Les Carolingiens, Pépin le Bref roi des Francs

LES CAROLINGIENS

Denier de Lyon sous Pépin le Bref

PÉPIN LE BREF ROI DES FRANCS

Pépin le Bref

 

Successeurs des Mérovingiens, les Carolingiens (appelés aussi Carlovingiens jusqu’à la fin du XIXème siècle) sont une dynastie de rois francs qui régnèrent sur l’Europe occidentale du VIIIème au Xème siècle.

Le terme carolingien est issu de « Carolus », qui est à la fois le nom latin de Charles Martel (Carolus Martellus), le précurseur de cette dynastie, et celui de son petit-fils Charlemagne (Carolus Magnus), reconnu comme le plus célèbre des rois de cette lignée.

En accord avec l’Église catholique, Pépin le Bref et son successeur Charlemagne furent à l’origine de grandes réformes dans les domaines religieux, administratifs, législatifs et éducatifs.

DYNASTIE : Carolingiens.

LIGNÉE : Pépinides (ou Pipinides).

Les Pippinides occupèrent pendant plusieurs générations la charge de maire du palais sous le règne des souverains mérovingiens d’Austrasie. Au fur et à mesure de la désintégration du pouvoir de la dynastie mérovingienne, au cours de la période dite des « rois fainéants », les maires du palais pippinides étendirent leurs privilèges. Tels des souverains, Pépin de Herstal, puis Charles Martel, gouvernèrent presque totalement la politique du royaume sans en avoir le titre. De la sorte, ils nommaient les ducs et les comtes, négociaient les accords avec les pays voisins, dirigeaient l’armée, étendaient le territoire du royaume (notamment en Frise). Ils allèrent même jusqu’à choisir le roi mérovingien.

Lire : l’inexorable ascension des Maires du palais

Lire : Pépin de Herstal

Les Pippinides désignent les membres d’une dynastie de la noblesse franque d’Austrasie, dont plusieurs ont été nommés « Pépin ». Ce nom est une création contemporaine, car les grandes familles du haut Moyen Âge n’avaient pas de patronyme. Il est issu du nom de Pépin, en latin « Pippinus ».

Le terme de Pippinides désigne au sens strict les membres de la famille de Pépin de Landen en ligne agnatique, c’est-à-dire issus de ce dernier par les hommes.

Cognatique : Se dit d’un mode de descendance ou filiation qui se transmet aussi bien par les hommes que par les femmes.

NAISSANCE & FAMILLE

Pépin III, dit « le Bref », naît en 714 peut-être à Jupille, Quierzy ou Laon (lieu de naissance incertain). Il meurt le 24 septembre 768 à Saint-Denis, près de Paris.

Il est le fils de  Charles Martel et de Rotrude de Hesbaye (née en 690 et morte en 724), et le père de Charlemagne (742-747 ou 748-814).

Lire : Charles Martel

Charles Martel

Issu de la famille noble franque nommée les « Pépinides » (maires du palais de père en fils et héritiers du pouvoir au cours du règne des derniers Mérovingiens), il sera roi des Francs de novembre 751 au 24 septembre 768.

En écartant le dernier roi mérovingien Childéric III au monastère, Pépin devient le premier maire du palais à être proclamé roi. Il fonde ainsi une dynastie : les Carolingiens.

Il semblerait que son surnom, apparu assez tard dans l’historiographie, soit dû à sa petite taille, « bref » signifiant « court » à l’époque.

FRATRIE

Sa mère, Rotrude de Hesbaye (ou Crotude, Chrotrude, Chrodtrudis, ou encore Ruadtrud) donnera naissance à :

Carloman (705/710-754), maire du palais d’Austrasie de 741 à 747.

– Pépin le Bref (714-768), roi des Francs.

Hiltrude (?- 754).

– Probablement une dénommée Landrade.

Aude de France (732-après 751).

JEUNESSE

On a peu de renseignements sur cette période. L’hagiographe Alcuin, dans sa « Vita Willibrordi », atteste que Pépin fut confié aux moines de Saint-Denis, alors que son frère aîné Carloman accompagnait son père Charles Martel dans ses campagnes militaires.

Pépin, même s’il doit hériter et partager le royaume franc avec son frère Carloman, est plus enclin à la prière qu’à batailler. Il le doit aux moines qui l’éduquent dans la piété, et qui lui inculquent un certain savoir.

Vers 738, Pépin est envoyé par son père à la cour du roi lombard Liutprand, qui doit l’adopter par les armes ; et suivant la coutume de sa nation, lui couper des boucles de cheveux en signe d’adoption.

MARIAGE

Bertrade ou Berthe de Laon dite Berthe au Grand Pied

Pépin le Bref prend comme épouse Bertrade de Laon ou « Berthe de Laon » (une aristocrate franque née vers 720 à Samoussy, et morte le 12 juillet 783 à Choisy-au-Bac, près de Compiègne), couramment appelée « Berthe au Grand Pied ». La légende raconte qu’elle serait née avec un pied bot.

La date du mariage est incertaine et prête à controverses : 743, 744, ou peut-être 749. On sait que Pépin n’est alors que maire du palais.

De cette union naîtront :

– Charlemagne, Empereur d’Occident (747-814).

– Hermengarde (750- ?)

– Carloman II, Roi d’Austrasie (751-771).

DEMI-FRÈRES & DEMI-SŒURS

Avec Suanahild de Bavière

Griffon d’Austrasie, Duc de Bavière (726-753).

Avec Rothaide X (700- ?).

– Hieronymus Martel (715- ?).

– Bernard de Saint Quentin, Comte-Evêque de St Quentin (725-809).

LA FLEUR DE LYS, SYMBOLE DES ROIS… Du fait de sa valeur dans la tradition chrétienne, la fleur de lys était symboliquement très présente, d’abord dans l’Empire byzantin, puis dans les royaumes francs et le royaume lombard. Ce symbole fut utilisé par les souverains carolingiens puis par leurs successeurs, empereurs ottoniens et rois capétiens.

Fleur de lys

C’est sous le règne de Louis VII que l’expression « fleur de lis » apparut, et que les fleurs de lis d’or sur champ d’azur devinrent les armes de France et l’emblème spécifique des rois de France.

L’HÉRITAGE DE CHARLES MARTEL

Charles Martel défait les Sarrasins à Poitiers en 732

Charles Martel meurt le 22 octobre 741 (à 53 ans) à Quierzy (Francie). Sa charge de maire du palais est partagée, selon la tradition franque, entre ses deux fils. Carloman, l’aîné, devient maire du palais d’Austrasie et obtient l’Alémanie et la Thuringe. Pépin, lui, devient maire du palais de Neustrie et garde la Provence et la Bourgogne.

Quant à Griffon, le troisième fils de Charles Martel (né de Swanahilde, une épouse bavaroise de second rang), lui n’obtient que quelques comtés.

Pépin et Carloman feront enfermer leur demi-frère Griffon au château de Chèvremont, près de Liège.

RAPPEL

L’Austrasie : l’Est de la France actuelle, l’Est de la Belgique actuelle, et les régions rhénanes.

La Neustrie : le Nord-Ouest de la France actuelle (sans la Bretagne).

La Bourgogne : l’ancienne Burgondie, c’est-à-dire l’actuelle Bourgogne, le Nord de la vallée du Rhône et le Centre (Orléans).

En 742, à Vieux-Poitiers, les deux frères modifient leurs parts respectives et remettent en question les limites traditionnelles des royaumes francs.

Pépin et Carloman bataillent tout d’abord pour ramener la paix aux frontières du royaume. Ils doivent faire face à des ambitions d’indépendance des Aquitains, alliés aux Vascons, des Bavarois, et des Alamans.

Les Aquitains, parfois qualifiés de proto-basques, sont un ensemble de peuples protohistoriques et antiques situés entre les Pyrénées occidentales, la rive gauche de la Garonne et l’océan Atlantique.

Les Vascons sont un peuple de la péninsule Ibérique, dont le territoire s’étend au Ier siècle av. J.-C. entre le cours supérieur du fleuve Èbre et le versant péninsulaire des Pyrénées occidentales. La zone correspond à la quasi-totalité de la Navarre actuelle, les aires du Nord-Ouest de l’Aragon, du Nord-Est et du Centre de La Rioja, et du Nord-Est du Guipuscoa.

Les Bavarois, (ou Bavarii) sont un peuple germanique (Bohême) qui s’était établi à la fin des Grandes invasions sur un territoire recouvrant, outre la Bavière historique, la plus grande partie de l’Autriche et du Tyrol méridional.

Les Alamans (ou Alémans) représentaient une alliance de tribus germaniques essentiellement suèves, qui s’installèrent d’abord sur le cours moyen et inférieur de l’Elbe, puis le long du Main.

En 213, ils apparurent pour la première fois dans les écrits romains.

En 260, ils conquirent les Champs Décumates, puis essaimèrent une zone couvrant une partie de l’Helvétie (la Suisse), la Décumanie (le pays de Bade), et une partie de la Séquanaise (l’Alsace). Ils participèrent à la germanisation de ces territoires, auparavant romanisés.

En 496, les Alamans furent vaincus par les Francs de Clovis. Ce dernier annexa leur territoire à son royaume.

Traité de Verdun 843

Après le traité de Verdun (août 843), ces territoires firent partie de la Francie orientale avant de composer le duché de Souabe, du Xème au XIIIème siècle.


CARLOMAN CÈDE LE TRÔNE A SON FRÈRE CADET

Denier sous Carloman Ier.

Depuis la mort de Charles Martel, et conformément à la volonté de l’unique maire du palais et maître tout-puissant du royaume franc, ses fils Carloman et Pépin le Bref règnent conjointement.

En 747, après avoir exercé de concert le pouvoir pendant 6 ans avec son frère, Carloman décide de se retirer de la scène politique. Il laisse le trône à Pépin, sans que les droits de ses enfants soient annulés. Il fonde et se retire à l’abbaye bénédictine de Saint Sylvestre, sur le mont Soracte, en Italie, puis part à l’abbaye du Mont-Cassin.

En 754, Carloman est mandaté en France par le roi lombard Aistulf pour une mission de paix. Il meurt à Vienne, sur le Rhône, le 17 août ou 4 décembre 754 (à 44 ans). Son frère Pépin le Bref fera transporter sa dépouille dans le monastère Saint-Benoît, au Mont-Cassin.

Son fils Drogon lui succède, mais sera écarté du pouvoir par Pépin le Bref.

Carloman sera canonisé sous le nom de « Saint Carloman ».

PÉPIN LE BREF SE FAIT PROCLAMER ROI DES FRANCS

Sacre de Pépin le Bref à Saint-Denis (huile sur toile de François Dubois, 1837). 

A ce seigneur unique et puissant du royaume franc, il ne manque plus que la couronne. Mais la dynastie mérovingienne est toujours présente au pouvoir. En effet, Childéric III, l’héritier légitime, a été placé sur le trône en 747 par les deux frères Carloman et Pépin le Bref. Or, ce souverain n’est plus qu’une marionnette entre les mains de Pépin le Bref. Si celui-ci veut s’en débarrasser et l’éliminer, il doit agir avec certaines précautions afin de calmer les résistances, notamment celles des Neustriens. En outre, il doit justifier sa prise de pouvoir et son accession comme roi des Francs.

En novembre 751, au Champ-de-Mai, à Soissons, il se fait élire roi des Francs et acclamer par une assemblée d’évêques, de nobles et de leudes (grands du royaume). Pépin devient donc le premier représentant de la dynastie carolingienne.

En l’an 751, Pépin se fait élire roi des Francs lors d’une assemblée d’évêques, de nobles et de leudes.

Cette élection se passe, pour une fois, sans effusion de sang.

Après avoir reçu les acclamations du peuple, Pépin se fait hisser sur le pavois, comme le veut l’usage germanique.

L’élévation sous le pavois est un rite, une coutume, celle de montrer un chef en le portant haut dans la foule, debout sur un bouclier, pour que tous l’acclament et le reconnaissent comme chef.

Avec le soutien du Saint Père Zacharie, en novembre 751, Pépin dépose le dernier roi mérovingien Childéric III (dernier représentant des « rois fainéants ») pour inaptitude, puis le fait tonsurer et écroué au monastère de Saint-Bertin, près de Saint-Omer. La longue chevelure est l’apanage des rois mérovingiens. Leur tonte atteste symboliquement l’abandon de leurs droits.

ROIS FAINEANTS L’appellation de « rois fainéants » (littéralement rois qui ne font rien, « fait néant ») est octroyée aux rois francs mérovingiens qui, à partir de 639, succédèrent à Dagobert Ier.

Les manuels d’histoire de la Troisième République ont popularisé une image d’Épinal des rois mérovingiens allongés dans leurs chars à bœufs.

Cette appellation a été façonnée par Eginhard, biographe de Charlemagne, dans sa « Vita Karoli » (Vie de Charlemagne), écrite au IXème siècle.

Eginhard disait de ces Mérovingiens qu’ils « n’avaient plus de rois que le nom », n’ayant accompli aucune réforme d’importance au cours de leurs règnes (littéralement « ayant fait néant »).


LE PAPE EN SOUTIEN DES PIPPINIDES

Saint Boniface sacre Pépin roi des Francs

En 496, les Francs furent les premiers barbares à se convertir au Christiannisme avec le baptème de Clovis, et Rome n’a pas oublié.

Lire : le baptême de Clovis

A Carloman et à son frère Pépin le Bref, le pape Zacharie rend grâce d’avoir réformé l’église franque, et d’avoir appuyé l’œuvre missionnaire de Boniface, l’ « Apôtre de la Germanie ».

L’Apôtre de la Germanie, archevêque de Mayence (né à Crediton dans le Devon vers 675 et mort le 5 juin 754 à Dokkum, dans l’actuelle commune de Dongeradeel, en Frise aux Pays-Bas), s’appelait Wynfrith, et prit le nom latin de Bonifacius.

Frise

C’était un moine missionnaire d’origine anglaise, envoyé en Frise pour y convertir les païens. Fait évêque puis archevêque par le pape Grégoire II, il fut assassiné, avec d’autres, par haine de la foi chrétienne.

Saint Boniface

Son activité s’est étendit dans deux domaines : la mission de Germanie et la réorganisation de l’Église franque. Il estimait que le clergé était devenu incapable et débauché.

En Italie, les Lombards convoitent la totalité de la péninsule. Mais à Rome, les souverains pontifes s’y opposent.

En 751, les expéditions lombardes menacent sérieusement les fiefs du pape Zacharie. Abandonné par le patriarche de Constantinople et par l’Empereur (tous deux lui contestent ses droits comme chef de la Chrétienté), sa seule solution est de solliciter l’aide des Francs.

Le nouveau pape Étienne II (successeur du pape Zacharie, mort en 752) vient, en personne, demander à Pépin son aide militaire contre les Lombards qui menacent Rome.

En 753, Pépin le Bref envoie Chrodegang de Metz (évêque de Metz) pour conduire dans le royaume des Francs le pape Étienne II.

Celui-ci consent à traverser les Alpes pour rejoindre et solliciter l’aide du roi des Francs (c’est la première fois qu’un pape entreprend pareil voyage), parce qu’il n’a pas d’autre choix.

Le 6 janvier 754 (au palais de Ponthion, au sud de la Champagne), le roi Pépin s’avance au-devant du pape Étienne II et, avec déférence, prend la bride de son cheval, reproduisant ainsi le geste d’allégeance de l’empereur Constantin le Grand à l’égard du pape Sylvestre Ier.

À la suite de cet habile acte politique, Étienne II offre à Pépin une alliance par laquelle il certifierait par un second sacre, fait par lui-même, la grâce divine sur le roi des Francs et sur ses fils.

6 janvier 754 – rencontre diplomatique entre Pépin le Bref et le pape Étienne II

Le 14 avril, jour de Pâques, l’accord définitif se fait à Quierzy, sur les bords de l’Oise, entre Chauny et Noyon. Le pape apporte son appui spirituel à Pépin, et ce dernier s’engage à offrir au Saint-Siège un domaine assez grand pour le mettre à l’abri de toute agression.

Les États pontificaux sont créés, et un traité est signé. Il comprend une donation au pape et une contrepartie. La donation, connue sous le nom de donation de Quierzy, attribue au pape l’exarchat de Ravenne, la Corse, la Sardaigne et la Sicile.

Exarchat : dignité d’exarque ; province gouvernée par un exarque (délégué du patriarche chargé d’une province).

Mais l’exarchat de Ravenne appartenait à l’Empire romain d’Orient avant l’invasion des Lombards et la reconquête par Pépin le Bref ; il ne sera donc pas reconnu par l’empereur d’Orient, ce qui va engendrer un conflit avec Constantinople.

En contrepartie, le pape reconnaît la dynastie carolingienne. Cette donation sera confirmée en 774 à Rome par Charlemagne, fils de Pépin.

LE SACRE ET LA CRÉATION DES ÉTATS PONTIFICAUX

Le Sacre de Pépin le Bref par Étienne II , à Soissons, le 28 juillet 754.

Le dimanche 28 juillet 754, à l’abbaye royale de Saint-Denis, Étienne II sacre une nouvelle fois Pépin. Il lui attribue les titres de roi des Francs et de patrice des Romains (« Patricius Romanorum »).

Basilique Saint Denis

Les fils et héritiers de Pépin le Bref, Carloman Ier et Charlemagne (futurs rois), sont eux-aussi sacrés par la même occasion. Leur mère, Berthe au Grand Pied, reçoit la bénédiction du souverain pontife.

Pépin le Bref couronné par le pape Étienne II

Par cet acte, Étienne II noue un lien étroit, mais continu, entre l’onction faite aux rois de l’Ancien Testament et celle des rois de la nouvelle lignée. Ce sacre atteste officiellement la fin de la dynastie des Mérovingiens et l’avènement de la dynastie des Carolingiens.

En confirmant la royauté de Pépin le Bref sur les Francs et en lui donnant lui-même l’onction, le pape prend aussi ses distances avec l’empereur d’Orient, à Constantinople. Désormais, les souverains francs assurent la sécurité du Saint-Siège. C’est le début d’une longue collaboration (qui s’avèrera parfois tumultueuse) entre les Carolingiens et leurs lointains descendants du Saint-Empire romain germanique.

La légitimité du roi des Francs est désormais de droit divin ; elle ne dépend plus exclusivement des seigneurs francs, électeurs de leur roi. Pépin se considère dorénavant roi par la volonté de Dieu, et le principe de cette royauté de droit divin va durer en France sans interruption pendant onze cents ans. Dès lors, le roi est investi par Dieu, et cela perdurera jusqu’à Philippe le Bel.

Pépin, premier roi « très chrétien par la grâce de Dieu », a le devoir, en tant que « fils aîné de l’Église », de prendre la défense de sa « Sainte Mère », et de rompre l’alliance qui le lie aux Lombards.

Le 14 octobre 754, Pépin envoit une délégation auprès des Lombards, mais cela ne suffit pas à calmer leurs revendications.

En 755, il lance contre eux une première expédition qui sera couronnées de succès. Mais l’année suivante, les Lombards assiègent Rome.

De 756 à 758, Pépin lancera contre les Lombards trois campagnes (victorieuses) pour pouvoir les repousser hors de l’exarchat de Ravenne.

À l’issue de ces expéditions, Pépin le Bref livre au pape les territoires conquis. C’est à dire vingt-deux villes de l’Italie centrale (dont Ravenne, Pérouse et les provinces d’Émilie et de la Pentapole) qui viennent s’ajouter à Rome.

Ce territoire va former le siège des États pontificaux. Après ce succès, Pépin redouble les démarches diplomatiques afin de rétablir un semblant de paix entre les Lombards et Rome.

Lire: Pépin le Bref libère Rome des Lombards

PÉPIN RAFFERMIT SON ROYAUME

Au cours de son règne, Pépin remet de l’ordre dans son royaume :

– Avec les grands seigneurs, il change les rapports de ses vassaux par des serments de fidélité.

– Il s’efforce à expulser définitivement les Arabes de la Septimanie (province méridionale du royaume franc). La  tâche sera achevée en 759 avec la prise de Narbonne.

La Septimanie en 537 (en marron).

– De 760 à 768, il reconquiert l’Aquitaine après une longue série de campagnes contre le duc d’Aquitaine Waïfre.

– Il guerroie continuellement pour consolider son autorité aux frontières. Particulièrement en Germanie, où depuis l’abdication de son frère Carloman en 747, il subit l’opposition de son demi-frère Griffon (fils naturel de Charles Martel qui s’est fait reconnaître duc de Bavière).

Battu, Pépin le fait malgré tout duc du Maine, et lui confie la marche de Bretagne, spécialement créée pour lui. Pépin veut l’éloigner des Bavarois pour le dissuader de continuer à se révolter. Mais Griffon fait acte de mauvaise volonté, et va chercher à s’allier aux Lombards. En 753, alors qu’il franchit les Alpes à Saint-Jean-de-Maurienne, en Savoie, il se fait tuer par des hommes de Pépin.

– Ce dernier entreprend également une réforme monétaire, afin de normaliser le poids et l’aspect du denier d’argent franc. Ce n’est qu’à partir de 793, sous Charlemagne, que la marque de l’autorité royale figurera systématiquement sur la monnaie.

– En 756, Pépin instaure la dîme.

– Enfin, il s’intéresse à la culture et à la connaissance grecque : entre 758 et 763, il demande au pape Paul Ier des livres écrits en grec (destinés à l’éducation de sa fille Gisèle et au monastère de Saint-Denis, centre de la culture carolingienne alors naissante). Paul Ier lui enverra des livres liturgiques, des manuels de grammaire, d’orthographe, de géométrie, des œuvres d’Aristote et du Pseudo-Deny l’Aréopagite (auteur de traités chrétiens de théologie mystique en grec. Il est l’une des sources majeures de la spiritualité mystique chrétienne).

SA MORT

Gisants de Pépin et Bertrade de Laon dans la basilique Saint-Denis.

Pépin tombe malade à Saintes. Il décide de se rendre à Saint-Denis, en passant d’abord par Poitiers, puis par Tours. Arrivé à Saint-Denis, il réunit les grands du royaume, et leur fait accepter le partage qu’il a prévu entre ses deux fils, Charles (futur Charlemagne) et Carloman Ier.

Le 24 septembre 768, Pépin le Bref rend son dernier souffle. Il meurt d’hydropisie (épanchement de sérosité dans une partie du corps) à l’abbaye de Saint-Denis.

LE PREMIER ROI « ÉLU DE DIEU »

Clovis, en son temps, avait tout à fait compris l’influence de l’autorité de l’Église et l’importance de son patronage. Pépin instaure ainsi une nouvelle tradition : c’est le premier des monarques de France à être oint, à l’instar, bien des siècles auparavant, de Saül et David.  La tradition perdurera, et, comme lui « élu de Dieu », tous ses successeurs recevront l’onction sacrée.

Fondateur de la dynastie carolingienne, Pépin le Bref fonde ainsi les bases de l’alliance des souverains francs avec le Saint-Siège. Cet événement verra sa concrétisation en l’an 800, avec le sacre de Charlemagne Empereur.


Sources :

Les rois de France des Éditions Atlas (Les Carolingiens).

Photos publiques Facebook

https://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9pin_le_Bref

https://gw.geneanet.org/roxy26?lang=fr&n=carolingien&p=pepin+iii+le+bref

 

 

 

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