Les guerres de Vendée – Des origines à l’étincelle
LES GUERRES DE VENDÉE
(1793-1796)
DES ORIGINES A L’ÉTINCELLE
– Lire : la Vendée triomphante
– Lire: l’apogée
– Lire : la chute
– Lire : le sursaut
– Lire : l’anéantissement
INTRODUCTION
La guerre de Vendée désigne la guerre civile qui sévit dans l’Ouest de la France, entre l’an I (1793) et l’an IV (1796). Elle opposa les républicains (ou Bleus) aux insurgés royalistes appelés Blancs.
Il est difficile de dissocier le soulèvement vendéen de la Chouannerie, car tous deux relèvent d’un même cri, d’une même douleur, d’un même refus. Ces deux combats sont parfois décrits sous le nom de « Guerres de l’Ouest ». Leur situation géographique est sensiblement identique : la Loire. Le soulèvement vendéen se déroulera sur la rive gauche du fleuve alors que la Chouannerie se produira sur la rive droite. Il est à noter que le terme de Vendée militaire est utilisé pour les contrées insurgées au Sud de la Loire.
SOMMAIRE
Depuis avril 1792, les frontières de la France sont menacées par les armées autrichiennes et prussiennes. En 1793, l’Espagne et l’Angleterre viennent grossir les rangs des coalisés et se rajoutent au concert des pays belligérants contre la jeune république. Ces nations ont pour objectif de rayer d’un trait de plume la Révolution française, d’autant que les républicains veulent se rattacher toute la rive gauche du Rhin. Un malheur n’arrivant jamais seul, l’assemblée constituante aura fort à faire avec les troubles qui surgiront à l’intérieur du pays. En 1793, l’Ouest de la France voit apparaître une montée de violence jusqu’alors contenue : l’Insurrection Vendéenne.
LA RÉVOLTE
En quelques jours, des émeutes localisées bouleversent une population paysanne, au sein de laquelle couvait le mécontentement depuis des années. Appelés « brigands » par les députés de la Constituante, les paysans vont se lancer dans une véritable guerre civile ; bientôt ces « contre-révolutionnaires » vont devoir se plier aux exigences du plus fort, et la rébellion sera matée dans le sang. Ce cri de désespoir de tout un peuple demeure comme l’un des plus tragiques de l’Histoire de France.
LES CAUSES
Depuis les événements de la Révolution de 1789, qui vit le peuple s’emparer du pouvoir, de grands bouleversements bousculent la vie des Français. La Province, elle, a du mal à s’accommoder de tous ces changements. Dans les campagnes, l’on est profondément lié au roi et à la religion. Aussi, plusieurs causes vont être à l’origine de ces troubles et choquer toute une population paysanne fidèle aux traditions. Le vote par l’assemblée de la Constitution civile du clergé le 12 juillet 1790, l’exécution du roi le 21 janvier 1793, et en février 1793, la levée en masse de 300 000 hommes pour aller se battre contre l’Europe qui se presse aux frontières du pays, sont autant de facteurs qui vont mettre le feu aux poudres.
LA SOCIÉTÉ VENDÉENNE
1 – LE PETIT PEUPLE VENDÉEN
Issu d’un monde rural, il est composé de gens modestes et ordinaires qui vivent dans la simplicité. Ils sont très besogneux, durs à la tâche et se contentent de peu pour subsister. Ils se regroupent hors des villes, dans les villages et les hameaux. La société vendéenne se réunit particulièrement autour du clocher de l’église et de son curé. Fervent catholiques, les Vendéens vouent un culte immodéré à la religion et sont très attachés à leur terres. La ville, ils ne s’y rendent que les jours de foire ou de grands marchés. Il faut dire que les grandes cités sont porteuses des nouvelles idées et donc vouées à la cause révolutionnaire.
Dans certaines régions, ce petit peuple élève des bovins et des ovins ; il récolte du seigle, des pommes de terre, du lin et de la vigne. Il est à noter que pour l’époque, dans son ensemble, le cultivateur Vendéen n’est pas réellement pauvre, et peut se nourrir décemment. Grace à ces paysans, l’Armée catholique et royale ne manquera jamais de vivres.
2 – LES FEMMES AUSSI !
Seul un petit nombre de femmes combattra au sein des armées en campagne. Elles prendront, malgré tout, une part prépondérante dans l’effort de guerre. On dénombrera, au cœur des troupes insurgées, des messagères parcourant le territoire pour les différentes armées, quand d’autres apporteront leur aide dans les hôpitaux de campagne en prodiguant des soins aux blessés. Toutes remplaceront leurs époux, quand ces derniers déserteront leurs champs et leurs ateliers pour partir se battre contre les « Bleus » de la République.
3 – L’ARISTOCRATIE
Comme le peuple, la noblesse vit discrètement dans son château sur ses terres, ou plus souvent dans de modestes gentilhommières. Riches ou travailleurs, les aristocrates sont étroitement liés avec leurs paysans et entretiennent de bons rapports. Cette entente repose sur le système d’exploitation du métayage, qui impose aux deux parties le partage des récoltes et du bétail. Ainsi, le seigneur devient très concerné pour tout ce qui touche à la vie de son paysan. Il participe aux mariages, aux baptêmes et aux enterrements. Le métayer, lui, de son côté, se dévoue pour son maître et lui témoigne fidélité et respect. Cette concorde réciproque devient un fait majeur de la société vendéenne. Dans ce contexte assez inhabituel, seigneurs et paysans ne tirent que du bénéfice.
4 – LE CLERGÉ
Le prêtre représente le clou central de la société vendéenne : c’est autour de lui que s’articule toute la vie du village et du hameau. Il vit en campagne très simplement, il est pauvre ; c’est ce qui le distingue de certains clercs qui vivent dans l’opulence et l’oisiveté. Ce mode d’existence est identique à celui des ses ouailles : simple et spartiate. C’est ce qui lui donne une place essentielle au sein de ses fidèles et de sa communauté. Lors de la réunion des États généraux, le clergé rejoindra à une forte majorité le Tiers État.
LA VENDÉE MILITAIRE, C’EST TROIS PAYS :
LE BOCAGE
Il regroupe les territoires du Maine & Loire, des Deux-Sèvres et la partie intérieure de la Vendée. Il représente la portion la plus étendue de la Vendée Militaire. Le Bocage de 1793 diverge de celui actuel. L’on y trouve des bois, des bosquets, des haies touffues, le plus souvent parcourus par des chemins creux, difficiles d’accès et souvent inextricables. Le manque de routes et de voies praticables dans tout le pays rend le terrain dangereux, dans une nature où il n’y a aucune visibilité. Autant d’éléments qui favorisent les embuscades et les attaques surprises. Pour un habitué tel que le paysan vendéen, il est même aisé, après le combat, de s’enfuir sans laisser de traces. Cette stratégie sera très souvent utilisée par les « Blancs ».
LE MARAIS
Il se situe le long des côtes, où l’on trouve un terrain plat sans végétation. Les terres sont traversées par des chenaux étroits (étiers), longs de plusieurs kilomètres, dont les eaux proviennent de la mer. Tous les déplacements sont ardus et difficiles. Pour franchir ces cours d’eau, les natifs emploient de longues perches et y naviguent sur des yoles (petites embarcation légères et allongées avec un faible tirant d’eau).
LE PAYS DE RETZ
C’est la zone rebelle de la Loire-Atlantique. Le terrain y est plus aisé à parcourir et moins dangereux.
SITUATION GÉOGRAPHIQUE
Le pays est traversé par une petite rivière tranquille et languissante de 82,5 kilomètres de long, la Vendée, qui donne son nom au département. Elle prend sa source à Saint-Paul-en-Gâtine, et se jette dans la Sèvre Niortaise à l’Île-d’Elle, près de Marans, après avoir traversé la ville de Fontenay-le-Comte.
L’insurrection vendéenne est de prime abord la révolte du petit peuple, puisque ce sont les paysans qui en seront les principaux acteurs et, par là même, les héros malheureux. A eux seuls, ils représenteront 85% du contingent des forces engagées. Ce pays, vaste comme une province, prend la forme géographique d’un quadrilatère. Cette contrée, qui compte 600 paroisses et 700 000 âmes, est bordée au nord par la Loire de Paimbœuf à Brissac, à l’ouest et au sud-ouest par l’océan Atlantique, de Paimbœuf aux Sables-d’Olonne, au sud par une ligne Luçon-Fontenay-le-Comte-Niort, à l’est par une ligne Saumur-Thouars-Parthenay-Niort. Le pays englobe les contrées de la Loire-inférieure et du Maine-et-Loire, sises sur la rive gauche du fleuve, et une grande partie des Deux-Sèvres et de la Vendée. Le tout appartient à trois provinces : la Bretagne (le comté nantais), l’Anjou et le Poitou.
CHRONOLOGIE
ÉVÉNEMENTS ANTÉRIEURS
1789
– 9 juillet : l’assemblée Nationale prend le nom d’Assemblée Constituante.
– 14 juillet : prise de la Bastille.
– 2 novembre : les biens du clergé sont réquisitionnés au profit de la Nation.
1790
– 13 février : les ordres religieux autres qu’enseignants et hospitaliers sont abolis. Les vœux monastiques sont bannis.
– 12 juillet : l’Assemblée adopte la Constitution civile du clergé. La révolution légifère sur la religion.
1791
– janvier : obligation est faite aux prêtres de prêter serment à la Constitution. Cette église constitutionnelle est déclarée schismatique par le pape Pie VI.
L’ESCALADE
LES PRÊTRES « RÉFRACTAIRES »
Dans un premier temps, le bas clergé de l’Ouest a manifesté son adhésion à la République et son opposition à tous les privilèges de la noblesse. Dès 1790 il se révolte, et rejette la Constitution civile du clergé. En effet, cette dernière a été conçue sans que le pape ni les prélats du royaume ne soient consultés. La décision de l’assemblée nationale est sans appel : elle ordonne à tous les prêtres ayant à charge une paroisse, de prêter serment à cette constitution. Dans l’ensemble du royaume, 55% des ecclésiastiques concernés acceptent de faire allégeance, alors que cette soumission s’inverse dans les régions de l’Ouest : 65% la dénient et l’on atteindra le chiffre de 90% dans certains arrondissements. Aussitôt, les autorités décident de remplacer les prêtres « réfractaires » par des « jureurs », désignés par les populations urbaines. Dans les campagnes, ces « juroux », escortés par des gardes nationaux, sont refoulés par une meute de mécontents. Nombreux sont les « réfractaires » qui, prétextant être les seuls légitimes, organisent des cultes et des messes clandestines ; ils seront pourchassés par les pouvoirs publics. Excédé, le petit peuple dissimule et protège ses prêtres réfractaires ; les rixes et les heurts sont nombreux, et le ton monte crescendo. La protestation se durcit et donnera sa pleine mesure lors de la levée en masse de février 1793 décrétée par la Convention.
– 2 avril : mort de Mirabeau, l’« orateur du peuple ».
– 20-21 juin : « Fuite de Varenne ».
1792
– 20 avril : début de la 1ère coalition. Elle prendra fin le 18 octobre 1797 avec la signature du traité de Campo-Formio. (Fin de la 1ère guerre franco-autrichienne).
– 26 mai : l’assemblée nationale législative signe un décret ordonnant la déportation des prêtres réfractaires.
– 11 juillet : l’assemblée nationale législative proclame « la Patrie en danger ».
– 10 août : Insurrection du peuple de Paris, qui s’empare du Palais des Tuileries. Le roi est suspendu ; c’est la chute de la monarchie.
– L’assemblée nationale législative (du 29 août au 5 septembre 1791) donne naissance à la Convention nationale, (du 21 septembre 1792 au 26 octobre 1795), qui doit mettre un point final à la Révolution. Elle seule pourra statuer sur l’avenir du roi, et décider d’une nouvelle constitution.
LA CONVENTION NATIONALE (appelée aussi Convention) : ce sont trois assemblées élues qui, lors de la Révolution française, furent créées l’une après l’autre entre 1792 et 1795.
– 21 septembre : les conventionnels, à majorité girondine, fondent la Première République et proclament l’abolition de la royauté.
1793
– 21 janvier : exécution de Louis XVI. Le 2 pluviôse an I, le roi est guillotiné place de la Révolution.
– 24 février : la Convention décrète la levée en masse de 300 000 hommes.
– Lire :
– La Guerre de Vendée année 1793.
PRINCIPAUX CHEFS HISTORIQUES VENDÉENS :
- Jacques Cathelineau (1759-1793).
- Maurice Gigost d’Elbée (1752-fusillé le 9 janvier1794).
- Charles de Bonchamps (1760-1793).
- François Athanase Charette de La Contrie (1763- fusillé le 29 mars 1796).
- Henri du Vergier, comte de La Rochejaquelein (1772-1794).
- Louis-Marie de Salgues, marquis de Lescure (1766-1793).
- Jean-Nicolas Stofflet (1753- fusillé le 25 février 1796).
- Antoine-Philippe de la Trémoille, prince de Talmont (1765-guillotiné le 27 janvier 1794).
- Gaspard Augustin René Bernard de Marigny (1754-1794).
PRINCIPAUX COMMANDANTS RÉPUBLICAINS :
- Jean Baptiste Camille de Canclaux (1740-1817).
- Jean-Michel Beysser (1753- guillotiné le 13 avril 1794).
- Jean François Berruyer (1741-1804).
- Armand-Louis Gontaut, duc de Biron (1747-guillotiné le 31 décembre 1793).
- Alexis François Chalbos (1736-1803).
- Jean-Baptiste Kléber (1753-1800).
- François Séverin Marceau-Desgraviers (1769-1796).
- François Nicolas benoit Haxo (1749-1794).
- François-Joseph Westermann (1751- guillotiné le5 avril 1794).
- Antoine-Joseph Santerre (1752-1809).
- Louis Marie Turreau de Lignières, dit Turreau de Garambouville (1756-1816).
- Louis Lazare Hoche (1768-1797).
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