L’abbatiale Saint-Gilles du Gard

LES TÉMOINS DU PASSÉ

L’ABBATIALE SAINT-GILLES DU GARD

L’abbatiale Saint-Gilles du Gard

 

Blason de la ville de Saint-Gilles

TYPE : abbatiale.

CULTE : catholique romain.

STYLE DOMINANT : roman provençal.

L’art roman provençal présente comme caractéristique d’être fortement influencé par l’antiquité romaine, en se référant aux nombreux vestiges romains subsistants en Provence.

On trouve comme style d’architecture :

Des porches évoquant un arc de triomphe, des frontons triangulaires, des entablements à l’antique constitués d’une architrave, d’une frise et d’une corniche, des colonnes cannelées, des pilastres cannelés, des chapiteaux à feuilles d’acanthe, des bas-reliefs décorés de rinceaux et des triglyphes.

On distingue également divers types de frises :

Des frises de feuilles d’acanthe, de rinceaux, de palmettes, d’oves, et de grecques (variante de la frise de méandres) 


VOCABLE : initialement dédiée à Saint-Pierre et Saint-Paul, puis au IXème siècle à Saint-Gilles.

RATTACHEMENT : Cluny.

ORDRE : bénédictin.

ÉPOQUE : Moyen Âge.

DÉBUT DE CONSTRUCTION : VIème siècle de notre ère.

FIN DE CONSTRUCTION : XVème siècle.

CAMPAGNES DE TRAVAUX TARDIVES :

Reconstruction partielle : XVIIème siècle.

Restauration générale : 1842-1868.

PROPRIÉTÉ : la commune.

PROTECTION : classement sur la liste des Monuments Historiques en 1840.

PATRIMOINE MONDIAL : 1998.

VILLE : Saint-Gilles.

 

 

 

DÉPARTEMENT : le Gard.

RÉGION : l’Occitanie.

LOCALISATION

La ville de Saint-Gilles (aussi appelée Saint-Gilles-du-Gard) est une commune française située dans le sud-est du département du Gard, en région Occitanie. Ses habitants sont appelés les Saint-Gillois et Saint-Gilloises.

HISTORIQUE DE LA VILLE

Situé au nord d’une agglomération antique identifiée avec la Rhodanousia grecque, le site médiéval de Saint-Gilles se développe à partir du XIème siècle grâce à la présence du monastère bénédictin influent et prospère. Mentionnée dès 814, d’origine hypothétique, l’abbaye doit sa grande renommée au pèlerinage du tombeau de son fondateur légendaire, invoqué pour la libération des prisonniers, la guérison des infirmes et des malades.

Rhodanousia : nom d’un important poste grec situé près de l’embouchure du Rhône, probablement localisé au niveau des lieu-dit l’Argentière et Espeyran, sur la commune de Saint-Gilles (Gard).

Dans le même temps, la ville connaît une période de prospérité économique grâce au commerce, et devient un port important du bassin méditerranéen. Les marchands et les voyageurs s’y pressent, ainsi que les pèlerins en partance pour la Terre Sainte. Ce foisonnement anime le site fortifié et assure la célébrité du Saint et de la cité (terre de Raymond de Saint Gilles, comte de Toulouse, l’un des illustres chefs de la Première Croisade).

UNE RENOMMÉE MONDIALE…

Dès le XIIème siècle, Saint-Gilles devient le quatrième lieu de pèlerinage de la Chrétienté du Moyen Âge après Rome, Jérusalem, et Saint Jacques de Compostelle. Son abbaye est placée sous la protection du Saint Siège. La richesse de la cité est encore visible à travers son abbatiale et les belles demeures médiévales du centre historique.

À la fin du XIème siècle, sous l’influence du pape Grégoire VII, le monastère de Saint-Gilles est rattaché à Cluny. En 1132, les moines de Saint-Gilles, après plusieurs refus, acceptent enfin de se soumettre à la réforme de Cluny et à la règle bénédictine.

Le monastère connaît dès lors une période de grande prospérité. La protection du pape et les reliques qu’il abrite assurent des revenus conséquents à la communauté. Un projet de construction d’une nouvelle église est alors envisagé. Son édification aura lieu essentiellement au XIIème siècle, époque à laquelle est sculptée la façade. Les derniers travaux ne seront achevés que bien plus tard (le transept au XIVème siècle, et le clocher au XVème siècle).

Au XIIème siècle, Saint-Gilles abritait un port d’embarquement pour Rome et la Terre Sainte. L’abbaye de Saint-Gilles du Gard possédait le corps de son fondateur : un saint Gilles légendaire, moine et ermite.

Les pèlerins venaient de toute l’Europe, et son sanctuaire était le plus visité de tout l’Occident chrétien. Les foules qui s’y pressaient étaient si nombreuses que 134 changeurs de monnaies leur étaient nécessaires. C’était un chiffre énorme comparé à celui des grandes villes et ports d’Europe, qui ne comptaient que 30 changeurs.

Les changeurs de monnaies étaient chargés du commerce des métaux précieux. Moyennant une commission, ils recevaient et changeaient sur les places marchandes les monnaies étrangères, anciennes, défectueuses et démonétisées. Ces précurseurs de la banque exerçaient leur profession en public, sur un comptoir appelé table ou banc.

Ce commerce est généralement considéré comme l’origine de la banque moderne en Europe.


Le développement fut tel qu’en 1116, l’église primitive et deux autres églises furent démolies pour laisser place à une nouvelle abbatiale. Cette dernière sera beaucoup plus grande : 93 mètres de long. Elle fut édifiée au-dessus de l’église primitive (c’est à dire la crypte actuelle, où git le corps du saint).

La grande majorité arrivait par le chemin de Régordane (ou chemin de Saint-Gilles), le tronçon cévenol de la route qui reliait l’Île-de-France au Bas Languedoc et à la Méditerranée. Cette route fut mise en service vers 843 (date où le traité de Verdun divisa en trois l’Empire carolingien). Elle devint alors l’itinéraire le plus oriental du royaume qui, via Le Puy-en-Velay, menait au pèlerinage de Saint-Gilles.

En 1562, l’église endure les ravages des Guerres de Religion et sera saccagée par les Huguenots. Au XVIIème siècle, elle fait l’objet d’une restauration et d’une finition sommaire. Son grand clocher-campanile abattu n’est pas reconstruit. La nef est raccourcie et abaissée, et le chœur roman ne sera pas réaménagé.

Entre 1842 et 1868, l’édifice reçoit une nouvelle restauration plus complète. Les deux entrées latérales de la grande façade sont débouchées, et un large escalier est aménagé sur le parvis.

Le tombeau de saint Gilles ne sera redécouvert qu’en 1865. Le pèlerinage, quant à lui, ne reprendra qu’un siècle plus tard, en 1965.

SAINT-GILLES

UN MOINE, UN ASCÈTE

Saint Gilles et la biche

Saint Gilles l’Ermite naquit à Athènes au VIIème siècle, vers 640. Après quelques temps passés à Rome, il vint s’installer près de Nîmes, à Collias, pour vivre en ermite dans les forêts ; non loin du cours du Gard, à l’endroit où existe toujours un modeste ermitage. Il y rencontra Saint Vérédeme (qui sera évêque d’Avignon en 720). Il mourut en 720, à 80 ans.

SON ŒUVRE

Très vite, il s’illustra par les miracles qu’il accomplit. Mais il dut fuir sa renommée, et partit en Provence. Devenu abbé, il conseilla les plus grands, papes et rois.

Cathédrale saint Samson à Dol de Bretagne- Saint Gilles et la biche

Une légende raconte qu’un grand personnage mérovingien, le maire du palais Charles Martel, lui demanda l’absolution pour un très grand péché (inceste). Alors que Saint Gilles célébrait la messe, un ange plaça sur l’autel un parchemin où était relatée la faute.

Église saint Gilles cripplegate à Londres- Saint-Gilles et la biche

Au fur et à mesure du déroulement de l’office, les traces écrites du péché s’effacèrent sur le parchemin ! un miracle ! Saint patron des infirmes, des mendiants et forgerons, il fut vénéré comme un des quatorze saints auxiliaires. Qualifié de Saint Auxiliaire au sens d’intercesseur dans le domaine de l’épilepsie, la folie, la stérilité et la possession démoniaque, il délivra les personnes qui en étaient victimes.

LA LÉGENDE

Le saint est représenté souvent par une biche, une main et une flèche car, selon une légende hagiographique du Xème siècle (qui concerne la rédaction de la vie de saints), une biche, poursuivie par des chasseurs du roi Wamba (roi wisigoth d’Hispanie et de Septimanie de 672 à 680), se réfugia dans sa grotte, et vint se coucher à ses pieds. La main du saint en prière fut alors transpercée par la flèche d’un chasseur obstiné visant l’animal. Le roi Wamba présenta ses excuses au saint, protecteur de la biche réfugiée en sa demeure, et lui demanda de faire pardonner la faute de ses hommes. C’est alors que le moine le persuada de fonder en un lieu un monastère qu’il avait choisi pour son tombeau. 

Le roi Wamba

Ce monastère deviendra l’abbaye-abbatiale à Saint-Gilles-du-Gard, et connaîtra un immense rayonnement. Les pèlerins s’y arrêteront et chanteront les louanges de Saint Gilles lors de leur retour au pays. L’abbaye deviendra une étape vitale de pèlerinage, autant sur le chemin de Rome que sur celui de Saint-Jacques-de-Compostelle. Il est à noter qu’à cette époque (au Moyen Âge) de nombreux garçons seront baptisés Gilles. L’ermite sera canonisé dès le VIIIème siècle par les Bénédictins de Saint-Gilles.

SON CULTE

Saint Gilles et la biche

Au Moyen Âge, son culte se répand rapidement. De nombreux pèlerins venus des pays les plus lointains (Flandres, Saint-Empire romain germanique, Danemark, Norvège, Écosse, Hongrie, Pologne…) accourent vers son tombeau. Tous viennent et invoquent saint Gilles pour lutter contre la peur et le feu, pour la guérison des maladies nerveuses, et pour la protection des enfants. Ils se rendent non seulement en Provence et dans le Languedoc, mais aussi dans la plupart des pays de la chrétienté. Saint Gilles est surtout invoqué comme Saint pouvant aider les pénitents lors des aveux difficiles.

PATRONAGE

Vitrail représentant saint Gilles, église de Marsaneix.

Patron des estropiés, on l’invoque aussi contre le cancer, la stérilité des femmes, et la folie. De nombreuses villes et villages portent son nom en France et à l’étranger, et plus de 2 000 églises le désignent comme patron. À Paris, son nom est lié à celui de saint Loup de Sens (encore appelé Saint Leu). Les fêtes de ces deux saints ont lieu le même jour (le 1er septembre), et se partagent le vocable d’une même église.

L’ABBATIALE

Les textes attestent de l’existence de trois églises primitives, dont une renfermant le tombeau de Saint-Gilles. L’abbatiale actuelle aurait été érigée au cours du dernier tiers du XIIème siècle, et achevée au XIIIème siècle. Les travaux ont pu s’effectuer grâce aux nombreux dons de la foule des pèlerins qui, déjà à cette époque, accouraient pour vénérer le culte du Saint.

L’ÉGLISE HAUTE

En bleu la partie du cœur de l’abbatiale qui a été détruit

La partie haute de l’abbaye a considérablement souffert des ravages causés par les Protestants, puis par les Révolutionnaires. Les seuls éléments originaux datant du XIIème siècle sont les piliers massifs de style corinthien.

Les voûtes de la nef actuelle, sur croisées d’ogives, datent de la grande restauration du milieu du XVIIème siècle. Elles sont hautes de 16 m, et seulement de 10 m pour celles des collatéraux.

Voûte

Le tableau central, dans le chœur, représente la rencontre entre Gilles et le roi Wamba (Melchior Doze, 1878).

 

A l’origine, l’abbatiale avait des dimensions imposantes : 98 m de long pour 25 m de large. La hauteur des voûtes atteignait 26 m pour la grande nef, et 15 m pour les bas-côtés (collatéraux).

L’abbatiale possédait un grand clocher au sud de son transept. Sa chute, au moment des Guerres de Religion, entraîna des dégâts irréparables sur ce point de l’édifice ; une partie de la crypte fut même endommagée lors du sinistre, puis restaurée.

L’ANCIEN CHŒUR

Vestiges de l’ancien chœur

Il a complètement disparu. Ses ruines donnent une idée surprenante de ce que fut l’abbatiale du XIIème au XVIème siècle. Elles nous laissent apparaître l’épaisseur des murs de l

Escalier en vis

’époque, ainsi que la structure des trois nefs qui ont été brusquement « tronqués ».

Escalier à vis

Cette démesure s’accentue lorsqu’on sait que la longueur originale de l’abbaye était de 98 mètres (contre moins de 50 aujourd’hui).

On distingue dans l’abside, tout autour du très large déambulatoire semi-circulaire, cinq chapelles rayonnantes.

L’autel et la statue du pape Clément IV (natif de Saint-Gilles) sont au centre du chœur. Près de la Vis demeurent en élévation complète un pilier roman, avec son chapiteau décoré d’un ange ailé, ainsi qu’un demi œil-de-bœuf percé dans le mur, en assez bon état.

La célèbre Vis de Saint-Gilles se présente sous la forme d’une structure hélicoïdale, ou « en colimaçon ». Au XIIème siècle, cet escalier n’était qu’un simple escalier de service, certainement emprunté par les moines afin de se rendre dans les combles de l’église et accéder au campanile.

LA FAÇADE

La façade de l’abbatiale Saint-Gilles du Gard

Elle affiche un choix riche et varié 

Comme pour d’autres édifices religieux romans, la façade de l’abbaye de Saint-Gilles peut s’apparenter à un véritable « livre de pierre ». Elle a été réalisée pour les croyants, les pèlerins et les hommes de cette époque, généralement illettrés.

Les différents styles nous révèlent que ce chef-d’œuvre a été conçu par probablement cinq ateliers distincts. La façade est sans doute un prodigieux exemple attesté d’art roman provençal.

Le clocher de la façade de l’abbatiale Saint-Gilles du Gard

Les trois portails

La partie inférieure

On y découvre des scènes de l’Ancien Testament et un bestiaire.

La partie médiane et les frises

Il est composé essentiellement de colonnes, de statues, des personnages et des scènes du Nouveau Testament (lavement des pieds).

Les tympans

Chacun évoque une étape majeure de la vie du Christ (adoration des mages, crucifixion, majesté).

LA CRYPTE ET LE TOMBEAU DE SAINT-GILLES

La salle du tombeau de Saint-Gilles

La vaste crypte (ou église basse) s’étale sous la nef de l’église supérieure. Sa fondation remonte au début du IIème millénaire.

Le IIème millénaire ap. J.-C. a commencé le 1er janvier 1001 (du calendrier julien) et s’est achevé le 31 décembre 2000 (du calendrier grégorien).

A l’époque ce lieu représentait, en termes d’affluence, le quatrième lieu de pèlerinage de la chrétienté après Rome, Jérusalem et Saint-Jacques de Compostelle. Des fidèles du monde entier se rassemblaient alors autour du tombeau pour célébrer la vie du Saint.

La crypte mesure 50 m de long par 25 m de large à son extrémité ouest, ce qui correspond aux deux travées restantes du collatéral nord. Elle est divisée, comme une église classique, en trois vaisseaux de six travées chacune (excepté, donc, pour le collatéral nord, comblé partiellement afin de soutenir l’église haute).

La travée centrale est la plus élaborée d’un point de vue architectural : revêtement cannelé, arcs diagonaux avec rubans plissés et clé de voûte ornée d’un Christ souriant et bénissant… La confession, quant à elle, ne fut dégagée qu’au XIXème siècle, lorsqu’on redécouvrit par la même occasion le tombeau du saint.

Ce fut l’abbé Goubier qui, en 1865, y déchiffra du latin l’inscription suivante : « Dans ce tombeau repose le corps du bienheureux Gilles ».

L’emplacement de la crypte, sous l’église supérieure, est inhabituel. Il est dû à la position du tombeau du saint. Les moines pouvaient y accéder par une porte donnant sur le cloître. Elle se distingue par le décor raffiné de ses voûtes sur croisées d’ogives et ses piliers aux références antiques.

Entrée

Statues de Saint-Gilles et de Clément IV

Tombeau de Saint-Gilles

Tombeau de Pierre de Castelnau

Lire :

La Croisade des Albigeois

Pierre de Castelnau

Graffitis et marques des tâcherons

Escalier des Pèlerins

Premier escalier abandonné lors de la construction de l’Église haute

Gisant, sarcophages et stèles

Voûtes

Puits

Ossuaire

 

Sources :

Mes photos

Photos publiques Facebook

Panneaux explicatifs affichés dans l’abbatiale à l’attention du public.

Fascicule de visite offert avec le droit d’entrée. Document édité par l’Office de Tourisme de Saint Gilles.

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_abbatiale_de_Saint-Gilles_du_Gard

https://monumentum.fr/eglise-saint-gilles-pa00103208.html

 

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2 réponses

  1. Granjon Baptiste dit :

    bonjour. Je suis fan de vos pages d’histoire. Je suis impressionné par votre travail et vous remercie du travail immense que vous faites.

    • Jean Marie Borghino dit :

      Bonjour
      Merci pour vos compliments ça me touche beaucoup. En effet ça me donne beaucoup de travail, et de recherche, mais c’est ma passion depuis toujours.
      Merci de me lire avec autant d’intérêt.
      Bien cordialement
      JMB

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