La chapelle palatine de « Carolus Magnus »

LES CAROLINGIENS

Effigie Charlemagne et autour l’inscription KAROLVS IMP AVG (Karolus imperator augustus).

LA CHAPELLE PALATINE DE « CAROLUS MAGNUS »

La chapelle palatine d’Aix-la-Chapelle au centre

Blason d’Aix-la-Chapelle

SOMMAIRE

A la fin du VIIIème siècle, l’empire franc représente à peu près tout l’Occident chrétien. Il s’étend à l’Est jusqu’à l’Elbe et au Danube, au sud-est jusqu’à Bénévent (en Campanie, Italie), et au sud-ouest jusqu’à l’Èbre (fleuve d’Espagne).

Seuls quelques petit royaumes anglo-saxons et espagnols n’ont pas été intégrés. Ils représentent une infime quantité. D’ailleurs, ces petites monarchies se révèlent amicales, et affichent envers le roi des Francs une vraie reconnaissance pour sa protection.

Donc, la suprématie de Charlemagne s’applique à tous les pays, et à tous les hommes qui admettent le pape de Rome comme autorité centrale de l’Église.

Au-delà, c’est le monde barbare du paganisme, ou le monde infidèle de l’Islam, ou enfin le vieil Empire d’Orient byzantin (celui-ci est Chrétien, certes, mais montre une orthodoxie bien incertaine et, de plus en plus, les Byzantins se groupent autour du patriarche de Constantinople, ostracisant ainsi le pape de Rome).

Monogramme de Charlemagne sur le sol

Désormais, le roi des Francs règne sur un immense empire qui s’est énormément étendu vers l’Est. Aussi, tout naturellement, il décide d’installer sa capitale au centre de ses conquêtes. Ce sera Aix-la-Chapelle, en Rhénanie-Westphalie.

Maquette de la chapelle

Dès 794, il fait entreprendre de gigantesques travaux.

A la fin de l’année 800, à la veille de son couronnement, le petit bourg sur les rives de la Würm (rivière bavaroise) est sur le point de devenir la capitale la plus puissante et la plus brillante du monde chrétien. 

Situation en Europe occidentale vers l’an 800

LA CHAPELLE PALATINE D’AIX-LA-CHAPELLE

Vue aérienne de la cathédrale et de la chapelle palatine

La chapelle palatine d’Aix-la-Chapelle était la chapelle personnelle de Charlemagne (Carolus Magnus). Les travaux débutèrent vers 792. Consacrée en 804, elle fut achevée en 805. Elle est le symbole de l’union du pouvoir temporel et spirituel réalisé par Charlemagne.

Denier de Charlemagne

Elle est située à Aix-la-Chapelle, une ville d’Allemagne dans le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie.

De forme octogonale et de style Carolingien, la chapelle palatine de Charlemagne est la partie la plus ancienne de la cathédrale. Elle date d’environ 796, et fut bâtie par l’architecte Eudes de Metz. Elle contient les reliques de Charlemagne et a été le témoin de nombreux couronnements durant environ six siècles.

Châsse de Charlemagne.

Au XXIème siècle, elle est conservée presque intacte, malgré des rajouts plus tardifs et d’importantes restaurations au XIXème siècle.

Incorporée dans l’actuelle cathédrale d’Aix-la-Chapelle, elle est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.

C’est le plus ancien et le plus important édifice de l’architecture carolingienne. A l’aube du IXème siècle, la chapelle est considérée comme l’une des « merveilles du monde chrétien »

Charlemagne a donc fait d’Aix-la-Chapelle sa résidence permanente et sa capitale. C’est là, au centre de son Empire, qu’il réside l’hiver, reçoit ses vassaux et les ambassadeurs de tous les pays. Pour assoir sa magnificence, il décide d’y faire construire un palais digne de son nom et de sa puissance. Ce sera un ensemble monumental comme on n’en a jamais vu auparavant en Occident. Il charge son architecte Eudes de Metz de sa réalisation. Il lui demande de faire d’Aix-la-Chapelle une « deuxième Rome ».

Reconstitution possible du palais de Charlemagne.

UNE CHAPELLE DIGNE DE SAN VITALE ET SAINTE-SOPHIE

La cathédrale d’Aix-la-Chapelle et la chapelle palatine au centre

La pièce maîtresse de l’ensemble architectural de l’Empereur des Francs est un immense et prestigieux palais. Cette bâtisse magistrale sera entourée d’une enceinte rectangulaire, ceinturant une surface de trois à quatre hectares. Pourtant, à cette luxueuse demeure, signe de sa puissance, il manque un édifice religieux, un sanctuaire à sa mesure qui l’affirmerait comme le leader de la Chrétienté. Aussi, avec le palais, il commande à Eudes de Metz une église capable de rivaliser avec celles de Rome et de Byzance. L’édifice lui permettrait d’égaler, peut-être même de surpasser les Empereurs d’Orient, et d’assoir sa suprématie comme maître de l’Occident.

Eudes de Metz projette de faire édifier une chapelle face au palais, de l’autre côté de l’immense cour de deux cents mètres de long. Pour exécuter son œuvre, il fait appel aux artistes les plus réputés de son temps. Les meilleurs ouvriers et artisans de l’Empire, les plus grands artistes d’Italie et du sud de la Gaule accourent sur le chantier, sous sa férule.

On fait venir des ouvriers d’Italie, d’Angleterre, d’Irlande, ainsi que de la main-d’œuvre des lointains pays de l’Est : Charlemagne  veut à son service les artisans les plus compétents.

De toutes les régions de l’Empire, les matériaux affluent. On achemine de Ravenne (en Italie) des gros blocs entiers de marbre et de porphyre rouge et vert. De Rome on rapporte de magnifiques mosaïques et d’innombrables ouvres d’architecture antique. Le luxe est tel que les contemporains s’émerveillent devant ce déferlement de trésors et la beauté des richesses rassemblées à Aix-la-Chapelle.

Exceptionnellement, le pape Hadrien Ier donne son accord pour que soit importé du marbre issu de monuments antiques d’Italie, pour la réalisation des colonnes et des dallages.

Dans les éléments de décor, on compte un nombre important de remplois antiques, plus particulièrement italiens (en provenance de Ravenne et de Rome). Le remploi est une pratique courante au Haut Moyen Âge.

Cinq ans plus tard, en 794, le gros œuvre est achevé. Et le sanctuaire est consacré par le pape Léon III.

La future chapelle s’inspire des églises byzantines d’Italie. Elle est la première réalisation de ce style au nord des Alpes. Elle est calquée sur le modèle de la basilique San Vitale de Ravenne, érigée par l’Empereur Justinien, et représente la copie de la basilique Sainte-Sophie de Constantinople (une œuvre architecturale considérée alors comme le pinacle de la splendeur).

QUELQUES DATES…

La chapelle octogonale

Au cours des siècles, la chapelle a connu d’importantes améliorations :

– entre 1353 et 1413, on érige un immense chœur gothique afin de remplacer l’ancienne abside qui datait de Charlemagne. Ce chœur est éclairé par treize ouvertures, et il comporte une somptueuse tribune surhaussée, un chef-d’œuvre de l’orfèvrerie du XIème siècle enrichi de sculptures en ivoire.

– au XIIIème siècle, l’extérieur de la coupole est décoré de pignons triangulaires. Puis on rajoute un dôme cannelé.

– en 1730, les murs extérieurs de la chapelle sont agrémentés d’ornements baroques. Au XIXème siècle, ils seront remplacés par un nouveau revêtement en marbre. 

– de 1794 à 1814, Aix-la-Chapelle est investie par les armées du général Dumouriez. Au cours de l’occupation française, à la demande de Napoléon Ier, les colonnes antiques de la chapelle palatine sont transférées à Paris. Elles ne seront restituées à l’Allemagne qu’en 1843, exceptées sept d’entre elles qui seront remplacées par des répliques.

– au cours de la Seconde Guerre Mondiale, la ville d’Aix-la-Chapelle est presque entièrement dévastée par les bombardements alliés. La chapelle palatine où a été inhumé Charlemagne, et où se trouvent ses reliques, est restée miraculeusement intacte.

UNE ŒUVRE DIVINE

La coupole de la chapelle

La chapelle palatine est un édifice octogonal de quinze mètres de diamètre et de trente-trois mètres de haut. Elle se dresse sur quatre niveaux jusqu’à la coupole centrale. Le chœur est ceinturé par un déambulatoire, et surmonté d’une galerie. La galerie et le déambulatoire sont voûtés, et séparés du corps principal par des arcades.

La galerie est dominée par de hautes voûtes en berceau et en surmonte d’autres, triangulaires, moins élevées et plus petites. La claire-voie qui domine cet ensemble affiche des espaces vides et des espaces pleins. Elle est incrustée de mosaïques tapissées d’or, ce qui accentue le contraste avec les éléments inférieurs. Notre regard se porte irrésistiblement vers le haut et la coupole centrale.

Du côté ouest de l’édifice, dans la galerie du deuxième niveau, surmontant le portail du sanctuaire et faisant face à l’autel du Christ-Sauveur, on trouve le trône en marbre blanc de Charlemagne.

Dans cette « galerie de l’Empereur » faisant le double en hauteur de l’étage inférieur, on distingue une double rangée de colonnes antiques issues de Rome et de Ravenne. On y accède par deux tourelles disposées sur les flancs de la façade occidentale, où se trouvent les escaliers.

La hauteur sur trois étage du bâtiment est le reflet, tant par son architecture que par sa fonction, du rapport existant entre l’Empereur, son peuple et Dieu. C’est dans cette galerie, située au centre entre le Ciel et ses sujets, que Charlemagne assiste aux offices religieux.

Les décors (comme la grande mosaïque de la coupole affichant les vingt-quatre « Vieillards de l’Apocalypse déposant leurs couronnes au pied du Christ ») représentent autant de marques d’allégeances envers la suprématie de l’Empereur.

SARCOPHAGES CAROLINGIENS

Tombe anthropomorphe : qui a la forme d’un corps humain ou qui a l’apparence humaine. Et où l’on distingue, creusé dans la pierre, l’emplacement de la tête du défunt.

– Lire : La Chapelle Notre-Dame de la Gayole

L’usage du sarcophage s’est sensiblement développé en Septimanie, dès le Vème siècle, à l’époque mérovingienne, au profit des classes aisées de la société. Ce rite perdurera jusqu’à la fin du règne des Carolingiens. Sa forme initialement trapézoïdale se transformera lentement, vers 750-800, en forme rectangulaire.

En 1964, à Cornillon-Confoux (Bouches du Rhône), en creusant un nouvel accès au cimetière, neuf sarcophages d’une nécropole paléochrétienne (Vème, VIIème siècle) furent mis au jour, ainsi que dix-huit autres en 1971.

Lire : Cornillon-Confoux

L’art paléochrétien, ou art et architecture primitifs chrétiens, est un art développé par les Chrétiens ou sous l’égide chrétienne entre l’an 200 et l’an 500. Il couvre une période s’étalant du règne de Justinien (482-565) en Orient, jusqu’aux invasions barbares au 6ème siècle en Occident, et à la conquête arabe (Omeyades) en Syrie, en Egypte et en Afrique du Nord. Avant l’an 200, il demeure très peu de vestiges artistiques qui puissent être qualifiés avec certitude de chrétiens. Ils sont pour la plupart apocryphes. Après l’an 500, l’art paléochrétien s’ouvre sur l’art byzantin et celui du haut Moyen Âge. 

Sources :

Les rois de France des Éditions Atlas (Les Carolingiens).

Photos publiques Facebook

https://fr.wikipedia.org/wiki/Charlemagne

https://fr.wikipedia.org/wiki/Cath%C3%A9drale_d%27Aix-la-Chapelle

https://fr.wikipedia.org/wiki/Chapelle_palatine_d%27Aix-la-Chapelle

https://fr.wikipedia.org/wiki/Aix-la-Chapelle

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