La bataille de Mansourah – 1250
LES CROISADES
(1095 – 1291)
LA SEPTIÈME CROISADE
« Croisade Égypte »
(1248-1254)
LA BATAILLE DE MANSOURAH
(Du 8 au 11 février 1250)
« Dieu le veut ! »
Un long chemin vers la terre du Christ
Lire :
1 – Des origines à l’appel du pape Urbain II
INTRODUCTION
SOMMAIRE
QUELQUES REPÈRES :
CHRONOLOGIE DES ÉVÉNEMENTS ANTÉRIEURS
Languedoc : croisade contre les albigeois
1242
– 28 mai : massacre des inquisiteurs à Avignonet par un groupe de gens partis de Montségur.
– 2ème excommunication de Raymond VII.
Languedoc : croisade contre les albigeois
1243
– mai : nouveau siège de Montségur effectué par le représentant du roi Louis IX, le sénéchal de Carcassonne (Hugues des Arcis).
Le Concile catholique de Béziers veut châtier les responsables du massacre des inquisiteurs à Avignonet. Il admet qu’aucune action ou représailles ne seraient efficaces sans avoir obtenu tout d’abord la reddition de la forteresse de Montségur. Afin d’intensifier la lutte contre les hérétiques, le synode confie les combats à venir au sénéchal de Carcassonne, Hugues des Arcis.
– hiver : premiers succès à Montségur ; les coups de force et frappes pour faire tomber la citadelle sont encourageants. Les Français (croisés) gagnent du terrain.
Orient
– 12 juin : Balian d’Ibelin s’empare de Tyr, alors aux mains des alliés de Frédéric II de Hohenstaufen (1194-1250).
1244
Languedoc : croisade contre les albigeois
– 1er mars : Raymond de Pareille et Pierre Roger de Mirepoix, qui dirigent la défense du château de Montségur, obtiennent une trêve de deux semaines pour organiser l’évacuation de la citadelle. Avec le consentement de l’évêque cathare Bertrand Marty, ils décident de négocier la reddition de la forteresse.
– 16 mars : le château de Montségur capitule. 210 Cathares refusant d’abjurer sont conduits au bûcher. L’ost du roi s’empare de la place forte.
Orient
– 23 août : les Khwarezmiens prennent Jérusalem aux Croisés.
– 17 Octobre : Louis IX fait le vœu de partir en Croisade.
-18 octobre : défaite des Francs à la bataille de La Forbie, au nord-est de Gaza.
1245
Languedoc : croisade contre les albigeois
Pourchassés, sans abris et désormais sans refuges, les Cathares fuient à l’étranger, en particulier en Lombardie.
Orient
– 28 juin : début du 13ème Concile œcuménique au couvent de Saint-Just, à Lyon. Innocent IV y prédit la Septième Croisade vers l’Égypte.
– Mort d’Armand de Périgord, seizième Grand Maître de l’Ordre du Temple. Richard de Bures lui succède.
1246
Mort de Geoffroy II de Villehardouin (1195-1246), prince de Morée ou d’Achaïe. Son frère Guillaume II de Villehardouin (1211-1278) lui succède.
1247
Languedoc : croisade contre les albigeois
Raymond II Trencavel se soumet définitivement à Paris.
Orient
– 5 ou 9 mai : mort de Richard de Bures, Grand Maître de l’Ordre du Temple. Guillaume de Sonnac lui succède.
– 17 juin : en Galilée, les Khwarezmiens s’emparent de Tibériade, tenue par les Francs.
– 4 septembre : mort de Balian d’Ibelin, seigneur de Beyrouth. Son fils Jean d’Ibelin lui succède.
– 15 octobre : les Khwarezmiens reprennent Ascalon, tenue par les Croisés.
– Le pape Innocent IV place le royaume de Chypre sous la tutelle du Saint Siège, et le décharge de tout hommage vis-à-vis du Saint-Empire.
1248
– 12 juin : Louis IX et la Septième Croisade partent de Saint Denis.
– 25 août : Saint-Louis et la Septième Croisade embarquent à Aigues-Mortes.
– 7 septembre : Saint-Louis et la Septième Croisade arrivent à Chypre.
Péninsule Ibérique, Reconquista
Le 23 novembre, Ferdinand III de Castille s’empare de Séville.
1249
Languedoc : croisade contre les albigeois
Le 27 septembre Raymond VII meurt à Millau. Le roi et l’Église ayant réussi à l’empêcher de se remarier, il décède sans descendance. Son gendre Alphonse de Poitiers et de France lui succède.
Orient
– 30 mai : Saint-Louis et la Septième Croisade quittent Chypre et s’embarquent pour Damiette.
– 5 juin : Saint-Louis et la Septième Croisade accostent à Damiette.
– 6 juin : Prise de Damiette par les Croisés.
– 20 novembre : Saint-Louis et la Septième Croisade quittent Damiette et prennent la direction du Caire.
– 23 novembre : mort de Al-Malik as-Sâlih Najm ad-Dîn Ayyûb (1207-1249), sultan d’Égypte. Son fils Al-Malik al-Mu`azzam Tûrân Châh lui succède.
1250
– 8 février : bataille de Mansourah.
– 11 février : mort de Guillaume de Sonnac (mort au combat, à la bataille de Mansourah), 17ème Grand Maître de l’Ordre du Temple. Renaud de Vichiers lui succède.
– 28 février : arrivée de Al-Malik al-Mu`azzam Tûrân Châh à Mansourah.
– 6 avril : Saint-Louis est fait prisonnier ; son armée se rend aux Ayyoubides.
– 2 mai : Al-Malik al-Mu`azzam Tûrân Châh est assassiné par les Mamelouks.
– 6 mai : Louis IX est libéré en échange de la ville de Damiette.
– 8 mai : Saint-Louis quitte l’Égypte et part en Syrie.
– 13 mai : arrivée de Louis IX à Saint-Jean-d’Acre.
– 9 juillet : Al-Malik an-Naser Salah ad-Dîn Yusuf (1228-1260), sultan ayyoubide d’Alep, entre dans Damas.
QUELQUES REPÈRES :
LA BATAILLE DE MANSOURAH
(Du 8 au 11 février 1250)
– Lire :
SITUATION
PRÉLIMINAIRES
Après la prise de Damiette (6 juin 1249), et après avoir longuement attendu des renforts conduits par son frère le comte Alphonse de Poitiers, le roi Louis peut enfin tenir son conseil de guerre. Les Francs hésitent ; deux solutions divisent ses barons : soit attaquer et s’emparer d’Alexandrie afin d’isoler l’Égypte, soit se diriger sur Le Caire pour se rendre maîtres de la capitale. Contre l’avis de ses barons qui l’incitent à prendre Alexandrie, Louis IX décide de marcher sur Le Caire ; d’autant que son frère, Alphonse de Poitiers, venu d’Europe, vient de le rejoindre à la tête des renforts tant espérés. Dès le 20 novembre, les Croisés progressent vers le sud en suivant le Nil ; ils ont pour objectif de porter tous leurs efforts contre la forteresse d’El-Mansourah (le chant de la victoire en arabe) qui se dresse sur leur route. Mansourah étant la seule ville qui protège Le Caire, les Ayyoubides vont tout mettre en œuvre pour la défendre. Ce puissant bastion est solidement défendu par le sultan Turanchah (Al-Malik al-Mu`azzam Tûrân Châh), qui vient succéder à son père Saleh Ayoub (Al-Malik as-Sâlih Najm ad-Dîn Ayyûb, 1207-1249).
UN CHOIX PARTAGE
DÉROULEMENT
L’armée chrétienne qui avance est escortée par sa flotte. Les navires assurent à la fois le ravitaillement et le transport du matériel militaire. Les forces franques qui traversent ces contrées inconnues et hostiles sont soumises à d’incessants raids de la cavalerie musulmane, et à d’innombrables incursions meurtrières dans les rangs croisés.
Un mois plus tard, le 19 décembre, les Francs aperçoivent la forteresse de Mansourah. Cette dernière est située pourtant à seulement 50 kilomètres au sud-ouest de Damiette, leur point de départ. C’est dire si le parcours a été difficile et semé d’embûches sanglantes. La citadelle est protégée par le canal d’Achmoun, le plus large et le plus profond des bras du Nil, sur lequel patrouillent aux avant-postes des navires égyptiens. Louis IX comprend alors qu’il sera très difficile de s’emparer de la ville.
1250
Après avoir consulté ses ingénieurs, le roi Louis se range à leurs recommandations. L’obstacle ne pourra être franchi qu’après avoir été asséché par l’édification d’une digue. Mais la construction de l’ouvrage va s’avérer périlleuse. Les croisés vont être harcelés sans relâche par les archers et la cavalerie ennemie, si bien que les travaux ne pourront être achevés. Pendant plus d’un mois, les Francs restent bloqués à la merci des flèches turques. A plusieurs reprises, les machines de bois recouvertes de cuirs qui protègent les ouvriers sont brûlées par le feu grégeois. Ces flammes terrifiantes que l’on ne peut éteindre suscitent la plus vive inquiétude chez les Croisés. Les Francs sont dans une situation délicate, et les vivres commencent à faire défaut. Le feu grégeois projeté sur les hommes et les machines de guerre provoque de graves dégâts et engendre l’effroi parmi la troupe.
FEU GRÉGEOIS
C’est alors que le 8 février un bédouin se propose, contre rétribution (500 besans d’or), de leur faire franchir le canal en leur indiquant un gué où ils pourront traverser facilement.
Finalement, le gros de l’armée croisée parvient de l’autre côté du bras du grand fleuve et se trouve face à la citadelle d’El-Mansourah ; et les véritables ennuis vont commencer…
UNE DÉFAITE INJUSTE
L’armée franque, en majorité constituée de cavaliers, est composée de quatre corps :
– L’avant-garde est menée par les Templiers, des hommes chevronnés et réfléchis, aguerris à cette sorte de conflit.
– Le comte d’Artois (1216-1250), brave, téméraire et fougueux, commande le second corps de bataille.
– Le troisième corps est sous les ordres du duc Charles d’Anjou (1227-1285).
– Le Quatrième, et le plus important, est dirigé par le roi Louis IX (1214-1270).
11 février
Dès lors, le frère du roi, le comte Robert d’Artois, n’écoutant pas les conseils des Templiers, se lance à l’assaut des fortifications avancées des Musulmans.
Il se rue sur les positions turques, suivi par les Templiers du grand maître Guillaume de Sonnac, et les Hospitaliers de Jean de Ronay.
Après une dure confrontation avec les Mamelouks, son entreprise téméraire est couronnée de succès. Fort de son allant et de son audace, sa progression l’amène à aller plus de l’avant et à réussir à entrer victorieux dans la citadelle de Mansourah. Mais Robert d’Artois va se retrouver isolé du reste du gros de l’armée et pris au piège. Capturé, il est massacré ainsi que le comte de Salisbury et 200 Templiers. Le grand maître des Templiers Guillaume de Sonnac y perdra un œil. Dans la mêlée, l’Émir Kahreddin est tué ; le chef des Mamelouks, Baïbar, « l’Arbalétrier » le remplace sur-le-champ.
Louis IX apprendra la mort de son frère le soir venu.
LE ROI REFUSE DE QUITTER L’OST
Le lendemain, les Égyptiens reviennent à la charge et sont repoussés. Démoralisés et persécutés de tous côtés par la contre-offensive de l’ennemi, les Croisés résistent avec courage et détermination. Mais ces derniers vont devoir affronter un adversaire bien plus redoutable. Bientôt, leurs rangs vont être décimés par la famine d’abord, puis par une grave épidémie de dysenterie et de fièvres typhoïdes. Un véritable fléau provoqué par le manque d’hygiène et par la pollution des eaux du Nil, où gisent de nombreux cadavres en décomposition. En outre, plus au nord, la flotte musulmane bloque le ravitaillement des forces croisées. L’ost royal est dans une situation désespérée.
Dans la nuit du 5 au 6 avril, les Francs doivent se résoudre à se retirer de la bataille, et prennent la route de Damiette. Le roi organise le repli des bribes de son armée, soit 12 000 hommes. Il doit faire vite car le temps presse : il lui faut éviter d’être bloqué par la crue du Nil. Ses troupes sont déjà épuisées, malades, et décimées par la peste. Les blessés sont évacués par le fleuve. Son frère Charles d’Anjou lui demande de prendre place à bord des navires où les malades et les blessés ont été embarqués. Bien qu’épuisé de fatigue, le Capétien refuse.
Le 6 avril au soir, l’arrière-garde de l’armée franque fait une halte dans le petit village de Munyat Abu-Abdallah. Le roi fiévreux est contraint de s’aliter. Chargé de veiller sur le repos du roi, Gautier de Chatillon, comte de Blois, est tué par les Mamelouks qui assaillent le camp. Les barons survivants, restés auprès de leur souverain, lui conseillent de négocier une trêve. Mais il est trop tard, l’ennemi est tout proche et cerne le village ; il n’est plus question de trêve !
A l’aube du 7 avril, le roi de France, tous ses gens, grands seigneurs et barons, sont fait prisonniers. L’armée croisée n’existe pratiquement plus : les blessés sont massacrés et les quelques survivants capturés. Revêtu de haillons, le teint blafard, ravagé par les infections qui le minent, Louis IX est emmené à Mansourah où il est emprisonné. La Septième Croisade est terminée ! Il faut maintenant tout faire pour acheter la libération du roi ; si toutefois il ne meurt pas avant, ravagé par la maladie.
PIERRIÈRE
MANGONNEAU
TRÉBUCHET
Compte rendu passionnant, écrit avec une clarté remarquable. Il y a eu dans ma famille des Croisés et des….Albigeois.
Merci infiniment.
Danielle de Seguins Pazzis d’Aubignan
Cher Monsieur,
Je viens de vous envoyer un commentaire assez détaillé…..mais il m’a filé sous les doigts…. peut-être l’avez-vous reçu? Espérons-le
Danielle de Seguins Pazzis
Bonjour madame,
Je suis désolé mais je n’ai malheureusement pas reçu votre commentaire.Toutefois je vous remercie de m’avoir lu et l’intérêt que vous avez apporté à mon article me conforte et me pousse à continuer dans mes efforts de recherches sur ces sujets historiques.
Merci,
Jean-Marie Borghino
Cher Monsieur,
Mon commentaire qui a filé..est bien plus haut, J’ai toujours entendu parlé des Crosades dans mon enfance et nous avons eu des Croisés et…….des Albigeons dans nos famille. Excellent site. Professeur de Français aux USA pendant 40 ans, je me souviens de l’émotion de mes étudiants en lisant un très beau passage de Joinville. Ils avaient 15 ans, et étaient américains. Merci Monsieu
. Danielle de Seguins Pazzis d’Aubignan
.
Danielle de Pazzis Articles récents…Les Témoins du passé – Les pharaons célèbres de la dynastie Ptolémaïque
Oops Faute de Français…..entendu parler…..zut spellcheck.
Danielle de Pazzis Articles récents…Les Témoins du passé – Les pharaons célèbres de la dynastie Ptolémaïque
Cher Monsieur,
Je recherche, sans succès. Un très beau passage, très court de Joinville, qui avait beaucoup ému mes étudiants américains. C’était à la fin d’un chapitre dans une série littéraire publiée par Castel et Surer. Livre que je n’ai plus. Des Croisés s’arrêtent brièvement dans une île ….peut-être Lampedusa et font une chasse aux lapins ( conins) . Ils tombent par hasard sur un petit jardin , puis une toute petite chapelle en ruines où ils trouvent deux moines gisants, momifiés par la chaleur . Ils les enterrent puisement. Au départ, déjà à bord….il manque un compagnon . Il est dit qu’il est resté à terre pour reprendre le rôle de ses deux ermites. Le capitaine fait jeter par dessus bord un ou deux tonneaux de biscuits pour l’aider à survivre. Connaissez vous ce très beau et très émouvant passage, en vieux Français, mais facile à lire.
Merci infiniment.
Danielle de Pazzis
Bonjour madame,
Je pense avoir retrouvé le texte dont vous me parlez et qui vous a tant marquée.Vous pouvez trouver le texte entier sur:
Full text of « Jean, sire de Joinville : Histoire de Saint Louis ; Credo ; et …
https://archive.org/stream/jeansiredejoinvi00join/jeansiredejoinvi00join_djvu.txt
Nous partîmes de rile de Ch3’pre, après que nous eûmes pris
dans rîle de Teau fraîche et autres choses dont nous avions besoin.
Nous vînmes à une île qu’on appelle Lampedouse, là où nous prîmes
tout plein de lapins ;, et nous trouvâmes un ermitage ancien dans les
roches, et trouvâmes le jardin qu’y avaient fait les ermites qui y de-
meurèrent anciennement : il y avait des oliviers, des figuiers, des ceps
de vigne et d’autres arbres. Le ruisseau de la fontaine courait parmi
le Jardin. Le roi et nous allâmes jusques au bout du jardin, et trou-
vâmes, sous une première voûte , un oratoire blanchi à la chaux, et
une croix vermeille de terre.
609. Nous entrâmes sous la seconde voûte , et trouvâmes deux
corps de gens morts , dont la chair était toute pourrie*, les côtes se te-
naient encore toutes ensemble, et les os des mains étaient sur leurs
poitrines- et ils étaient couchés vers l’orient, de la manière que l’on
met les corps en terre. Au moment de nous rembarquer dans notre
nef, il nous manqua un de nos mariniers-, à cause de quoi le maî-
tre de la nef pensa qu’il était demeuré là pour être ermite- et pour
cela, Nicolas de Soisi,qui était maître sergent du roi, laissa trois sacs
de biscuits sur le rivage , pour qu’il les trouvât et en vécût.
Merci pour l’intérêt que vous portez à mes articles.
Bien cordialement,
Jean-Marie Borghino
Corrections…ils les enterrent pieusement…..de ces deux ermites
Incroyable récit. Mon Ancêtre direct est Josserand de Brancion et son neveu est Jean de Joinville. Je suis si peinée et fière en même temps.