Les Témoins du passé – La cathédrale Saint Léonce de Fréjus
LES TÉMOINS DU PASSÉ
LA CATHÉDRALE
SAINT-LÉONCE
DE
FRÉJUS
Fréjus, Var
CULTE : Catholique romain.
TYPE : Cathédrale.
RATTACHEMENT : Diocèse de Fréjus-Toulon.
DÉBUT DE LA CONSTRUCTION : 5ème siècle.
FIN DES TRAVAUX : 16ème siècle.
STYLE : Architecture gothique et romane.
PROTECTION : La cathédrale est classée et inscrite sur la liste des monuments historiques de 1862.
VILLE : Fréjus.
DÉPARTEMENT : Var.
SITUATION & PRÉSENTATION
Édifice d’origine médiévale, la cathédrale Saint-Léonce est située dans le centre historique de la ville de Fréjus, dans le département du Var. Elle fait partie d’un ensemble plus important appelé « groupe épiscopal », qui était placé sous l’autorité d’un évêque. Le groupe épiscopal de Fréjus est un des mieux préservés et des plus spectaculaires de France. Il se caractérise par le symbole de la « cathédrale double ». Il a été édifié entre le 4ème et le 14ème siècle.
LE GROUPE ÉPISCOPAL
Il est constitué de deux églises, celle de Notre-Dame et celle de Saint Etienne, auxquelles il convient de rajouter le baptistère (5ème siècle), le palais épiscopal, et le cloître (12ème et 13ème siècles).
HISTORIQUE
L’évêque de Fréjus est mentionné pour la 1ère fois lors du concile de Valence en 374, qui atteste ainsi l’existence d’une communauté chrétienne.
La construction de ce monument, qui dans sa constitution est assez complet et raffiné, va s’étaler sur plusieurs époques. Entre autres, il demeure aujourd’hui quelques vestiges de l’époque paléochrétienne, tels que le baptistère et quelques pans de mur de l’actuel narthex.
Le 1er évêque connu est Saint Léonce, qui prendra une place prépondérante dans les débuts du christianisme, en favorisant particulièrement la fondation du monastère de Lérins (dans les Îles de Lérins, face à Cannes, Alpes-Maritimes).
Saint Léonce est le « Saint Patron » de la paroisse de Fréjus ; sa Cathèdre (ou trône) est située au fond de l’abside.
Les évêques se succèdent à Fréjus jusqu’en 1958. La ville de Toulon devenant une cité importante, l’évêque du diocèse de Fréjus choisit de s’y installer afin de résider au centre démographique du département.
Au début du 5ème siècle sont élevés le baptistère, encore visible de nos jours, et une première bâtisse qui voit le jour sur l’emplacement de la nef principale ; c’est la cathédrale.
Au 10ème siècle, on relève la présence d’un collège de chanoines.
A partir du 11ème siècle et jusqu’au 14ème siècle, des bâtiments canoniaux sont construits autour de la cathédrale et un autre édifice est érigé contiguë sur la gauche ; c’est l’église paroissiale.
La construction de la grande nef actuelle, le prolongement du collatéral et la jonction des deux nefs datent du début des 13ème et 14ème siècles. On peut distinguer sur le plan ci-dessous la Cathédrale parée de ses deux nefs : la principale, la nef Notre-Dame, et la seconde, la nef latérale gauche, celle de Saint-Étienne.
Au cours de cette même période, la ville se fortifie et se protège à l’abri de nouveaux remparts. Le groupe épiscopal s’entoure alors d’une muraille à bossages, surmontée d’une haute tour crénelée et pourvue de mâchicoulis.
Au 16ème siècle, l’on apporte certains aménagements, et quelques travaux sont effectués. On construit notamment la porte d’accès (1530), ainsi que des ouvertures dans la partie sud de l’église.
PLAN DE LA CATHÉDRALE | ||
1 | Entrée de la cathédrale. | |
2 | L’Assomption. | |
3 | Mort de Saint Joseph (18ème siècle). | |
4 | Sainte Famille de Saturno (1561). | |
5 | Grand orgue de Pascal Quoirin (1991). | |
6 | Le Sacré-Cœur de Jésus. | |
7 | Saint Léonce, évêque de Fréjus. | |
8 | Abside. | |
9 | Siège épiscopal. | |
10 | Chapelle du Saint Sacrement. | |
11 | Marie, Elisabeth, Jésus et Jean-Baptiste. | |
12 | Sainte Marguerite-Marie (18ème siècle) | |
13 | Le Christ mort. | |
14 | Jésus avec Marthe et Marie. | |
15 | La mort de Saint Joseph. | |
16 | Un Saint évêque en adoration. | |
17 | Saint André portant sa croix. | |
18 | Lutrin (17ème siècle). | |
19 | Chapelle latérale de Saint François de Paule. | |
20 | Retable de Sainte Marguerite (Durand) | |
21 | Retable de Saint Félix, Saint Léonce et Saint Etienne | |
22 | Mgr Pierre et Mgr Barthélémy de Camelin (17ème siècle). | |
23 | Armes du purgatoire (1698). | |
24 | La donation du Rosaire. | |
25 | Baptistère. |
L’EXTÉRIEUR
1 – PORTAIL D’ENTRÉE
Le linteau remonte au 1er avril 1530. Il est à l’origine l’œuvre de Jacques Durandi, et sera restauré durant le 16ème siècle. Les portes extérieures, du 16ème siècle, sont surmontées par des fenêtres à croisées, possédant de splendides vantaux en bois, sculptés style Renaissance.
La présente entrée sud de la cathédrale a été percée à la Renaissance. Son portail, de style gothique, a lui aussi été pourvu en 1530 de magnifiques vantaux sculptés. Afin de mieux les protéger, ils sont aujourd’hui recouverts par des panneaux de bois.
Chacun des vantaux est constitué de huit panneaux sculptés qui évoquent des scènes de la vie de la Vierge, et des représentations de Pierre et Paul. Certains portraits apparaissant sur le portail sont ceux de personnes ayant voulu y figurer, moyennant une certaine contribution financière. Leurs noms demeurent inconnus.
2 – FAÇADES EXTÉRIEURES
3 – LE CLOCHER
Au 12ème siècle, un clocher originel coiffait l’entrée dans la première travée de la nef Notre-Dame.
Le clocher que l’on peut admirer aujourd’hui date du 13ème siècle.
La tour du clocher est constituée de trois parties :
– La toiture se présente sous une forme conique. Elle est ornée de tuiles jaunes et vertes, donnant l’aspect d’une mosaïque recouverte d’or.
– L’ensemble s’appuie sur un bâti octogonal du 16ème siècle.
– La totalité de l’ouvrage repose sur une assise de section carrée plus ancienne, qui se situe au dessus du narthex, côté déambulatoire sud.
L’INTÉRIEUR
1 – LE NARTHEX
Cet espace intermédiaire se situe avant de pénétrer dans la nef. Il représente la transition entre l’extérieur (lieu profane), et l’intérieur (lieu sacré). Cet accès transversal est le plus souvent placé au-devant du portail, ou situé entre le portail d’entrée et la nef, ou fait corps avec cette dernière. Il se différencie du porche, généralement grand ouvert sur l’extérieur. Le narthex, lui, est ouvert sur la nef et fermé sur l’extérieur par des portes et des fenêtres.
Il est encadré par les quatre gigantesques piliers qui supportent le poids du clocher. Le mur nord, un des vestiges de la bâtisse érigée au 5ème siècle, dévoile dans son fondement la présence d’un grand arc, qui laisse supposer une ancienne porte d’entrée. On peut découvrir, sur les pierres des piliers du narthex, de nombreuses marques de tâcherons.
2 – L’ÉGLISE NOTRE-DAME
LA NEF
C’est en partie l’ancienne église paléochrétienne romane. Elle est dotée de trois voûtes sur croisées d’ogives.
3 – L’ÉGLISE SAINT-ÉTIENNE
LA NEF
Datée du 11ème et 12ème siècle, elle est constituée de six voûtes en berceau. A l’origine, elle était réservée à l’évêque.
4 – LE MOBILIER
– Un crucifix en bois du 16ème siècle.
– Dans une chapelle de la nef Saint-Étienne, un retable de Jacques Durandi consacré à la Vierge Marie.
– Dans le collatéral gauche, les statues représentant les évêques de Camelin, de Barthélémy (1559-1637) et de Pierre (1637-1654).
– Dans la nef, un tableau de la Nativité du 16ème siècle.
5 – LE CHEMIN DE CROIX
6 – L’AUTEL & L’ABSIDE
L’abside est semi-circulaire et voûtée. Elle contient les tombes des évêques Guillaume de Rouffilhac (1361-1364) et Louis de Bouillac (1385-1405). Dans le fond on peut apercevoir la Cathèdre (trône) de l’Évêque.
7 – LES STALLES
On les trouve dans le chœur. Ce sont de très belles stalles du 15ème siècle, restaurées au 18ème siècle (style rayonnant 14ème siècle) en bois sculpté de roses et de gables (formes triangulaires).
8 – SALLES CAPITULAIRES
– L’ANCIENNE
– LA NOUVELLE
9 – L’ORGUE
– 1600 : premier orgue connu.
– 1810 : orgue Borme-Gazel.
– 1857 : orgue Cavaillé-Coll.
– 1926 : restauration de l’orgue Cavaillé-Coll.
– 1944 : la cathédrale subit les bombardements de la Seconde Guerre Mondiale. L’orgue est exposé au vent et à la poussière.
– 1952 : la cathédrale est restaurée, l’orgue est déplacé et laissé dans un débarras. Certaines pièces sont détériorées par les mauvaises conditions de stockage et le manque d’entretien.
– 1962 : reconstruction d’un nouvel orgue.
– 1967 : orgue Gonzales.
– 1991 : orgue Quoirin, actuellement en restauration.
10 – LES VITRAUX
Ils datent de 1980.
11 – LE BAPTISTÈRE
Le baptistère figure parmi les plus anciens et les mieux conservés de France. Il demeure un des rares exemples d’architecture paléochrétienne.
Situé au sud-ouest de la Cathédrale, le baptistère paléochrétien est le plus ancien de France après celui de Poitiers (5ème siècle).
Sa composition :
– Une salle octogonale, entourée de huit colonnes antiques, provenant certainement d’un édifice romain.
– Les pans, entrecoupés par des absidioles où reposent des sarcophages et des statues couchées.
– Une coupole, qui s’appuie sur des piliers.
– Au centre, une cuve, à l’origine probablement recouverte de marbre blanc. Cet ensemble servait au baptême par immersion, selon la pratique originelle de ce sacrement. Les catéchumènes pénétraient dans l’enceinte par la petite porte basse qui se trouve à gauche de l’entrée actuelle. (Cette dernière a été ouverte plus tardivement et est fermée par une grille de fer forgé qui date du 18ème siècle). Une fois le baptême accompli, les personnes qui avaient reçu le sacrement pouvaient sortir par une porte plus grande, sur la droite, et avaient enfin le droit d’entrer dans la cathédrale, et d’accéder à son espace sacré…
12 – LE CLOÎTRE
Le cloître roman à deux étages, daté du 12ème siècle, est classé Monument Historique depuis 1875. On y accède par une entrée qui se situe sur le côté de la cathédrale. Autrefois, les moines y accédaient en sortant de la nef et en gravissant les escaliers sur la droite.
Le cloître a été construit avec des pierres taillées dans le grès polychrome de l’Estérel, ainsi que des pierres de réemploi prélevées sur des monuments antiques de la cité. Les colonnes géminées ont été taillées dans du marbre blanc de Carrare. Suivant le style roman, les chapiteaux sont ornés de feuillages végétaux et de coquilles…
Au centre du cloître, on découvre un vieux puits, restauré en 1922 et 1931, puis un double escalier qui donne à l’étage.
Le cloître, d’abord voûté de pierre, sera pourvu d’un plancher de bois au 14ème siècle, lorsqu’on rajoutera un étage au-dessus des galeries. Les plafonds des galeries sont constitués de belles arcades retombant sur des colonnettes doubles.
Les ais d’entrevous (planche placée entre deux solives de plancher) de la galerie sont peints et décorés de scènes de la vie quotidienne. On y distingue, sur plus de trois cents panneaux de pins, des personnages, des animaux et un bestiaire fantastique.
En 1969, une partie de ces panneaux a été restaurée sous la direction de monsieur Aujard, architecte des Monuments Historiques, et aussi par messieurs Cyril de La Patelière et Jean-André Bastiani.
On accède à l’étage par un escalier à double rampe. L’entrée d’une salle voûtée est fermée par une grille datant du 15ème siècle.
Le cloître était un lieu de passage : il menait les fidèles vers l’église. Dans la galerie Est, on peut voir un arc indiquant l’entrée de l’église Saint-Etienne. Dans la galerie Sud, un autre arc signale cette fois l’accès à la cathédrale primitive, celle de Notre-Dame.
UN BESTIAIRE EXCEPTIONNEL
L’imposante galerie supérieure du cloître a contraint les bâtisseurs, au début du 14ème siècle, à substituer la voûte originelle par une charpente, faite en bois de mélèze, un arbre des forêts alpines renommé pour être imputrescible. La structure de la charpente est composée de caissons peints datés du milieu du 15ème siècle.
On distingue trois catégories de personnages dessinés sur des fonds bleus et rouges, qui représentent :
– La religion : chanoines, saints, évêques, anges et démons…
– La vie quotidienne : les métiers, les notables, les troubadours, la guerre…
– Le bestiaire, le plus représenté : animaux fantastiques (dragons, êtres hybrides s’apparentant à des formes humaines) ou, plus bizarres encore, des objets insolites.
LE CLIN D’ŒIL
Il faut noter qu’à Fréjus, sur les 1200 petites tablettes peintes à l’origine, seules 300 peuvent encore être reconnaissables : toutes les autres sont trop abîmées ou effacées par l’humidité.