Charlemagne établit sa capitale à Aix-la-Chapelle

LES CAROLINGIENS

Effigie Charlemagne et autour l’inscription KAROLVS IMP AVG (Karolus imperator augustus).

CHARLEMAGNE ÉTABLIT SA CAPITALE A AIX-LA-CHAPELLE

Vue aérienne de la cathédrale

Armoiries imaginaires attribuées à Charlemagne telles qu’on peut les voir dans Les écus armoriés des Neuf Preux. Paris, Bibliothèque nationale de France

Situation en Europe occidentale vers l’an 800

 

 

SOMMAIRE

A la fin du VIIIème siècle, l’empire franc représente à peu près tout l’Occident chrétien. Il s’étend à l’Est jusqu’à l’Elbe et au Danube, au sud-est jusqu’à Bénévent (en Campanie, Italie), et au sud-ouest jusqu’à l’Èbre (fleuve d’Espagne).

Seuls quelques petit royaumes anglo-saxons et espagnols n’ont pas été intégrés. Ils représentent une infime quantité. D’ailleurs, ces petites monarchies se révèlent amicales, et affichent envers le roi des Francs une vraie reconnaissance pour sa protection.

Donc, la suprématie de Charlemagne s’applique à tous les pays, et à tous les hommes qui admettent le pape de Rome comme autorité centrale de l’Église.

Au-delà, c’est le monde barbare du paganisme, ou le monde infidèle de l’Islam, ou enfin le vieil Empire d’Orient byzantin (celui-ci est Chrétien, certes, mais montre une orthodoxie bien incertaine et, de plus en plus, les Byzantins se groupent autour du patriarche de Constantinople, ostracisant ainsi le pape de Rome).

Désormais, le roi des Francs règne sur un immense empire qui s’est énormément étendu vers l’Est. Aussi, tout naturellement, il décide d’installer sa capitale au centre de ses conquêtes. Ce sera Aix-la-Chapelle, en Rhénanie-Westphalie.

Maquette de la cathédrale et la chapelle palatine au centre

Dès 794, il fait entreprendre de gigantesques travaux.

A la fin de l’année 800, à la veille de son couronnement, le petit bourg sur les rives de la Würm (rivière bavaroise) est sur le point de devenir la capitale la plus puissante et la plus brillante du monde chrétien.

Blason d’Aix-la-Chapelle

UNE COUR ITINÉRANTE !

Depuis la période mérovingienne, la cour des rois de France est généralement itinérante. Tous les deux ans, le monarque et son entourage circulent en fonction des grands rassemblements que sont les Champs de Mars ou les Champs d’Automne.

Champs de mars (puis Champs de mai) : nom donné aux grandes assemblées de guerriers à la suite de l’établissement du royaume des Francs en Gaule, de la fin du Vème siècle au début du VIème siècle. On les appelait ainsi car elles se réunissaient soit en mars (sous les Mérovingiens), soit en mai (après 755).

Les déplacements se font aussi lors des guerres, des saisons, et des récoltes. Tous ces trajets sont fastidieux, pénibles, inconfortables, et la plupart du temps dangereux.

A la fin du VIIIème siècle, Charlemagne, alors en pleine gloire, transforme de manière radicale cette coutume. Il décide d’installer de façon pérenne sa capitale au cœur de ses terres, et d’y ériger un palais digne de sa notoriété.

Son choix va se tourner vers l’Est de son Empire. C’est l’endroit le plus opportun, car ses frontières se sont considérablement élargies vers l’orient et sont difficiles à contrôler. Sa capitale doit se situer dans un lieu suffisamment proche de ces régions allemandes agitées, et peu éloignées de la Gaule.

Dans un premier temps, son choix va se porter sur les cités de Mayence, Coblence, Worms et Ingelheim, pour se fixer finalement sur Aix-la-Chapelle, en Rhénanie-Westphalie.

AIX-LA-CHAPELLE, UN LIEU PRÉDESTINÉ…

Charlemagne n’est pas le premier à séjourner à Aix-la-Chapelle. Son père, Pépin le Bref,  y avait résidé en son temps (au cours de l’hiver 765-766). Il y avait fait bâtir un palais ainsi qu’une chapelle pour y déposer des saintes reliques.

Charlemagne a eu lui aussi l’occasion de connaître cet ancien poste de garnison romain, situé sur les bords de la Wurm. Un lieu qui se trouve tout près d’une source thermale ; source qu’il a redécouverte au cours d’une partie de chasse. Sa venue y est mentionnée en 768, 777, 786, 788 et en 789. C’est certainement à partir de cette dernière date qu’il choisit de s’y établir. De plus, en 790, l’incendie qui ravage son palais a dû le conforter dans sa décision finale.

En 796, la construction du palais (aujourd’hui disparu) et de sa chapelle est bien avancée (on note qu’un chef avar y est baptisé).

En 798, le gros œuvre est presque achevé (dans l’une de ses lettres, Alcuin mentionne l’installation des colonnes de la chapelle).

Alcuin : poète, savant et théologien anglais qui écrivait en langue latine médiévale.

Alcuin

Il fut l’un des principaux amis et conseillers de Charlemagne ; il dirigea la plus grande école de l’Empire carolingien, l’école palatine à Aix-la-Chapelle.

Cette chapelle palatine de forme octogonale, avec ses coupoles copiées sur les modèles byzantins d’Italie, représente le seul édifice de ce type au nord des Alpes.

LA CHAPELLE PALATINE D’AIX-LA-CHAPELLE

La chapelle palatine d’Aix-la-Chapelle au centre

La chapelle palatine d’Aix-la-Chapelle était la chapelle personnelle de Charlemagne (Carolus Magnus). Les travaux débutèrent vers 792. Consacrée en 804, elle fut achevée en 805.

Effigie Charlemagne et autour l’inscription KAROLVS IMP AVG (Karolus imperator augustus).

Elle est située à Aix-la-Chapelle, une ville d’Allemagne dans le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. De forme octogonale et de style Carolingien, la chapelle palatine de Charlemagne est la partie la plus ancienne de la cathédrale. Elle date d’environ 796, et fut bâtie par l’architecte Eudes de Metz. Elle contient les reliques de Charlemagne et fut le témoin de nombreux couronnements durant environ six siècles.

Châsse de Charlemagne.

Au XXIème siècle, elle est conservée presque intacte, malgré des rajouts plus tardifs et d’importantes restaurations au XIXème siècle.

Incorporée dans l’actuelle cathédrale d’Aix-la-Chapelle, elle est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.

Le roi des Francs entreprend donc des travaux colossaux à grand frais ; il ne lésine pas sur les moyens. Pour sa capitale, rien n’est trop beau, trop cher !

Les meilleurs ouvriers et artisans de l’Empire, les plus grands artistes d’Italie et du sud de la Gaule accourent sur le chantier, sous la férule de l’architecte Eudes de Metz.

La construction d’Aix-la-Chapelle, enluminure de Jean Fouquet, dans les Grandes Chroniques de France, XVe siècle. Charlemagne est au premier plan.

On achemine de Ravenne (en Italie) de gros bocs entiers de marbre et de porphyre rouge et vert. De Rome, on rapporte de magnifiques mosaïques et d’innombrables ouvres d’architecture antique. Le luxe est tel que les contemporains s’émerveillent devant ce déferlement de trésors et la beauté des richesses rassemblées à Aix-la-Chapelle.

LA CATHÉDRALE D’AIX-LA-CHAPELLE

 

La cathédrale d’Aix-la-Chapelle est une église catholique romaine située à Aix-la-Chapelle, en Allemagne, dans le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie.

C’est une des plus vieilles cathédrales d’Europe. Elle fut construite sous le règne de l’Empereur Charlemagne, qui y fut inhumé en 814. Elle formait à l’origine un des éléments du palais d’Aix-la-Chapelle (un ensemble de bâtiments résidentiels, politiques et religieux qui devaient être le centre du pouvoir carolingien).

De 936 à 1531, trente-et-un rois allemands et douze reines y seront couronnés.

Depuis 1802, elle est l’église-mère du diocèse d’Aix-la-Chapelle, et depuis 1978, elle est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO.


UN POUVOIR SANS PARTAGE…

Cette centralisation permanente de la monarchie en un même lieu n’est pas sans retombées. Chacun désormais sait où se trouvent le roi et sa Cour. C’est d’ici que Charlemagne, entouré de ses nombreux conseillers, dirige d’une main de fer son immense empire.

Un va-et-vient incessant va s’instaurer entre le peuple et le pouvoir royal. On y vient pour déposer une simple requête, pour demander l’arbitrage d’une discorde ou d’un litige, ou bien solliciter du roi une prérogative ou une protection.

On y accourt aussi pour chercher du travail et, en peu de temps, le petit bourg devient le centre d’une nuée considérable de nécessiteux, d’artisans, et de commerçants.

Reliquaire de Marie

Dans son palais, Charlemagne renferme un colossal trésor, fruit de butins pris aux armées ennemies vaincues.

Sous l’influence de ses conseillers et des érudits de sa Cour, il rassemble (lui qui sait à peine écrire) une grande bibliothèque destinée à recueillir les archives de ses principaux écrits.

Aix-la-Chapelle va bientôt s’affirmer comme le chœur du pouvoir carolingien. C’est en ce lieu que le monarque reçoit les ambassadeurs, et c’est aussi dans son palais digne d’un « nabab des mille et une nuits » que le grand empereur mourra le 28 janvier 814. Il sera inhumé dans sa chapelle palatine, chef-d’œuvre de l’architecture carolingienne.

AIX-LA-CHAPELLE, VILLE DE TRAITÉS !

La capitale du grand roi carolingien va subir au cours de l’Histoire des événements d’une grande importance. Dans les siècles qui vont suivre le règne de Charlemagne, c’est dans la splendide chapelle palatine (bâtie à grands frais par le monarque), que vont se dérouler durant huit siècles, entre 813 et 1531, le couronnement de tous les Empereurs germaniques.

La cité impériale est aussi directement impliquée par la signature de nombreux traités : celui de 1668, signé entre Louis XIV et l’Espagne, qui met un terme à la guerre de Dévolution ; celui de 1748, qui met fin à la guerre de Succession d’Autriche ; enfin, en 1818, le congrès d’Aix-la-Chapelle rassemble les nations victorieuses de Napoléon Bonaparte

SARCOPHAGES CAROLINGIENS

Tombe anthropomorphe : qui a la forme d’un corps humain ou qui a l’apparence humaine. Et où l’on distingue, creusé dans la pierre, l’emplacement de la tête du défunt.

– Lire : La Chapelle Notre-Dame de la Gayole

L’usage du sarcophage s’est sensiblement développé en Septimanie, dès le Vème siècle, à l’époque mérovingienne, au profit des classes aisées de la société. Ce rite perdurera jusqu’à la fin du règne des Carolingiens. Sa forme initialement trapézoïdale se transformera lentement, vers 750-800, en forme rectangulaire.

En 1964, à Cornillon-Confoux (Bouches du Rhône), en creusant un nouvel accès au cimetière, neuf sarcophages d’une nécropole paléochrétienne (Vème, VIIème siècle) furent mis au jour, ainsi que dix-huit autres en 1971.

Lire : Cornillon-Confoux

L’art paléochrétien, ou art et architecture primitifs chrétiens, est un art développé par les Chrétiens ou sous l’égide chrétienne entre l’an 200 et l’an 500. Il couvre une période s’étalant du règne de Justinien (482-565) en Orient, jusqu’aux invasions barbares au 6ème siècle en Occident, et à la conquête arabe (Omeyades) en Syrie, en Egypte et en Afrique du Nord. Avant l’an 200, il demeure très peu de vestiges artistiques qui puissent être qualifiés avec certitude de chrétiens. Ils sont pour la plupart apocryphes. Après l’an 500, l’art paléochrétien s’ouvre sur l’art byzantin et celui du haut Moyen Âge. 

Sources :

Les rois de France des Éditions Atlas (Les Carolingiens).

Photos publiques Facebook

https://fr.wikipedia.org/wiki/Charlemagne

https://fr.wikipedia.org/wiki/Cath%C3%A9drale_d%27Aix-la-Chapelle

https://fr.wikipedia.org/wiki/Chapelle_palatine_d%27Aix-la-Chapelle

https://fr.wikipedia.org/wiki/Aix-la-Chapelle

 

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