Le baptême de Clovis
LES MÉROVINGIENS
LE BAPTÊME DE CLOVIS
(Le 28 décembre 498)
Cette famille descend des peuples Francs saliens qui se sont installés dès le Vème siècle dans les régions de Cambrai et de Tournai, en Belgique. L’Histoire de la dynastie est marquée par l’apparition d’une forte prédominance de la culture chrétienne au sein de l’aristocratie. Elle se caractérise aussi par l’implantation croissante de l’Église, et par une économie qui se développe suite à l’effondrement de l’Empire romain d’Occident. Le nom « Mérovingien » provient du roi Mérovée, ancêtre semi-mythique de Clovis (466-511). Les Mérovingiens, sous l’Ancien Régime et au XIXème siècle, sont désignés par certains légistes et historiens français comme étant la « première race » des rois francs.
« Courbe la tête, fier Sicambre, brûle ce que tu as adoré, adore ce que tu as brûlé ! »
C’est par ces paroles devenues célèbres qu’une nuit de Noël, vers l’an 500, Rémi, l’évêque de Reims, aurait baptisé Clovis, le roi des Francs saliens, le premier des rois mérovingiens.
Ce décor, issu des temps lointains du Moyen Âge, nous évoque un fait majestueux, presque irréel.
Imaginons Clovis dans ce baptistère aux effluves odorantes, éclairé à la lumière des bougies, et sous la complaisance de la reine Clothilde, son épouse.
Le roi barbare vient de se présenter au milieu de ses trois mille guerriers (qui vont le suivre dans le sacrement du baptême). Il arrive nu, dépouillé de ses vêtements et de ses ornements païens. Puis il entre dans le bassin entièrement nu pour y recevoir le baptême.
Cet événement va devenir, pour la postérité, l’acte fondateur de la naissance de la nation française.
En ce jour de Noël 498, la ville de Reims est en pleine agitation. Rémi, l’évêque de la ville, va baptiser le grand roi Clovis. Le même jour, trois mille de ses valeureux guerriers vont l’accompagner et en faire de même. C’est du jamais vu ! l’événement est grandiose, c’est un fait marquant à la mesure de l’Histoire.
Pour l’occasion, l’on a orné les rues de la ville, les places publiques ont été recouvertes de tentures colorées, et les façades des églises parées de draps blancs.
LE CATÉCHUMÉNAT DE CLOVIS
C’est l’évêque Remi qui va se charger d’initier Clovis au catéchisme. Il sera instruit suivant les préceptes des conciles de Nicée (325), de Constantinople (381), et de Chalcédoine (25 octobre 451). Il se voit longuement enseigner la moralité et le rituel ainsi que l’histoire du Salut, puis le dogme trinitaire ainsi que les Credos (tels que « Je crois en Dieu Père tout puissant et à Jésus-Christ son fils unique, engendré et non créé ») que le concile de Nicée a promulgués. Clovis, le catéchumène, devra être fin prêt le jour du baptême.
UNE SCÈNE GRANDILOQUENTE !
Imaginons la scène : le roi des Francs entre et avance humblement vers la « piscine » (bassin d’immersion dans lequel vient prendre place le futur baptisé). L’évêque Rémi l’interpelle solennellement et prononce ces paroles : « Courbe la tête, ô Sicambre, adore ce que tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré ».
La légende raconte qu’à cet instant-là, une colombe aurait apporté l’ampoule de saint Chrême qui servit à oindre le roi Clovis.
Dans la foulée, trois mille guerriers seront baptisés de la même façon. Désormais, le royaume des Francs vient de bannir ses Dieux païens et ancestraux pour vénérer le Dieu unique des Chrétiens.
Lire :
La cathédrale Saint Léonce de Fréjus et son baptistère paléochrétien
La Cathédrale Saint Sauveur d’Aix en Provence et son baptistère paléochrétien
Le baptistère paléochrétien de Riez
UN BAPTÊME MARQUÉ DE DOUTES
Avant toute chose, Clovis est un grand chef de guerre. En 481, il devient roi des Francs à l’âge de
seize ans. En 486, il est victorieux lors de la bataille de Soissons. C’est une victoire importante car elle est obtenue sur Syagrius, dernier représentant de l’autorité romaine en Occident. Il devient le maître incontesté de toute la Gaule du Nord.
Puis survient dans son existence la très pieuse Clotilde. En 493, Clovis le païen épouse la très chrétienne nièce du roi des Burgondes, la désormais reine des Francs, Clotilde.
Au Ier siècle, ils migrent vers l’actuelle Poméranie aux bouches de l’Oder. Au IIème siècle, ils s’établissent en Silésie, aux sources de la Vistule. Vers la fin du IIIème siècle, ils font mouvement vers l’Elbe, puis vers le Main. À la fin du IVème siècle, à la suite de la migration des Vandales et Alains en Gaule romaine, ils s’établissent aux abords du Rhin, en Germanie supérieure. Ils constituent ainsi un premier royaume en 413. En 436, ils seront battus par les Huns en Germanie inférieure. A la fin des Migrations germaniques de la fin de l’Antiquité, les Burgondes s’établissent durablement dans le centre-est de la Gaule, comme peuple fédéré de l’Empire romain d’Occident. Au Vème siècle, lors de l’effondrement de ce dernier, les Burgondes y fondent un royaume couvrant initialement une grande partie des actuelles régions suivantes : Bourgogne, Franche-Comté, Savoie, Lyonnais, Dauphiné et Suisse romande. Dès 534, le Royaume des Burgondes est absorbé dans l’Espace Mérovingien en tant que « Regnum Burgundi », futur Royaume de Bourgogne.
A partir de ce moment-là et pendant trois ans, la nouvelle reine va entreprendre un travail d’usure auprès de son époux. Elle veut le persuader qu’il n’existe qu’un seul Dieu, celui des Chrétiens.
Dans un premier temps, elle obtient de Clovis son autorisation pour faire baptiser leurs deux fils. Un grand malheur va alors frapper le couple. A peine a-t-il reçu le sacrement du baptême que le fils ainé meurt subitement. Quelque temps plus tard, le second tombe gravement malade. Il n’en faut pas plus pour plonger le roi dans le doute…
Vers 495, le drame faillit se reproduire après la naissance de Clodomir (vers 495-524), mais celui-ci se rétablira in-extrémis. Le couple aura d’autres enfants : d’abord deux fils, Childebert (vers 497- 558) et Clotaire (vers 498-561), puis une fille, Clotilde (500-531). Tous seront baptisés et parviendront à l’âge adulte.
« Si l’enfant avait été consacré au nom de mes Dieux, il vivrait encore ! », hurle de douleur le roi des Francs. Mais Clotilde et l’évêque Rémi ne désespèrent pas. Il leur faudra attendre une autre occasion pour persuader le roi de se convertir à la foi du Dieu unique des Chrétiens.
LE VŒU PIEU DE TOLBIAC
Cette opportunité va se présenter lors de la bataille de Tolbiac.
Trois ans plus tard, en 496, Clovis, à la tête de l’armée franque, entre en guerre contre les Alamans
(alliance de tribus germaniques maîtres de la rive gauche du Rhin et représentant un véritable danger pour le royaume franc).
Les deux petites armées se rencontrent furieusement à Tolbiac (de nos jours, petite ville de l’Allemagne de l’Ouest). L’affrontement est meurtrier, et les Francs s’apprêtent à reculer, voire abandonner le terrain…
Clovis est sur le point de perdre la bataille ; il ne sait plus quels Dieux païens invoquer pour obtenir une issue victorieuse du combat.
Voyant ses guerriers se faire massacrer, il sent que la bataille lui échappe. Saisi par le doute et le désespoir, il suit alors le conseil d’Aurélien (conseiller et légat gallo-romain au service du roi franc Clovis 1er) et invoque le Dieu unique de sa femme Clotilde. Ce Dieu qu’elle lui exhortait, depuis leur mariage en 493.
En 213, ils apparaissent pour la première fois dans les écrits romains. En 260, ils conquirent les Champs Décumates, puis essaimèrent une zone couvrant une partie de l’Helvétie (la Suisse), la Décumanie (le pays de Bade), et une partie de la Séquanaise (l’Alsace). Ils participèrent à la germanisation de ces territoires, auparavant romanisés. En 496, les Alamans furent vaincus par les Francs de Clovis. Ce dernier annexa leur territoire à son royaume. Après le traité de Verdun (août 843), ces territoires firent partie de la Francie orientale avant de composer le duché de Souabe, du Xème au XIIIème siècle.
« Ô Jésus-Christ, que Clotilde affirme Fils du Dieu Vivant, toi qui donnes du secours à ceux qui sont en danger, et accordes la victoire à ceux qui espèrent en toi, je sollicite avec dévotion la gloire de ton assistance : si tu m’accordes la victoire sur ces ennemis, et si j’expérimente la vertu miraculeuse que le peuple voué à ton nom déclare avoir prouvé qu’elle venait de toi, je croirai en toi, et me ferai baptiser en ton nom. J’ai en effet invoqué mes dieux, et, comme j’en fais l’expérience, ils se sont abstenus de m’aider ; ce qui me fait croire qu’ils ne sont doués d’aucune puissance ; eux qui ne viennent pas au secours de ceux qui les servent. C’est toi que j’invoque maintenant, je désire croire en toi ; pourvu que je sois arraché à mes adversaires ».
Peu après, le roi des Alamans est tué d’un coup de hache (francisque), et ses guerriers se mettent à reculer puis à fuir. Après la bataille, les Francs soumettront ou massacreront les Alamans captifs.
Clovis est maintenant convaincu : le Dieu des Chrétiens, celui de Clotilde, est le seul vrai Dieu.
Sources
Les rois de France des Éditions Atlas (Les Mérovingiens)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bapt%C3%AAme_de_Clovis
https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9rovingiens
https://fr.wikipedia.org/wiki/Clotilde_(femme_de_Clovis)
1 réponse
[…] huile sacrée servit autrefois au baptême de Clovis. Mélangée au Saint Chrème, elle servira d’onction à l’archevêque Regnault de Chartres pour […]