Rose O’Neal Greenhow
LES FEMMES REMARQUABLES
DE LA GUERRE DE SÉCESSION
LES ESPIONNES
ROSE O’NEAL GREENHOW
(1813-1er octobre 1864)
SOMMAIRE
Rose O’Neal Greenhow fut une espionne confédérée renommée pendant la guerre civile (1861-1865).
Issue d’une famille esclavagiste et catholique du Maryland, Rose Greenhow appartenait à la société aisée de Washington, DC. Sympathisante passionnée de la cause confédérée, elle deviendra l’une des espionnes les plus célèbres du Sud.
Pendant la période d’avant-guerre, durant son veuvage, Rose vivait avec Little Rose (sa plus jeune fille) près de Lafayette Park, tout près de la Maison Blanche. Rose fut parmi les premiers agents secrets confédérés dans la capitale.
Sympathique, habile et exubérante, elle s’adapta facilement à la société mondaine de Washington. Les personnalités des plus hautes sphères de la capitale lui ouvrirent leurs portes en toute confiance.
Rose évoluait dans des cercles politiques importants et cultivés, nouant des amitiés avec les présidents, les sénateurs et officiers militaires de haut rang, dont John C. Calhoun (1782-1850) et James Buchanan (1791-1868).
Dès le début de la Guerre Civile, elle utilisa ses relations pour transmettre des secrets militaires vitaux à la Confédération.
NAISSANCE & FAMILLE
Rose O’Neal Greenhow naît en 1813 à Port Tobacco, Comté de Montgomery, Maryland. Elle meurt par noyade le 1er octobre 1864 à Cape Fear River, Caroline du Nord.
Maria Rosetta O’Neal (nom de naissance) naît dans une petite plantation du comté de Montgomery, au nord-ouest de Washington, DC
Elle est la fille de John O’Neale (1770-1817), un planteur et propriétaire d’esclaves, et d’Eliza Henrietta Hamilton (1794-1850). Elle est très proche de sa sœur aînée, Ellen (Mary Eleanor).
Sa peau de teinte olive « délicatement colorée » lui vaut le surnom de « Wild Rose ».
Son père meurt en 1817, assassiné par son valet de chambre noir. Sa veuve, Eliza O’Neal, reste avec quatre filles à charge et une ferme à entretenir.
FRATRIE
Rose O’Neal Greenhow a quatre sœurs :
– John Eliza O’Neale (dates estimées entre 1799-1845).
– Susannah Henrietta O’Neale (1810- ?).
– Eleanor Elizabeth Cutts O’Neale (1813-1897).
– Mary Ann O’Neal (1816- ?).
Le « e » final sera retiré du nom de famille (O’Neale) dans la petite enfance de Rose.
Dans leur enfance, vers 1830, et après être devenues orphelines, Rose et sa sœur Ellen partent vivre avec leur tante à Washington, DC. Celle-ci, Mme Maria Ann Hill, dirige une charmante pension de famille au « Old Capitol Building » (qui deviendra plus tard le « Old Capitol Prison »). Sur place, les filles vont faire la connaissance de nombreuses personnalités importantes de la sphère d’influence de Washington.
MARIAGE & DESCENDANCE
À l’âge de 26 ans, Rose décourage une pléiade de prétendants en épousant un homme bien plus âgé qu’elle : le Dr Robert Greenhow (1800-1854). Il a 43 ans, il est riche et érudit ; c’est un éminent médecin, avocat et linguiste, originaire de Virginie. Le couple aura une nombreuse descendance.
Robert Greenhow travaille au Département d’État américain. Sa belle-sœur, Mary Greenhow Lee, rend souvent visite à Rose ; les deux femmes deviendront des amies proches.
En 1850, Rose et son époux quittent Washington et partent vers l’ouest pour faire des affaires. Mais en 1854, Robert meurt prématurément dans un accident à San Francisco.
De leur union naîtront :
– Florence Virginia Moore Greenhow (1836-1892).
– Gertrude Livingstone Greenhow (1838-1861).
– Leila Cravens Greenhow (1840-1886).
– Alice Rose Greenhow (1842-1846).
– Robert Greenhow, Jr. (1845-1847).
– Morgan Lewis Greenhow (1848-1849).
– Hannah Greenhow (1849-1849).
– Rose O’Neal Duvall Greenhow, « Little Rose » (1853-1910).
AVANT LA GUERRE
Dans les années d’avant-guerre, Rose Greenhow rencontre des personnes occupant les plus hautes fonctions de la société de Washington, notamment des présidents et des membres du Congrès. Elle sympathise avec le sénateur de l’époque, Jefferson Davis (le futur président de la Confédération). Elle admire le flamboyant sénateur John C. Calhoun, et voit en lui un mentor et un ardent défenseur de l’esclavage de Caroline du Sud. Rose est, elle aussi, une adepte de la sécession et de la « préservation du mode de vie du Sud », y compris de l’esclavage.
PENDANT LA GUERRE
Après la mort accidentelle de son époux, Rose devient une fervente sympathisante à la cause confédérée.
Le lieutenant-colonel Thomas Jordan (1819-1895), qui est l’aide de camp du général PGT Beauregard (le commandant général des forces confédérées), demande à Rose Greenhow de mettre sur pied un réseau d’espionnage à Washington, DC. Dans la capitale de l’Union, il y a de nombreux sympathisants du Sud susceptibles de fournir des informations sur les plans militaires de l’armée nordiste. Rose accepte immédiatement. Jordan lui fournit un chiffre à 26 symboles pour coder les messages.
UNE ESPIONNE CONFÉDÉRÉE MOTIVÉE
La belle espionne devient un agent passionné et enthousiaste. Elle sera décrite plus tard par le grand prévôt de Washington, DC comme « formidable », et dotée de « compétences magistrales ».
Au cours des premiers mois de la guerre, elle utilise, grâce à son réseau, tous les moyens en sa possession pour transmettre des renseignements aux forces confédérées en Virginie. Les messagers acheminent des lettres que Rose coud sur des broderies ou dans des pochettes en soie, dissimulées dans les vêtements et les cheveux des dames.
Mary Chesnut « La Guerre de Sécession », de Ken Burns.
UN JUDICIEUX MOYEN DE COMMUNICATION…
Rose Greenhow transmet des signaux à travers la rivière Potomac en plaçant un nombre variable de bougies allumées à sa fenêtre, et communique en code Morse à l’aide de ses stores.
Rose utilisera de nombreux stratagèmes (y compris ses charmes) pour transmettre aux responsables confédérés des informations sur les défenses de Washington, et sur les mouvements des troupes de l’Union. On lui concède celui d’avoir donné au général PGT Beauregard des renseignements qui permettront la défaite de l’Union lors de la première bataille de Bull Run, le 21 juillet 1861.
PREMIÈRE BATAILLE DE BULL RUN
Cette information, Beauregard la transmit par télégraphe au président Jefferson Davis. Celui-ci ordonna au général Joseph E. Johnston, qui se trouvait à 80 kilomètres de là, de venir avec ses troupes en renfort. En attendant l’arrivée de Johnston, Beauregard déplaça ses propres troupes pour affronter les forces fédérales d’Irvin McDowell et, le 21 juillet, l’armée de ce dernier subit une défaite humiliante et inattendue.
Lieutenant-colonel Thomas Jordan.
Pour son travail, et pour la cause du Sud, Rose est maintenant connue sous le nom de « Rebel Rose ».
ROSE EN RÉSIDENCE SURVEILLÉE !
Rose Greenhow continue sans relâche à transmettre des informations à l’armée confédérée. Bientôt, les responsables de l’Union deviennent méfiants, et épient ses activités. À la fin du mois de juillet 1861, Allan Pinkerton (le chef des services secrets nouvellement créés du gouvernement fédéral) ordonne la surveillance de la maison de Greenhow.
Le mois suivant, la résidence Greenhow est étroitement contrôlée, et des gardes sont postés à l’intérieur de la maison. L’étau se resserre autour de la « Belle espionne », ce qui ne l’empêche pas de continuer à œuvrer pour la Confédération.
Tous ces soupçons amènent Rose à craindre pour la sécurité de ses filles. Leila se trouve dans l’Ohio et a rejoint sa sœur aînée Florence Greenhow Moore. Seule « Little Rose » reste avec elle à Washington.
Bien que Greenhow ait détruit certains papiers, on en découvre assez pour l’inculper, et pour s’intéresser de près à certains notables unionistes éminents qui font partie de son réseau d’influence. L’un d’eux est le puissant sénateur du Massachusetts, Henry Wilson, qui est peut-être l’une des principales sources de Rose Greenhow, et probablement son amant.
Greenhow restera assignée à résidence avec sa plus jeune fille, « Little Rose », jusqu’à ce qu’on la transfère avec sa fille, alors âgée de huit ans, à la prison Old Capitol le 18 janvier 1862.
Pendant cinq mois, elles y resteront toutes les deux écrouées, sous bonne garde.
Nonobstant, Rose continue à transmettre des informations aux forces confédérées. C’est ce qui décide les autorités fédérales à la bannir vers le Sud, là où elles pensent qu’elle sera inoffensive. Le 2 juin, on rédige sa libération et son acte d’expulsion.
Après sa libération, Greenhow est déportée à Richmond où des foules enthousiastes l’accueillent.
Cet été-là, lorsque le président confédéré Jefferson Davis lui demande de servir d’émissaire non officielle en Europe pour promouvoir la cause confédérée à l’étranger, Greenhow s’embarque pour l’Angleterre.
Elle y publiera ses mémoires, « My Imprisonment and the First Year of Abolition Rule at Washington », et y deviendra très populaire.
En Europe, beaucoup sont favorables à la Confédération. Elle sera même reçue à la Cour de la reine Victoria et à celle de l’empereur français Napoléon III.
SA MORT
Le 19 août 1864, Rose Greenhow, transportant des dépêches, retourne en Amérique à bord du Condor, un navire britannique forceur de blocus. Le 1er octobre 1864, alors que le bateau s’approche de la côte de Caroline du Nord, il est poursuivi par l’USS Niphon (une canonnière de l’Union), et s’échoue à l’embouchure de la rivière Cape Fear, près de Wilmington. Greenhow s’enfuit alors dans un canot de sauvetage, mais une vague fait chavirer l’embarcation près de Fort Fisher, en Caroline du Nord. Rose se noie, entraînée vers le fond par le poids de l’or qu’elle transporte sur elle (2 000 $ d’or cousus dans ses sous-vêtements et accrochés autour de son cou).
Lorsqu’on retrouvera le corps de Greenhow dans l’eau près de Wilmington, les chercheurs découvriront un petit carnet et une copie de son livre, « My Imprisonment at Washington », cachés sur elle. À l’intérieur du livre se trouve un message destiné à sa fille, « Little Rose ».
Rose Greenhow sera honorée par des funérailles militaires à l’église catholique « Saint Thomas the Apostle », à Wilmington, en Caroline du Nord. Son cercueil sera recouvert d’un drapeau confédéré en guise de linceul.
En 1888, la « Ladies Memorial Association » marquera sa tombe au cimetière d’Oakdale avec une croix et une épitaphe disant « Mme Rose O’ Neal Greenhow. Un porteur de dépêches au gouvernement confédéré ».
Sources :
« La Guerre de Sécession », de Ken Burns.
Photos publiques Facebook
The Healing: Conversations Between Nurses North and South
Extrait de « Il y a toujours un reporter ». (« La guerre de Sécession », de Victor Austin, paru aux éditions René Julliard.)
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