Bertrand Du Guesclin, l’enfant rebelle
LA GUERRE DE CENT ANS
De 1337 à 1453
BERTRAND DU GUESCLIN
(1320-1380)
L’ENFANT REBELLE
Lire :
Bertrand Du Guesclin, le chef de guerre.
La mort du connétable Du Guesclin.
LE DOGUE NOIR DE BROCELIANDE
NAISSANCE ET FAMILLE
Bertrand du Guesclin (aussi nommé « Bertran du Guesclin ») naît vers 1320 au château de la Motte-Broons à Broons, près de Dinan, et meurt le 13 juillet 1380 devant Châteauneuf-de-Randon (Gévaudan).
Il est le fils de Robert II du Guesclin (né vers 1300 mort en 1353), seigneur de la Motte-Broons, et de son épouse Jeanne de Malesmains, dame de Sens-de-Bretagne (née en 1300 et morte en 1350). De cette union naîtront dix enfants.
Issu d’une rustique seigneurie de la noblesse bretonne, il fut connétable de France et de Castille. Surnommé le « dogue noir de Brocéliande », Bertrand du Guesclin fut un personnage majeur de la première partie de la guerre de Cent Ans.
Certes, les Du Guesclin font partie des familles nobles de Bretagne, mais Robert II du Guesclin appartient à la branche cadette de la famille, et vit à la Motte-Broons dans un modeste manoir. C’est ce qui explique que sa langue maternelle sera une langue d’oïl, et non le breton.
Son surnom de « dogue noir de Brocéliande » vient de la couleur de sa peau et de son teint hâlé. Ses compagnons disaient de lui qu’il avait « la peau noire comme un sanglier ». Ce « petit hobereau breton » est l’exemple même d’une ascension sociale obtenue par la bravoure, la vaillance et la force des armes, sur les champs de bataille.
ENFANCE
Le petit Bertrand est l’aîné d’une fratrie de dix enfants et, comme il était d’usage à l’époque, il est aussitôt « placé en nourrice ». Il sera élevé parmi des paysans, où il restera jusqu’à l’âge de
cinq ans.
Les historiens décrivent son physique d’une manière sévère et peu flatteuse : « petit », « les jambes courtes » et « noueuses », « les épaules démesurément larges », « les bras longs », « une
grosse tête ronde et ingrate », « la peau noire comme celle d’un sanglier ». Sa laideur (la Chanson de Bertrand du Guesclin du trouvère Cuvelier dit de lui qu’il fut « l’enfant le plus laid qu’il y eût de Rennes à Dinan ») et sa brutalité lui valent la honte de ses parents.
Comme pour rajouter à sa peine, sa mère se détourne de lui et donne la préférence à ses deux frères cadets et puînés (qui est né après un frère ou une sœur). A cela il faut rajouter la maltraitance de son père, qui refuse de le former à la chevalerie : la chronique de Cuvelier dit de ses parents qu’ils « le détestaient tant, que souvent en leur cœur ils désiraient qu’il fût mort ou noyé dans l’eau courante ».
UNE FORCE HORS DU COMMUN
A l’âge de six ans, il parvient malgré tout à être respecté par sa mère et ses cadets. Un jour, comme à son habitude, il est relégué dans un coin de la pièce, au cours d’un repas familial en
l’absence de son père. Soudain, il bouscule furieusement ses frères pour occuper la place de l’aîné sur le banc. Sa mère, en colère, s’apprête à le punir, quand brusquement il se lève et retourne à la force des bras la lourde table.
Au château de la Motte-Broons, près de Dinan, dans le duché de Bretagne, le jeune Bertrand, même en sa qualité d’aîné de la fratrie Du Guesclin, est un laissé pour compte ; le paria d’une famille de dix enfants. Ce fils délaissé n’a pas trouvé l’amour de sa mère, la belle et admirable Jeanne Du Guesclin. Il faut l’imaginer lorsque pour la première fois elle a posé son regard sur la silhouette de son fils, si laide et difforme.
Meurtri malgré lui par ce corps qui va le marquer toute son enfance, Bertrand vas se révolter et se lancer de toute son âme dans les jeux de la guerre.
Ces divertissements étaient prédestinés pour cet enfant tourmenté. Il va les partager avec les enfants du village. Il découvre avec eux cet esprit d’appartenance à un groupe, l’assurance de soi, et aussi un amour de la liberté sans commune mesure. Autant de valeurs qui vont lui permettre de se couper définitivement du mépris familial.
UN BÉBÉ LAID !
En ce jour de grâce de l’année 1320, lorsque le bébé Bertrand pousse son premier cri de nouveau-né dans l’austère château de Broons, nul n’y prête attention. Il ne se passe rien, aucune manifestation ni humaine ni divine, pour célébrer la naissance de ce fruit de l’amour.
Seule, Jeanne du Guesclin, dont l’épaisse chevelure brune contraste avec la pâleur de son visage, est alitée dans le grand lit nuptial. Elle est interrogative… Le regard qu’elle pose sur l’enfant à la peau brune qu’elle vient de mettre au monde, et qu’elle s’apprête à accueillir des bras de son époux, messire Robert Du Guesclin, la rend dubitative.
N’est-ce pas cet enfant mâle, promptement prénommé Bertrand, qui doit perpétuer le nom et la lignée des Du Guesclin ? Une des plus vieilles familles bretonnes entre Saint Malo et Cancale, dont Bertrand est l’héritier de la branche cadette, la plus pauvre ?
Bertrand n’est pas le bienvenu. Il n’est pas non plus le fils tant désiré, tant sa laideur repousse ses parents.
UN ENFANT RÉVOLTÉ !
Bertrand connaît donc une enfance tumultueuse. Il fait ses premiers pas dans les cuisines du château, le seul endroit où l’on accepte sa présence… Il n’a reçu aucune éducation, excepté celle transmise par les domestiques. Il ignore les bonnes manières, et refuse toute forme de culture. Il ne sait ni lire ni écrire ni compter.
Avec ses camarades de jeu, il se montre batailleur, agressif, et violent. Il affiche une force au combat peu commune et possède un « tempérament de chef ». De toute évidence, Bertrand est un meneur d’hommes.
En 1337 (année qui marque le début de la Guerre de Cent Ans), Bertrand a dix-sept ans. Son père l’a enfermé dans une tour du château. La pièce est
étroite, spartiate, et la lumière du jour pénètre seulement par deux meurtrières. C’est dans l’étroitesse de ces lieux que le jeune Bertrand ressent une grande humiliation. Lui qui est avide de liberté et d’espace vital, lui qui a la tête pleine de rêves de combats acharnés et de terribles batailles…
Avec le temps qui passe, il quitte l’insouciance de l’enfance pour acquérir une force affûtée. Il est fin prêt à se révolter.
Rejeté, humilié par les siens, il profite un jour d’un moment d’inattention d’un domestique pour s’enfuir du château familial.
Galopant à bride abattue sur un cheval de labour, il se rend à Rennes pour rejoindre l’hôtel de son oncle, le sire Bertrand seigneur de Vauruze.
Il y restera près d’un an. Sur place, il va apprendre à se comporter suivant son rang, et percevra « l’obligation de ne se battre que dans les joutes et dans les tournois suivant les règles de l’honneur chevaleresque ».
LE TOURNOI DE RENNES
Le 4 juin 1337, Charles de Blois épouse Jeanne de Penthièvre (dite la Boiteuse), à Paris.
On fête l’événement à Rennes, au cours d’une belle journée de printemps, en présence des jeunes époux. Des chevaliers et des écuyers venant parfois de fort loin vont s’affronter dans un tournoi. Et Bertrand est très impatient d’y participer. N’est-ce pas son rêve de toujours qui va enfin se concrétiser ?
Nonobstant, il craint de se ridiculiser : son armure est vieille et dépareillée ; quant à son cheval, c’est une vieille rosse qui ne « vaut pas quatre florins ».
Sur son chemin, alors qu’il croise de beaux chevaliers en armures « si resplendissants dans leur cotte de maille dorées et damasquinées, leurs panaches au vents, leurs boucliers blasonnés, leurs grands éperons dorés », ses appréhensions se vérifient. Alors résigné, Bertrand se fond dans la foule.
Le tournoi est long et fastidieux. Le public présent ce jour-là commence à s’ennuyer, quand soudain arrive sur le terrain un chevalier inconnu. Il ne possède ni arme ni blason !
Le nouvel arrivant va enchaîner victoire sur victoire. La foule ravie, a trouvé son champion et l’applaudit à tout rompre.
Puis arrive le tour de messire Robert Du Guesclin (son père) d’entrer en lice. Mais le chevalier inconnu refuse à plusieurs reprises de le combattre en esquivant le coup au dernier instant. Enfin, il découvre sa tête et révèle son vrai visage. La foule reste médusée lorsqu’elle reconnaît le jeune Bertrand Du Guesclin, et elle lui fait un triomphe.
Le jeune Bertrand, rejeté et humilié par sa famille, est le héros du jour. Adulé par le peuple qui scande son nom, et désormais vénéré par les siens. Le futur connétable de France triomphe… de son passé.
Sources :
Mes photos
Photos publiques Facebook
Les rois de France des Éditions Atlas (Valois directs).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_V_le_Sage
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bertrand_du_Guesclin
https://gw.geneanet.org/pierfit?lang=fr&n=de+malesmains&oc=0&p=jeanne
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