais face aux contestations de ses propres soldats (qui ont des intentions belliqueuses et veulent se battre malgré tout), il doit cesser les pourparlers. Après un horrible massacre, les Saxons et les Francs décident de cesser les combats et de faire la paix.
L’AUVERGNE
Autrefois, l’Auvergne était une province romaine florissante qui avait combattu les Wisigoths. Les Auvergnats étaient en droit d’espérer que l’envahisseur franc se montre plus clément envers eux. Mais il n’en fut rien, et Thierry Ier dut soumettre l’insurrection auvergnate en dévastant toute la région.
Thibert (le fils de Thierry Ier), afin de pacifier la contrée, pratiquera une politique d’apaisement. Il désignera des sénateurs auvergnats pour gouverner la province et épousera une gallo-romaine de Cabrières.
A la mort de Thibert, son fils Thibaut lui succèdera et deviendra roi de Metz, en 548, alors qu’il est encore mineur.
Redoutant un nouveau soulèvement de l’Auvergne, Clotaire Ier dépêche son fils Chramn (entre 520/540-560) sur place afin de surveiller la région ainsi que l’Aquitaine première, et d’en prendre le contrôle.
Chramn a pour mission de demeurer à Clermont, de réprimer toutes les insurrections dans la contrée, et de régulariser les problèmes relatifs à l’évêché.
Chramn crée probablement le premier vice-royaume d’Aquitaine. Celui-ci comprend les cités de Poitiers, Tours, Limoges et Clermont, villes qu’il occupera l’une après l’autre. Mais il est mal entouré et les conseils qui lui sont prodigués sont de mauvaises factures. Nonobstant, il se laisse aller à un sentiment de liberté et désire fonder son propre royaume, à l’instar de celui de son père, le roi Clotaire Ier. Pour assouvir ce désir d’indépendance, il s’allie avec son oncle Childebert Ier.
– L’Aquitaine première, à l’Est (Massif Central et Berry). – L’Aquitaine seconde, sur la façade atlantique, entre l’embouchure de la Gironde et la Loire (Charentes et Poitou). – L’Aquitaine troisième, « Novempopulanie, Novempopulania », entre la Garonne et les Pyrénées. Toutes trois rattachées au diocèse de Vienne et à la préfecture du prétoire des Gaules. Tétrarchie : système de gouvernement de l’Empire romain mis en place par Dioclétien (244-311/312) à la fin du IIIème siècle, pour s’opposer aux invasions barbares.
Clotaire Ier se voit alors contraint de prendre les armes contre son fils. Il envoie ses fils Charibert (521-567) et Gontran (532 ou 534-592 ou 593 ou 594) à la tête de ses troupes pour affronter Chramn et récupérer son dû. Les deux frères se portent alors en Auvergne, puis à Limoges à la rencontre de Chramn qu’ils retrouvent à Saint-Georges-Nigremont (actuel département de la Creuse).
Charibert et Gontran exhortent Chramn à restituer les terres de leur père. Il refuse. S’ensuit une violente tempête qui va empêcher l’affrontement.
Chramn dépêche un messager à ses demi-frères, leur annonçant la mort de Clotaire Ier, lors de sa bataille contre les Saxons. Charibert et Gontran abandonnent aussitôt le combat. La mort du roi se répand dans toute la Gaule. Childebert Ier averti se laisse duper.
Chramn en profite alors pour étendre son influence jusqu’à Chalon-sur-Saône, et conquiert la ville après un siège.
SA FIN DE VIE
A la mort de son règne, le royaume franc de Clotaire Ier s’étend sur toute la Gaule (à l’exception de la Septimanie) et une portion de l’Allemagne actuelle.
Clotaire Ier meurt à la fin de l’année 561 d’une pneumonie aiguë, à l’âge de 60 ans. Il laisse son royaume en partage à ses quatre fils, qui iront l’inhumer à Soissons. Clotaire Ier repose dans la basilique Sainte-Marie qu’il avait entrepris de faire ériger sur le tombeau de Saint Médard. Devenue par la suite Abbaye Saint Médard, elle sera incendiée et dévastée lors des invasions normandes au IXème siècle.
En 1567, l’abbaye sera démolie par les Huguenots au cours des Guerres de Religion. Puis lors de la Révolution Française, les ruines du sanctuaire et la crypte seront démantelées. Il ne reste plus rien du tombeau de Clotaire Ier ; il a disparu.
On lui prête ces dernières paroles sur son lit de mort :
« Hélas ! Quel est donc ce Roi du Ciel qui fait mourir ainsi les plus puissants Rois de la Terre ! » Grégoire de Tours, Histoires, livre IV, 21
LE PARTAGE DU ROYAUME DE CLOTAIRE EN 561
SUCCESSION
L’héritage patrimonial est partagé comme suit :
– Charibert (521-567) reçoit l’ancien royaume de Childebert Ier, situé entre la Somme et les Pyrénées, avec Paris pour capitale (comprenant le bassin parisien, l’Aquitaine et la Provence).
– Gontran (532 ou 534-592 ou 593 ou 594) reçoit la Burgondie, avec Orléans pour capitale.
– Sigebert (534-575) reçoit le royaume de Metz, avec comme capitale Reims puis Metz.
– Chilpéric reçoit les territoires au nord, le royaume de Soissons.
Sources :
Les rois de France des Éditions Atlas (Les Mérovingiens).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Clovis_Ier
https://gw.geneanet.org/dardhen?lang=en&n=des+francs&oc=0&p=chunsine+ou+gunsinde
https://gw.geneanet.org/pierfit?lang=fr&n=merovingien&oc=0&p=chlothachar
https://gw.geneanet.org/pierfit?lang=fr&p=bathilde&n=merovingien
https://en.m.wikipedia.org/wiki/Baderic
https://fr.wikipedia.org/wiki/Clodomir
https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9rovingiens