507, La bataille de Vouillé – 1
LES MÉROVINGIENS
507, LA BATAILLE DE VOUILLE – 1
LE CHEMIN VERS LA GLOIRE
Lire : La bataille de Vouillé 2, le chemin vers la victoire
VOUILLE
Vouillé est une commune du Centre-Ouest de la France, située dans le département de la Vienne en région Nouvelle-Aquitaine.
Cette famille descend des peuples Francs saliens qui se sont installés dès le Vème siècle dans les régions de Cambrai et de Tournai, en Belgique. L’Histoire de la dynastie est marquée par l’apparition d’une forte prédominance de la culture chrétienne au sein de l’aristocratie. Elle se caractérise aussi par l’implantation croissante de l’Église, par une économie qui se développe suite à l’effondrement de l’Empire romain d’Occident. Le nom « Mérovingien » provient du roi Mérovée, ancêtre semi-mythique de Clovis (466-511). Les Mérovingiens, sous l’Ancien Régime et au XIXème siècle, sont désignés par certains légistes et historiens français comme étant la « première race » des rois francs.
SOMMAIRE
La bataille de Vouillé se déroule au printemps 507. Elle oppose l’armée des Wisigoths et des Auvergnats au sud, à celle des Francs au nord. L’issue de la bataille verra la victoire des Francs ; les Wisigoths perdront leur roi Alaric II, tué au combat. Ces derniers abandonneront à leurs vainqueurs un territoire immense entre la Loire et les Pyrénées, qui représente de nos jours le midi de la France.
VOUILLE, SIGNE AVANT-COUREUR VERS LA GLOIRE
Plusieurs motifs mènent Clovis vers Vouillé. Ils sont à la fois diplomatiques, militaires, politiques et religieux. Nonobstant, toutes ces raisons sont placées sous les meilleurs auspices. La bataille qui s’annonce permettra au roi des Francs, une fois victorieux, de s’emparer du Sud-Ouest de la France. En outre, il se rendra maître de la presque totalité du royaume wisigoth d’Alaric II.
Les Wisigoths migrèrent depuis la région de la mer Noire, et s’installèrent vers 270-275 dans la province romaine abandonnée de Dacie (actuelle Roumanie), au sein de l’Empire romain. Dès 376, ils migrèrent à nouveau vers l’ouest, et vécurent au sein de l’Empire romain d’Occident, en Hispanie et en Aquitaine. Les Wisigoths vont habilement conserver l’organisation civile gallo-romaine existante, ne s’appropriant exclusivement que les affaires politiques, militaires et la collecte de l’impôt. Le royaume wisigoth devient ainsi rapidement prospère et suscitera les convoitises des Francs.
Alors qu’il galope vers Poitiers, Clovis sait qu’il va devoir livrer un combat crucial contre son ennemi Alaric II, le roi des Wisigoths. En fait, le roi des Francs se présente comme le défenseur du catholicisme contre l’arianisme.
Plusieurs événements l’assurent d’une victoire certaine. En effet, Théodoric (425-526), le roi ostrogoth d’Italie, est dans l’expectative, forcé à l’inaction. Son armée n’a-t-elle pas, quelques mois plus tôt, fait une incursion au-delà de la frontière grecque, et battu une armée romaine, à la grande colère de l’empereur d’Orient Anastase (430-518) ? Ce dernier, considérant cette agression comme un casus belli, exige une intervention armée en représailles. Dès lors, il envoie des troupes répandre la mort et le sang sur les côtes italiennes.
Les Ostrogoths apparaissent dans l’Antiquité et poursuivent leur migration jusqu’à l’Antiquité tardive. Ils se révélèrent dans les bassins de la Vistule, puis du Dniepr et du Boug méridional, d’où ils seront chassés par les Huns. Puis ils ravageront les Balkans pour finalement conquérir l’Italie, sous le règne de Théodoric le Grand. Une petite minorité restera en Crimée.
Toutes ses forces étant engagées à défendre son territoire, Théodoric le Grand n’a plus les moyens de porter secours à son allié Wisigoth, Alaric II. En plus, l’empereur d’Orient a signé un accord d’assistance avec Clovis. Cette négociation a pu être réalisée grâce l’intermédiaire de Sigismond, le fils de Gondebaud, le roi des Burgondes, au grand désappointement de Théodoric !
Au Ier siècle, ils migrent vers l’actuelle Poméranie aux bouches de l’Oder. Au IIème siècle, ils s’établissent en Silésie, aux sources de la Vistule. Vers la fin du IIIème siècle, ils font mouvement vers l’Elbe, puis vers le Main. À la fin du IVème siècle, à la suite de la migration des Vandales et Alains en Gaule romaine, ils s’établissent aux abords du Rhin, en Germanie supérieure. Ils constituent ainsi un premier royaume en 413. En 436, ils seront battus par les Huns en Germanie inférieure. A la fin des Migrations germaniques de la fin de l’Antiquité, les Burgondes s’établissent durablement dans le centre-est de la Gaule, comme peuple fédéré de l’Empire romain d’Occident. Au Vème siècle, lors de l’effondrement de ce dernier, les Burgondes y fondent un royaume couvrant initialement une grande partie des actuelles régions suivantes : Bourgogne, Franche-Comté, Savoie, Lyonnais, Dauphiné et Suisse romande. Dès 534, le Royaume des Burgondes est absorbé dans l’Espace Mérovingien en tant que « Regnum Burgundi », futur Royaume de Bourgogne.
THÉODORIC LE MÉDIATEUR
Conscient de son infortune dans cet imbroglio stratégique, Théodoric veut faire jouer sa diplomatie. Il n’hésitera pas à user de ses relations envers les puissants d’Europe. En 504, une première tentative de paix aura lieu entre les deux protagonistes, à Amboise sur la Loire. Cependant, malgré les bonnes intentions affichées de part et d’autre, la tension entre les deux belligérants ne fera que s’accroître.
Par l’intermédiaire de son secrétaire Cassiodore, Théodoric échange une suite de correspondances avec les deux camps. S’adressant à Alaric II, son allié wisigoth qu’il ne peut aider, il lui recommande patience et mesure face à Clovis, le puissant roi des Francs.
Concernant Gondebaud, le roi des Burgondes, Théodoric se montre aimable et lui conseille de ne pas prendre part à cette « querelle de jeunes gens batailleurs ». Cependant, il n’hésite pas à le menacer de ripostes, si toutefois celui-ci passait outre et faisait intervenir ses troupes burgondes.
Puis il s’adresse à Clovis et le menace directement: « C’est avoir la fougue bien impatiente que de se précipiter sur les armes… Que s’éloigne ce conflit où l’un d’entre nous pourrait se plaindre d’être écrasé ».
LA PUISSANCE DIVINE AUX CÔTES DES FRANCS
Les soucis de son ennemi renforcent d’autant plus la résolution de Clovis. En outre, celui-ci bénéficie des bonnes grâces de l’Église catholique dont il est le défenseur. D’ailleurs, le pape a fait
construire à Rome une église dédiée à Saint Martin. C’est un symbole fort du soutien apporté par le Saint Père au roi des Francs. De son côté, Rémi, l’évêque de Reims, fait remettre à Clovis, une jarre de vin béni.
Au cours des siècles qui vont suivre, la légende magnifiera le combat de Clovis pour la défense de la foi chrétienne orthodoxe, le justifiant par une foule de miracles.
Certains relateront la façon dont l’armée franque de Clovis franchira la Vienne, grâce à une biche effarouchée qui, en traversant la rivière, lui indiquera la position d’un gué.
ses gens se trouvèrent coincés devant la Vienne en crue, entre Lussac-les-Châteaux et Civaux. Ayant imploré le Seigneur, Clovis eut un signe de celui-ci sous la forme d’une biche. D’une taille extraordinaire, elle franchit la rivière devant le roi, lui montrant ainsi où traverser à gué. Clovis et son armée purent alors continuer leur chemin vers Poitiers.
D’autres assureront se souvenir d’une curieuse clarté dans la nuit, émanant du clocher de l’église consacrée à Saint Hilaire (le protecteur de Poitiers) et venant illuminer la tente de Clovis.
Grégoire de Tours, lui, nous relate un événement fortuit et assez surprenant qui survint lors du campement à Tours : Clovis était sur ses gardes car il doutait de l’issue de sa mission ; il dépêcha donc des messagers à la basilique de Saint-Martin afin de se faire bénir par le Saint des Gaules. Au moment où ils mirent le pied dans l’église, les émissaires furent les témoins d’un éloge opportun. Les prêtres chantaient ce verset du psaume : « Praecinxisti me, Domine, virtute ad bellum… Seigneur vous m’avez ceint de force pour la guerre, vous avez renversé sous mes pieds ceux qui s’élevaient contre moi, vous avez mis en fuite, devant moi, mes ennemis, vous avez dispersé ceux qui me poursuivaient de leur haine. »
Maintenant, Clovis est rassuré de sa légitimité à se lancer à la conquête du royaume des Wisigoths.
Il galope donc, digne et majestueux, le long des routes de la plaine poitevine. Ses guerriers ont astiqué leurs armes : scramasaxes (sabres à un tranchant), angons (javelots à pointe barbelée) et francisques sont prêts à être plongés dans le sang et dans le feu du combat. La bataille décisive est sur le point de commencer…
LE MIRACLE DE SAINT MAXIENT
Alors qu’un guerrier s’apprêtait à sabrer un moine, son bras fut soudainement bloqué et paralysé, et l’épée tomba sur le sol. Un peu plus tard, Saint Maxient soigna le barbare qui venait de l’agresser, sous les regards effarés des autres guerriers. Une fois arrivé sur les lieux, Clovis couvrit le saint homme de richesses et lui céda les terres de la cité de Milon. En remerciement, l’ermite bénit le roi franc et lui promit d’être victorieux.
Sources :
Les rois de France des Éditions Atlas (Les Mérovingiens).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Vouill%C3%A9
https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9rovingiens
https://fr.wikipedia.org/wiki/Clovis_Ier