L’Arc antique de Cavaillon

par Jean Marie Borghino · 21 avril 2025

LES TÉMOINS DU PASSÉ

L’ARC ANTIQUE

DE CAVAILLON

L’Arc antique de Cavaillon

Blason de la ville de Cavaillon

ÉDIFICE : arc antique romain non identifié.

TYPE : arc de triomphe.

ÉTAT : ruines (a connu une série de transformations au fil des siècles).

DATE DE CONSTRUCTION : I^er siècle après J.-C.

ÉPOQUES : « Pax Romana »

La « Pax Romana », textuellement « paix romaine », désigne une période de paix relative ayant eu lieu lors des Ier et IIème siècles de notre ère, au sein de l’Empire romain.

DIMENSIONS : modestes.

PROTECTION : inscrit sur la première liste des monuments historiques en 1840.

PROPRIÉTÉ : la commune de Cavaillon.

COMMUNE : Cavaillon.

DÉPARTEMENT : Vaucluse.

RÉGION : Provence-Alpes-Côte d’Azur.

LOCALISATION

L’Arc antique de Cavaillon

L’arc antique de Cavaillon est un vestige romain se présentant sous la forme d’un petit « tétrapyle » richement sculpté, situé à Cavaillon, dans le département français de Vaucluse, en région Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Un « tétrapyle » est un monument comportant quatre entrées ou portes.

Ce précieux vestige de l’époque romaine du I^er siècle de notre ère est le témoin d’une histoire riche et complexe. Il se trouve sur la place du Clos, au pied de la colline Saint-Jacques qui surplombe le centre de la ville. L’arc se dressait primitivement près de la cathédrale, et désignait probablement l’entrée du forum romain de l’ancienne « Cabellio ». Il faisait vraisemblablement partie d’un complexe plus grand au cœur de la cité antique, sur la Place de l’Évêché (aujourd’hui Place Philippe de Cabassole).

CAVAILLON

Cavaillon

Cavaillon est une commune française du Sud-est de la France qui se trouve dans le département de Vaucluse, en région Provence-Alpes-Côte d’Azur.

La ville est située dans la vallée de la Durance, à l’extrémité ouest de la montagne du Luberon. De 1274 à 1791, cet ancien siège épiscopal faisait partie du Comtat Venaissin. Cavaillon est aujourd’hui la commune la plus peuplée du Parc naturel régional du Luberon, et la quatrième du département de Vaucluse. Cavaillon est considérée comme la capitale du melon.

En 2022, sa population s’élevait à 25 890 habitants, les Cavaillonnaises et les Cavaillonnais.

Cavaillon

Cavaillon, la Porte d’Avignon

Cavaillon

ESCAPADES VAUCLUSIENNES

La cathédrale Notre-Dame et Saint Véran et l’Arc Antique de Cavaillon se trouvent à 12,6 km de l’église Notre-Dame-du-Lac du Thor, à 15,3 km du château de Thouzon, à 19,6 km de l’abbaye Saint-Hilaire, à 20,8 km de l’Abbaye Notre-Dame de Sénanque, à 21,7 km de Pernes-les-Fontaines cité médiévale, à 22 km de la Tour Ferrande, à Pernes-les-Fontaines, à 32,7 km du baptistère de Venasque, à 33 km de Saint-Saturnin-lès-Apt, à 33,4 km des Tours sarrasines de Venasque, à 33, 7 km du château de Lourmarin, à 34,1 km de L’église Saint-Étienne de Cadenet, à 37,9 km de l’église Saint Barthélémy de Vaugines, à 40,3 km du château du Barroux, à 49,9 km de l’église Notre-Dame de Romégas et du château de La Tour d’Aigues, à 56,3 km du théâtre de Vaison la Romaine, du site antique de Vaison la Romaine, et de la cathédrale Notre Dame de Nazareth de Vaison la Romaine, à 56,6 km de l’église Notre-Dame de Beauvoir de Grambois, à 82,5 km du Théâtre antique d’Orange, à 83,5 km de l’arc de Triomphe d’Orange, et à 102 km du château des Adhémar. (Sources Google Maps).

HISTORIQUE

L’Arc antique de Cavaillon

LA PRÉHISTOIRE

On a retrouvé sur le territoire de la commune des traces d’occupation datant de la Préhistoire. Cavaillon doit son nom aux « Cavares » (une fédération de peuples gaulois qui habitaient les lieux dans l’Antiquité). On a mis au jour des puits, des silos et des fosses sépulcrales dans des carrières situées au nord de la colline Saint-Jacques. Leur creusement et leur comblement s’étala sur une période allant du V^ème siècle av. J.-C. au II^ème siècle de notre ère.

L’ANTIQUITÉ

Après la conquête de la Narbonnaise (125-121 avant J.-C.), Cabellio fut une des sept villes les plus importantes de la Province. Elle fut une ville étape sur la voie « Domitienne », et eut un puissant essor.

L’empereur Auguste avait découpé la Gaule en quatre provinces : trois impériales (la Gaule lyonnaise, la Gaule aquitaine et la Gaule Belgique), et une sénatoriale (la Gaule narbonnaise).

Auguste

Géographiquement, la Gaule romaine recouvrait la France actuelle et une grande partie des Belgique et Suisse actuelles.

Lugdunum (Lyon) fut désignée comme étant la capitale des Trois Gaules et le centre névralgique où siégeaient leurs gouverneurs.

La « Via Domitia » (Voie Domitienne) est une voie romaine construite à partir de 118 av. J.-C. Elle reliait l’Italie à la péninsule Ibérique en traversant la Gaule narbonnaise.

La « Via Domitia » (Voie Domitienne) à Narbonne

CABELLIO

Durant la période romaine, la cité se nommait « Cabellio » et son territoire le « Pagus Cabellicus ». Dans la deuxième moitié de cette même période, on retrouve Cavaillon chez le naturaliste latin Pline l’Ancien sous la forme « Cabellio ».

Pline l’Ancien (Caius Plinius Secundus) naquit en 23 apr. J.-C. à Côme, dans le Nord de l’Italie. Il mourut en 79 à Stabies, près de Naples, lors de l’éruption du Vésuve. C’était un écrivain et naturaliste romain du Ier siècle.

Portrait imaginaire de Pline l’Ancien d’après une encyclopédie du XIXe siècle (Bibliothèque du Congrès).

Dès le IV^ème siècle, Cavaillon devint un siège épiscopal, et fit ensuite partie du royaume d’Arles et du marquisat de Provence (ancien fief situé à l’est du Rhône et au nord de la Durance, avec pour capitale Avignon).

LE MOYEN ÂGE

Au Moyen Âge, la seigneurie de Cavaillon fut une dépendance de l’évêque et des vicomtes de Cavaillon, puis du Saint-Siège (territoire du Comtat Venaissin).

Le Traité de Meaux, ou traité de Paris (12 avril 1229), met fin à la Croisade contre les Albigeois, et rattache définitivement les pays occitans à la couronne de France. Par cet accord, toutes les terres situées à l’ouest du Rhône et contrôlées par les armées du Roy deviennent partie intégrante du domaine des Capétiens.

Carte du Comtat Venaissin dans ses limites du XVIIIème siècle et les communes et départements actuels.

Le territoire du Marquisat de Provence, situé à l’est du Rhône, est quant à lui légué à l’autorité pontificale de Rome. (Jusqu’à la Révolution française, il portera le nom de Comtat-Venaissin).

Au XII^ème siècle, Raymond VI de Toulouse étant marquis de Provence, Cavaillon se trouva impliqué dans la Croisade des Albigeois.

Au XIII^ème siècle, la cité prit le nom de « Cavallo ». La ville fut entourée de remparts, dont seuls subsistent aujourd’hui la Porte d’Avignon, reconstruite au XVIII^ème siècle, et un bout de mur sur le Cours Carnot.

Cavaillon, la Porte d’Avignon

Le 11 mai 1331, Guillaume de Cabannes (damoiseau de Cavaillon) vendit à la Cour, en son nom, et en celui des autres propriétaires, ses droits sur le péage d’Orgon, sur la Durance.

Damoiseau : titre donné, au Moyen Âge, au fils d’un seigneur, à l’aspirant chevalier et au noble non adoubé.

Damoiselle : fille de noble condition, épouse de damoiseau.

Alfant Romei, appartenant à une importante famille cavaillonnaise, était un noble originaire de Cavaillon (viguier de Tarascon en 1326, et d’Aix en 1327). Tout comme Guillaume de Cabannes, il vendit à la cour sa part du péage.

Le Viguier était, dans le sud de la France, un officier royal d’administration et de justice.

LA RENAISSANCE

En 1526, Gaucher de Brancas (baron de Céreste) accorda aux Dominicains le droit de s’établir à Cavaillon, et leur attribua une maison près la porte Saint-Michel (une initiative réalisée dans le contexte de la lutte contre les « Vaudois », une minorité religieuse dont la présence constituait un berceau du protestantisme dans la région et en France).

Le Valdéisme (Vaudois) : thèse religieuse de Pierre Vaudès (ou Valdo,1140-1206, originaire de Lyon), qui fut condamnée en 1184 par le pape Alexandre III.

LES GUERRES DE RELIGION

En 1562, le terrible baron des Adrets et ses milices protestantes s’emparèrent, pillèrent et saccagèrent la ville. La cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Véran subit alors de lourds dommages.

François de Beaumont, « baron des Adrets » (né en 1512 ou 1513-mort en 1587), était un capitaine dauphinois des guerres de Religion. Réputé pour sa cruauté dans les actions, il fut un fidèle partisan des troupes protestantes, puis changea de camp en 1564 pour rejoindre les catholiques.

LA RÉVOLUTION

Avant la Révolution française et l’annexion par la France des États pontificaux (Avignon et Comtat Venaissin), Cavaillon était l’une des quatre villes, avec Avignon, Carpentras et L’Isle-sur-la-Sorgue, où il existait une « carrière » (rue ou quartier juif où résidait toute la population juive de certaines villes du Comtat-Venaissin ; il était fermé la nuit).

Le 12 août 1793, le département de Vaucluse voit le jour. Il est composé des circonscriptions d’Avignon et de Carpentras, ainsi que de celles d’Apt et d’Orange (qui appartenaient aux Bouches-du-Rhône), mais aussi du canton de Sault, qui appartenait aux Basses-Alpes.

En 1801, l’évêché de Cavaillon (qui datait du IV^ème siècle) est dissout ; le diocèse se désagrège. Quelques années plus tard, et progressivement jusqu’en 1820, le Palais épiscopal sera détruit.

PÉRIODE MODERNE

Le 26 février 1876, six ans après la proclamation de la République Française, Cavaillon est le théâtre de houleuses manifestations lors de la venue du Républicain Léon Gambetta, pour une campagne électorale.

Le 14 novembre 1887, Cavaillon est secouée par un fort tremblement de terre.

Le 4 septembre 1907, trente-sept ans après la proclamation de la III^ème République, un gigantesque monument, dédié à Léon Gambetta, est inauguré en présence de l’ancien président de la République Emile Loubet.

Cavaillon devient sous-préfecture de 1926 à 1933.

L’ARC ANTIQUE DE CAVAILLON

L’Arc antique de Cavaillon

Il se trouve sur la place du Clos, au pied de la colline Saint-Jacques qui domine le centre de la ville. Malgré sa taille modeste, ses vestiges représentent un chef-d’œuvre architectural issu de l’Antiquité.

L’Arc antique de Cavaillon

Ses dimensions sont modestes. Sa structure est constituée de deux arcs en plein cintre supportés par quatre piliers, qui s’appuient majestueusement sur des corniches, elles-mêmes ornées de frises d’oves et de décors ovales typiques de l’art antique.

LES DEUX ARCS EN PLEIN CINTRE ET LES PILIERS

En architecture, l’arc plein cintre est un arc parfaitement semi-circulaire sans brisure. Il se distingue des arcs surbaissés et des croisées d’ogives. Constitués d’un appareil régulier, tous les moellons sont de même taille et de même forme.

L’Arc antique de Cavaillon

Les faces externes des piliers affichent des pilastres embellis de rinceaux, et couronnés de chapiteaux à feuilles d’acanthe ; alors que la base des pilastres est dotée de représentations identiques mais de taille plus grande. Ce qui donne une régularité visuelle au monument. La base des pilastres est ornée de feuilles d’acanthe de grande taille.

Le rinceau est un motif ornemental constitué d’une tige se développant en volutes et en contre-volutes, ornée le plus souvent de feuillages, de fleurs ou de fruits, servant d’ornement en architecture ou dans les arts décoratifs.

Rinceaux surmontés d’un chapiteau à feuilles d’acanthe.

Les arcs viennent prendre appui sur des corniches agrémentées de frises d’oves.

Corniche avec frise d’oves

Feuilles d’Acante

DIVINITÉ DE LA VICTOIRE ET DU TRIOMPHE

L’arc inférieur arbore une archivolte enrichie d’une frise de feuilles d’acanthe, et surplombée d’écoinçons ornés de génies (des divinités de la mythologie antique) portant une couronne (l’écoinçon de gauche étant en meilleur état de conservation que celui de droite).

Nikè était à l’origine la déesse « Victoire ailée », comme la « Victoire de Samothrace ».