Jeanne d’Arc et le « procès »de Poitiers
LA GUERRE DE CENT ANS
De 1337 à 1453
LES VALOIS DIRECTS
JEANNE D’ARC
ET LE « PROCÈS » DE POITIERS
SOMMAIRE
Dans sa forteresse royale de Chinon, le dauphin Charles vient pour la première fois de rencontrer Jeanne d’Arc. Cette petite bergère de Domrémy affirme avoir entendu des voix divines lui enjoignant d’aller porter secours au dauphin Charles de Ponthieu. Elle prétend être l’envoyée de Dieu. Forte de ce soutien spirituel, elle libèrera la France de l’occupation anglaise, et fera couronner le roi Charles à Reims.
CONTEXTE
Au premier abord, Charles, le futur Charles VII, la croît sincère et honnête. Mais ça ne suffit pas ; il doit pour éviter toute tromperie la faire examiner. Il la confie donc à une assemblée d’ecclésiastiques ; il veut qu’elle soit entendue afin d’éliminer tout soupçon.
La petite « Pucelle » va subir un « procès » de trois semaines à Poitiers. Le temps nécessaire aux religieux et théologiens de questionner Jeanne pour s’assurer qu’elle n’est pas l’envoyée du Diable. Ce procès, qui se tient le 14 mars 1429 à Poitiers, permet à Jeanne « la Pucelle » de convaincre ses juges ; ceux-ci lui accorderont un blanc-seing.
UNE BERGÈRE SINCÈRE ET HONNÊTE…
Jeanne est sûre de ses « voix » ; la foi et la ferveur qui l’animent sont si fortes qu’elle se sent capable de franchir tous les obstacles. Et des embûches, il y en aura ! son chemin en est
entièrement jonché. Depuis Domrémy, son village natal, elle a dû subir de nombreux échecs. Elle a d’abord affronté l’incrédulité de Baudricourt, ce capitaine de Vaucouleurs qui l’a prise pour une illuminée (il faut dire qu’en ces temps reculés, nombre de gens se prétendent être les envoyés de Dieu), et qui l’a éconduite à plusieurs reprises.
Lire : Baudricourt accepte d’aider « la Pucelle ».
Puis, à Chinon, elle a été victime d’une ruse mise en place par le dauphin Charles lui-même. Celui-ci s’était caché au sein des membres de sa cour pour ne pas être reconnu. Mais Jeanne n’a pas été dupe : elle a tout de suite trouvé son « gentil dauphin » parmi la foule des seigneurs présents ce jour-là.
Jeanne a quitté son village avec pour « mission » de bouter les Anglais hors de France et de faire sacrer le roi à Reims ; rien que ça ! Le 8 mars (ou selon d’autres sources le 25 février), le dauphin accorde enfin une audience à Jeanne. A la suite de cet entretien, le dauphin ressortira totalement convaincu par les allégations de Jeanne.
Elle a été aussi interrogée longuement par des religieux. Pourtant, dans une ultime précaution, « le roi, une fois entendu le rapport de ceux qui avaient été délégués à l’examiner, voulut qu’à nouveau, Jeanne aille à la ville Poitiers et y soit encore une fois examinée ». (Propos rapportés par le duc d’Alençon, qui deviendra un fidèle compagnon d’armes de Jeanne d’Arc.)
Lire : Jeanne d’Arc, la rencontre de Chinon.
UN EXAMEN DE VIRGINITÉ POUR TERMINER…
A Poitiers, en même temps que les interrogatoires des religieux, Jeanne subit un examen de virginité.
Jean Pasqueret de conclure : « après cette épreuve, Jeanne fut trouvée femme et vierge et pucelle ».
Il précise que celles qui la « visitent » sont la dame de Gaucourt, Jeanne de Preuilly, et la dame de Trèves (Jeanne de Mortemer), qui font toutes partie de la suite de Yolande d’Aragon, la belle-mère du dauphin Charles. Cet examen est destiné à vérifier que Jeanne n’a pas eu « commerce » avec le Diable et n’est donc pas une sorcière. Se faisant appeler « Jeanne la Pucelle », elle serait immédiatement discréditée si elle n’était pas vierge : ce test de virginité est le garant de la bonne foi de celle qui affirme se consacrer entièrement au service de Dieu et du roi.
BONTÉ, HUMILITÉ, ET MALICE…
A Poitiers, Jeanne loge chez Jean Rabateau (avocat au parlement de Paris). Celui-ci a fait, voilà deux ans, allégeance au dauphin Charles.
Elle est disposée à se soumettre de bon cœur au tribunal d’experts composé de prélats de haut rang et de théologiens. Tous ces dignitaires ont fui Paris depuis que la capitale est passée entre les mains des Anglos-Bourguignons.
Cette assemblée de notables est composée de Maître Regnault de Chartres (l’archevêque de Reims), le Président du Conseil du roi Pierre Seguin (spécialiste des Saintes Écritures), Frère Seguin (doyen de la faculté de théologie de l’université de Poitiers), Maître Jean Lombard (professeur de théologie sacrée à l’université de Paris) et Maître Guillaume Aymeri (frère prêcheur et professeur de théologie sacrée).
L’enquête débute dès le 14 mars 1429. Le sujet est sérieux, il ne faut rien laisser au hasard. Au cours des trois semaines suivantes, les ecclésiastiques vont intensifier les interrogatoires.
Jeanne répond avec aisance, en toute simplicité, et avec un humour qui séduit ses interlocuteurs.
Pourquoi est-elle venue à Chinon ? lui demande maître Jean Lombard. Sans aucune hésitation, elle répond que « quand elle gardait les animaux, une voix s’était manifestée à elle qui lui dit que Dieu avait grande pitié du peuple de France et qu’il fallait que Jeanne vînt en France. Entendant cela, Jeanne s’était mise à pleurer ; alors la voix lui dit qu’elle allât à Vaucouleurs, elle trouverait là un capitaine qui la conduirait avec sûreté en France et près du roi, qu’elle ne craignît point. Elle avait fait ainsi, elle était venue vers le roi, sans aucun empêchement », rapporte frère Seguin, très bouleversé par la grande piété de cette « petite bergère ».
BONTÉ, AMOUR, ET LOYAUTÉ…
« Tu as dit que la voix te dit que Dieu veut libérer le peuple de France de la calamité dans laquelle il est. S’il veut le délivrer, il n’est pas nécessaire d’avoir des gens d’armes », remarque maître Guillaume Aymeri.
« En nom Dieu, les gens d’armes batailleront et Dieu donnera victoire », affirme Jeanne.
« De cette réponse Maître Guillaume fut content », souligne frère Seguin.
Celui-ci insiste en demandant en quelle langue parlent les voix. La Pucelle le moque gentiment en répondant qu’elles s’adressent à elle en une langue meilleure que le parler limousin dont il use ! Croit-elle en Dieu ? renchérit frère Seguin. Oui, mieux que lui-même, lui répond Jeanne.
Le religieux n’est pas encore convaincu : « Dieu ne voulait pas qu’on crût en elle, à moins que quelque chose n’apparût, grâce à quoi il semblerait qu’on pouvait croire en elle ». Mais Jeanne précise qu’elle ne fait pas de miracle. Ce qu’elle veut, c’est prendre les armes : « En nom de Dieu, je ne suis pas venue à Poitiers pour faire signes ; mais conduisez-moi à Orléans ; je vous montrerai signes que je suis envoyée ».
Elle rajoute que les Anglais seront battus et le siège d’Orléans levé. Que la cité sera libérée, le roi sacré à Reims, et Paris remise en son allégeance. « Tout cela, je l’ai vu s’accomplir », racontera plus tard Frère Seguin.
Jeanne ne se contente pas de convaincre les savants, les experts et les érudits : elle les séduit. Ils sont éblouis par ses réponses naturelles, prononcées dans une langue pleine de saveur. Les prélats en terminent par ces paroles : « En elle (…) on ne trouve pas de mal, mais seulement du bien, humilité, virginité, dévotion, honnêteté, simplicité ».
Lorsqu’ils rendent compte de leur jugement au dauphin Charles, ils affirment qu’ils sont d’accord que « attendu la très grande nécessité et le péril » dans lesquels se trouve la ville d’Orléans, « le roi peut s’aider d’elle et l’envoyer à Orléans ».
Jeanne est en passe de réussir ; elle va maintenant passer à l’action…
Lorsqu’on y regarde de plus près, on se rend compte que sa vie est une succession de contradictions. Incohérentes et saugrenues, elles heurtent nos facultés intellectuelles et notre raison d’homme moderne du XXIème siècle. Aujourd’hui, aucun historien ne peut croire aux supposées voix entendues par Jeanne ; il ne peut se contenter de spirituel et de miracles comme explications…
Sources :
Photos publiques Facebook
Les rois de France des Éditions Atlas (Valois directs).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_Cent_Ans
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeanne_d%27Arc
https://infodujour.fr/culture/55876-jeanne-darc-en-proces-a-poitiers
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