Les Témoins du Passé – L’Amphithéâtre antique d’Arles
LES TÉMOINS DU PASSE
ANTIQUITÉ
L’AMPHITHÉÂTRE ANTIQUE
D’ARLES
Blason de la ville d’Arles
Blason des Bouches du Rhône
ÉDIFICE : amphithéâtre ou arènes.
STYLE : Gallo-romain.
LIEU : Arles (Arelate).
DATE DE CONSTRUCTION : 80 apr J.-C. /90 apr J.-C.
PÉRIODE : dynastie des Flaviens.
Les Flaviens sont une dynastie d’empereurs romains issus de la gens Flavii, qui ont régné de 69 à 96 sur l’Empire romain : Vespasien (de 69 à 79), Titus (de 79 à 81) et Domitien (de 81 à 96).
ÉPOQUE : sous le règne de Domitien (né sous le nom de Titus Flavius Domitianus le 24 octobre 51, et mort le 18 septembre 96 à Rome).
DIMENSIONS : 136m x 107m x 21m.
CAPACITÉ : 25 000 places.
PROTECTION : classement sur la liste des Monuments Historiques de 1840.
SITE PROTÉGÉ : liste du patrimoine mondial en 1981.
PROPRIÉTÉ : commune d’Arles.
ARLES
SITUATION
La ville d’Arles (dérive d’Arelate), qui abrite les vestiges du théâtre antique, se situe dans le sud-est de la France. C’est une commune du département des Bouches-du-Rhône, en Provence-Alpes-Côte d’Azur. La cité est traversée par le Rhône et se trouve entre Nîmes (à 27 km à l’ouest) et Marseille (à 80 km à l’est).
UN PEU D’HISTOIRE
Profitant pendant plus de cinq siècles d’une situation privilégiée et stratégique sur le Rhône, et de projets d’urbanismes successifs, Arles bénéficiera du soutien de plusieurs Empereurs. Elle devient un des premiers foyers chrétiens des Gaules et une résidence impériale puis, à la fin du 4ème siècle, préfecture du prétoire. Assiégée en 425, 430, 453, 457 et 471, la cité est finalement prise par le roi wisigoth Euric (420-484), une première fois en 472, puis de manière définitive en 476.
L’AMPHITHÉÂTRE
LEXIQUE DE L’ARCHITECTURE
Aréna (en latin « le sable ») : désigne la piste de l’amphithéâtre sur laquelle se déroulent les jeux et les spectacles. Attique : dernier mur de la façade d’un amphithéâtre. Il sert de dossier et de support pour le velum. Cavea : dans la Rome antique, la cavea (en latin : « creux ») désigne la partie d’un théâtre romain ou d’un amphithéâtre où se trouvent les gradins sur lesquels viennent s’assoir les spectateurs. Maeniana : espace où l’on répartissait le public suivant son rang social. Naumachie : combat naval. Piédroit : qui supporte la naissance d’une voûte, d’une arcade. Podium : haut muret qui sépare l’arène du premier rang de gradins. Style corinthien : c’est un des trois ordres architecturaux grecs, repris par les Romains. Il se compose d’un chapiteau à corbeille orné de rangées de feuilles d’acanthe et d’un entablement richement décoré. Velum ou velarium : grande pièce de tissu, généralement en lin, que l’on étendait dans les théâtres et amphithéâtres romains au-dessus des spectateurs, pour les protéger du soleil. Vomitoires : du latin vomitere, sortir. Couloirs et galeries qui permettaient l’accès aux gradins.
HISTORIQUE
L’amphithéâtre d’Arelate sera utilisé jusqu’à la fin de l’Empire romain.
En 255, l’Empereur Trébonien Galle, Gaius Vibius Trebonianus Gallus (206-253), y organise des jeux pour fêter les victoires remportées par ses armées en Gaule.
Au début du IVème siècle l’Empereur Constantin 1er (272-337) y fait donner de somptueux spectacles de chasses et de combats à l’occasion de la naissance de son fils ainé.
Plus tard Majorien, Flavius Iulius Valerius Maiorianus Augustus (vers 420 – 7 août 461), y organisera plusieurs spectacles.
En 539, Childebert (né vers 497 à Reims et mort le 23 décembre 558 à Paris), roi de Paris, demandera à l’occasion d’un séjour dans le midi des Gaules, à ce qu’on renouvelle en sa présence les jeux antiques.
Il est attesté par des documents historiques que l’amphithéâtre est encore utilisé sous l’épiscopat de Césaire d’Arles (né vers 470 à Chalon-sur-Saône et mort le 26 août 542 à Arles). Ce dernier fut évêque de cette cité de décembre 502 jusqu’à sa mort, en 542.
Il en sera de même après le passage de la ville sous la domination franque jusqu’en 550.
A la fin du VIème siècle, l’amphithéâtre se transforme en bastide fortifiée. De nouveaux aménagements voient le jour au fil du temps : construction de quatre tours qui abriteront plus de deux cents logements ainsi que deux chapelles.
En 1516, François 1er, en visite dans la cité, est surpris de constater qu’un tel monument puisse être dans un tel état d’abandon.
Il faudra attendre 1825, sous l’impulsion du maire de l’époque, le baron Chartrouse, pour que les habitants des lieux soient expropriés.
En 1830, lors d’une fête inaugurale à l’occasion de la célébration de la prise d’Alger, les arènes vont recouvrer leur fonction festive et dramatique d’origine. Signe d’une pérennisation des mœurs romaines, des spectacles taurins vont se dérouler devant un public toujours avide de sensations fortes, lui donnant ainsi son appellation actuelle d’arènes.
Le 30 décembre 1840, la commission archéologique fait détruire les dernières habitations construites contre l’amphithéâtre.
Sur l’initiative de l’écrivain Prosper Mérimée, l’édifice est classé Monument Historique en 1840.
En 1981, il est inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO.
En 1998, les arènes ont accueilli le jeu télévisé Intervilles contre Martigues, en 2005 contre Digne-les-Bains, ainsi que la finale entre Pont-Saint-Esprit et Saint-Quentin.
LOCALISATION
Les ingénieurs romains ont construit l’amphithéâtre d’Arelate sur la colline de l’Hauture, située dans la zone sud-est du centre historique. Lors de l’agrandissement de la cité, sous la dynastie flavienne, les bâtisseurs furent contraints de détruire l’enceinte augustéenne édifiée un siècle plus tôt.
Le monument d’Arles (fin du 1er siècle au milieu du IIIème siècle) fait partie des 15 plus importants amphithéâtres de l’Empire romain ; il est le témoin le plus représentatif de la romanisation. Avec les théâtres, il est certainement un des monuments les plus courants du monde romain. Une cinquantaine d’amphithéâtres ont été répertoriés en Gaule, soit à peu près autant qu’en Italie.
DESCRIPTIF
La façade de l’édifice se compose de deux niveaux de soixante arcades en plein cintre, séparés par des piédroits massifs de section rectangulaire. Une embrasure plus large accentue les extrémités des deux axes de l’édifice. Il est à noter que l’entrée principale ne se situait pas au nord comme actuellement, mais sur le côté ouest, où on découvre les ruines d’un escalier débouchant sur la ville.
L’amphithéâtre comprend trois parties distinctes : l’arène, le podium, et les gradins (gradus, cavea).
La piste elliptique en son centre est appelée aréna (sable). Elle était recouverte de sable, pour éviter aux gladiateurs de glisser, et pour absorber le sang lors des combats et des spectacles exposant des bêtes féroces. Des souterrains se trouvaient sous l’arène, à des endroits bien définis. A la grande joie des spectateurs, des animaux sauvages (lions, tigres…) surgissaient quelquefois de dessous terre, à l’aide de savants mécanismes. D’autre part, l’aréna était parfois couverte d’eau soit pour organiser des naumachies (combats navals mais qui n’ont pas eu lieu à Arles), soit pour y introduire des crocodiles ou autres reptiles qui s’affrontaient sous les yeux ravis d’un public avide de sensations nouvelles.
A chaque extrémité des deux axes de l’aréna se trouvait une porte libitinensis (porte de mort), qui était utilisée pour évacuer les gladiateurs mis hors de combat.
La porte triumphalis était empruntée par les gladiateurs lors de la parade en début de journée et par les vainqueurs. La porte libitinensis servait pour dégager les mortellement blessés de la scène de spectacle et les emmener au spoliarium.
L’arène était ceinturée par un soubassement haut de 4 ou 5 mètres, nommé podium. Il formait une plate-forme sur laquelle on installait quelques sièges portatifs pour les notables (sénateurs, magistrats…), ainsi que la loge de l’Empereur et une place pour l’organisateur des jeux. Le podium, ainsi qu’un fossé rempli d’eau creusé tout autour de l’arène, préservaient le public des assauts des bêtes féroces.
La cavea (gradus), espace réservé aux spectateurs, était constituée de 34 gradins, divisés en quatre éléments : les maeniana, les vomitoires, l’attique et le velum.
Les maeniana permettaient aux spectateurs d’accéder à la cavea. Pour se faire, les bâtisseurs avaient créé un ingénieux système de galeries circulaires, de passages et d’escaliers (les vomitoires). Grâce à ce système de galeries, l’on pouvait accéder au niveau le plus élevé de l’édifice. Un attique, disparu de nos jours, dominait la façade. Sur celui-ci, des mâts étaient fixés qui servaient à tendre un velum (voile) pour protéger le public du soleil.
UN SPECTACLE TRÈS PRISÉ
Les munera se pratiquent suivant des règles prédéfinies. Les combats commencent d’abord par le défilé des participants (parade marquant l’ouverture officielle des jeux). Viennent ensuite les duels, qui sont contrôlés par des arbitres. Certains gladiateurs victorieux reçoivent une couronne de laurier, une palme, des prix en argent (l’affranchissement pour les esclaves). Ils deviennent parfois très célèbres, accédant à une popularité immense à travers tout l’Empire.