Les Croisades – Le siège de Saint-Jean-d’Acre – 1189-1191
LES CROISADES
(1095 – 1291)
Le siège de Saint-Jean-d’Acre
(1189-1191)
Troisième Croisade
(1189-1192)
« Dieu le veut ! »
Un long chemin vers la terre du Christ
Lire :
1 – Des origines à l’appel du pape Urbain II
INTRODUCTION
CONTEXTE
CHRONOLOGIE
1187
– 30 juin : à la tête d’une armée forte de 30 000 hommes, dont 12 000 cavaliers, Saladin (Ṣalāḥ ad-Dīn Yūsuf, 1138-1193) traverse le Jourdain. L’armée des Croisés qui lui fait face est menée par Guy de Lusignan, roi de Jérusalem ; elle compte 20 000 hommes et seulement 1200 cavaliers.
– juillet : les forces chrétiennes commandées par Guy de Lusignan sont battues et Saladin s’empare de Tibériade. Dans la foulée, le sultan d’Égypte et de Syrie reconquiert Nazareth, Acre, Ascalon, Jaffa et Beyrouth.
– 2 octobre : Jérusalem tombe à son tour.
– 29 octobre : Grégoire VIII, prêche la Troisième Croisade.
– 17 décembre : mort du pape Grégoire VIII. Clément III lui succède.
1188
– Janvier : le futur Richard Cœur de Lion prend la croix. Il est suivi par son père Henri II, roi d’Angleterre, et par Philippe II Auguste, roi de France.
– février : Henri II Plantagenêt d’Angleterre lève la « dîme saladine » dans ses États pour financer la Croisade.
– Mars : l’Empereur Frédéric 1er de Hohenstaufen, dit Barberousse, successeur de Conrad III, prend la croix.
1189
– Mai : départ d’une première vague de Croisés pour l’Orient.
– 28 juin : l’armée croisée de l’Empereur Frédéric 1er de Hohenstaufen, dit Barberousse, atteint l’Empire byzantin ; le basileus Isaac II Ange lui interdit le passage. Ce dernier fait alliance avec son ennemi Saladin, celui contre lequel la Croisade est conduite.
– Juin : reddition du Krak de Montréal. Après un an et demi de siège, Saladin (Ṣalāḥ ad-Dīn Yūsuf, 1138-1193) s’empare de la forteresse.
– 6 juillet : mort du roi Henri II d’Angleterre. Le départ de Richard Cœur de Lion et de Philippe Auguste est retardé.
– Août : Saladin (Ṣalāḥ ad-Dīn Yūsuf) libère Guy de Lusignan. Immédiatement, ce dernier engage la reconquête de la forteresse de Saint-Jean-d’Acre, aux mains des musulmans depuis l’année 1187. Le siège va durer deux ans. Le roi de Jérusalem est rejoint dans son combat par les forces chrétiennes, commandées par Henri de Champagne, Louis de Thuringe et Léopold d’Autriche.
– 1er octobre : mort de Gérard de Ridefort, 10ème Grand Maître de l’Ordre du Temple (capturé puis exécuté devant Acre). Robert IV de Sablé lui succèdera deux ans plus tard.
1190
– 10 juin : En route pour rejoindre la croisade, l’Empereur Frédéric 1er de Hohenstaufen, dit Barberousse, se noie dans le fleuve Saleph (Göksu en Asie Mineure).
– 4 juillet : Richard 1er Cœur de Lion et Philippe II, Auguste quittent Vézelay pour la Palestine.
– 27 juillet : arrivée d’Henri II de Champagne devant Saint-Jean-d’Acre.
– Octobre : mort de Sibylle, reine de Jérusalem.
– Hiver : Richard 1er Cœur de Lion et Philippe II, Auguste arrivent en Sicile ; ils n’ont cessé de se disputer.
– novembre : mariage entre Isabelle 1ère de Jérusalem et Conrad de Montferrat.
1191
– 27 mars : à Rome, mort du pape Clément III. Célestin III lui succède.
– Mars : Philippe II, Auguste embarque pour Saint-Jean-d’Acre. De son côté, Richard 1er Cœur de Lion décide de reprendre Chypre aux Byzantins. Une fois l’île conquise, il la vendra aux Templiers puis à Guy de Lusignan. Ce dernier fondera l’année suivante le Royaume franc de Chypre.
– Avril : Philippe II, Auguste arrive à Saint-Jean-d’Acre.
– 3 Juillet : reddition de Saint-Jean-d’Acre. Victorieux, Philippe II, Auguste décide de rentrer en Occident. Il s’en retourne en France en laissant son armée à la disposition de la Croisade.
LE SIÈGE DE SAINT-JEAN-D’ACRE
(1189-1191)
PROLOGUE
Le siège de Saint Jean d’Acre, en Terre Sainte, représente une des plus importantes campagnes militaires du Moyen Âge. Il durera de 1189 à 1191. Pendant ses trois années vont se livrer plus de neuf grandes batailles et une centaine d’assauts sanglants ; 120 000 Chrétiens et 190 000 Musulmans y perdront la vie au nom de leur Dieu. Rien ne peut être comparé avec les combats de la Première Croisade, où les soldats et les pèlerins s’engageaient dans une mêlée indescriptible. Cette fois-ci, il s’agit bien de la fine fleur de la chevalerie Occidentale avec à sa tête, les plus puissants monarques d’Europe, Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion.
SITUATION
En 1187, Saladin (Ṣalāḥ ad-Dīn Yūsuf, 1138-1193) est victorieux à la bataille d’Hattin (4 juillet 1187). L’armée du roi de Jérusalem, Guy de Lusignan, est détruite. Le sultan d’Égypte et de Syrie s’empare ainsi de la ville Sainte et de tout le royaume latin. Dès 1189, à l’annonce de la défaite des armées chrétiennes en Palestine, les souverains d’Occident se mettent en route pour l’Orient ; c’est le départ pour la Troisième Croisade, prêchée par le pape Grégoire VIII. Les plus puissants monarques d’Europe s’activent pour rejoindre Saint-Jean-d’Acre, une petite ville de Galilée sur la Méditerranée.
Le premier à répondre à l’appel du pape est l’Empereur Frédéric 1er de Hohenstaufen, dit Barberousse, en mars 1188. Son implication dans la Croisade contraint les deux autres monarques d’Occident à lui emboîter le pas. En effet, ni le roi de France Philippe Auguste, ni celui d’Angleterre, Richard Cœur de Lion, ne partagent la ferveur de l’Empereur germanique. Le 10 juin 1190, Barberousse se noie dans le fleuve Saleph (Göksu en Asie Mineure). La puissante armée germanique (l’on avance le chiffre de plus de 260 000 hommes) se disloque et se disperse dès l’annonce de la mort de son souverain. Beaucoup prennent le chemin du retour ; seuls quelques chevaliers participeront au siège d’Acre avec Frédéric de Souabe, le fils de l’infortuné Barberousse.
De leur côté, Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion ont décidé de se rendre en Terre Sainte par la mer. Les deux « frères ennemis» n’ont cessé de se disputer durant toute la première partie du voyage. Dans un premier temps, le Capétien Philippe Auguste avait (en 1187-1189) soutenu Richard le Plantagenêt, alors que celui-ci était en rébellion contre son père Henri II. Mais dès son accession sur le trône d’Angleterre en 1189, Richard Cœur de Lion va dénier son alliance avec le roi de France, accordant ainsi un nouvel élan à la rivalité entre Capétiens et Plantagenêt. Les deux monarques embarquent dans deux ports différents : Philippe à Gênes, alors que Richard prend la mer à Marseille. Les deux souverains arrivent en Sicile. Philippe s’empresse de partir directement pour la Terre Sainte, et arrive à Saint-Jean-d’Acre le 20 avril 1191. Richard, quant à lui, décide de s’emparer de l’île de Chypre (1191). Ses exploits, ses coups d’éclats et son faste l’on rendu célèbre. Tant de prestige exaspère encore plus son rival, le Capétien, qui pourtant est militairement plus puissant que lui. Saint-Jean-d’Acre devient le lieu de favori de la querelle entre les deux souverains.
1189
LE DÉBUT DU SIÈGE
Le 20 août, Guy de Lusignan, qui a renié sa parole donnée à Saladin de ne plus prendre les armes contre les Musulmans, se dirige vers Saint-Jean-d’Acre pour l’assiéger.
Dès le 1er septembre, des flottes chrétiennes accostent autour du port d’Acre. Ces renforts sont les bienvenus pour la petite armée de Guy de Lusignan ; ils assurent en sus la maîtrise des mers, et interdisent tout ravitaillement aux assiégés de la ville d’Acre.
Le 4 octobre, les Croisés lancent un assaut sur les positions tenues par Saladin, venu prêter main forte aux assiégés. Le combat est indécis ; aucun des deux camps n’obtient de succès. Lors de cette attaque, Gérard de Ridefort, le Grand-Maître de l’Ordre du Temple, est capturé puis exécuté.
Bientôt, les morts tombés entre les deux belligérants se décomposent et l’épidémie guette. Saladin, malade, atteint de dysenterie, abandonne son camp pour se préserver des infections. Ce recul laisse le champ libre aux Chrétiens pour cerner totalement la ville. Toute tentative terrestre pour ravitailler Acre est dorénavant interdite. Une guerre de position s’instaure alors entre les deux camps. De son côté, Saladin essaie de soulever le monde arabe au jihad ; il lui faut du soutien pour libérer Acre des Croisés.
HIVER 1189-1190
L’hiver est froid, et l’on observe de sérieuses carences en nourriture dans l’armée croisée. Conrad de Montferrat, seigneur de Tyr, prétendant au trône de Jérusalem, tente d’assurer l’approvisionnement des troupes franques de son rival, Guy de Lusignan.
1190
Au printemps, les Croisées construisent des tours mobiles en bois, et le 27 mai, se lancent à l’assaut de la ville. Ne pouvant pas les repousser, les défenseurs d’Acre demandent du secours à Saladin. Répondant à l’appel des assiégés, ce dernier réussit à faire détruire les tours. Mais Saladin est contraint de scinder ses forces pour aller s’opposer à la puissante armée de l’Empereur Germanique Frédéric 1er de Hohenstaufen, dit Barberousse, qui arrive avec 200 à 260 000 hommes.
Le 10 juin, Barberousse se noie dans le fleuve Saleph (Göksu en Asie Mineure), ce qui modifie lourdement les données de la Troisième Croisade. Son armée s’est dispersée et rares sont ceux qui entreprennent de continuer l’expédition vers la Terre Sainte.
Le 25 juillet, profitant de l’affaiblissement des forces de Saladin, les Francs attaquent et mettent en déroute les troupes adverses. Mais les Croisés vont s’attarder pour saccager la position ennemie. Face au retour du sultan d’Égypte qui a rameuté son armée, ils seront obligés de fuir à leur tour, laissant derrière eux une grande quantité de morts et de blessés.
ARRIVÉE DE LA TROISIÈME CROISADE
Deux jours après, le comte Henri II de Champagne apparaît avec un premier contingent de Croisés. Derrière suivent les rois Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion, ainsi que Robert de Sablé, grand-maître de l’Ordre du Temple. Frédéric de Souabe (fils du défunt Barberousse) et Henri II de Champagne entreprennent la construction d’une tour mobile et se lancent à l’assaut en septembre et en octobre. Leur tour en bois sera détruite le 15 octobre, brûlée par les feux grégeois.
LA FIN DU SIÈGE…
1191
Les mois qui passent épuisent et minent l’armée musulmane. Malgré les désaccords qui règnent dans le camp des Croisés entre le capétien et le Plantagenêt, malgré la rivalité qui oppose Guy de Lusignan et Conrad de Montferrat, et compte tenu du grand nombre des nations chrétiennes combattantes sur place, le siège se poursuit au grand découragement de Saladin. Ce dernier n’a de cesse de solliciter en vain le calife de Bagdad et les émirs du monde musulman.
Une série d’attaques sera menée par les Francs les 14, 17 et 22 juin, ainsi que les 2 et 11 juillet. Enfin le 15 juillet, les navires de la flotte de Richard Cœur de Lion, envoient par le fond l’ultime navire égyptien, bloquant ainsi toute tentative de ravitaillement de la ville d’Acre. Le 3 juillet, malgré un dernier effort pour forcer le blocus, Saladin échoue ; les assiégés savent qu’ils ne pourront plus tenir indéfiniment et que le temps leur est compté.
Le 13 juillet, la ville se rend aux Croisés.
CONSÉQUENCES
L’éclat de cette victoire rejaillit presque en totalité sur Richard Cœur de Lion. Il semble que par son panache, sa vaillance au combat, et parce qu’il représente dans tous les esprits le véritable roi chevalier, il ait conquis les cœurs de ses condisciples. Bien entendu, cette reconnaissance envers Richard ne facilite pas les rapports déjà tendus entre les deux hommes. Le Capétien, vexé, décide de retourner en France sur-le-champ, bien décidé à continuer la lutte contre les Plantagenêt et dans la foulée à reconquérir ses domaines continentaux annexés par l’Angleterre ; ce qu’il fera…
Richard Cœur de Lion, pour sa part, choisira de continuer la lutte en Orient en multipliant les succès contre Saladin (Arsuf en septembre 1191), mais il ne pourra pas reconquérir Jérusalem. Il ne prendra le chemin du retour qu’en 1192.
UNE VISION HALLUCINANTE !