Les Témoins du Passé – Le Théâtre antique d’Orange
LES TÉMOINS DU PASSÉ
ANTIQUITÉ
LE THÉÂTRE ANTIQUE
D’ORANGE
ÉDIFICE : théâtre romain.
STYLE : gallo-romain.
ÉTAT : un des théâtres romains les mieux conservés au monde.
LIEU : Orange (Arausio, nom latin de la ville d’Orange), Vaucluse.
DATE DE CONSTRUCTION : vers 36 av. J.-C.
ÉPOQUE : province romaine de la Gaule narbonnaise, sous le règne d’Auguste « Gaius Octavius Thurinus » (63 av J.-C / 14 apr J.-C).
PROTECTION : inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Géographiquement, la Gaule romaine recouvrait la France actuelle et une grande partie des Belgique et Suisse actuelles. Lugdunum fut désignée comme étant la capitale des Trois Gaules et le centre névralgique où siégeaient leurs gouverneurs.
CAPACITÉ : 9 000 places.
DIMENSIONS :
– Le mur de scène (façade nord) : 37 mètres de haut sur 61 mètres de long, et 1,80 mètre d’épaisseur.
– La scène (proscenium) : large de 61 mètres sur 9 mètres de profondeur.
– L’orchestra : 19 mètres de diamètre.
– La cavea : elle se compose de 34 rangées de gradins séparées par des murs, et pouvait contenir 9000 spectateurs.
Comme de nombreux théâtres romains de l’époque, le diamètre de la cavea était égal à la longueur du bâtiment de scène avec ses annexes, soit environ 37 mètres.
Lire : Le Théâtre antique d’Arles
LEXIQUE DE L’ARCHITECTURE
L’entablement : en architecture classique il désigne la partie supérieure de l’ordre antique, située au-dessus des chapiteaux et sous la toiture. Il comprend l’architrave, la frise et la corniche. Le frons scaenae : mur de scène comportant généralement un décor sur trois niveaux de colonnes, des niches pour les statues, et des portes d’accès. Sa façade faisait face à la cavea et servait de décor au proscenium (scène) du théâtre. Malus : mâts ou robustes perches, reposant sur des consoles ou des corbeaux ménagés à cet effet, au sommet du mur extérieur d’un théâtre ou d’un amphithéâtre. Ces mâts servaient à attacher le velum. L’orchestra (lieu où danse le chœur) : espace plan, approximativement semi-circulaire dans les théâtres romains, compris entre la scène et les premiers gradins. Il désigne en architecture la partie du théâtre antique accueillant le chœur (chanteurs et musiciens). Le parascenium : chez les Romains, c’était une place derrière le théâtre où les acteurs se retiraient pour se changer. Pièces situées de part et d’autre de la scène (proscaenium) et communiquant avec elle par une porte. Elles avaient généralement plusieurs étages. Le postscenium : partie du théâtre située derrière le mur de scène, souvent en forme de couloir vouté, plus bas ou de même hauteur que le mur de scène. C’est dans cette partie que se retiraient les acteurs pour changer de costumes. Le proscenium : avant-scène chez les Grecs. C’est la partie du théâtre antique où jouaient les acteurs, comprenant à la fois ce que nous appelons la scène et l’avant-scène. Le pulpitum (tréteaux, estrade, chaire, tribune) : il s’étend devant la scène. Surélevé par rapport à l’orchestra, le pulpitum présente aux spectateurs une petite façade architecturale. La Scaena : scène dans le théâtre grec. Elle désigne dans le théâtre romain les coulisses à l’arrière du mur de scène. Le style dorique : l’ordre dorique est le plus simple et le plus dépouillé des trois ordres d’architecture grecque. Les colonnes doriques se caractérisent particulièrement par leur chapiteau à échine plate (nue, sans décors), par leur fût rehaussé de 20 cannelures, et par l’absence de base pour le dorique grec. La frise dorique est définie par ses triglyphes et ses métopes. Valva : portes dans le mur de scène, souvent au nombre de trois, qui permettaient de passer des coulisses vers la scène. La porte centrale était appelée porte royale (valva regis), et de part et d’autre de celle-ci se trouvait une porte latérale (valva hospitalis). Le personnage principal apparaissait par la porte royale et les personnages secondaires par les portes latérales. Velum ou velarium : grande pièce de tissu, généralement en lin, que l’on étendait dans les théâtres et amphithéâtres romains au-dessus des spectateurs, pour les protéger du soleil. Les vomitoires : du latin vomitere, sortir. Couloirs et galeries qui permettaient accès aux gradins.
ARAUSIO
Nom latin de la ville d’Orange
SITUATION
Orange, surnommée la « Cité des Princes », est une commune française située au nord-ouest du département de Vaucluse, en région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
LE THÉÂTRE ANTIQUE
PRÉSENTATION
Semblable à un écrin posé au cœur de la vallée du Rhône, le Théâtre antique d’« Arausio » est sans nul doute l’un des plus beaux héritages de la Rome impériale. Il représente un témoignage remarquable de la civilisation romaine.
Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, cet édifice antique est le mieux conservé en Occident. Le Théâtre romain d’Orange est réputé notamment pour l’exceptionnelle conservation de son mur de scène, étonnamment préservé et unique dans le monde occidental.
Haut lieu de spectacles sous l’Empire romain, il le demeure encore aujourd’hui pour le plus grand bonheur des mélomanes du monde entier.
Adossé à la colline Saint-Eutrope, il fut érigé au 1er siècle de notre ère, quelques décennies après la fondation d’Orange. Avec le Théâtre Antique d’Arles, il fait partie des premiers grands édifices publics construits dans la province narbonnaise au début de l’Empire.
Depuis 1981, plusieurs monuments d’Orange sont inscrits au répertoire des monuments mondiaux de l’UNESCO sous le titre : « Théâtre antique et ses abords » et « Arc de Triomphe » d’Orange.
LE THÉÂTRE ET LA CULTURE LATINE
Construit pour accueillir le public gallo-romain, le théâtre permettait de répandre la culture latine auprès des populations colonisées. Ainsi neuf mille spectateurs se pressaient dans sa cavea pour assister à des tragédies, des comédies, mais aussi des spectacles de danses, d’acrobatie et de jonglerie.
Le théâtre prenait une place importante dans la vie de la cité et de ses habitants. Le peuple y passait une grande partie de son temps libre ; les divertissements duraient toute la journée. Les Romains étaient peu enthousiastes des tragédies grecques ; ils étaient friands de comédies, pantomimes, mimes, poésies et surtout l’attelane (catégorie de comédie du théâtre latin assez similaire de la Commedia publique populaire). La mise en scène va prendre alors un essor considérable et l’on va assister au développement d’ingénieuses machineries.
Le théâtre était gratuit, tout le monde pouvait y entrer et assister aux représentations. Mais le mélange des couches de la société romaine avait des limites à ne pas franchir. La circulation dans les couloirs et les galeries, ainsi que le placement dans la cavea, étaient conçus pour que les spectateurs des différents milieux sociaux ne se mélangent en aucune manière.
L’ATELLANE
Cette farce bouffonne de courte durée, souvent obscène, reposait sur un modèle qui laissait une large part à l’improvisation. Les rôles fixes étaient joués par cinq personnages masqués, nommés Maccus (le niais), Bucco (le glouton), Pappus (le vieil avare), Dossennus (le bossu malicieux) et Manducus (l’ogre terrifiant). À ces cinq personnages masqués anthropomorphes, il faut ajouter un sixième : Kikirrus, au masque thérianthrope d’un coq, qui se rapproche du traditionnel polichinelle napolitain. Par ses particularités distinctives, l’atellane préfigure une certaine idée de la commedia dell’arte.
LA ROMANISATION !
Dans tout l’Empire, les Romains, au fur et à mesure de leur expansionnisme, ont bâti des villes prenant pour modèle Rome. Sur place, ils y ont construit des monuments identiques : forums, temples, thermes, aqueducs, édifices de spectacles ou de jeux (cirques, amphithéâtres ou arènes, théâtres). En appliquant partout un même style d’architecture, il ont marqué de leurs empreintes une appartenance à la civilisation romaine. Les peuples conquis se trouvaient par là-même fédérés par un même mode de vie.
HISTORIQUE
La ville d’Orange est fondée en 40 av J.-C. par les vétérans de la IIème légion gallique de César, sous le nom d’« Arausio ».
– Sous le règne de l’Empereur Auguste « Gaius Octavius Thurinus » (63 av J.-C / 14 apr J.-C), elle se developpe et prend son essor. C’est aussi durant cette période, au 1er siècle de notre ère, que le théâtre est construit.
– En 391, le monument est fermé. Les Romains étaient très friands des spectacles profanes qui y étaient présentés. Mais le christianisme, imposé par l’Empereur Constantin, était devenu la religion officielle de l’Empire, et l’Eglise condamnait strictement toutes ces représentations. Le théâtre va suivre la même destinée que l’Empire et connaître la même décadence.
– Au IVème siècle, après la chute de l’Empire, le théâtre est abandonné, et sera pillé et dévasté par les barbares.
Au Vème siècle, les Wisigoths s’emparent d’Orange. Les pierres et les gradins de la cavea servent à construire des sarcophages. Les décors du mur de scène sont arrachés, la statue de l’Empereur détruite, et le toit du théâtre brûlé.
Au Moyen Âge, le théâtre est utilisé comme poste de défense, ce qui l’épargnera de la destruction.
Au XVIème siècle, il sert de refuge aux populations durant les Guerres de Religion.
En 1825, un programme de restauration voit le jour à l’initiative de Prosper Mérimée (directeur des Monuments Historiques). La réhabilitation des gradins de la cavea ne sera entreprise qu’à la fin du siècle ; les procédures d’expropriation demandent beaucoup de temps. La restauration du monument est confiée à l’architecte Simon-Claude Constant-Dufeux (1801-1871).
Dès 1869 on y présente chaque été un festival, les « Fêtes romaines » ; le théâtre retrouve ainsi sa vocation de lieu de spectacle.
En 1902, les « Fêtes romaines » sont rebaptisées « Chorégies d’Orange ».
Aujourd’hui le théâtre est l’un des monuments les plus visités d’Orange. Il est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.
ENTRÉE
LA FAÇADE EXTÉRIEURE OU POSTSCAENIUM
Par temps de pluie ou de canicule, une grande toile, le velum, était tendue pour protéger les spectateurs. Ce système se mettait en place grâce à des poutres (malus) fixées aux corbeaux couronnant les murs. Le velum recouvrait ainsi soit la scène soit le théâtre tout entier. Les supports et les corbeaux sont toujours visibles aujourd’hui (voir photos ci-dessous).
LE MUR DE SCÈNE, LE FRONS SCAENAE
Louis XIV disait en parlant du mur de scène : « C’est la plus belle muraille de mon royaume »
Il avait une double importance, puisqu’il diffusait le son, et représentait le seul décor architectural du théâtre.
Il est à noter que certains éléments mobiles et accessoires du décor étaient installés pour donner une illusion de mouvement, d’espace et de perspective.
Sa hauteur d’origine de 37m a été préservée. Le frons scaenae était richement décoré de marbres multicolores, de statues dans des niches, de frises et de colonnes.
Les colonnes actuellement remises en place (à l’origine au nombre de 76) ont été trouvées en 1931, lors des fouilles réalisées sous la scène.
Le mur de scène est constitué de trois niveaux. Au centre on trouve la valva regis, qui était réservée aux acteurs principaux. Elle était surplombée d’une frise décorée de centaures (vestiges exposés au Musée d’Orange).
De part et d’autre de cette porte on trouve des niches décorées de statues. La plus importante est celle qui abritait la statue de l’Empereur Auguste, haute de 3,55 mètres.
Sur les côtés de la porte centrale se trouvent des ouvertures latérales, plus étroites, nommées « hospitalis ».
Les deuxième et troisième étages étaient garnis de colonnes d’un aspect simplement décoratif.
Les parties latérales
La partie centrale
La porte royale, valva regis, et les portes latérales, valva hospitalis
Statue d’Auguste dans sa niche
Le toit du mur de scène
En 2006, le toit de scène a été reconstruit, afin de protéger les murs du théâtre et de permettre l’accrochage des projecteurs pour l’éclairage de la scène. Le nouveau toit s’inspire de l’architecture du toit romain originel mais avec des matériaux plus modernes : le verre et le métal.
L’ORCHESTRA ET LE PULPITUM
L’orchestra est un demi-cercle de 19 mètres de diamètre. Il représente l’épicentre de la cavea. Chez les Grecs, il accueillait les chœurs des tragédies. L’orchestra, à l’origine en terre battue, fut ensuite couvert d’un dallage, disparu aujourd’hui.
LES GRADINS OU LA CAVEA
La cavea pouvait contenir 9 000 spectateurs répartis selon leur rang social. Afin d’assurer une meilleure solidité et de faciliter la construction de l’ensemble, les gradins ont été bâtis à flanc de colline (Saint-Eutrope).
Scindée en trois séries, la cavea est répartie par des escaliers rayonnants. La série supérieure était chapeautée d’un portique.
LES CORRIDORS ET LES VOMITOIRES
VESTIGES & FOUILLES
Sources :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9%C3%A2tre_antique_d%27Orange
https://www.theatre-antique.com/fr/la-decouverte-du-lieu/theatre-antique
http://romain.archi.free.fr/index.php?page=theatre%20d%20Orange
https://www.panoramadelart.fr/theatre-d-orange
Merci pour cet article très intéressant sur le théâtre antique d’Orange ! J’ai appris beaucoup de choses sur l’histoire de ce lieu emblématique. Je suis curieux de savoir si vous avez déjà assisté à une représentation dans ce théâtre ? Si oui, quelle a été votre expérience ? Si non, est-ce que cela vous tente ? Merci encore pour ce partage enrichissant !