La soumission du chef saxon widukind

LES CAROLINGIENS

Effigie Charlemagne et autour l’inscription KAROLVS IMP AVG (Karolus imperator augustus).

LA SOUMISSION DU CHEF SAXON WIDUKIND

Sculpture représentant Widukind, à Nienburg-Weser, en Allemagne.

La guerre contre les Saxons est une série de campagnes militaires et d’insurrections qui durera trente-deux ans. Elle débute en 772, lorsque Charlemagne envahit la Saxe païenne pour la conquérir. Elle se terminera en 804, lorsque la dernière rébellion des tribus révoltées sera anéantie.

Au total, dix-huit batailles seront livrées en Saxe (région qui représente aujourd’hui le nord-ouest de l’Allemagne).

L’issue de la guerre aboutira au rattachement de la Saxe dans l’empire carolingien, et à la conversion forcée des Saxons du paganisme germanique au christianisme.

Statuette équestre représentant Charlemagne ou son petit-fils Charles le Chauve, Paris, musée du Louvre, IXe siècle.

Le principal chef saxon se nomme Widukind. C’est, pour les Francs, un adversaire farouche et habile qui refuse obstinément de se soumettre. Malgré la terrible répression que fait peser Charlemagne sur son peuple et sur la Saxe, la lutte durera des années. Le roi des Francs, à la tête de sa colossale armée, terrorisera ces rebelles qui menacent en permanence ses frontières orientales.

En 785, le roi Charles obtient finalement la soumission du chef Widukind qui, contraint, accepte son offre de paix, et consent de se convertir au Christianisme. Le roi des Francs, fort de sa victoire, inaugure alors une véritable conquête religieuse.

Statue moderne de Widukind à Herford, en Allemagne

Lire: guerre contre les Saxons, la résistance du chef Widukind.

LES SAXONS EN GRANDE BRETAGNE

Une partie d’entre eux (ainsi que des Angles, des Jutes et des Frisons) envahit la Grande-Bretagne dès le début du Moyen Âge.

Carte Facebook de l’Angleterre sous les Carolingiens

Selon la tradition anglaise, et ainsi que le rapporte Bède le Vénérable, les premiers d’entre eux auraient été dirigés par deux frères, Hengist et Horsa. Ils seraient venus vers 450, à l’instigation du roi breton Vortigern, afin de défendre l’île de Bretagne contre les « Pictes », une peuplade indigène non romanisée. L’archéologie, quant à elle, atteste la présence de mercenaires germaniques aux alentours de Londres dès les premières années du Vème siècle.

Quoi qu’il en soit, l’arrivée des Saxons, et les troubles politiques relatifs au morcellement de la Bretagne romaine en de nombreux royaumes, furent suivis d’une période sombre que l’historiographie anglaise a enregistrée sous le nom de « Dark Ages » (âges sombres). Un dépeuplement massif, lié aux drames de la guerre et aux épidémies, semble également avoir favorisé la germanisation de l’ancienne province romaine au Vème siècle.

Sans doute dès le VIème siècle, les Saxons constituèrent quatre royaumes au sud de l’île : l’Essex, le Sussex, le Wessex (respectivement terres saxonnes de l’Est, du Sud et de l’Ouest) ainsi que le Middlesex, plus éphémère puisqu’il fut annexé à la terre des Angles, l’Angleterre. Dans l’ensemble, les Saxons montrèrent également une résistance assez forte au Christianisme, qui gagna le royaume de Kent au début du VIIème siècle sous l’influence du missionnaire romain Paulinus.

Si dès le VIIème siècle, la présence du roi Bretwaldas est attestée parmi les Anglo-Saxons de Grande-Bretagne, c’est seulement au Xème siècle qu’une dynastie saxonne (à savoir celle de Wessex) s’imposa finalement sur l’île sous le règne d’Alfred le Grand et pour une courte période, jusqu’à l’invasion normande de Guillaume le Conquérant.

La langue des Saxons donna naissance au « Old English » (le vieil anglais) et se prolonge aujourd’hui encore dans le dialecte bas-saxon.

Au VIIIème siècle, la majorité des Saxons demeure cependant sur le continent, formant encore une nation païenne en dépit des efforts des missionnaires anglo-saxons. Nombre de ces derniers, en effet, viennent sur le continent (majoritairement de Northumbrie), et professent leur foi en Germanie dans l’espoir de convertir leurs frères. Parmi ces missionnaires, on note Willibrord (657-738), Boniface (680-755) ou Lébuin (mort vers 775), venus pour évangéliser les Frisons.

Les Saxons sont considérés à l’époque comme des barbares et des guerriers intraitables. La Saxe est un petit pays forestier et marécageux au Nord du royaume; ce qui peut être une des raisons pour lesquelles les Saxons lancent souvent des raids meurtriers dans les régions de la Hesse et de la Thuringe.

LES SAXONS SUR LE CONTINENT

Au-delà du Rhin, un puissant peuple conserve encore son indépendance : les Saxons.

Ils représentent un peuple germanique appartenant au rameau occidental. Ils sont mentionnés pour la première fois au IIème siècle par le grec Ptolémée sur la carte Germania Magna. Il les situe alors au sud-ouest du Jutland, ce qui correspond à peu près à l’actuel Holstein, d’où ils semblent s’être dispersés au sud et à l’ouest.

L’Europe centrale au Vème siècle.

Au milieu du VIIIème siècle, les Saxons sont encore préservés de l’influence romaine. Leurs voisins, au contraire, se romanisent et s’assimilent à leurs institutions et à leur culte national.

Les Saxons occupaient la région actuelle de Basse-Saxe et appartenaient au groupe des Germains du nord. Quatre nations se partageaient la Saxe : les Westphales (du Rhin à la Weser), les Angrivariens (à l’est), les Nordalbingiens (au nord) et les Ostphaliens, venus du massif du Hartz.

Charlemagne

782

Après avoir réprimé plusieurs insurrections saxonnes dirigées par le chef Widukind, le roi Charles est retourné dans son royaume. C’est alors qu’il se trouve à Thionville qu’il apprend que les Saxons se sont une fois de plus regroupés, et qu’ils recommencent à s’agiter de manière préoccupante.

783

Charlemagne assiste au funérailles de la reine Hildegarde, décédée en mai 783. Dès la cérémonie terminée, il rassemble son armée et se met en route vers l’Est.

Sur sa route, à Detmold (ville allemande du land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie), il écrase une troupe de Westphaliens, ainsi que des groupes d’insoumis sur les rives de la Hase (un affluent de l’Ems).

Charlemagne stoppe alors son expédition et part pour Worms (ville d’Allemagne dans le Land de Rhénanie-Palatinat, sur la rive gauche du Rhin). C’est là qu’il doit épouser « Fastrade de Franconie » (765-794) Puis il prend ses quartiers d’hiver dans sa résidence de Herstal.

Lire : Charlemagne.

Pendant ce temps, comme à chacune de ses interruptions, les Saxons en profitent pour fomenter une nouvelle révolte…

DÉVASTATION DE LA SAXE

Reconstitution d’un cavalier carolingien

784

Le roi Charles est de retour en Saxe avec sa puissante armée. Il ravage minutieusement la région, d’une part pour se faire respecter, et aussi pour amasser un énorme butin de guerre. Il dévaste la Westphalie et l’Ostphalie, puis rejoint la cavalerie de son fils aîné Charles et se dirige vers l’Elbe.

Cette nouvelle campagne est vitale pour le monarque franc. D’ailleurs, cette année-là, il ne retourne pas dans son royaume, mais séjourne en Saxe pour l’hiver. Il s’installe dans la forteresse d’Heresburg (une place forte plusieurs fois perdue et reconquise). C’est là que le rejoignent Falstrade, son épouse, et ses enfants.

LA STRATÉGIQUE TRÊVE HIVERNALE ÉVITÉE…

Charlemagne ne s’arrête pas pour la conventionnelle trêve hivernale. Bien au contraire, il envoie des forces en territoire saxon pour surprendre l’ennemi, et pour ne lui laisser aucun répit. Les guerriers saxons sont harcelés, traqués et tués ; les Francs sont impitoyables. Chaque habitation est pillée puis brûlée systématiquement. Les récoltes et les réserves de vivres sont automatiquement confisquées pour affamer la population.

Pour la première fois, Charlemagne est sur le territoire Nordalbingien, dans les confins Nord de la Germanie, entre l’Elbe et l’Eider ; il n’y rencontrera aucune résistance. Cependant, le farouche et indomptable Widukind, chef de l’insurrection saxonne, reste introuvable.

Mais les messagers envoyés par le roi Charles réussissent à le localiser, et lui transmettent les propositions du roi des Francs : s’il capitule, il aura la vie sauve.

Widukind est perplexe ; il se méfie de ces hommes qui ont ravagé son pays. Il demande donc en garantie qu’on lui livre des otages.

785

 Charlemagne reçoit la soumission de Widukind à Paderborn

Finalement, en 785, Widukind vient à la rencontre de celui qu’il affronte depuis tant d’années et qui martyrise son peuple. Lui, le païen, qui a combattu avec acharnement le Christianisme, accepte d’être baptisé. Le roi Charles, magnanime, qui sait pardonner et se monter conciliant quand c’est nécessaire, décide d’être son parrain et lui offre de somptueux présents.

LE SAINT-PÈRE HADRIEN Ier RAVI !

Charlemagne et le pape Adrien Ier.

Cet événement provoque dans le monde chrétien une immense effervescence.

Le pape Hadrien Ier écrit à Charlemagne pour le féliciter d’avoir « avec le secours du Seigneur et sur l’intervention de Pierre et Paul, princes des apôtres, plié sous sa puissance les cous des Saxons et conduit toutes les nations à la source sacrée du baptême ».

Le Saint-Père, pour célébrer cette victoire des Chrétiens sur le paganisme, ordonnera des cérémonies majestueuses.

Mais une fois de plus, le triomphe n’est pas total. Les Francs n’obtiennent la soumission que d’une partie des Saxons. Tous les autres demeurent fidèles au culte païen et aux Dieux qu’ils vénèrent depuis des siècles. La surprenante conversion de Widukind pourrait bien n’être qu’un feu de paille et demeurer sans suite ; et Charlemagne en a bien conscience…

Il sait que la christianisation est la seule solution pour pacifier définitivement la Saxe. Elle ne pourra se faire qu’à la condition de favoriser les missions d’évangélisation, de protéger les églises (et autres sanctuaires chrétiens et leurs servants), et de sanctionner les renoncements.

C’est ainsi qu’en 785 est promulgué le capitulaire « De Partibus Saxonis », qui affiche tous les « crimes » religieux et les châtiments impitoyables dont les contrevenants seront punis. Cette réglementation, très sévère, sera efficace pendant huit ans durant ; il n’y aura plus aucun soulèvement en Saxe.

LE CAPITULAIRE « DE PARTIBUS SAXONIAE »

Le capitulaire « De Partibus Saxoniae » (ou capitulaire de Padenborn) est une loi promulguée en 785 par le roi des Francs, pendant les guerres contre les Saxons. Ce capitulaire ordonne que les païens soient convertis au christianisme ou tués. Ce texte, imposant une conversion forcée, fut édicté pendant les guerres de Charlemagne en Germanie, dans le but de mettre fin au paganisme sur le territoire des Saxons.

Ce capitulaire interdit sous peine de mort :

– la crémation des morts.

– l’enterrement sous les « tumuli » (tumulus).

– les pratiques sacrificielles.

– la rupture du jeûne de Carême.

– l’attentat contre un ministre du culte.

– l’attentat contre un objet ou un lieu de culte.

– le refus du baptême.

Pour appuyer le texte, une cour de justice expéditive est installée en Westphalie. Les condamnations à mort sont prononcées parfois sur simple dénonciation, que le prévenu soit présent ou non.

En 797, Charlemagne instaure un nouveau capitulaire, plus clément que le précédent, le « Capitulare Saxonicum ». La peine de mort contre les païens y est abolie et commuée en amendes. Les troubles cessent progressivement vers 799.

Conversion des Saxons

SE CONVERTIR OU MOURIR…

Les articles majeurs du capitulaire se terminent inéluctablement par « il sera puni de la peine capitale » ou « il sera exécuté par sentence de mort ». Ils sont adressés à tous les Saxons qui trahissent le serment fait au roi des Francs ; à tous ceux qui ourdissent contre lui, y compris ses représentants au clergé ainsi qu’à d’autres Chrétiens, ou à ceux qui profanent les lieux de culte que sont les églises en y commettant des larcins ou des vandalismes.

Il est formellement interdit pour ces peuples, sous peine de mort, de vénérer les sources et les arbres comme auparavant, de manger de la viande pendant le carême, et de refuser le baptême.  Les nourrissons doivent être amenés sur les fonts baptismaux avant l’âge d’un an, faute de quoi les amendes à payer seront lourdes : 120 sous d’or pour les nobles, soixante pour les hommes libres, et trente pour les lites (les affranchis).


SARCOPHAGES CAROLINGIENS

Tombe anthropomorphe : qui a la forme d’un corps humain ou qui a l’apparence humaine. Et où l’on distingue, creusé dans la pierre, l’emplacement de la tête du défunt.

– Lire : La Chapelle Notre-Dame de la Gayole

L’usage du sarcophage s’est sensiblement développé en Septimanie, dès le Vème siècle, à l’époque mérovingienne, au profit des classes aisées de la société. Ce rite perdurera jusqu’à la fin du règne des Carolingiens. Leur forme initialement trapézoïdale se transformera lentement, vers 750-800, en forme rectangulaire.

En 1964, à Cornillon-Confoux (Bouches du Rhône), en creusant un nouvel accès au cimetière, neuf sarcophages d’une nécropole paléochrétienne (Vème, VIIème siècle) furent mis au jour, ainsi que dix-huit autres en 1971.

Lire : Cornillon-Confoux

L’art paléochrétien, ou art et architecture primitifs chrétiens, est un art développé par les Chrétiens ou sous l’égide chrétienne entre l’an 200 et l’an 500. Il couvre une période s’étalant du règne de Justinien (482-565) en Orient, jusqu’aux invasions barbares au 6ème siècle en Occident, et à la conquête arabe (Omeyades) en Syrie, en Egypte et en Afrique du Nord. Avant l’an 200, il demeure très peu de vestiges artistiques qui puissent être qualifiés avec certitude de chrétiens. Ils sont pour la plupart apocryphes. Après l’an 500, l’art paléochrétien s’ouvre sur l’art byzantin et celui du haut Moyen Âge. 

Sources :

Les rois de France des Éditions Atlas (Les Carolingiens).

Photos publiques Facebook

https://fr.wikipedia.org/wiki/Charlemagne

https://www.superprof.fr/ressources/histoire/histoire-5eme/roi-francais-charles-martel.html

https://fr.wikipedia.org/wiki/Widukind

http://chrisagde.free.fr/carolingiens/charlemagneguerre.php3?page=9

https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_des_Saxons

 

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