Philippe le Bon, duc de Bourgogne

LA GUERRE DE CENT ANS

De 1337 à 1453

Blason du royaume d’Angleterre

Blason du royaume de France

MAISON DE BOURGOGNE

Armes des Ducs de Bourgogne

PHILIPPE LE BON,

DUC DE BOURGOGNE

Philippe le Bon, duc de Bourgogne

 

Blason des ducs de Bourgogne

NAISSANCE ET FAMILLE

Marguerite de Bavière

 

Jean sans Peur

Philippe III de Bourgogne, dit Philippe le Bon, naît à Dijon le 31 juillet 1396, et meurt à Bruges le 15 juin 1467. Il est le fils de Jean sans Peur et de Marguerite de Bavière et prince de la branche

bourguignonne de la maison capétienne de Valois. A la suite de l’assassinat de son père, le 10 septembre 1419, il devient duc de Bourgogne jusqu’à sa mort.

 

 

 

Philippe le Bon, duc de Bourgogne, se plaisait à dire : « Je veux qu’on sache que si je l’eusse voulu, j’eusse été roi ». Présent dans l’Histoire comme « le Grand duc d’Occident », l’arrière-grand-père de Charles Quint fut le plus riche et le plus illustre des princes d’Europe.

En ce 10 septembre 1419, le nouveau duc pleure ; il pleure son père Jean sans Peur qui vient d’être assassiné.

Jean sans Peur

Cet événement douloureux le propulse à la tête du duché de Bourgogne ; il a vingt-trois ans.

Il sera duc de Bourgogne, de Brabant, de Limbourg et de Luxembourg, comte de Charolais, de Flandre, d’Artois, de Boulogne, de Namur, de Hainaut, de Zélande et de Hollande.

ENFANCE & JEUNESSE

Philippe passe vraisemblablement son enfance au château de Rouvres, près de Dijon, puis à Paris, où il séjourne quelque temps à la cour de France.

Philippe le Hardi duc de Bourgogne

La plus grande partie de sa jeunesse se fera au Prinsenhof de Gand (résidence ordinaire des comtes de Flandre), dans le comté de Flandre.

Il a sept ans lorsqu’il est fiancé par son grand-père « Philippe le Hardi » (le premier de la dynastie des ducs de Bourgogne) à une cousine, Michelle de France(1395-1422), son aînée d’un an.

Charles VI

Celle-ci est la fille du roi Charles VI de France et de la reine Isabeau de Bavière. En 1409, ils se marient ; ils ont treize et quatorze ans. De ce mariage naîtra une fille, Agnès, qui mourra en bas âge.

Isabeau de Bavière

Philippe est âgé de quinze ans lorsqu’il reçoit de son père, le duc « Jean sans Peur » (1386-1419), la direction du comté de Flandre et du comté d’Artois.

En 1415, à la veille de la bataille d’Azincourt, Philippe, jeune prince de dix-neuf ans, souhaite rejoindre ses oncles sur le champ de bataille. Mais son père et ses conseillers lui interdisent d’y participer.

Michelle de France

SOMMAIRE

Philippe le Bon est un personnage central de la fin de la Guerre de Cent Ans. Dès sa prise de pouvoir, il pactise avec Henry V, le roi d’Angleterre. Cette alliance aboutit en 1420 à la signature du désastreux Traité de Troyes, qui fait du roi d’Angleterre l’héritier de la couronne de France.

L’entente Anglo-Bourguignonne, d’abord victorieuse, va par la suite s’affaiblir avec l’intervention de Jeanne d’Arc, que Philippe le Bon finira par capturer en 1430.

Philippe le Bon vers 1425,

Son règne est marqué par l’agrandissement du domaine des ducs de Bourgogne, avec notamment la constitution, entre 1429 et 1433, des Pays-Bas bourguignons, augmentés en 1443 du duché de Luxembourg. Et avec l’acquisition d’une « indépendance de fait » pour ce que l’on appelle aujourd’hui l’État bourguignon.

En 1435, grâce à la signature du Traité d’Arras, l’alliance avec l’Angleterre prend fin et met un terme à la guerre fratricide entre Armagnacs et Bourguignons. Le Traité libère aussi le duc de Bourgogne de l’hommage qu’il doit prêter au roi de France Charles VII.

Qualifié de « Grand-duc d’Occident », Philippe le Bon est à la tête d’un vaste territoire. La cour de Bourgogne est alors la plus brillante d’Europe et devient, sous son égide, un centre artistique de premier plan. Il fonde en 1430 le prestigieux ordre de chevalerie de la Toison d’Or.

PHILIPPE LE BON ET LA GUERRE DE CENT ANS

L’assassinat de Jean Ier de Bourgogne au pont de Montereau.

Ce 10 septembre 1419 est un jour néfaste et de deuil pour le jeune prince. Son père, « Jean sans Peur », duc de Bourgogne, vient d’être assassiné à Montereau, à l’occasion de son entrevue avec le dauphin Charles de Ponthieu.

C’est à Gand, où réside Philippe avec sa jeune femme, Michelle de France, qu’il apprend la tragique nouvelle. Philippe, comte de Charolais, prend aussitôt le titre de duc de Bourgogne dans le chagrin et les larmes. Son épouse (qui est la sœur du dauphin Charles) unit ses pleurs aux siens, partagée qu’elle est entre son frère et son époux. L’héritier de « Jean sans Peur » prend le deuil pour ne plus jamais le quitter. Il restera toute sa vie vêtu de noir, et animé par un désir de vengeance…

Quelques mois plus tard, le 21 mai 1420, Philippe participe à la signature du traité de Troyes entre la France et l’Angleterre.

LE TRAITÉ DE TROYES      

Il est signé le 21 mai 1420 à Troyes, entre Henri V d’Angleterre et Charles VI de France. Il fait du roi d’Angleterre l’héritier légitime du roi Charles VI.

Charles VI et Isabeau de Bavière durant le traité de Troyes

Les négociations entre Henri V, Isabeau de Bavière, et les Bourguignons, aboutissent au désastreux traité de Troyes. Cet accord prive le dauphin de ses droits au trône, et garantit, à la mort de Charles VI, la couronne de France à Henri V le Plantagenêt.

21 septembre 1435 – Le traité d’Arras

Le 2 juin, conformément à ce traité, Henri V, roi d’Angleterre, épouse Catherine de Valois (fille légitime de Charles VI et d’Isabeau de Bavière, et sœur de Michelle de France, l’épouse du duc Philippe de Bourgogne).

Le traité marque l’apogée de la supériorité anglaise au cours de la guerre de Cent Ans. Il fait suite à la conquête de la Normandie et à plusieurs victoires anglaises, notamment celle d’Azincourt (le 25 octobre 1415).

La ratification de ce traité a été permise par l’alliance des Anglais et des Bourguignons. Cet accord ouvre une nouvelle phase de la guerre civile française entre les partisans de la double monarchie franco-anglaise (les Bourguignons), et ceux du dauphin Charles (les Armagnacs). Elle perdurera jusqu’en 1435, avec la signature du traité d’Arras.

En 1422, à la mort du roi de France Charles VI, Philippe de Bourgogne est l’allié de l’Angleterre ; et il le restera durant plus de dix ans.

En 1423, l’alliance entre la Bourgogne et l’Angleterre est renforcée lorsque le duc de Bedford épouse Anne de Bourgogne, fille de « Jean sans Peur » et sœur de Philippe le Bon.

Le 17 juillet 1429, Jeanne d’Arc traverse les territoires bourguignons, et amène sous bonne escorte Charles VII jusqu’à la cathédrale de Reims, où il est sacré roi de France. Bien que premier pair de France, Philippe le Bon est exclu de cet événement, qui va à l’encontre de sa politique pro-anglaise.

Lire : le Sacre de Charles VII.

Le jour même du sacre, Jeanne d’Arc lui envoie cependant une lettre pour lui demander la paix. Mais le duc de Bourgogne refuse l’offre.

En 1430, il se bat aux côtés des Anglais, et joue un rôle important dans le processus qui va mener Jeanne sur le bûcher.

Le 23 mai 1430, l’armée bourguignonne, commandée par le comte Jean II de Luxembourg-Ligny et le comte de Guise, assiège Compiègne, défendue par Jeanne d’Arc.

Au cours d’une sortie, Jeanne « la Pucelle » est capturée par les Bourguignons ; Philippe le Bon décide un peu après, en novembre 1430, de la livrer au duc de Bedford pour 10 000 livres.

Ce ne sera qu’en 1435, avec la signature du traité d’Arras, que Philippe le Bon se réconciliera avec le roi de France Charles VII. Ce traité, Philippe l’a très bien négocié. Non seulement il signe la paix avec le royaume de France, mais il obtient l’exemption de l’hommage féodal que tout vassal doit envers son souverain.

Lire : le Traité d’Arras.

21 septembre 1435 – Le traité d’Arras

De son côté, le roi d’Angleterre Henry VI est furieux de cette rupture d’alliance avec la Bourgogne, et menace Philippe le Bon ; il devra désormais affronter seul les Franco-Bourguignons.

En retour, Philippe envoie des troupes pour aider le roi de France Charles VII à reprendre Paris. De son côté, il tentera sans succès de reprendre Calais.

PHILIPPE LE BON, UN « PRINCE DE BOURGOGNE… »

Philippe le Bon, duc de Bourgogne (1396-1467)

Philippe le Bon affiche la dignité et la noblesse d’un grand prince. Il est calme, silencieux, simple, et évite les familiarités excessives. Néanmoins, le duc de Bourgogne est orgueilleux, têtu, et extrêmement ambitieux ; il n’est donc pas seulement un homme politique et un chef de guerre…

Ce prince élevé à la Cour de Dijon, sa ville natale, est depuis le jour de sa naissance, en 1396, rempli de qualités. Devenu duc de Bourgogne, de Brabant et comte de Flandre, il va faire accroître son héritage de manière parfaite.

Ses fiefs et terres prennent un essor considérable. La prospérité règne de la Bourgogne à la Franche-Comté, et du Luxembourg aux Pays-Bas ; ce qui lui vaudra le surnom de « Philippe le Bon ».

Où que le duc réside, à Dijon, à Bruxelles, à Gand où à Bruges, les villes du Nord sont à l’image de ses richesses : étincelantes comme mille merveilles de cette époque médiévale.

Une fois la paix revenue, les États vont vivre un véritable âge d’or.

A la fin de la Guerre de Cent Ans, Philippe le Bon règne sur un vaste « empire bourguignon » qui s’étend de la Picardie au Zuiderzee (ancien golfe du centre-nord des Pays-Bas), de la Loire au Jura suisse.

Le « plus puissant des princes de la Chrétienté » a ainsi rétabli presque entièrement l’ancien royaume de Lotharingie (la Lotharingie désigne la partie nord du royaume de Lothaire II, arrière-petit-fils de Charlemagne. Ce royaume fut constitué en 855).

Empire Carolingien en en 855

Bonne d’Artois

En 1422, son épouse, Michelle de France, lui apporte en dot les villes de la Somme, le Boulonnais et la presque totalité de la Picardie.

L’ordre bourguignon de la Toison d’Or

A la mort de celle-ci, Philippe, duc de Bourgogne, épouse en secondes noces Bonne d’Artois. Mais elle décède rapidement, en 1425, après seulement deux années de vie commune.

En janvier 1429, Philippe, pour célébrer l’annonce de son futur mariage, fonde le fameux ordre de la Toison d’Or. Pour cette occasion, il rassemble « des gentilshommes de nom et d’armes sans reproche » dont il devient le Grand Maître. Ceux-ci sont à l’origine au nombre de trente et un. Cet ordre chevaleresque va susciter la convoitise et l’enthousiasme des grands seigneurs de la Chrétienté, qui se querelleront pour en faire partie.

Le 7 janvier 1430, Philippe épouse Isabelle de Portugal. De cette union naîtra un fils, le futur Charles le Téméraire.

SA FIN DE VIE

Philippe le Bon grand Maître de la Toison d’Or

En 1437, une insurrection dirigée contre Philippe III de Bourgogne éclate à Bruges. Il échappe de peu à la mort. Mais finalement, avec le soutien des villes de Gand et d’Ypres, il parviendra à éteindre la tourmente.

En 1439, Philippe signe la paix de Gravelines avec Henri VI d’Angleterre. Le commerce peut alors reprendre entre le royaume d’Angleterre et la Flandre.

Le 23 juillet 1453, ce sont les Gantois qui s’insurgent ; ils seront battus à Gavere.

La reddition des bourgeois de Gand à Philippe le Bon à l’issue de la bataille.

Philippe III de Bourgogne est désormais le plus puissant prince de la chrétienté. L’État bourguignon est au sommet de sa puissance.

LE BANQUET DU FAISAN

Le 17 février 1454, Philippe le Bon donne à Lille le « banquet du Faisan ». Il répond à l’appel du pape Pie II et à celui de l’empereur Frédéric III du Saint-Empire, pour lancer une nouvelle croisade. Le duc de Bourgogne prononce son fameux « Vœu du faisan ».  

Le banquet du Faisan à Lille

Cet engagement stipule le fait de lancer une nouvelle croisade pour aller délivrer Constantinople prise par les Turcs l’année précédente, le 29 mai 1453. Cet engagement chrétien ne sera jamais tenu…

Le vœu du faisan

Proclamer des vœux sur un oiseau (paon, héron, faisan) était un rituel familier à la noblesse. Comme le paon dans d’autres civilisations, le faisan était un symbole des vertus chevaleresques.

 

Louis XI

Charles VII

En septembre 1456, le dauphin Louis (le futur Louis XI de France), fuyant la colère de son père, part se réfugier en Bourgogne. Il rejoint Bruxelles, où Philippe le Bon tient sa cour dans le château des ducs de Brabant. Le 15 octobre 1456, il obtient l’asile du duc Philippe.

 

 

 

Commentaire désobligeant et prémonitoire de Charles VII : « Mon cousin de Bourgogne a donné asile à un renard qui, un jour, lui dévorera ses poules ».
Le dauphin de France restera sous la protection du duc Philippe jusqu’à la mort de son père Charles VII, le 22 juillet 1461.

SA MORT

Le 15 juin 1467, Philippe le Bon meurt à Bruges à près de 71 ans.

Son fils Charles le Téméraire hérite du duché de Bourgogne, comme de tous les autres titres et fiefs bourguignons de son père. Il devient ainsi le nouveau souverain de l’État bourguignon.

Charles le Téméraire (1433–1477).

LA COUR DE BOURGOGNE, UN MODÈLE D’EXEMPLARITÉ

Philippe le Bon est un acharné du travail, mais cela ne veut pas dire qu’il vit dans la modération. Bien au contraire, sa Cour est le reflet de sa personne. C’est un prince charitable, érudit, instruit et raffiné. D’ailleurs, ce mécène avant-coureur de la Renaissance s’entoure de brillants esprits.

On cite par exemple des lettrés comme son biographe Georges Chastellain, des musiciens tels Guillaume Dufay ou Ockeghem, des sculpteurs comme Claus Sluter, de grands peintres flamands tels Jan Van Eyck, Rogier Van der Weyden ou Hans Memling.

La cour de Bourgogne, « lieu amoureux des arts », est illustre dans l’Europe entière pour son éclat. On admire, commente et jalouse sa vaisselle d’or, ses brillantes tapisseries, les tournois, et les somptueuses fêtes qui y sont pratiquées régulièrement.

C’est à Bruges, en 1467, dans l’une de ses résidences, dont la touche raffinée est à son image, que meurt Philippe le Bon à l’âge de 71 ans.   

Sources :

Photos publiques Facebook

Les rois de France des Éditions Atlas (Valois directs).

https://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_le_Bon

 

 

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