Les Témoins du Passé – La collégiale Saint-Étienne de Dun-sur-Auron
LES TÉMOINS DU PASSÉ
COLLÉGIALE SAINT-ÉTIENNE
DE DUN-SUR-AURON
CULTE : catholique.
TYPE : église.
PÉRIODES DE CONSTRUCTION : XIIème, XIIIème, XIVème, XVème, XVIème et XVIIème siècles.
DESTINATION ACTUELLE : église paroissiale.
PROTECTION : classement sur la liste des Monuments Historiques en 1862.
PROPRIÉTAIRE : la commune de Dun-sur-Auron.
LOCALISATION : l’église Saint-Étienne est une église catholique qui se situe dans le département français du Cher, sur la commune de Dun-sur-Auron.
Dun-sur-Auron est une commune française située en région Centre-Val de Loire.
DUN-SUR-AURON
HISTORIQUE
Située au sein du Val d’Auron et de la « Champagne Berrichonne » (région naturelle de France située dans les départements du Cher et de l’Indre), la cité fut élevée sur un éperon calcaire qui se dressait sur la plaine à plus de trente mètres de hauteur. Cette position majeure, le « dunum » (dune en latin), fut rapidement convoitée et occupée. Encadrée par la voie romaine qui reliait Bourges (Avaricum) à Lyon (Lugdunum) et à la frontière du Bourbonnais, la ville, grâce à sa situation géographique, prendra un essor croissant.
PRÉHISTOIRE
Le site de Dun-sur-Auron fait l’objet d’une occupation celtique dès la fin de l’âge du bronze et le début du 1er âge du fer. (On a relevé des traces de présence humaine grâce à la découverte d’objets et d’armes en bronze dans les tumulus).
ANTIQUITÉ (Époque Gallo – Romaine)
Le site est occupé par les Romains en raison de sa position élevée (Dunum, dune) et de la proximité de l’Auron (rivière aux caractéristiques aurifères). Le centre-ville dévoile une forme de voirie géométrique (rectangulaire). Des vestiges de constructions domestiques et fortifiées attestent de cette époque. Des photographies d’archéologie aérienne ont révélé la présence de ruines d’habitations. Le site a délivré de nombreux vestiges de cette époque Gallo-romaine.
MOYEN ÂGE
Durant cette période, Dun s’affichait comme la 3ème ville d’importance après Bourges et Issoudun. Ce n’est que vers la fin du Xème siècle que l’on voit apparaître les seigneurs de Dun : Eudes Arpin se marie avec la fille du vicomte de Bourges ; ainsi, grâce à cette union, Dun et Bourges forment un même territoire.
En 1101, comme bon nombre de seigneurs de cette période, Eudes Arpin décide de partir en croisade pour la Terre Sainte. Pour financer son projet, il vend tous ses biens au roi de France Philippe 1er.
En 1175, Louis VII octroie une charte de privilèges à la ville. Par cet édit, Dun est exemptée de nombreuses taxes et de l’hébergement des gens de guerre. En ces temps mouvementés, une telle décharge représente un réel avantage.
En 1203, afin de symboliser la puissance de son règne, Philippe Auguste fait ériger « une grosse tour », identique à celle de Bourges. Il fera aussi édifier les fortifications de la ville (de nos jours toujours visibles) ainsi que de nombreux travaux de voirie (pavage des rues).
Lire : Philippe Auguste un roi bâtisseur.
1- L’insalubrité du Paris médiéval.
2 – Des pavés pour Paris.
Entre le XIème et le XIIème siècle, une chapelle castrale est construite au château. On prétend que Thibaud II, fils de Thibault le tricheur, comte de Blois, aurait donné les restes de Saint Vincent, évêque de Saragosse, aux propriétaires de la châtellenie de Dun.
On rapporte que le 12 novembre 1285, un convoi transportant les restes de Philippe III (dit le Hardi), fils de Saint Louis, devait s’arrêter dans cette chapelle pour une veillée funèbre. Mais les travaux de la collégiale n’étant pas terminés, on ne put accueillir le cortège royal.
GUERRE DE CENT ANS
1360 : signature du Traité de Brétigny.
Le 24 octobre 1360, les rois Jean II et Édouard III, accompagnés de leurs fils aînés, ratifient cet accord à Calais, ce qui permet une trêve de neuf ans dans la guerre de Cent Ans.
En 1362, le Duc de Berry, retenu en otage en Angleterre, donne en gage, pour acquitter sa libération et son retour en France, les châteaux de Dun et d’Aînay le château.
XVème SIÈCLE
Durant cette période le commerce est florissant. Des tisserands et drapiers venus d’Italie s’établissent et vont développer une activité économique prospère. On voit apparaître alors des corporations de métiers (guildes, hanses), métiers de bouches (rue de la Chaboriatrie), rôtisseurs, tripailleurs, et bouchers…
Hanse : au Moyen Âge, une hanse, parfois appelée anse, est une association professionnelle de marchands exerçant une activité commune.
GUERRES DE RELIGION
Le XVIème siècle est extrêmement marqué par les Guerres de Religion. La région est bouleversée par des troubles intérieurs entre les deux camps, et opposent les villes comme Dun (catholique) et Sancerre (protestante). Durant cette période, de nombreux monuments de la ville de Dun seront saccagés.
LA FRONDE
La ville de Dun subira les remous politiques de la Fronde. Bien qu’elle veuille rester neutre et ne pas prendre parti pour l’un ou l’autre des belligérants, elle sera mise en otage par les troubles occasionnés.
LA RÉVOLUTION FRANÇAISE
En 1789, au cours de cette période bouleversée, les monuments de la ville seront transformés en prisons par les forces révolutionnaires et la guillotine sera installée au pied du beffroi.
En 1794, seul un condamné à mort montera à l’échafaud. Un dénommé Laperche, vigneron de profession, sera décapité à plus de 80 ans pour avoir forcé les portes de l’église de Dun.
XIXème siècle
La révolution industrielle de cette période permet à Dun de jouir du canal de Berry et ensuite des chemins de fer.
Vers la fin du XIXème siècle, le docteur Auguste Marie crée la « Colonie familiale », qui permet à des déficients mentaux d’être soignés hors de Sainte Anne, dans un cadre expérimental.
XXème siècle
La ville connait un grand essor, dû essentiellement à l’exploitation du canal de Berry. De nombreux commerces s’établissent à Dun, ce qui est d’autant plus nécessaire que le chemin de fer favorise la venue d’une clientèle parisienne. Les plus élégantes fréquentent les plus luxueuses boutiques comme « La bonne mode ». Cet essor profite à des manufactures locales comme « La Dunoise » (bonneterie), qui voient leur chiffre d’affaire s’accroître.
A partir des années 1950, Dun connaît une désertification de sa population au profit de villes plus importantes comme Saint-Amand-Montrond, mais surtout Bourges.
Aujourd’hui le phénomène s’inverse : un retour à la tranquillité est préféré à la vie citadine et la ville de Dun compte aujourd’hui un peu plus de 4 000 habitants.
LA COLLÉGIALE SAINT-ETIENNE
DE DUN-SUR-AURON
HISTORIQUE
L’édifice qui se dresse sous nos yeux est le témoin de près de 800 ans d’histoire.
– 1019 : fondation de la collégiale de Dun-sur-Auron. Une communauté de chanoines y est établie par le chapitre du château de Bourges. Le monument date de la première moitié du XIIème siècle en ce qui concerne les parties les plus anciennes, c’est-à-dire le chœur, le déambulatoire et les chapelles rayonnantes.
– Fin du XIVème siècle : d’importants travaux sont entrepris, dont la construction du clocher-porche érigé en 1397 par le maître d’œuvre Pasquault. Le financement des travaux est réalisé par les habitants, et la silhouette de la collégiale en sera particulièrement modifiée. Durant la même période, des voûtes d’ogive remplacent le berceau d’origine, probablement brisé.
– Les XVème et XVIème siècles voient le rajout d’une chapelle axiale et des chapelles latérales.
– En 1562, 1568, 1569 et 1589/1590 : durant les Guerres de religion, la collégiale essuie de nombreuses dégradations causées par le passage des troupes protestantes dans la ville.
– En 1569, un incendie donne lieu à de nombreuses réparations.
– Au XIXème siècle, la chapelle absidiale sera peinte à la cire.
L’EXTÉRIEUR
LE PLAN
LE PORTAIL ROMAN
LE CHEVET & LES CONTREFORTS
LES VERRIÈRES & LES FENÊTRES
Les chapelles latérales, rajoutées au XVIème siècle, affichent d’immenses baies flamboyantes.
LES ABSIDIOLES
LES MODILLONS & LES CHAPITEAUX
La partie romane de l’édifice possède des colonnes surmontées de chapiteaux sculptés et de modillons de différentes formes.
LE CLOCHER PORCHE
Le clocher et les deux premières travées de la nef datent du XVème siècle. Les chapelles latérales ont été rajoutées au XVIème siècle. Le clocher-porche, rajouté à la fin du XIVème siècle, a été réédifié au début du XVIIème siècle, les Huguenots ayant incendié l’église en 1569.
LES SCULPTURES
L’INTÉRIEUR
LA NEF
LES COLLATÉRAUX
La nef centrale est encadrée de deux collatéraux.
LE CHŒUR & L’AUTEL
Cette partie assez vaste de la collégiale date du XIIème siècle, et est destinée à célébrer la messe ou l’Eucharistie.
Le jubé qui séparait le chœur de la nef a été détruit en 1737. Durant la même période, le dallage du chœur a été posé. Il était cerné par de hautes pierres et de grilles. Elles ont été ôtées ainsi que le tabernacle et les gradins, avec l’autorisation des Beaux-Arts.
Désormais, l’ancien maître-autel de 1865, malheureusement disproportionné, permet de célébrer les offices face aux fidèles et de favoriser leur participation, conformément à la réforme liturgique du concile du Vatican II (1963).
LES CHAPITEAUX
Bien que ceux-ci aient enduré l’agression des hommes (destruction, badigeon…), ils continuent à transmettre l’expression de la religiosité des hommes du Moyen Âge. Les chapiteaux des colonnes illustrent des scènes de l’ancien et du nouveau testament, ainsi que l’homme avec ses passions, sa vie intérieure.
A l’intérieur
On remarque les chapiteaux :
– du mariage mystique de la Vierge
– de Daniel dans la fosse aux lions
– de L’âne à la lyre
– de l’éléphant
– du dromadaire
– de la parole enseignante
– de la médisance.
A l’extérieur
A l’abside sud, on peut voir l’Angoulant qui avale une colonne.
LES FRESQUES
Sur le mur sud de la travée du chœur, on peut voir une fresque représentant Saint Pierre martyrisé, la tête en bas sur une croix. On remarque aussi Saint François d’Assise recevant les stigmates. Cette fresque a été refaite grossièrement au XXème siècle : d’où une perte intérêt historique. Les Beaux-Arts ont d’ailleurs fermé la porte de l’ancienne sacristie sans s’en soucier.
L’ABSIDE & LES TROIS CHAPELLES
Des trois chapelles d’origine du XIIème siècle, deux ont subsisté : celle au sud dite « Saint Pierre », et celle du nord, dite de « la Trinité », ou de « l’Ecce Homo » (1738), ou encore des « Tailleurs d’habits ». Cette dernière abrite la statue de Sainte Solange, patronne du Berry.
La chapelle axiale a été refaite au XVème siècle, ainsi que les moulures de la porte de la sacristie actuelle (anciennement du Chapitre). Cinq statues représentent les vierges sages tenant à la main des lampes d’or. La sixième est Sainte Lucie.
De cette chapelle, en regardant la porte ouest, on peut admirer l’intégralité de la collégiale et son déambulatoire datant des XIIème et XIIIème siècles.
LES PEINTURES DE L’ABSIDE
Les peintures datent de 1864 et ont été réalisées, dans la technique dite « à la cire », par le curé de l’époque Monseigneur de Busseroles et son frère, vicaire.
LES CHAPELLES RAYONNANTES
La collégiale de Dun date du XIIème siècle. Elle possède un déambulatoire dont subsistent deux chapelles rayonnantes et une axiale du XVème siècle.
LA CHAPELLE DE LA NATIVITÉ
Remarquez une représentation de la naissance de Jésus datant du XVème siècle, sculptée dans la pierre, et la maquette de l’église réalisée par M Laperche, un Dunois. D’autres de ses œuvres sont exposées notamment au Musée du Canal du Berry à Dun.
LA CHAPELLE DES FONDS BAPTISMAUX
Elle se situe à droite en entrant dans l’église à partir du clocher-porche. Cette chapelle était autrefois utilisée pour le baptême ; sa proximité avec le porche de l’église signifiait que ce dernier sacrement marquait l’entrée dans l’église et dans la famille des Chrétiens. Elle est appelée aussi chapelle des trois Roys, ou chapelle des tailleurs de pierre. Elle abrite un retable en pierre fine du XVème siècle : l’Adoration des Rois Mages, qui a été outrageusement martelé par les Huguenots lors des Guerres de Religion.
L’écu de la clé de voûte comporte trois marteaux de tailleurs de pierre, d’où le nom donné à une époque à la chapelle.
Le vitrail de la chapelle a été refait au début du XXème siècle, les petits sujets du vitrail proviennent de la chapelle Saint-Vincent, qui se trouvait au Châtelet (château fort de la ville de Dun, à l’extrémité de la cité).
Aujourd’hui, la forteresse n’existe plus. Il ne reste que les vestiges de quelques tours d’enceinte qui surplombent encore l’Auron. Le donjon a lui aussi disparu, mais il subsiste le beffroi et quelques traces des trois enceintes de fortifications.
LA CHAPELLE DU SACRE CŒUR
Cette chapelle possède une belle fenêtre à meneaux. Le vitrail a été refait en 1952. Il reste des parties hautes des vitraux qui ont été détruits pendant les Guerres de Religion.
Les Beaux-Arts ont voulu conserver l’ensemble au-dessus de l’autel comme témoignage d’une époque. Le tableau qui était au-dessus de l’autel était un Jean Boucher. Il a disparu et a été remplacé par l’actuel.
LA CHAPELLE DU SAINT SÉPULCRE
La mise au tombeau, sculpture du XVIème siècle, fut entièrement restaurée au XIXème siècle.
Le sépulcre est surmonté d’un très beau Christ gisant et de quatre personnages auprès de lui : Saint Jean et les Saintes femmes. Un autel a été ajouté devant par la suite. Au-dessus, peinte sur la voûte, la fresque représente le Christ en Gloire, lors du Jugement dernier (même peintre que la chapelle axiale et la porte de la sacristie). On distingue un petit vitrail qui a dû être bouché : on aperçoit sa structure de l’extérieur.
L’ancien confessionnal était destiné à recevoir le sacrement de la Réconciliation. En sortant, le pénitent quittait l’ombre pour la lumière.
LA CHAPELLE NOTRE DAME DE MARCAY
Elle est située à droite, en entrant dans l’église par le portail sud. Cette chapelle est aussi dénommée de Bengy, car elle fut construite en 1529 par Jean Bengy, bourgeois à Dun. La Vierge de Lorette, placée en hauteur à l’entrée de la Santa Casa, a échappé aux incendies de la collégiale et n’a pas été détruite.
Le feu a été mis deux fois à la collégiale (en 1562 et 1569) et a brûlé les beaux vitraux de la chapelle. La grande verrière, légère, a été refaite en 1952.
Le bas-relief devant l’autel, du XVème siècle, représente Jésus et ses apôtres. Celui-ci a été martelé durant les Guerres de Religion.
Les clés de voûte pendantes avec bustes représentent les quatre grands prophètes : Isaïe, Jérémie, Ézèchiel et Daniel. Plus près du Christ, au milieu du plafond, on trouve les quatre évangélistes : Jean (l’aigle), Matthieu (l’ange), Marc (le lion) et Luc (le taureau).
LES VITRAUX
LA CHAIRE
La chaire est en chêne du début du XIXème siècle.
LES ORGUES
Un premier buffet d’orgues a été installé en 1630. Le dispositif actuel, acheté en 1858, a été restauré en 1974 par la paroisse. En 1998, il fut remonté avec l’ajout d’un grand orgue, grâce à la municipalité, le Conseil Général et la paroisse.
L’escalier de la tribune a été mis en place en juillet 2001.
Sous les grandes orgues, on aperçoit un tableau de pierre représentant la fuite en Egypte.
Vestiges déposés dans la nef qui attendent d’être mis en valeur.
LES STALLES
Sources :
Cet article repose en grande partie sur les détails et les explications du fascicule, fourni avec le droit d’entrée, à l’intention du public.
Paroisse de Dun sur Auron, rue de l’Ermitage, 18130 Dun sur Auron.
Paroisse.dun@diocese-bourges.org
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-%C3%89tienne_de_Dun-sur-Auron
https://monumentum.fr/eglise-saint-etienne-collegiale–pa00096789.html
https://www.petit-patrimoine.com/fiche-petit-patrimoine.php?id_pp=18087_1