La bataille de Tolbiac (496)
LES MÉROVINGIENS
LA BATAILLE DE TOLBIAC
(496)
Cette famille descend des peuples Francs saliens qui se sont installés dès le Vème siècle dans les régions de Cambrai et de Tournai, en Belgique. L’Histoire de la dynastie est marquée par l’apparition d’une forte prédominance de la culture chrétienne au sein de l’aristocratie. Elle se caractérise aussi par l’implantation croissante de l’Église, et par une économie qui se développe suite à l’effondrement de l’Empire romain d’Occident. Le nom « Mérovingien » provient du roi Mérovée, ancêtre semi-mythique de Clovis (466-511). Les Mérovingiens, sous l’Ancien Régime et au XIXème siècle, sont désignés par certains légistes et historiens français comme étant la « première race » des rois francs.
LA BATAILLE DE TOLBIAC (496)
La bataille de Tolbiac eut lieu à Zülpich (ville de l’ancienne Germanie, à proximité de Cologne). La bataille, remportée par Clovis, roi des Francs, sur les Alamans, est appelée « victoire de Tolbiac ». Elle se déroula sur un point incertain du cours moyen du Rhin. Cet événement est généralement daté en 496, mais des études récentes faites par les historiens placeraient la bataille de Tolbiac vers 506…
En 213, ils apparaissent pour la première fois dans les écrits romains. En 260, ils conquirent les Champs Décumates, puis essaimèrent une zone couvrant une partie de l’Helvétie (la Suisse), la Décumanie (le pays de Bade), et une partie de la Séquanaise (l’Alsace). Ils participèrent à la germanisation de ces territoires, auparavant romanisés. En 496, les Alamans furent vaincus par les Francs de Clovis. Ce dernier annexa leur territoire à son royaume. Après le traité de Verdun (août 843), ces territoires firent partie de la Francie orientale avant de composer le duché de Souabe, du Xème au XIIIème siècle.
C’est dans la plaine rhénane (à proximité de Cologne), près du petit bourg de Tolbiac, que les combats entre Francs et Alamans vont se dérouler.
Les Dieux de la guerre semblent, dans un premier temps, avoir choisi leur vainqueur. Et les Alamans sont en passe de remporter la victoire.
Mais les Francs, ce jour-là, vont recevoir un renfort aussi imprévu qu’inhabituel : celui du « vrai Dieu », du « Dieu de Clotilde », ce Dieu que le barbare Clovis a appelé à son secours en désespoir de
cause, alors que la victoire semblait lui échapper. S’il est victorieux, il jure solennellement de se convertir à la vraie foi ; celle de son épouse la reine Clotilde.
Clovis vainqueur, Tolbiac marque un tournant. Cette bataille met un arrêt aux incursions et aux ambitions expansionnistes des Alamans. Elle va encourager le roi des Francs à remercier ce Dieu qui lui a permis de battre son ennemi, en se convertissant au Christianisme. Le royaume franc entre définitivement au sein de l’église romaine.
CLOVIS, CHEF DE GUERRE
Ça fait bientôt quinze ans que Clovis a hérité du trône de son père, Childéric 1er.
Ça fait dix ans aussi qu’il a battu Syagrius, le dernier représentant de l’Empire romain d’Occident en Gaule du Nord.
Lire : la bataille de Soissons
Depuis plusieurs années, il essaie d’agrandir son royaume afin d’étendre sa domination vers le sud-ouest. Mais ses visées territoriales vont être stoppées momentanément par l’incursion des Alamans au nord-est du territoire franc.
La fédération des Alamans est plus un agglomérat de tribus diverses qu’une nation unifiée et souveraine. Ce peuple doit son nom à une expression assez révélatrice du vieil allemand : « alle Mannër » (les hommes de toutes les origines).
C’est en fait le produit de l’association et du regroupement politique des tribus battues par les Romains dès le 1er siècle : Semnons, Suèves, Hemundures…
Au cours du IIIème siècle, cette fédération a profité de l’abandon du limes (frontières aux limites de l’Empire) par les forces romaines, pour envahir la région des « Champs Décumates » (extrême sud-ouest de la Germanie entre Rhin et Danube).
Après avoir effectué plusieurs guerres et poussé de nombreuses raids meurtriers jusqu’à Clermont-Ferrand, les Alamans sont épuisés. Si bien que Silichon (360-408), régent et Empereur de l’Empire Romain d’Occident, retirera toutes ses garnisons romaines du territoire rhénan.
CONTEXTE
Le royaume de Sigebert avait pour proches voisins les Alamans, une confédération depeuples germaniques, dont la bravoure était à peu près identique à celle des Francs. Les deux peuples avaient eu de nombreuses fois des difficultés sur leur frontière respective, et dans les deux camps on redoublait les pillages et les incursions punitives. En 496, les Francs ripuaires subissent une invasion de grande ampleur ; ce qui pousse le roi Sigebert à demander l’appui de son allié Clovis. Celui-ci lève aussitôt une armée et se porte à son secours.
UN REGAIN DE PUISSANCE
Vers la fin du Vème siècle, les Alamans réapparaissent ; ils ont retrouvé vigueur, richesse et puissance. Sous les assauts des Thuringiens qui les menacent, ils espèrent tirer profit de la désertion des troupes romaines sur le limes (frontières aux limites de l’Empire) et vaincre leur ennemi.
Ils traversent donc le Rhin et commencent à répandre la terreur sur le territoire des Francs rhénans.
Ces derniers (situés à l’Est des terres franques saliennes) sont rapidement débordés. Les Alamans exécutent des expéditions agressives et ponctuelles, puis se dirigent de front vers l’armée rhénane de Clovis située à l’ouest de Bonn. Les forces en présence convergent près du petit bourg nommé Zülpich, un retranchement romain du nom de Tulpiacum qui deviendra plus tard Tolbiac.
La première partie du plan de bataille de Clovis consiste à effectuer un mouvement tournant pour prendre les Alamans à revers sur leur flanc. Manœuvre qu’il exécute avec un certain brio. La stratégie du roi des Francs saliens est osée : il veut franchir le Rhin au nord, à Julliacum (Juliers) et Colonia (Cologne), pour se retrouver sur le territoire des Alamans et le mettre à feu et à sang. Ainsi, il espère contraindre son ennemi à se replier pour aller défendre ses maisons et ses fiefs.
Malheureusement, la déroute de l’armée rhénane de Sigebert le Boiteux entraîne un renversement de situation, et oblige Clovis à rebrousser chemin pour protéger ses arrières. Cet événement va changer la donne (et le cours de la bataille qui en sera fort bouleversée) et jouer en la défaveur du roi des Francs saliens.
LE TOURNANT DE LA BATAILLE
La bataille est meurtrière. D’après l’historien Jonas de Bobbio, « elle dégénère en un violent massacre » et l’armée de Clovis frôle l’anéantissement.
Les Francs s’apprêtent à reculer, voire abandonner le terrain…
Clovis est sur le point de perdre la bataille ; il ne sait plus quels Dieux païens invoquer pour obtenir une issue victorieuse du combat.
Chevauchant dans la mêlée, les rois ennemis se font face…
Clovis, voyant ses guerriers se faire massacrer, sent que la bataille lui échappe. Saisi par le doute et le désespoir, il suit alors le conseil d’Aurélien (conseiller et légat gallo-romain au service du roi franc Clovis 1er) et invoque le Dieu unique de sa femme Clotilde. Ce Dieu qu’elle encourageait à suivre depuis leur mariage en 493.
Lire : la reine Clotilde
« Ô Jésus-Christ, que Clotilde affirme Fils du Dieu Vivant, toi qui donnes du secours à ceux qui sont en danger, et accordes la victoire à ceux qui espèrent en toi, je sollicite avecdévotion la gloire de ton assistance : si tu m’accordes la victoire sur ces ennemis, et si j’expérimente la vertu miraculeuse que le peuple voué à ton nom déclare avoir prouvé qu’elle venait de toi, je croirai en toi, et me ferai baptiser en ton nom. J’ai en effet invoqué mes dieux, et, comme j’en fais l’expérience, ils se sont abstenus de m’aider ; ce qui me fait croire qu’ils ne sont doués d’aucune puissance ; eux qui ne viennent pas au secours de ceux qui les servent. C’est toi que j’invoque maintenant, je désire croire en toi ; pourvu que je sois arraché à mes adversaires ». Lire : Grégoire de Tours
À ces paroles, les Alamans se mettent à reculer. Terrifiés, ils se dispersent et fuient dans une véritable déroute, car leur chef vient d’être tué par un guerrier armé d’une hache (francisque). Après la fin des combats, de la reddition, et la soumission des perdants, Clovis, magnanime, accorde la vie sauve aux guerriers perdants, se contentant de les réduire en esclavage.
LE VŒU PIEU DE TOLBIAC
Par ce serment, le roi des Francs saliens vient de s’engager à se convertir au Christianisme.
Dix ans plus tard, Clovis sera converti et baptisé.
En 507, il sera vainqueur à la bataille de Vouillé où Alaric II, le roi des Wisigoths, sera tué au combat. La victoire sera aussi incontestable que celle de Tolbiac. Tous ces événements lui donneront la suprématie sur l’Aquitaine.
Lire : Le baptême de Clovis.
Sources
Les rois de France des Éditions Atlas (Les Mérovingiens)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Tolbiac_(496)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bapt%C3%AAme_de_Clovis
https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9rovingiens
https://fr.wikipedia.org/wiki/Clotilde_(femme_de_Clovis)