Jeanne d’Arc face à ses juges
LA GUERRE DE CENT ANS
De 1337 à 1453
LES VALOIS DIRECTS
JEANNE D’ARC FACE A SES JUGES
9 janvier 1431
– Jeanne d’Arc, du procès au bûcher
– Jeanne d’Arc, sorcière et maudite
– L’abjuration de Jeanne d’Arc
– Jeanne d’Arc brûlée vive sur le bûcher
SOMMAIRE
Malgré les incertitudes de l’enquête préliminaire, Pierre Cauchon, l’évêque de Beauvais, fait venir auprès de lui une imposante assemblée d’illustres dignitaires. Il va organiser magistralement et méticuleusement ce « beau procès » qui le fait tant rêver.
CONTEXTE
Jeanne d’Arc, qui a été capturée en juin 1430, est depuis lors prisonnière des Anglo-Bourguignons. Il est grand temps de décider du sort réservé à « la Pucelle ».
Jeanne est seulement une bergère que l’on croit illuminée pour avoir suivi ses voix divines. On ne peut donc la faire comparaître ni en tant que politique, ni en tant que chef militaire vaincu. On la jugera pour des raisons religieuses, elle répondra aux accusations d’hérésie et de sorcellerie.
On ne se privera donc pas de démontrer l’illégalité et la nullité du sacre de Charles VII, le « petit roi de Bourges ». Car celui-ci est devenu un imposteur sur le trône de France par les intrigues d’une créature malfaisante, indigne de Dieu et de l’Église.
Le procès relève de la juridiction de l’évêque Pierre Cauchon, Jeanne ayant été capturée dans son diocèse. C’est donc à celui-ci que revient, dès les premiers jours de 1431, de diriger le procès. N’en doutons pas : le personnage va s’atteler avec fougue à sa tâche, et organiser un tribunal d’exception de premier ordre.
UNE NOMBREUSE ET ILLUSTRE RÉUNION DE DIGNITAIRES…
C’est donc devant un tribunal où elle doit comparaître pour hérésie que Jeanne va se présenter. Un procès en hérésie relève aussi de l’Inquisition. Pour être conforme à la règle, la présence d’un inquisiteur est requise. C’est Jean Graverent, Grand Inquisiteur de France, qui est convoqué. Celui-ci, entièrement dévoué aux Anglais, désigne comme ecclésiastique le Dominicain Jean Lemaître. Ce vicaire va faire montre d’une mauvaise volonté manifeste.
Invité une nouvelle fois, il traînera les pieds et ne participera que lors de la deuxième séance du tribunal, et n’interviendra que très peu.
Ce contretemps au bon déroulement de l’instruction initiale explique pourquoi Pierre Cauchon, qui préside seul, s’évertue à rassembler en nombre des juges irréprochables. Les assesseurs seront toujours plus d’une quarantaine, et même parfois près d’une centaine ; tous d’éminentes personnalités du clergé ou de l’Université.
OUVERTURE DU PROCÈS A ROUEN LE 9 JANVIER 1431
Pierre Cauchon, évêque de Beauvais, nomme donc un « promoteur de la cause » (l’équivalent d’un procureur), Jean d’Estivet, chanoine de Bayeux et de Beauvais.
Lors de plusieurs rencontres initiales, Cauchon nomme les premiers assesseurs : des chanoines, des prêtres, des abbés issus de la région normande.
Le 13 février, il acquiert le renfort de six clercs envoyés par l’Université de Paris. Parmi ceux-ci, on trouve le recteur Thomas de Courcelles et son prédécesseur, Jean Beaupère.
Les Anglais, voulant taire les motifs politiques pour se concentrer exclusivement sur la raison religieuse, ont délégué plusieurs hauts dignitaires. Avec notamment l’évêque de Norwich, et Richard de Beauchamp (comte de Warwick et gouverneur du futur Henry VI). Warwick, sans se faire remarquer, veille sur le bon fonctionnement des débats et à ce que tout se déroule en bonne conformité, dans l’intérêt de son pays et de son roi.
RICHARD DE BEAUCHAMP, 13ème COMTE DE WARWICK
Il est le fils de Thomas de Beauchamp (12ème comte de Warwick), et de son épouse Margaret Ferrers (fille de William Ferrers, 3ème baron Ferrers de Groby). En 1401, à la mort de son père, il devient comte de Warwick. Il se distinguera ensuite sur les champs de bataille. Il participera à l’écrasement des Gallois d’Owain Glyndŵr, et à la révolte de Henry « Hotspur » Percy. Il sera fait chevalier de l’Ordre de la Jarretière le lendemain de la bataille de Shrewsbury. Le 21 mai 1420, le comte de Warwick représente le roi Henri V d’Angleterre au Traité de Troyes, de concert avec le roi de France, Charles VI, et le duc de Bourgogne, Philippe-le-Bon. A la mort d’Henri V, en 1422, suivant la volonté du roi, Warwick devient le tuteur de son fils et successeur, le jeune Henri VI. Et dès 1428, il se charge de son éducation. En 1427, il est nommé capitaine du château de Bouvreuil, à Rouen, et de la ville de Rouen, où Jeanne d’Arc, captive, sera amenée le 23 décembre 1430. En 1437, il est nommé lieutenant de France et de Normandie. Warwick meurt à Rouen le 30 avril 1439. Son corps est ramené à Warwick et inhumé dans la chapelle de la collégiale Sainte-Marie.
Au sein des membres du tribunal figurent aussi un conseiller examinateur, le maître ès arts Jean de La Fontaine, chargé de recueillir les témoignages, et d’exécuter des mandements (écrit,
injonction, arrêté, ordonnances…), l’huissier Jean Massieu, et trois notaires greffiers (Guillaume Manchon, Guillaume Colles, et Nicolas Taquel).
Cependant, ce « beau procès », organisé avec enthousiasme par l’évêque de Beauvais Pierre Cauchon, ne s’affiche pas sous de bons présages.
Et cela pour plusieurs raisons : d’abord, la « Pucelle » a été reconnue « intacte » lors de l’examen de virginité présidé par la duchesse Anne (sœur du duc Philippe de
Bourgogne et épouse du régent Bedford). D’autre part, les enquêtes réalisées sur place en Lorraine n’ont pas été des plus convaincantes. Nicolas Bailly, qui menait les recherches, a déclaré qu’il « n’avait rien trouvé sur Jeanne qu’il n’eût voulu trouver en sa propre sœur ».
Il faut donc pour l’évêque Cauchon trouver autre chose qui puisse établir au moins une présomption de sorcellerie.
Le 19 février, le tribunal estime dans son rapport avoir les preuves nécessaires pour faire comparaître Jeanne d’Arc.
La petite bergère de Domrémy se retrouve seule à devoir répondre aux accusations de cette assemblée de prélats, d’universitaires, de docteurs en théologie, en droit canon et en droit civil. Les rapports de forces paraissent démesurés, inégaux, et ne plaident pas en faveur de Jeanne « la Pucelle ». Saura-t-elle y faire face ?
JEANNE, LA CAPTIVE DE GUERRE !
Insultée et brutalisée par ses geôliers, Jeanne conserve ses habits d’homme et ses chausses « bien serrées et liées ». Elle craint néanmoins « que la nuit les gardiens ne lui (fassent) quelque violence ». Les conditions de détention de Jeanne d’Arc soulignent toute l’ambiguïté de sa situation. De toute évidence, elle est traitée comme une prisonnière de guerre, enferrée et gardée par des soldats. Pourtant, elle va comparaître pour hérésie ; ce qui n’est pas la même chose, et qui aurait dû lui valoir un régime carcéral plus clément.
Sources :
Mes photos
Photos publiques Facebook
Les rois de France des Éditions Atlas (Valois directs).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_Cent_Ans
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeanne_d%27Arc
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